Disclaimer : Les personnages appartiennent à l'œuvre originale de JK Rowling
Défi sur le couple Hermione/Severus pour
30_baisersThèmes : médicament (28), le bruit des vagues (29)
Genre : Romance / tragédie
Pairing : Severus/ Hermione
Nombre de mots : 5125
Rating : NC-17
Avertissement : Lemon Hard (chapitre 3)
Bêta :
lilas666Résumé : Quatre saisons pour construire une relation, pour que deux êtres dissemblables apprennent à s'apprécier
Voici le dernier chapitre que je croyais avoir déjà publié. Bonne lecture
chapitre 4 : J’ai embrassé l’aube d’été.
J’ai embrassé l’aube d’été. (1)
Parfois, lorsque l'astre du jour cédait sa place aux ténèbres, les fantômes du passé de Severus ne venaient point le tourmentait et il pouvait jouir d'un sommeil apaisé, presque serein si ce n'était ce rêve récurrent qui venait perturber la quiétude de ses nuits.
Il avait l’impression d'être dans un labyrinthe, non pas celui défini par des murs ou des haies de verdures, mais celui crée par sa propre pensée ; comme ce voyageur qui doit traverser une forêt pour rejoindre la place d'un village où l'on aperçoit le clocher prédominant de l'église, la pointe est visible et telle une boussole, elle semble nous indiquer la direction. La ligne droite semble la plus efficiente, la plus
rationnelle et pourtant on choisit de prendre le petit chemin de terre, crée par les multiples passages des vies.
Un labyrinthe cloisonné par l'esprit où il distinguait des silhouettes vagues, représentant des personnages marquants de sa vie qui tel le chat de Cheshire s'éclipsait, non pas avec un dernier sourire mais avec un regard qui s’accompagnait toujours d'un souvenir rattaché à cet ultime trace du passé. Lorsque Severus se rapprochait de la forme et l'effleurait, un florilège d'émotions venait comme une vague sur lui. Le regard acier de son père qui ne pouvait communiquer avec ce fils taciturne, effrayé par cette violence contenue qu'il pressentait dans chacun de ses regards, celui de Lucius qui par son attention à son égard lui avait donné l'opportunité de se sentir appartenir à une élite auquel il avait toujours aspiré, tout du moins dans son esprit. Le regard sanglant de Voldemort, porteur d'une puissance espérée et d'un chagrin éternel. Celui bienveillant et amical de Lily qui lui avait donné cette touche d'humanité qu'il tenta désespérément de cacher sous un masque de froideur et d'ironie sanglante. Le bleu de celui qui avait été source de ses tourments et aussi de sa rédemption et ces yeux marrons, insignifiants mais qui l’émouvaient à chaque fois qu'il les croisait, emplis d'un amour qu'il ne pensait pas avoir droit de mériter.
La sensation était étrange, toucher des chimères qui lui paraissaient à la fois si lointaine par l’évanescence de leur corps mais si proche par la myriades de sensations qu'elle provoquait en lui. Ce songe récurrent l'effrayait et le soulageait à la fois, comme si chaque réminiscence du passé lui permettait d'accepter la monotonie du présent tout en l'ancrant dans un passé dont il ne souhaitait pas ou ne voulait pas se défaire.
Il sentit un corps s'appuyer délicatement sur sa poitrine nue, son pyjama légèrement déboutonné
laissait voir son corps malingre et aussi musclé, mais des muscles secs n'ayant pas l'attrait d'un corps construit dans le culte de soi mais par le dur labeur, l'apprentissage des techniques pour survivre en tant que Mangemort mais aussi en tant qu'espion. Il ouvrit les yeux pour tomber sur un regard noisette, une figure juvénile et des boucles foncés encadrant l'ovale de son visage.
Que ces yeux l'exaspéraient ! Toujours demandeur d'une attention, d'un regard affectueux qu'il refusait de lui donner. Comment pouvait-on aimer un jour et haïr quelques secondes plus tard ? Il ne le savait pas, il n'avait jamais cessé d'aimer Lily, même s'il avait cherché à minimiser cela en se tournant de manière active vers les Mangemorts, mais sa simple présence quotidienne à Elle lui était insupportable. Elle devenait responsable de tous ces maux, de toutes ses erreurs, de son mal être mais il la gardait près de lui, comme pour posséder devant lui sa propre croix, sa douleur quotidienne. D'un geste brusque mais sans aucune violence, il se leva projetant le corps féminin vers le mur, ou pour être plus précis contre l'amoncellement que formait les diverses couettes. Jamais il n'aurait pu user de la moindre violence contre elle, comme lui montrer la moindre affection.
