Percy/Pénélope - Harry Potter - #5: "J'ai quelque chose à te dire"

Jun 17, 2006 12:53

Titre: "De la difficulté de quitter le nid..."
Auteur:
owlie_wood
Couple: Percy Weasley/ Pénélope Deauclaire
Fandom: Harry Potter
Rating: PG
Thème: #5, "j'ai quelque chose à te dire"
Disclaimer: Les personnages appatiennent à Mrs Rowling, je n'ai fait que les emprunter (promis, je les rends juste après!)
Note: Point de vue de Pénélope, peu de temps après la fin du Tournoi des Trois Sorciers.

De la difficulté de quitter le nid...

On dit qu’être parent est le plus beau métier du monde. Si seulement c’était vrai…

Je suis prête à parier que les miens se seraient faits recaler à l’entretien d’embauche.

Ils n’étaient ni odieux, ni tortionnaires. Non… Ils n’étaient tout simplement pas prêts.

Ils ont pourtant essayé. J’ai été bien nourrie, logée et éduquée. Etant leur unique enfant, ils m’ont vite considérée comme leur petit miracle de la Création. J’avais ce que je désirais, leur amour, leur attention, leur fierté… Sans jamais avoir besoin de partager.

A ce moment là de l’histoire, vous avez le droit de penser que je n’ai pas à me plaindre sans arrêt et que certains donneraient tout pour être à ma place. Percy en tous cas le fait. Petite fille, cela me suffisait. J’adorais être une petite poupée, toute mignonne, toute bien coiffée.

Et puis j’ai grandi… Très vite... Peut-être trop d'ailleurs... Et mes parents ont réalisé que je ne serai plus jamais cette adorable petite chose que jusque là j’avais été… Moi, je compris qu’ils n’étaient pas ces deux grandes personnes que j’adulais. Peu à peu, un sillon entre nous commençait à se creuser.

Poudlard est arrivé, ma lettre est arrivée et mes parents purent ainsi mettre un nom sur ce qui nous différenciait. Je crois que c’est à cet instant qu’ils ont légèrement renoncé. A agrandir la famille notamment… C’était mon grand regret. Après une année passée avec mes camarades, entourée d’autres enfants et adolescents, me retrouver seule avec mes deux parents et ma grand-mère durant l’été tenait plus souvent du calvaire que des vacances. Je voyais bien qu’eux aussi n’étaient pas à l’aise mais je ne parvenais pas à savoir si cela était dû à ma différence ou à ma soudaine ré-irruption dans leur quotidien. Ils ajoutèrent cela à ma crise d’adolescence. Les gestes et les mots entre nous devinrent empruntés et les marques d’affection se raréfièrent.

Ma mère n’était pas cette femme parfaite qu’enfant je voulais à tout prix imiter. J’ai rarement vu plus commère. En guerre depuis toujours avec Mrs Carson, notre voisine, elle voue son temps et son énergie à tenter de se démarquer. Du moment que j’ai de bonnes notes, jamais rien de ce que je peux faire ne pourra la choquer. Au pire, cela lui fera quelque chose d’autre à raconter. Bizarrement, je suis l’une des rares personnes avec lesquelles elle peine à communiquer. Probablement parce que ce qu’elle a à me dire ne m’intéresse en rien, et qu’il en est de même pour ce que je pourrai avoir envie de lui confier.

Mon père ne vaut pas vraiment mieux. Une grande partie de sa vie est dédiée à son autre « bébé », l’agence de voyage Deauclaire qu’il a crée. Il y pense sans cesse, il en parle souvent. Jeune, il était de ceux qui rêvent d’aventures, d’actions. Alors dans une vie où il se fait écraser par sa femme, sa belle-mère et où son seul enfant est une fille sorcière capable de faire voler des cuillères, il se raccroche à la seule chose dont il arrive à se rendre encore maître. Son rôle dans mon éducation fut plus que limitée, il se contentait de m’emmener de temps à autre au zoo ou au musée. Si j'avais été un garçon, il aurait certainement pris la peine de m'apprendre les règles élémentaires du football... Mais Mère Nature semblait avoir pris un malin plaisir à lui ôter ce privilège.

Et tous deux s’accordent à dire qu’il est impensable que j’entretienne une relation sexuée sans être mariée.

