Titre: la fille de l'Heiroken
Fandom : Mézérhían
Personnage : Teagan - Kieràn - Aerona Rovenàl
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 3897 mots
Êtes vous certaine d'avoir envie de faire ça ?
Teagan se tourna vers le Lieutenant qui pour une fois marchait à sa hauteur. Elle le dévisagea un instant pour s'assurer qu'il soit sérieux. Son regard d'encre était tourné vers elle et à ses mâchoires serrées elle compris qu'il était mal à l'aise.
N'est ce pas vous qui me répétez sans cesse que je suis la Princesse et que je fais ce que je veux ? Lui rappela-t-elle avec force.
C'est avec amusement qu'elle le vit lever les yeux au ciel et elle lui offrit un petit air prétentieux. Il voulait qu'elle s’affirme il allait être servi.
Ce n'est pas exactement ce que j'ai dit, soupira son nouveau garde du corps.
Je veux rencontrer cette femme, assura Teagan d'un ton qui elle l’espérait ne souffrait aucune réplique.
Elle fut surprise de voir s'affaisser les épaules de son Lieutenant qui soupira :
Vous risquez d'être surprise.
Pourtant Teagan était sûre de ce qu'elle faisait. Elle avait été des plus choquée en apprenant que le Seigneur Rovenàl avait une fille. Une fille qui lui avait été cachée, car s'il n'y avait pas eut la cérémonie d'adieux à Aranrhod Rovenàl jamais elle n'aurait deviné son existence. Certes elle ne s'était pas montrée très assidue lors des bavardages mondains se fichant bien des fils de Seigneurs ou de leurs filles. Elle avait déjà parfois du mal à se rappeler le noms des douze Seigneurs de provinces ce n'était pas pour se souvenir de leur filiation. Mais depuis son arrivée à Halfàn elle avait cru connaître tout ces habitants c'est pourquoi la découverte de cette jeune femme frêle au cheveux blonds l'avait perturbée.
Elle était donc bien résolue à lui rendre visite et c'est d'un pas rapide qu'elle parcourait les couloirs d'Halfàn accompagnée bien sûr de son Eirathàn. Lorsqu'il pénétrèrent dans l'aile Est du château ils tombèrent sur deux soldats aux flèches Heiroken'en brodées sur leur surcot. Ces derniers étaient équipés de lance qu'il tenaient croisés au centre du couloir, leur barrant le passage. Teagan cru qu'elle allait devoir parlementer mais à son approche les deux soldats s'écartèrent pour la laisser passer avec un signe de tête respectueux. La Princesse nota tout de même les deux regard noir que les gardes posèrent sur Kieràn. Ce dernier marchait d'ailleurs avec une raideur qui ne lui était pas familière et la déconcerta un instant. Mais il continuèrent leur chemin et Kieràn finit par s'arrêter devant une porte en bois sculptée de multitude de motifs floraux. Elle s’avança pour frapper à la porte tout en remarquant que chaque tige gravée dans le bois était pourvue d'épines acérées. Elle se demanda un instant si le Seigneur Rovenàl voulait par cette décoration faire passer un message.
La porte ne tarda pas à s'ouvrir sur une jeune fille aux cheveux roux vêtue simplement et que Teagan devina être la suivante de la fille du Seigneur Rovenàl. Lorsqu'elle l'aperçut et la reconnu elle se jeta aussitôt à genoux dans une attitude servile qui déplu fortement à la Princesse.
Majesté, souffla-t-elle avec empressement.
Teagan dut une nouvelle fois se mordre la lèvre pour ne pas lui ordonner de se relever. Elle commençait à comprendre que les gens se devaient d'agir ainsi face à son rang mais ce n'était pas une raison valable pour se mettre à quatre pattes à ses pieds.
Je souhaiterais rencontrer la fille du Seigneur Rovenàl, dit elle d'une voix douce pour ne pas effrayer d'avantage la suivante.
Dame Aerona sera enchantée de faire votre connaissance, assura-t-elle. Je vous prie d'entrer.
Merci.