Ces deux sentiments ne pouvaient pas s'exprimer à son égard, seul un comportement d'indifférence permettait la cohabitation. Sur la table du petit salon, le petit déjeuner préparé par les elfes de maison attendait. Si pendant la semaine, il lui arrivait de ne pas manger pour augmenter sa mauvaise humeur, en particulier lorsqu'il avait comme élèves les Gryffondors ou les Pouffsouffles qu'il avait pris en grippe depuis leur victoire en finale de Quidditch privant sa maison de la Coupe depuis près de cinq ans, le week-end il aimait se substanter de façon correcte et même gourmande.
Sur un guéridon, un autre déjeuner attendait d'être englouti. Aucun des deux colocataires n'aurait songé à partager le moindre repas ensemble. Vivant sous le même toit, un mur crée par l'attitude de Severus proscrivait la moindre communication. Il ne pouvait s’empêcher d'éprouver à son égard, non pas de la haine car il lui était impossible de ressentir cela pour un membre de sa famille mais il lui fermait son cœur et refusait toute les marques d'affection qu'elle tentait vainement de lui donner.
En face de lui, sur la surface du meuble, où était enfermé à clé ses ingrédients et ses ouvrages les plus précieux, ne trônait qu'une seule photo, celle de son mariage où malgré ses dents dont la blancheur laissait à désirer, son sourire était si éclatant que personne ne pouvait douter qu'il fut parmi le plus heureux de sa vie. Il regarda, un peu sur la gauche du buffet et poussa un grognement de frustration et de colère en voyant la page du calendrier, où était entouré en rouge, la date du jour.
Il ne pouvait plus remettre à plus tard ce qu'il avait promis de faire. Severus sortit de sous sa robe un collier où était suspendu la clé du meuble, qu'il gardait précieusement contre son cœur comme le sésame d'un trésor précieux et l'enlevant de son cou, il introduisait la clé. Il prit un récipient, qu'il déposa avec délicatesse sur le dessus du meuble et les yeux humides il chercha un sac dans sa chambre pour emmener cet objet qui retenait toute son attention et sa délicatesse. Elle continuait à manger, ne posant aucune question. Elle savait que cela le mettrait en colère, sa seule présence l'insupportait, elle le ressentait bien mais où pouvait-elle aller ? Elle se contentait d’observer de loin cet objet si précieux pour lui. Chaque nuit, elle voyait Severus le sortir, religieusement et caresser avec amour les contours de ce trésor.
Severus sortit d'un pas leste de sa chambre, s'assura de l'étanchéité du récipient, l'entourant d'un tissu vaporeux blanc pour le protéger et avec précaution le mis dans sa besace. Il se retourna vers elle, sembla hésiter un instant et l'agrippa avec une certaine vigueur mais sans toutefois faire preuve de brutalité et transplana. Devant eux, la mer s'agitait en vagues successives et chaotiques dans un concert qui avait le don d'apaiser les âmes perdues, mais serait-ce suffisant pour lui ?
Severus s'assit sur la plage de Brigton. Tant d'années s'étaient écoulés depuis la dernière fois qu'il était venu. La dernière fois...leur première fois. Il contemplait cette mer, chargée de souvenirs à la fois si heureux et si douloureux en même temps. Avec délicatesse, il sortit l'objet du sac et après avoir posé le voile sur le sable, il mit dessus l'étui cinéraire et se recueillit. Comment allait-il pouvoir trouver la force d'accomplir cette tâche qu'il s'était promis de faire ?
Tant de fois, il avait renoncé sous de multiples prétextes fallacieux. Comment respecter une promesse donnée à une amante pleine de vie ?
Comme il était dur pour lui de se séparer de ces quelques grammes d'elle, tout ce qui lui restait d'elle. Une ombre projetée devant ses yeux lui rappela sa présence. Il ne pouvait se mentir à lui même : il avait besoin d'un témoin pour avoir la force de le faire, de permettre à Hermione de voir enfin Brighton sous la saison estivale et de la laisser enfin partir.