Lors de mes rares visites au Terrier, j’avais été confrontée à cette vie de famille telle que je la concevais, telle que je l’idéalisais en fait. Des gens à qui parler, avec qui rire ou se disputer, de l’agitation dans chaque coin de la maison… autre chose que le son mis trop fort d’une télé.
J’enviais Percy comme lui m’enviait. Il paraît que l’être humain est insatisfait par nature. Dans notre cas, je pense que cela tenait plus d’un véritable besoin que d’un simple esprit de contradiction. Besoin dans mon cas d’être oubliée dans la masse, dans celui de Percy d’être enfin remarqué.

On dit aussi que grandir, c’est accepter que ses parents ne soient pas des êtres parfaits. Chaque année, les deux mois passés chez eux me propulsaient un peu plus dans l’âge adulte. Leurs défauts, et j’ignore comment j’ai pu ne pas les voir durant tant d’années, ont fini par m’insupporter.

J’ai conscience qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu mais notre maison ne représentait plus pour moi un foyer. Je n’avais plus aucune raison de continuer... Je n’étais pas de cette espèce que reste indéfiniment dans le nid familial, par choix ou parce qu’ils ne sont pas capables de le quitter. J’étais de ceux qui, dès qu’ils peuvent, tentent de voler par leurs propres ailes.

Ça paraîtra cruel. Beaucoup de mes amis ne l’ont pas compris. A l’aise dans le cocon que représente la famille Weasley, Percy en était horrifié. Mais je les ai laissés. J’en arrivais à ne plus les aimer… C’est pour ça que je suis partie. C’est pour ça que je vivote pour l’instant dans ce petit studio, excentré de la city londonienne, payant deux fois le prix que ce loyer devrait me coûter… C’est le prix de la liberté.

Est-ce que cela leur a fait de la peine ? Je n’en ai aucune idée. J’ai souvent l’impression que pour eux, rien n’a changé. Parfois, je me dis que partir sur une dispute aurait été mieux. J’aurais préféré mettre un terme à toutes relations plutôt que de les laisser pourrir comme maintenant.

Tous les ponts n’ont pas encore été coupés. Même si je l’ai parfois ardemment souhaité, c’est beaucoup plus dur que je ne pouvais l’imaginer. Quoi que j’en dise, ce sont eux qui m’ont élevé et quand l’angoisse me saisit, quand les choses commencent à mal tourner, ce sont vers eux que vont mes premières pensées. Nous habitons deux mondes totalement différents, parfois j’ai même l’impression que nous ne parlons pas la même langue, pourtant, par moment je dois l’avouer, je ressens le besoin de me rendre à nouveau en Irlande, de contempler la façade de notre jolie maison, d’aller simplement les saluer…

Et à chaque fois, la porte à peine ouverte, les raisons qui m’ont poussées à les quitter me sautent à nouveau aux yeux.

Cela fera bientôt deux ans que je suis partie et j’éprouve de moins en moins cette envie d’y retourner. Quand je vois les rapports que Percy ou mes connaissances entretiennent avec leurs familles, je ne peux m’empêcher de culpabiliser. De leur côté aussi, les prises de nouvelles s’espacent doucement. Aujourd’hui, la situation est telle que j’ai véritablement besoin d’une raison importante, d’une excuse en fait, pour aller leur parler.

C’est pour cette raison que lorsque la tête de Percy est apparu ce matin dans la cheminée de mon travail et qu’il m’a annoncé qu’il avait été promu assistant du Ministre, je me suis aussitôt dit que ce serait peut-être l’occasion d’aller les voir, que ce serait le prétexte que j’attendais depuis quelques mois, et d’aborder avec eux ce sujet…

En fin d’après midi, lorsque mon patron m’a libéré, j’ai aussitôt transplané dans mon village, derrière la maison des Cleath, l’autre famille de sorciers qui y habitaient. L’air d’Irlande était pur, frais, dénué de pollution et chargé de souvenirs, de mes souvenirs. Au coin de la rue, saluant les quelques habitants qui me reconnaissaient, j’ai vu se dessiner la petite bâtisse, sa haie et sa pelouse parfaitement taillées. J’ai vu apparaître les rideaux de la cuisine, derrière lesquels ma mère adorait espionner les entourages (Mrs Carson, notre voisine). J’ai vu, garée de travers, comme à son habitude, la voiture de mon père. Et au plus je m’approchais, au plus le hurlement de notre téléviseur venait chatouiller mes tympans de son doux vacarme… Granny n’avait toujours pas du accepter d’aller faire régler son sonotone. J’étais de retour…

D’un pas rapide, j’ai remonté l’allée et une fois sur le perron, j’ai frappé trois petits coups secs à la porte.