La suivante s'écarta pour la laisser passer et Teagan pénétra dans un spacieux salon richement décoré. Elle n'eut pas le temps de s'attarder plus sur la décoration car la voix fluette de la fillette repris :
Votre garde est prié de rester dehors, dit elle visiblement embarrassée alors que Kieràn se tenait toujours sur le pas de la porte. Aucun homme ne peut franchir la porte des appartements de Dame Aerona.
La Princesse resta frappée de stupeur, il était impossible que la jeune suivante aie pu prononcer de tels mots c'est pourquoi elle demande bêtement
Je vous demande pardon ?
Elle aurait souhaité se montrer plus polie et mettre moins d’effarement dans sa voix mais ça lui était impossible. Pourquoi donc un homme ne pouvait-il pas franchir des appartements ?
Je vais vous attendre ici Elarià, souffla simplement Kieràn en lui jetant un regard appuyé
La Princesse, furieuse contre de tel agissement, ne pu se retenir de répondre sèchement :
C'est hors de question ! Je souhaite que le Lieutenant Kieràn m'accompagne.
Elle vit blêmir la petite suivante qui s'inclina prestement en ouvrant un peu plus le battant de la porte qu'elle s'apprêtait à refermer au nez du Lieutenant
Il sera fait comme à votre convenance majesté, bredouilla-t-elle.
Et sur ces mots elle disparut dans une pièce attenante pour aller chercher sa maîtresse, Teagan elle se tourna vivement vers son Eirathàn.
C'est aberrant ! S'exclama-t-elle. Cette femme ne peut donc pas rester en présence d'un homme ?
Kieràn se redressa en glissant ses deux mains dans son dos, mal à l'aise.
Le Seigneur Rovenàl est très conservateur, dit il avec raideur. Il protège sa fille.
Il l'enferme ! rectifia la Princesse, furieuse.
Elle sentait la colère picoter dans tout son corps alors que l'indignation l'emportait sur sa raison. Lorsqu'elle se trouvait à Mézérhian elle avait cru être enfermée à la limite de la séquestration, surtout après son coup de colère à l'annonce de ses fiançailles, mais ce n'était rien comparé à ce que subissait Aerona Rovenàl.
Majesté, Lieutenant.
Teagan se retourna pour faire face à la fille du Seigneur de l'Heiroken. Comme à la cérémonie funèbre de son frère Aerona Rovenàl était parfaitement coiffée. Ses cheveux d'un blond doré était lâché sur sa nuque mais de nombreuse tresses partant de ses tempes et de son front venaient se rejoindre dans un enlacement complexe à l'arrière de sa tête. Elle était vêtue d'une robe cintrée à la taille d'un vert forêt qui soulignait sa silhouette fluette et des bijoux en or assorti à son ceinturon ouvragé faisait briller sa tenue. Teagan n'eut pas le temps de répondre que déjà la fille du Seigneur Rovenàl se fendait d'une révérence compliquée, s'asseyant presque à même le sol. Bien que moins avilissante que celle de la suivante elle n'en restait pas moins d'une servilité totale qui renfrogna Teagan
Dame Aerona, je suis ravie de vous rencontrer, finit-elle par dire pour ne pas paraître impolie. Veuillez m'excusez de ne pas vous avoir rendu visite plus tôt alors que je vis en ces murs depuis des jours mais...
Teagan s'interrompit, ne sachant comment finir sa phrase.
Je vais être honnête, finit elle par continuer en songeant que dire la vérité restait la meilleur façon de commencer cette conversation. Je n'avais jamais eut vent de votre existence.
Aerona ne parut ni surprise, ni vexée par ces propos et Teagan su qu'elle avait bien conscience de la dissimulation de son existence. Teagan ne put s'empêcher de se demander si son père était au courant que le Seigneur Rovenàl avait une fille.
Je ne suis nullement offensée, Majesté, répondit aussitôt Aerona. Au contraire votre présence dans mes appartements m'honore.