Le soleil n'avait pas attendu que les deux protagonistes arrivent pour entamer son ascension matinale et seuls des fragments de nuances orangées témoignaient de la précocité de la journée. Severus enleva ses chaussures, les posa un peu en retrait derrière lui, croisant son regard sans lui prêter la moindre attention et il se leva lentement, prenant précautionneusement le cercueil cinéraire et s’avança dans l'eau. Chaque pas qu'il faisait devenait de plus en plus difficile, était-ce dû au poids de plus en plus pesant de sa robe ou à la tâche à accomplir ? Il prononça quelques mots inaudibles et tandis que sur son visage, des larmes coulaient en silence il déversa dans la mer la poussière de vie. Il voyait flotter dans les vagues les graines de son retour à la vie, sa mie, sa femme, celle qui lui avait donné son cœur.
Perdue dans ses pensées, se remémorant les quelques douces années passées en sa compagnie, seule une voix semblant sortir de nulle part, tant il s'étaient habitués à un silence mutuel, le tira de ses songes.
«C 'est pour que maman devienne une étoile ?»
Severus la vit ou plutôt la regarda comme un être vivant, non pas un être transparent, un objet animé qu'il devait côtoyé depuis tant d'années. Il s'interrogeait sur le sens qu'elle donnait à cette phrase, elle était encore si petite, n'avait pas encore atteint l'âge de raison qui faisait en France, d'un enfant un roi. De son regard sombre, il tenta de lire en elle, non pas en usant de la Legimancie, un traitement trop abrasif pour une personne si jeune mais en essayant de lire dans chaque trait de son visage juvénile des indications pour lui permettre de comprendre le sens de cette phrase mais il arriva à l'amère constatation qu'il lui était impossible d'appréhender quoique ce soit dans ce visage, pourtant familier qui était devenu pour lui inconnu, tant il avait forgé au fil des ans une indifférence pour ne pas avoir à s'avouer qu'il haïssait sa fille.
Non pas que ce fut un sentiment constant, mais pendant quelques instants il s'était mis à détester de tout son âme cet enfant qu'il chérissait quelques minutes plus tôt. Une petite fille épanouie, qui s'avançait avec une certaine maladresse sur ses deux gambettes, heureuse d'avoir appris à se déplacer comme les grandes personnes. La démarche était hésitante mais elle avançait, poussant le gros ballon bariolé que papi et mamie lui avait offert quelques jours plus tôt. Un portail en bois ancien dont la serrure rouillée céda sous le poids, quoique fort léger, du ballon et ce dernier entama une évasion vers le bitume de cette banlieue londonienne. Du haut de ses deux ans, elle clama son nom "bahon" pour le faire revenir à elle et avec candeur, sans que jamais elle ne songe le moindre du monde au danger qui pouvait la guetter, elle s'élança dans ce lieu inconnu dont ses parents lui interdisaient la moindre exploration sans leur compagnie.
Pour la première fois, elle commença à courir. Comme il était plus facile de courir que de marcher ! Chaque pas en entraînait un autre sans aucune hésitation et le ballon récalcitrant fut enfin dans le bras de la petite fille. Toute son attention focalisée sur cet objet qui était redevenu sien, elle ne fit pas attention aux bruits environnants : un crissement de pneu qui dérape, un choc violent qui projette un corps et le cri d'effroi de sa mère. Tous ces sons, cependant peuplèrent ses cauchemars pendant de très nombreuses années. Une guerre contre le plus féroce des mages noirs n'avait pu mettre fin à la vie d'Hermione, un jeune dont les réflexes furent entachés par un abus de boissons alcoolisés fut fatal pour la jeune femme. Severus éperdu de douleur contempla le corps sans vie de son épouse, sur son visage il posa un multitude de baiser comme si le conte qu'elle lisait à leur fille puisse se réaliser : le prince charmant d'un baiser redonna vie à la belle princesse mais des lois immuables empêchent que les contes de fées puissent se réaliser et seul retentit le cri de rage et de désespoir de cet homme taciturne qui avait perdu celle qui lui avait appris la réciprocité de l'amour.
Il effleurait chaque courbe de son corps comme s'il voulait se souvenir tactilement d'elle, ses côtes et hanches brisées, sa blessure fatale à la tête d'où le fluide vital se déversait sous le sombre asphalte.