- Pénélope? fit ma mère surprise en ouvrant. Ma chérie, qu’est ce que tu fais là ?

Je rêve d’un jour où elle m’accueillera avec ce simple mais sincère « je suis tellement heureuse de te voir » ! J’allais répondre quand elle m’interrompit en penchant légèrement la tête vers l’extérieur.

- Tiens, toi qui a des bons yeux et comme ton père ne veut pas me croire, regarde, dit-elle à voix basse en me désignant le jardin des voisins,tu as vu ce que Mrs Carson a fait de ses fleurs ? Mon Dieu, regarde moi cette horreur… Je suis prête à parier que ces teintes ne sont pas tolérées par le syndicat de quartier. Non, sûrement pas ! Crois moi, je vais en parler à la prochaine réunion.

Sachant pertinemment que seul l’acquiescement permettrait mon entrée dans la maison, je n’ai donc pu qu’approuver.

- Une atteinte au bon goût, assurément… ai-je dit en opinant du chef.

Satisfaite, ma mégère de mère me fit signe d’entrer. A l’intérieur, rien n’avait changé. Le vestibule était toujours trop petit, les tapisseries toujours trop fleuries. Un son d’orchestre folklorique s’échappait du salon et de temps à autre, des petits cris ou commentaires de Granny marquaient son intérêt pour la chose. Ma mère me fit signe d’entrer dans la cuisine où une superbe tarte laisser s’envoler son fumet et où mon père prenait connaissance des nouvelles de la journée plongé dans le journal du matin, le tout en donnant ses directives à son idiote de secrétaire, le portable vissé à l’oreille. Il accomplit l’exploit de me faire un signe de bienvenue tout en tournant une page, sa tasse à la main et son portable en main.

Même après quelques mois, rien n’avait changé. En m’asseyant à cette table à la nappe cirée, en écoutant mes parents monologuaient chacun de leurs côtés, me prendre à témoin sans prendre le soin de m’écouter, en dégustant ma part de tarte à la pomme (mais avec des poires), j’ai eu l’impression de me revoir à 15 ans.Même si cela ne m’a pas vraiment enchanté, j’ai vraiment eu l’impression de me sentir de retour chez moi.

- N’oubliez pas d’éteindre avant de sortir Heather ! soupira mon père fatigué au bout d’un bon quart d’heure. Oui, vous éteignez tout… A commencer par votre lampe lava… Heather, c’est quand même ça qui a mis le feu la dernière fois ! Au revoir … Oui, c’est ça… Je lui dirais… Au revoir…

Mon père fit claquer le clapet de son téléphone et poussa un long soupir.

- Connie, tu as le bonjour de cette chère Heather…

- La lampe lava ? ai-je demandé ahurie. Un départ d’incendie à cause d’une lampe lava ? Comment peut-on mettre le feu à cause d’une lampe lava ?

Mon père hocha lentement de la tête.

- Heather, se contenta-t-il de répondre.

- Figure toi que l’assureur ne voulait pas nous croire, expliqua ma mère en nous servant une tasse de thé. Pas plus que les gens dans le quartier. Nous étions plutôt embêtés…

- Comment vous avez fait alors ? ai-je demandé intriguée.

- J’ai laissé l’assureur parler à Heather pendant plus d’une heure…

Je n’ai pu retenir un éclat de rire. Suite à ça, la vie de cet homme avait dû totalement s’en trouver changée.

- Pénélope, qu’est ce qui t’amène ici ? finit par me demander ma mère. Il s’est passé quelque chose de grave ?

Voilà à quoi en sont réduites nos relations. Les accidents, les choses graves, les morts… J’aurais pu m’amuser à m’en offusquer mais c’était vrai... Et sur l’instant, ça m’a attristé.

- Non, c’est une bonne nouvelle, ai-je répondu en portant la tasse de thé à mes lèvres.

- Tu es enceinte ? s’écria mon père. Parce que ce n’est pas du tout une bonne nouvelle !

La surprise me fit avaler de travers. Prise d’une violente quinte de toux, je retins avec peine mes poumons qui ne demandaient plus qu’à se répandre sur notre jolie toile cirée.