Teagan resta un instant sans voix. Tout était parfait dans l'attitude d'Aerona Rovenàl, de sa tenue apprêtée à sa révérence polie en passant par sa voix posée et ampoulée. Voilà tout ce qu'on demandait à une dame de la cours, tout ce qu'aurait du être la Princesse elle même et pourtant tout ce qu'elle abhorrait. Teagan dévisagea un moment la jeune femme se demandant comment elle pouvait paraître aussi radieuse alors qu’elle était clairement enfermée, cachée, sans même qu'un soldat ayant pour devoir d'assurer sa protection ne puisse s'approcher de ces appartements. Elle saisi pourquoi les deux gardes à l'entrée de l'aile Est d'Halfàn avaient adressé des regard mauvais à Kieràn. Elle était gardée sous clé.
Son silence finit par gêner l'occupante des lieux car elle se mit à rougir, donnant un peu de couleur à son teint de porcelaine.
Que puis-je faire pour vous êtes agréable Majesté ? demanda-t-elle de sa jolie voix chantante.
Teagan faillit éclater de rire tant la formule de politesse était parfaite.
Je voulais juste discuter un peu avec vous, répondit-elle simplement.
Le regard d'Aerona se porta alors sur le Lieutenant Kieràn qui se tenait toujours un peu retrait. Cette fois son masque de calme se fissura et dans son regard vert Teagan pu lire un semblant de panique. Sa peau se marbra de plaque rouge révélant son malaise.
Elarià, souffla Kieràn en effectuant un salut militaire, la main fermée sur son cœur. Ma présence ici n'est pas nécessaire, je vous attend devant la porte.
Il n'attendit même pas son accord pour faire demi tour et se diriger vers la sortie. Un sourire apparut sur les lèvres de la Princesse . C'était pour cette raison qu'elle avait toute confiance en Kieràn, par sa manière d'agir il la guidait, même si ça lui faisait grincer les dents de le voir sortir. Pas que sa présence lui soit indispensable mais parce qu'elle aurait aimé que la fille du Seigneur de l'Heiroken puisse rester en compagnie d'un soldat.
Je l'ai mis mal à l'aise et je m'en excuse, dit Aerona aussitôt que la porte se fut refermée.
Pas du tout, le Lieutenant Kieràn est très prévenant, il préfère nous laisser discuter entre femmes.
C'était totalement faux elle le savait mais Kieràn était un Heiroken'en et malgré le fait que sa loyauté était maintenant tourné vers la couronne il avait agit avec un profond respect pour la fille de son Seigneur. Teagan était décontenancée par son attitude qu'elle réprouvait mais dont elle comprenait les tenant et les aboutissants et qu'elle ne serait jamais capable de lui reprocher. Ce qui la dérangeait le plus c'était que lorsqu'il était présent il lui faisait comprendre qu'elle allait trop loin dans ses propos d'un regard sévère ou d'un toussotements bien placé mais maintenant qu'il était sorti elle se retrouvait livrée à elle même et à ses pensées colériques face à ce que subissait Aerona Rovenàl. Elle allait devoir faire preuve de maîtrise et tenir sa langue.
Je tenais à vous présenter mes condoléances pour la perte de votre frère, finit elle par dire alors qu'un nouveau silence s'éternisait.
Car même si elle n'avait rien dit de ses intentions à Kieràn c'était aussi pour cela qu'elle était là.
Je vous remercie Majesté, répondit poliment Aerona.
C'était difficile pour Teagan et parler de deuil était la dernière chose dont elle avait envie mais son expérience à ce sujet serait peut être bénéfique à la fille du Seigneur de l'Heiroken.
Écoutez, commença-t-elle d'une voix plus enrouée qu'elle ne l'aurait souhaité. Je sais ce que c'est que de perdre un frère et j'ai également perdu ma mère, je sais à quel point vous vous sentez seule.
Elle n'osait même pas aborder le sujet de son père, de son parrain ou de son... elle n'arrivait même pas à mettre un mot sur la perte de Maeron qu'elle refoulait. Aerona garda son visage avenant et son port de tête haut même si dans son regard Teagan cru déceler une certaine tristesse.
C'est très prévenant de votre part, Majesté. Je suis triste même si je n'avais pas vu Aranrhod depuis longtemps.