Il voulait se souvenir de tout parce que ce ne pouvait être qu'un mauvais rêve et bientôt il se réveillerait.
Mais le ballon bariolé qui continua son chemin jusqu'à ses pieds et les cris stridents de la mère d'Hermione lui rappelèrent ô combien ce cauchemar était réel. La peine fut remplacée par une colère sourde, inquiétante et il se précipita la baguette à la main pour occire cet humain responsable d'une peine incommensurable. Seul le bras de son beau-père retint le coup fatal "Non, ma fille n'aurait pas voulu cela, ne redeviens pas l'homme que tu étais avant qu'elle ne t'aime. Penses à Cassandra, elle a besoin d'un père"
Severus regarda sa fille, élément déclencheur et innocent de ce drame et prononça ses terribles mots, dictés par une douleur insoutenable "Je n'ai plus de fille" et il transplana dans les lieux les plus inhospitaliers qu'il puisse connaître que ce soit dans le monde sorcier ou dans le monde Moldu.
Il gravit l’Himalaya par le côté le plus abrupt, le plus difficile, chaque foulée écrasant sa poitrine, il revint à Azkaban pour que chaque pierre lui rappelle ses mauvais choix, il s’enfonça dans la forêt interdite vers des lieux que même Hagrid n'aurait songé à aller sans la protection des Centaures ou d'autres créatures forestières. Mais aucun lieu ne lui apporta le repos éternel ou le soulagement à son âme tourmentée. Plusieurs mois après, il revint. Sa fille se précipita vers lui, il la repoussa pour la première fois et se contenta de prendre fermement sa main pour transplaner avec elle sans aucun mot pour ceux qui étaient devenus par alliance sa famille.
Pendant près de quatre ans, Severus redevint le professeur craint et honni de Poudlard, lui qui pendant quelques années avait su profiter de ce bonheur marital dont jamais auparavant, il n'aurait songé à imaginer comme possible se renferma sur lui-même, revêtu sa carapace, celle qu'il avait crée pour devenir l'espion de l'Ordre, pour assouvir sa vengeance. Celui qui aurait pu profiter de sa notoriété, de cette aura de respect qui l'entoura à la fin de la guerre redevint un homme taciturne, cruel avec ses remarques sur les élèves. Il devint craint autant des élèves de sa Maison que ceux des Maisons qui habituellement redoutaient sa colère sourde et ses remarques assassines lors des cours. Paradoxalement, les élèves allaient d'un pas traînant à ses cours mais les plus âgés voulaient voir cet héros de guerre et subissaient sans sourciller ses remarques les plus acerbes. Severus ne pouvait même pas avoir la satisfaction de voir dans le regard de ses élèves la crainte lui donnant temporairement l'illusion d'une autorité, d'une distanciation qui lui permettait de se prémunir du moindre sentiment, de se créer une armure lui permettant de seprotéger du monde extérieur et des sentiments qu'il pourrait éprouver.
Sa fille, Cassandra qui avait fait ses premiers pas dans les couloirs de Poudlard, échappant à la
vigilance de ses parents surprit les élèves, déconcertés par la présence de cette petite fille aux cheveux bouclés et bruns, resta la plupart du temps dans les appartements de Severus.
Il ne songeait pas le moindre du monde à la cacher intentionnellement, elle faisait partie d'un passé qu'il refusait de reconnaître tant les blessures de la perte d'Hermione le touchait et marquait en son cœur des stigmates plus profonds que ne le serait jamais sa Marque des ténèbres.
L'allégeance à Voldemort avait été à la fois sa première décision d'adulte et son combat contre la Marque avait été sa première décision d'homme.
Apprendre à aimer Hermione et accepter cet amour fut la première fois où il abandonna toute rationalité, toute volonté de contrôler l'univers qui l'entourait pour accepter les ressacs de la vie. Les professeurs qui avaient connu le couple heureux qu'ils formaient, éprouvaient un chagrin, teinté de pitié en voyant cette image de bonheur se fissurer pour ne devenir qu'un simple souvenir à leur mémoire. Ils tentèrent de renouer des liens avec Severus qui les repoussa avec la seule arme dont il disposait : le mépris teinté d'ironie et un sarcasme qui révélait les failles de son interlocuteur en ravivant ses blessures le plus intimes. La plupart se contentèrent de simples rapports distants, mais certains comme la Directrice et certains professeurs continuèrent à le visiter et surtout à donner à la petite Cassandra, le sentiment d'être, pour quelques minutes, une personne entière mais surtout de ne plus être transparente comme elle l'était devant son père.