- Enceinte ? fit ma mère horrifiée. Mais c’est terrible ! Tu es trop jeune… Et surtout, tu n’es pas mariée ! Pénélope… Tu as pensé à ce que vont dire les gens de la paroisse?

- Ils ne diront rien ! ai-je protesté.

- J’avais pourtant prévenu ce grand rouquin de se contrôler, fit mon père d’un air mauvais. Crois moi, il a intérêt à t’épouser à présent.

- Mais-je-ne-suis-pas-enceinte ! ai-je bien articulé. Je ne vais pas avoir de bébé, les voisins ne diront rien à ce sujet et Percy sait parfaitement se c… ai-je dit avant de m’arrêter brutalement, rougissante.

Mes parents me dévisagèrent pour savoir si je mentais. Dans le court silence qui accompagna leur enquête, un cri nous parvint du salon.

- Qui est enceinte ? fit la voix chevrotante de Granny.

- PERSONNE ! avons-nous tous les trois d’une même voix.

Je repris un peu de thé dans l’espoir de faire descendre cette boule que j’avais à présent dans la gorge.

- Alors ? me fit ma mère. De quoi il s’agit finalement ?

- Percy a eu une promotion…

Ils ne firent pas de grands efforts pour cacher leur déception.

- Il a été nommé assistant du ministre…

- De notre Ministre ? fit mon père impressionné.

- En parlant de Ministre, enchaîna ma mère excitée, vous ne devinerez ce que j’ai lu à son propos dans les tabloïds cette semaine… Ils ne l’ont pas loupé !

Je les ai laissés discuter sur les prétendues infidélités de notre premier ministre. Quand je reviens ici, j’ai constamment l’impression d’avoir effectué un voyage à l’étranger. Il y a bien longtemps que j’ai renoncé à les changer. Eux aussi se sont résignés à mon égard. Nous nous contentons de nous supporteur quand nous nous voyons.

- Je parlais du Ministre de la Magie, ai-je finalement fini par rectifier, voyant que le débat s’éternisait.

Comme à chaque fois, le simple mot « magie » les fit taire. Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, c’est véritablement magique !

- Une promotion, c’est ça ? fit mon père subitement intéressé. Alors vous allez enfin pouvoir vous marier, non ?

Je suis devenue soudainement livide.

- Ou au moins vivre ensemble, fit ma mère les yeux plissés.

Mes parents m’imaginaient avoir une vie de londonienne dissolue… ce qui pour eux est redondant puisque toutes les londoniennes mènent des vies dissolues… Toutes à part la Reine évidemment…

- Ce n’est pas à l’ordre du jour, ai-je marmonné embarrassée.

Il était temps que j’aborde le cœur du problème. Sinon, ils se remettraient d’ici peu à délirer et j’aurai droit à une leçon sur les bienfaits d’un engagement prolongé dans la vie de couple avant de pouvoir à nouveau en placer une. L’ennui, c’est que je n’avais aucune idée de comment y parvenir. Je me creusai la tête pour trouver une façon qui, à défaut d’être naturelle, ne soit pas trop brutale. Sans grand succès… Par une sorte de miracle, que je mettrai sur le compte d’un sursaut d’instinct parental, les deux êtres qui m’avaient élevés s’en aperçurent.

- Il y a autre chose dont tu veux nous parler ?

J’ai observé leurs airs inquiets, ou très bien imités, et ai pris mon courage à deux mains. Percy m’avait déconseillé de le faire. Pour lui, mieux valait pour l’instant ne pas affoler les foules sans être sûr de ce que nous avancions. Nous n’étions pas d’accord à ce sujet. Ce n’était pas le genre de choses avec laquelle on peut plaisanter. Aussi égocentrique et aveugle que puissent être mes parents, je refusais de voir quelque chose leur arriver. Et donc de culpabiliser durant des années…

- Je me disais qu’il serait peut-être temps pour vous de développer une filiale de l’agence Deauclaire à l’étranger, ai-je tenté d’un ton badin.

Ces mots, pourtant anodin, ne suscitèrent aucune anecdote chez ma mère et aucun commentaire de la part de mon père. Ils se contentèrent de m’observer l’air grave, comme si au travers de cette simple phrase, ils avaient été capable de décoder le véritable message et de prendre conscience de la gravité du sujet.

