1er mars - à l'aube - le château ambulant

Mar 01, 2017 19:13

Titre : Vaincre ses cauchemars
Auteur : alma11
Jour/Thème: 1er mars ; A l'aube
Fandom : Le château ambulant
Personnages: Sophie
Rating: G
Nombre de mots: 466
Disclaimer: Les Studios Ghibli et Hayao Miyazaki
Participation au vote de fin de mois : oui

Ses nuits n’étaient plus peuplées de cauchemars. Auparavant oui. Elle ouvrait les yeux dans son ancienne chambre, sous les fumées lourdes et noires crachées en bouffées longues et régulières par les usines de la ville, au son épouvantable de la fête qui commençait à battre au-dehors. On fêtait la guerre, on fêtait les militaires, on fêtait les bombes qui tombaient et les morts qui s’accumulaient, on fêtait dans les rires, la musique et les cotillons ces villes rasées et ces vies exterminées sous ce même bleu azur et ces mêmes fumées noires, mais loin, si loin. Sophie s’éveillait là, au milieu de tout, avec la connaissance claire et précise de tout ce qui allait arriver et avec ce sentiment étouffant de fatalité. Et aussitôt cette réalisation faite, le décor changeait.

La chambre s’effaçait pour laisser la place à la boutique de chapeau, les cris de joie s’estompaient pour être remplacé par le silence. Puis la porte s’ouvrait et faisait carillonner la petite cloche accroché au-dessus. La sorcière des landes apparaissait tout soudain devant elle et, l’instant d’après les murs remplacés par autant de miroirs lui renvoyaient l’image de cette vieille grand-mère courbée et couverte de rides. Puis elle s’éveillait.

Ce cauchemar (ce souvenir), elle l’avait fait souvent du temps où le mauvais sort la touchait encore, avec toujours des variantes, des changements, des rajouts. A présent lorsqu’elle s’éveillait, ce n’était plus aussi brusquement, ce n’était plus avec la peur lui rongeant le ventre et le cœur affolé. Non. Elle ouvrait les yeux en douceur, ses pupilles s’adaptant à la luminosité pour s’arrêter parfois sur quelques bibelots magiques et colorés encore accrochés au plafond de la chambre et qui, de temps en temps, lui arrachaient un sourire. Autour de son corps, elle pouvait sentir un bras arrimé, une main posée sur son ventre, une tête appuyé contre son dos. Elle pouvait rester ainsi, quelques minutes ou une heure, avant de se lever, par obligation ou incommodée par la chaleur étouffante qui pouvait régner sous les couvertures.

Connaissant parfaitement le sommeil de plomb dont pouvait faire preuve son ami, Sophie ôtait sans ménagement le bras de son corps, le repoussait derrière elle alors qu’elle s’asseyait. Hauru bougeait à côté d’elle sans pour autant se réveiller, faisait la moue, lui tournait le dos, demeurait dans le sommeil là où elle se levait enfin pour se vêtir et quitter la chambre. C’est qu’elle n’était pas un sorcier paresseux, elle. Elle avait du travail qui l’attendait, un démon à nourrir, un petit déjeuner à préparer et un château à entretenir. Son esprit était clair d’un repos bienheureux sans perturbation, la journée serait belle et elle comptait bien en profiter, tant pour s’amuser que pour ses tâches. Et ce n’était certainement pas son ventre qui commençait à s’arrondir qui allait l’en empêcher.

mars 17

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