Cet aveux coupa le souffle de la Princesse. Elle était idiote de croire que la perte d'un parent signifiait la même chose pour tout le monde. Adraboran avait été son monde lorsqu'elle était petite, elle le suivait partout, voulait devenir comme lui mais il n'en était visiblement pas de même pour la fille du Seigneur Rovenàl. Teagan commença plusieurs phrases dans sa tête mais toutes lui semblaient vides de sens. Parler de manière ampoulée comme le faisait Aerona lui était impossible, ce qu'elle savait faire c'était dire la vérité et pour elle ce n'était pas un défaut.
Puis-je vous parler franchement ? finit-elle par demander plutôt que de continuer à hésiter
Bien sûr votre Majesté
La Princesse lui jeta un regard amusé
Appelez moi Teagan
Comme elle s'y était attendue Aerona écarquilla les yeux de stupeur.
Je n'oserai pas votre Majesté ! S'exclama-t-elle, choquée. La tradition...
Sortez vous souvent de vos appartements ? la coupa Teagan qui ne voulait pas l'entendre déblatérer sur la tradition plus longtemps.
Elle vit la fille du Seigneur Rovenàl se recomposer un visage neutre tentant de ne pas monter que sa question la touchait.
Non je n'ai pas le droit, répondit-elle avec sa politesse ampoulée. Mais j'y suis bien et mon père m'à fait construire une verrière sur la terrasse ou il est très plaisant de faire des ouvrages au soleil.
Teagan prit conscience qu'Aerona Rovenàl avait été parfaitement éduquée et répondait ce que les autres voulait entendre et non ce qu'elle pensait. Teagan se savait trop sauvage mais cette manière de vivre était inconcevable à ses yeux.
Votre suivante à fait une remarque qui m’a interpellée, continua la Princesse dans l'espoir d'obtenir enfin une réponse sincère. Elle m’a assuré qu'aucun homme ne pouvait franchir les portes de vos appartements.
Elle n'arrivait pas à cacher la note d'effarement dans sa voix en prononçant ces mots mais Aerona ne s'en formalisa pas et se contenta de lisser son jupon avant de répondre avec un calme déconcertant
En effet Majesté, le Lieutenant Kieràn est le premier homme qui ne soit pas de ma famille à passer ses portes.
Teagan se serait étranglée devant de tels propos si elle n'avait pas eut envie de montrer à la fille du Seigneur Rovenàl qu'elle aussi savait se tenir. Cette jeune femme ne sortait pas et aucun homme ne pouvait pénétrer en ces lieux. Elle n'avait donc jamais eut le moindre contact même oral avec un individu de sexe masculin.
Mais pour quelles raisons ?! s'exclama-t-elle tout de même en tentant de réfréner son indignation. Je veux dire... qu'elles raisons seraient assez valables aux yeux de votre père pour vous séquestrer de la sorte ?
Je ne suis pas séquestrée votre Majesté. Je respecte la tradition.
La Princesse retint de justesse un ricanement amer qui aurait été malpoli.
Il va falloir que vous m’éclaircissiez à ce sujet, se contenta-t-elle de dire.
Aerona se tourna vers sa suivante que Teagan n'avait pas vu revenir et lui adressa un bref signe de tête. Cette dernière s'empressa d'attraper une carafe et de remplir de jus de pomme deux coupes ouvragées aux armoiries Heiroken'ens. Teagan s'installa dans l'un des fauteuils aux tissus chargés de fleurs que lui désigna son ôte en songeant aux manières parfaites d'Aerona Rovenàl.
Les femmes dans l'Heiroken sont séparées des hommes jusqu'à être en âge de se marier, finit-elle par lui expliquer. C'est mon père qui choisiras mon prétendant et je le rencontrerai le jour de mon mariage.
Teagan expira lentement tentant toujours de réprimer ses vivaces réactions.
Etes vous entrain de me dire que vous accepteriez de vous marier à un homme que vous n'aurez jamais rencontré ?
L'idée lui paraissait totalement inconcevable. Elle même avait refusé de se marier à un homme qu'elle n'avait pas choisit et qu'elle avait pourtant souvent côtoyer alors s'unir à un parfait inconnu était impensable.