- Tu veux que nous quittions le pays ? demanda mon père en se penchant vers moi et en baissant la voix. Mais… pou.. pourquoi ? Il est en train de se passer des choses chez vous ?

J’ai aussitôt repensé aux derniers mois que nous avions vécu, quand tout avait commencé à la Coupe du Monde de Quidditch, à la mort de Diggory que nous avions apprise dans les journaux., à ce que les élèves présents nous avaient appris du discours de Dumbledore, au retour de Voldemort…

Aussi agaçant que puisse être mes parents (et je jure qu’ils le sont), je ne pouvais pas les laisser courir ce danger là. Plus moldus qu’eux, tu ne peux pas trouver. Même si cette information n’avait pas pu être confirmée, je me suis dit que c’était mon rôle de les informer des risques. A quoi bon être plongée dans le monde sorcier autrement ?

- Il est possible qu’un puissant Mage Noir soit de retour… ai-je finalement expliqué.

Ma mère m’observa avec des yeux ronds.

- Un Mage Noir ? Comme Gargamel ?

Et oui, ça, c’est ma petite maman… La stupeur me laissa de longues secondes sans voix, temps que je mis à profit pour adresser une prière silencieuse à qui voudrait bien l’entendre en le remerciant que ce ne soit pas génétique.

- Bien sûr que non! ai-je rectifié abasourdie. Rien à voir avec Gargamel. Vous vous rappelez de Vous-Savez-Qui, ce tueur de moldu dont les Cleaths et moi vous avions parlé. C’est de son retour dont il est question.

- Il y a un danger ? demanda mon père la voix tremblante d’une excitation légère, sentant que nous parlions d’une affaire d’état.

- Non… Enfin, nous l’ignorons, ai-je grimacé. Personne ne sait si c’est vrai. Le Ministère donne une version totalement différente des gens présents ce jour là, de ceux qui ont vu…

Mal à l’aise, je me suis interrompue et ai baissé mon regard vers le contenu de ma tasse.

- Qui ont vu quoi ? demanda ma mère lentement.

- Qui ont vu ce garçon se faire tuer…

Ma mère porta sa main à sa bouche.

- Et tu penses que nous devons partir ? reprit mon père, soudainement pâle.

- Non, pas forcément, ai-je répondu en essayant d’afficher un sourire rassurant. Disons que si cela s’avérait être vrai, notre Ministère mettrait tout en œuvre pour protéger les populations moldues… En attendant, mieux vaut rester prudent…

- Et garder ouverte cette porte de sortie, n’est ce pas ? fit mon père l’air soucieux.

- L’exil vaut mieux que la mort, non ? ai-je tenté de plaisanter.

L’irruption soudaine de Granny brandissant sa canne dans notre petite cuisine nous fit tous sursauter.

- Rien n’est pire que de quitter le sol d’Irlande, rectifia ma grand-mère depuis le seuil de la cuisine.

- Maman ! fit ma mère indignée.

- Il ne me fait pas peur ton Gargamel, déclara ma grand-mère en tendant sa canne dans ma direction. Si nous avons pu repousser durant des siècles Scots et Anglais, ce n’est pas pour céder devant un de vos sorciers.

Un sourire m’échappa alors que mes parents tentaient de calmer les humeurs guerrières de Granny.

- Je vous préviendrais si jamais quelque chose d’autre arrivait, ai-je signalé. Les Cleaths aussi vous tiendront informés. Mais… préparez-vous à cette éventualité.

Mes parents s’observèrent un instant et se comprirent sans même se parler.

- Remarque, l’Amérique peut-être aussi un excellent marché, signala mon père.

- Si on part, ajouta ma mère, il faudra que je prévienne les nouveaux propriétaires de se méfier de notre voisine…Va savoir ce que cette vieille peau ira leur raconter.

C’est infiniment fatiguée que je visualisais mon petit appartement londonien afin de transplaner en fin de soirée. Quelques secondes avaient suffit à mes parents pour qu’ils oublient la gravité de ce dont nous venions de parler, et durant le repas auxquels ils m’avaient convié, ma mère s’inventait déjà une nouvelle vie aux Etats-Unis pendant que mon père réalisait qu’Heather était justement américaine et se demandait s’il fallait vraiment qu’il engage là-bas une autre secrétaire et que Granny me vantait la bravoure irlandaise en me faisant revivre la bataille de Yellow Ford comme si j’y étais.

