[Avatar, le Dernier Maitre de l'Air] #1.2 Le mois le plus cruel

Apr 28, 2018 19:07


Titre : En suspens
Fandom : Avatar, le Dernier Maitre de l'Air
Personnages : Aang, Katara, Zuko
Rating : K
Disclaimer : L'univers d'Avatar appartient à ses créateurs, Michel Dante DiMartino et Bryan Konietzko
Résumé :  Aang n'est pas mort mais c'est tout comme. Allongé sur son lit comme toujours, Katara attend inlassablement son réveil. Mais parfois, la douleur est trop forte, et l'incertitude n'aide pas.

En ouvrant cette porte, Katara avait osé espérer une fois de plus contempler une autre image que celle qui se révélait à elle chaque fois qu’elle pénétrait dans cette pièce. Il n’en fut malheureusement rien. Toujours ce silence pesant, cette immobilité constante, ce symbole tant honni étalé sur les murs qu’ils laissaient malgré tout dans le but de se camoufler, ce lit aux draps tirés et bien dressés, d’autres choses encore, mais surtout lui. Sa silhouette lovée entre ces draps, allongée et tranquille, comme toutes les autres fois. Comme endormie. Mais c’était bien plus que cela et durait depuis bien trop longtemps pour être le cas.
Aang n’était pas plongé dans ses songes, il était plongé dans le coma.
Les larmes commencèrent à affluer dans le coin des yeux de la jeune maitre de l’eau tandis que derrière elle, la porte se referma dans un grincement sinistre. Son chargement dans les mains, elle s’approcha ensuite du lit d’un pas silencieux, même si cette précaution n’était pas réellement nécessaire. Derrière elle, Momo trottina pour sauter sur le matelas, désolé de constater, une fois de plus, l’absence de réaction de son ami humain. Il se cala sur son bassin tandis que la jeune fille posait le petit baquet d’eau qu’elle tenait sur la commode disposée près du lit. Elle immergea ensuite un bout de tissu pour le détremper dans le but d’humecter les lèvres de son ami - et pourtant, elle ne l’en retira pas et l’abandonna dans le seau. Elle observa quelques instants son visage, ses traits paisibles et si détachés des événements actuels. Il restait strictement le même et en même temps, il n’était plus tout à fait le même - la simple présence de ces cheveux bruns le changeait tellement… Et cette blessure, aussi, qui était partiellement visible au-dessus des couvertures qui ne la recouvraient pas totalement. Sur l’instant, sa simple vue l’épouvanta et elle s’empressa de les remonter pour la dissimuler. Elle souffla bruyamment, s’efforçant de faire cesser les tremblements qui la secouaient, et serra les poings, amère. Une fois de plus, l’impuissance la gagnait et la hantait, poignante et abjecte - et une fois de plus, elle lui laissa un goût âcre sur la langue.
C’aurait pu être pire, pourtant - il aurait pu être tout simplement mort. L’espoir demeurait encore qu’il se réveillât un jour. Après leur défaite dans la caverne de cristal à Ba Sing Se, la chute de la cité, tombée entre les mains de leurs ennemis, et leur fuite, Aang mortellement blessé dans ses bras, ils n’avaient pas cédé au désespoir de leur situation et s’étaient efforcés d’organiser une contre-offensive. Cependant, tout reposait désormais sur le potentiel réveil de l’Avatar ; ce dernier avait échappé à la mort grâce aux quelques gouttes d’eau de source offertes par ses pairs du Pôle Nord mais jusqu’alors, il n’avait jamais repris conscience. Les autres ne désespéraient pas - son père ne cessait de dire qu’ils devaient être patients, que cela prendrait sans doute du temps, et qu’ils devaient tout faire pour qu’une fois qu’il le serait, eux-mêmes fussent prêts pour le soutenir dans leur lutte contre la Nation du Feu et l’invasion prévue le Jour du Soleil Noir. Elle aussi ne cessait de se le morigéner, priant pour qu’elle réussît à s’en convaincre. Mais parfois, cela ne suffisait tout simplement pas.
Elle aurait tellement voulu être forte en toutes circonstances pourtant, mais elle parvenait tout juste à faire semblant.