C'est mon devoir Majesté, répondit sagement Aerona.
Cette fois cela en fut trop pour Teagan. Elle était elle même, entière, et elle voulait connaître qui se cachait derrière ce masque de perfection forgé par le seigneur Rovenàl.
Écoutez moi, dit elle en se penchant en avant. Je suis Teagan Mézérhian, héritière du Royaume de Mézérhian et fille du Roi, pourtant j'avais le droit de me promener dans le château de mon père, lui dit elle avec plus de véhémence qu’auparavant. On vous enferme Aerona !
J'obéis aux ordres de mon père, répéta une nouvelle fois la jeune femme.
Teagan soupira et passa une main sur son visage pour garder son calme. Le but n'était pas de se mettre l’héritière de l'Heiroken à dos mais de lui faire avouer les choses. Elle songea un instant que Kieràn aurait été le plus apte à le faire s'il avait ne fût-ce que le droit de passer cette porte.
Je vais vous poser une question et je voudrais que vous me répondiez franchement, reprit-elle avec plus de douceur.
Mon devoir est d’obéir aux ordres de mon père, éluda Aerona. Ma place est ici.
Teagan se mordit la langue pour ne pas l'invectiver avec hargne.
Aimez-vous rester cloîtrée ici ? N'aimeriez vous pas sortir à l'air libre ?
Le visage de la jeune femme pâli et un voile de tristesse fissura ses traits parfaits.
Si Majesté, bien sur que si, finit-elle par avouer en triturant nerveusement son jupon. Mais de toute manière je suis désormais vouée à rester ici.
La fin de sa phrase avait été prononcée avec une douleur non feinte qui toucha Teagan.
C'est à dire ? L'encouragea-t-elle.
Aerona Rovenàl releva les yeux pour fixer le tablier de la cheminée ou l'emblème de sa famille trônait fièrement.
Je devais être mariée à un fils de Seigneur, lui apprit-elle. Je ne sais pas encore lequel mais j'aurais quitté l'Heiroken pour vivre dans la province de mon époux. Mais ...maintenant qu'Aranhrod est mort...
Teagan comprit alors que ce mariage, qu'elle aurait personnellement vécu comme une épreuve, était en fait une porte de sortie pour Aerona.
Vous allez devoir rester ici, finit-elle à sa place.
Oui.
Un certain malaise enveloppa Teagan alors qu'elle s’apprêtait à révéler les paroles crachées au Seigneur Rovenàl dans sa colère. Elle réalisait maintenant qu'elle n'aurait peut être pas dû prendre de décision qui ne concernait pas au sujet de l’héritage de l'Heiroken mais au contraire d'Aerona elle était emportée et colérique, loin de cette image de jeune fille parfaite qu'elle avait devant les yeux et qu'elle aurait aux yeux de tous dû être.
Écoutez, je me suis peut être avancée et je m'en excuse, dit elle en se demandant si Aerona était seulement capable de se mettre en colère. J'ai agis sous le coup de la colère et je me suis mêlée d'affaires personnelles mais … j'ai suggéreé à votre père de vous marier à un soldat.
Teagan serra les dents, guettant des remontrances qu'elle aurait bien méritée. Au lieu de ça le visage d'Aerona Rovenàl s'éclaira.
Est-ce vrai ?
Teagan fut surprise par sa réaction.
Il avait peur pour sa lignée, se justifia-t-elle tout de même. Et je lui ai suggéré de vous marier à un homme du peuple, cela pourrait également être un officier. Ainsi vos enfants porteraient votre nom et non celui de votre époux. Vos fils ou vos filles dirigerons l'Heiroken après vous.
Le silence qui suivit cette déclaration fut tellement pesant que la Princesse s'empressa de continuer
Je suis tellement navrée, j'aurais dû... j'aurais dû vous demander votre avis avant d'émettre la moindre proposition.
Teagan s'en voulait. Elle avait agit comme l'avait fait son père à son sujet et comme le faisait le Seigneur Rovenàl, en se moquant de l'avis de la première intéressée, ne voyant par le mariage qu'un moyen simple d'arranger une situation.