Cependant au moment des adieux et contrairement à nos habitudes, mes parents me serrèrent un bref instant dans leur bras, tous les deux en même temps, geste qu’ils n’avaient plus vraiment fait depuis qu’ils m’avaient mis pour la première fois dans le Poudlard Express. Cela m’a touchée, plus qu’ils ne l’imaginaient. Ils avaient compris pourquoi j’étais venue ce jour là, et quelque part, c’était leur façon à eux de me remercier. Maladroitement, c’est vrai, mais nos relations étaient telles que c’était à présent le seul moyen qu’ils avaient. Partir ce soir là ne fut pas difficile, mais réaliser que je ne pourrai bientôt plus revenir le fut beaucoup plus.

Je suis apparue juste à côté de la petite table du salon. La nuit était tombée mais le lampadaire de l’immeuble d’en face illuminait la pièce de sa lumière orangée. J’avais la sensation d’avoir accompli une bonne action, qu’il s’agissait d’une chose que je leur devais.
Je fis le tour de mon appartement pour rassembler les déchets qui pouvaient encore traîner et descendre la poubelle avant que les éboueurs ne soient passés. Cependant, ma porte d’entrée à peine ouverte, une silhouette me tournant le dos, assise sur la première marche de l’escalier, me figea sur le seuil. Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur puisque je reconnus aussitôt la chevelure rousse, typiquement Weasley.

- Percy ? ai-je demandé en m’avançant vers lui.

Il leva la tête vers moi. Perdu, choqué, les yeux rougis, sur le point de craquer, il n’en fallait pas plus pour qu’en le voyant, je sente mon cœur se briser.

- J’attendais que tu rentres, murmura-t-il en baissant la tête.

Inquiète, je suis venue me mettre sur la marche sous la sienne. Il garda les yeux rivés sur ses genoux. Les miens se posèrent sur la bouteille à ses côtés.

- Tu as bu ? me suis-je écriée.

Il osa enfin me regarder et me tendit la bouteille.

- Je n’ai même pas réussi à l’ouvrir…

La bague de la bouteille était intacte. S’il n’avait pas eu l’air aussi misérable, j’aurais pu en éclater de rire.

- Nous ne roulons pas sur l'or, c'est vrai... Mais je pensais plutôt que nous aurions pu savourer un peu de champagne pour fêter ta promotion, pas de l’alcool de basse qualité, ai-je signalé en lui montrant l’étiquette du flacon.

Ma plaisanterie ne lui arracha pas l’ombre d’un sourire. Le sentant plus que fébrile, je me suis alors saisie de ses mains.

- Perce ? ai-je dit doucement. Qu’est ce qui t’arrives ?

Il hésita un instant, ouvrant la bouche à de nombreuses reprises pour parler avant, à chaque fois, de se raviser.

- Percy, tu me fais peur, ai-je chuchoté, la gorge serrée.

Il rassembla son courage avant de se lancer.

- Je suis allé annoncer la bonne nouvelle à mes parents, avoua-t-il d’une voix éraillée.

Je ne pus retenir un sourire, imaginant parfaitement la fête qu’avait du vouloir organiser Molly Weasley pour l’occasion. D’ailleurs, il était plus qu’étonnant qu’elle ait accepté de relâcher son fils chéri, sa nouvelle petite fierté, aussi tôt.

- Et ? ai-je demandé en l’encourageant d’un sourire.

Ses yeux s’embuèrent et il dût les faire rouler pour retenir ses larmes.

- Et je n’ai plus nulle part où aller…

La nouvelle me laissa sans voix. Sentant que Percy n’était pas en état de tout m’expliquer, je me suis contentée de tendrement l’embrasser avant de le prendre par la main et de le faire entrer chez moi, laissant sa bouteille et ma poubelle dans l’escalier.

Les parents sont des créatures étranges. Ils passent des années à nous construire et peuvent en l’espace de quelques mots tout simplement nous détruire. C’est un constat qu’aucun enfant au monde ne devrait avoir à faire. Malheureusement, ce jour là, Percy l’a découvert.

oOoOoOo

Cet OS va de paire avec le prochain qui relatera cette même journée , cette fois du point de vue de Percy et qui s'intitulera "... ou tout simplement d'y revenir"
La P/P Invasion Crew a encore frappé! ^^

fandom: harry potter, pairing: hp - percy/penelope, #thème 05

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