Katara leva la main pour glisser ses doigts sur les joues du jeune garçon et se mordit les lèvres alors qu’un sanglot menaçait d’éclater. Elle constata, dépitée, que sa main frissonnait contre la peau pâle. Momo caqueta près d’elle, les oreilles basses, le corps raidi et le regard triste, mais dans un premier temps elle l’ignora et ferma brièvement les yeux avec violence, agacée par leur humidité impromptue. Mais lorsqu’elle les rouvrit, elle ne tarda pas à apercevoir une gouttelette d’eau près de la commissure des lèvres de l’adolescent et son regard se figea dessus quelques secondes, intrigué. Puis elle l’essuya avant de lever la tête, cherchant une éventuelle fuite susceptible de l’expliquer. Mais au-dessus d’eux, les plaques de métal restaient parfaitement jointes et étanches et strictement rien n’en gouttait. Un autre hoquet la prit, et elle ramena sa main contre son propre visage pour y sentir des traces humides. C’était elle. C’était juste elle.
Ce n’étaient que ses propres larmes.
Un autre hoquet la prit, plus fort que le précédent, et elle fut incapable de le retenir, encore une fois. Momo s’avança alors vers elle d’un pas lent et hésitant avant de s’immobiliser à quelques centimètres d’elle en une posture figée, comme s’il était sur le point de se rétracter. Il gémit doucement à son encontre. Cette fois-ci, elle se tourna vers lui, et voir dans ses yeux le reflet de sa profonde tristesse la déstabilisa davantage. Ce fut un véritable sanglot qui la traversa alors.
- Oh, Momo !
Elle l’enserra dans ses bras et s’abandonna à la douleur qui étreignait sa poitrine, sanglotant contre le petit singe. Ce dernier se lova contre elle, l’entourant de ses membres et de sa queue pour mieux partager ce sentiment qui les touchait tous deux. Le fait qu’ils ne pussent communiquer entre eux n’avait aucune importance ici ; de toute façon, les mots auraient échoué à retranscrire la pléiade d’émotions qui les affectait.
Cette crise de larmes eut pour seul mérite d’en assécher les réserves mais n’apaisa en rien son chagrin ni la culpabilité qui lui pesait à chaque fois qu’elle se remémorait cette fameuse scène. La cave sous la cité. La détresse de Zuko qu’elle avait pris en pitié - mais cela n’avait été que pour mieux les trahir, la trahir elle surtout, elle qui avait cru en lui durant quelques instants. L’arrivée d’Azula et du Dai-Li, Iroh. Le bavardage d’Azula, Zuko qui avait rejoint sa sœur et son oncle qui s’y refusait, préférant retourner dans sa Nation en qualité de prisonnier - ce dont elle était désolée pour le vieil homme. Zuko l’avait trahi lui aussi.
Et leurs adversaires avaient été trop nombreux pour qu’ils pussent s’en tirer aisément.
Et tout cela avait conduit à la mort d’Aang - car Azula avait profité de cet ultime instant de vulnérabilité du jeune garçon, dans son état d’Avatar, pour le frapper, et espérer ainsi faire cesser la lignée des Avatars et empêcher sa réincarnation. Les deux héritiers du Seigneur du Feu étaient revenus chez eux en conquérants, Katara en était parfaitement sûre - la nouvelle de la mort de l’Avatar n’avait pas tardé à se répandre. Zuko était retourné chez lui comme il l’avait toujours voulu, laissant un cadavre dans son sillage. La jeune fille serra les poings. Comment avait-elle pu croire un seul instant en ses mensonges ? Si ses sanglots ne reprirent pas, ce ne fut pas seulement parce qu’elle n’en était plus capable, mais aussi et surtout parce que la colère et la haine prenaient le pas sur sa tristesse. Comment avait-elle pu ne pas prévoir ce qui allait se jouer ? Et dire qu’elle avait failli gâcher ces fameuses gouttes qui avaient assuré la survie d’Aang pour effacer cette cicatrice qui le désolait tant !
Et à présent, pendant que le traitre devait profiter de sa vie, de retour dans son palais, les voilà qu’ils survivaient, qu’ils se cachaient des armées de la Nation du Feu, plus affaiblis que jamais. Seule leur restait leur détermination à renverser cette tendance, attendant leur seule opportunité pour la saisir - le Jour Noir. Et réunissant des forces qui se faisaient rares - car qui avait désormais le pouvoir et la volonté de s’opposer au Seigneur du Feu Ozai et à ses hommes ?
Mais elle ne se doutait pas que les choses étaient loin d’être aussi simples pour Zuko.
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