J'ai moi-même très mal réagit lorsqu'on a voulu me marier de force, se confia-t-elle. Et je n'avais aucun droit de prendre une décision concernant votre vie.
Mes enfants seront Seigneurs de l'Heiroken ? l'interrompit Aerona avec dans la voix une pointe de fierté.
Teagan lui offrit un sourire.
Oui, je trouve normal que ce soit votre sang qui prime sur un tout autre cousin que vous pourriez avoir. Comme dans mon cas.
Aeron semblait réfléchir à cette hypothèse et son regard se rembrunit quelque peu.
Mais je resterai ici
Teagan acquiesça d'un signe de tête. Elle se demandait si la proposition qu'elle avait faite ne venait pas gâcher tout les espoirs de fuite de cette jeune femme.
Je comprendrait aisément que vous souhaitiez vous en allez et vous pourriez encore être mariée au fils d'une province voisine.
Mais ce serait la fin de ma lignée.
Encore une fois la Princesse hocha la tête.
Nous avons cela en commun, finit-elle par souffler.
Elle n'avait jamais vraiment pris conscience de l'importance des épouses de Seigneurs. Les hommes reléguaient toujours les femmes à un second rôle et pourtant il était primordial. C'était elles qui enfantaient, elles qui mettaient au monde les héritiers et la plupart du temps elles qui les élevaient. Les hommes avaient beau se croire supérieur de par leur force brute sans leur femmes leurs lignées disparaîtraient.
Ce n'est pas à l'ordre du jour car nous repartons en guerre, mais vous pourriez vous retrouver à la tête de l'Heiroken et je pense que vous devriez vous y préparer.
Elle même se retrouvait désormais à la tête d'une armée et de ce qu'il restait du royaume de son père. On lui avait répété que ce jour arriverait et pourtant elle n'avait pas été préparée en conséquence.
C'est impossible, la contredit Aerona. Le trône d'Halfàn passera de mon père à l'un de mes fils si les dieux m'en offrent la chance.
Elle n'avait pas totalement tord pourtant Teagan ne voyait pas les choses de la même manière.
Vous êtes de sang Heiroken'en, vous auriez tout autant le droit de vous asseoir sur le trône de votre père.
Mais je suis une femme !
Moi aussi et je dirige une armée.
Aerona se redressa, visiblement déroutée.
Dame Llewellyn dirige l'Odenaith d'une main de fer, lui rappela Teagan, ne voulant pas mettre seulement son propre cas en avant.
Parce qu'elle est stérile.
Teagan acquiesça.
En effet, mais à la mort du Seigneur de l'Odenaith son peuple à choisis de la garder au pouvoir et non de la remplacer par un cousin d'Argor Llewellyn
Teagan savait que Laury Llewellyn était la première femme à diriger une province et elle s'en voulu de ne pas avoir prit le temps lors de sa visite à Mézérhian de converser avec elle. La dirigeante de l'Odenaith aurait été de bon conseil dans sa situation.
Je voudrais juste que vous réfléchissiez à la situation, reprit Teagan et sachez que si vous deviez vous... confronter à votre père à ce sujet, vous aurez mon soutien.
Aerona resta stupéfaite mais ses bonnes manières, inculquées depuis l'enfance refirent surface.
Je vous remercie Majesté.
Teagan hocha la tête et se remit debout, aussitôt son ôte sauta sur ses pieds et lui sourit.
Je pars en campagne dans quelques jours et je ne doute pas de votre réponse, glissa-t-elle avec un sourire. Mais si vous décidiez de m'accompagner je n'y verrai pas d'inconvénient.
La réponse de la fille du Seigneur de l'Heiroken fut tout aussi prévisible qu’énoncé.
Par tous les dieux Majesté ! Je ne vous serait d'aucune utilité sur le front.
Teagan posa sa main sur son épaule.
Personne n'est inutile en temps de guerre mais je respecte votre décision. Et je vous donne ma parole que si je reviens de cette guerre je ne vous oublierai pas.
Elle avait les moyen d’améliorer les conditions de vies d'Aerona Rovenàl et elle comptait bien, si elle revenait des combats, tenir sa promesse.