Comme les autres, Cassandra renonça à l'amour de Severus ou pour être plus précis pour décrire son sentiment complexe à son égard, elle accepta l'idée qu'elle ne pourrait jamais être aimé de son père car elle ne le méritait pas, elle devait être un enfant si ignoble que sa seule famille ne supportait pas sa présence.
Trop jeune pour avoir un souvenir précis de ses jeunes années, elle avait oublié la tendresse de ses parents. Parfois, la nuit elle entendait une berceuse chantonnée par une voix douce qui la berçait et l'apaiser et cette voix rauque un peu fausse qui l'accompagnait en fin de cette chanson. Souvent elle entendait des cris, un hurlement et cette voix douce remplie d'effroi qui se taisait éternellement. Elle accepta ce mésamour, apprit à reporter son affection sur les elfes de maison qui venaient lui tenir compagnie, lui racontant les aventures du trio et de cette Hermione qui fut sa mère. Ils la bercèrent de contes et d'histoires que quelques années plus tard, une romancière désargentée retranscrit sous sa plume et permit ainsi à de nombreux lecteurs de s'évader vers un monde soit-disant imaginaire.
Les grains de sable chatouillaient ses pieds, fragments de rochers érodés par le flot des vagues pour devenir au fil des millénaires des particules si fines qui s'écoulent lentement entre les doigts et symbolise le temps qui passe. Cet instant fugace où son père la regarda, accéléra son cœur. Elle comprenait qu'il attendait des explications mais que lui dire ? Peux-t-on trouver les mots adéquats à cet âge si juvénile, ceux qui expliquent, détruisent un mur et libèrent ?
Cassandra enfin s'exprima avec les mots de son âge, son vocabulaire restreint mais suffisant pour qu'enfin Severus comprit sa fille.
« Les vagues, elles entraînent maman vers la-bas au fond, là où la mer rejoint le ciel...et elle
deviendra enfin une étoile » Severus regarda perplexe sa fille, il comprenait cette notion d'horizon mais comment pouvait-elle passer à cette idée d'étoile, ce simple mot avait éveillé en lui ses sentiments envers Hermione, cette impression d'avoir côtoyé une étoile flamboyante éphémère qui avait réchauffé son cœur d'enfant et glacé son sang d'adulte et cette élève si surprenante, à la fois si brillante et si fade à son regard professoral et tel le berger perdu, il avait retrouvé son chemin vers la vie, en contemplant et observant l'étoile qu'elle était devenu pour lui.
« C'est Sinistra qui m'a dit que les étoiles étaient composées de fragments, de poussières et que souvent dans les mythes humains, les héros devenaient des étoiles et même des constellation. Maman était bien un héros ?
- Une héroïne en fait, mais je crois que tu as raison, Hermione...ta mère ne peut devenir que ce qu'elle était déjà vivante. »
Severus l'observa et se rendit compte pour la première fois depuis de nombreuses saisons qu'elle était la fille d'Hermione, le fruit de leur ébats charnels, un enfant de l'amour. Elle avait la couleur sombre de son père et les boucles désordonnées de sa mère, ainsi que son nez, heureusement pensa-t-il furtivement, mais ce ne fut pas simplement la simple constatation de leurs ressemblances qui le troubla mais ce sentiment de retrouver pour la première fois un être aimé qu'il avait délaissé pendant tant de temps. En lui rappelant d'où elle venait, Cassandra lui avait enfin ouvert les yeux. Bien sûr il ne pouvait pas nier ce sentiment fugace de haine qui l'avait assaillait juste après l'accident même s'il se rendait compte que cette haine était tourné vers le monde entier et lui même : ses tentatives avortées de connaître un sort funeste témoignait bien de son ressentiment. Il avait accepté de survivre dans ce monde mais avait oublié son amour pour Cassandra, ou peut-être avait-il seulement craint d’éprouver de nouveau un sentiment d'amour, même paternel.
Il la voyait et devant ses yeux se superposait les images d'elle encore bébé, le fixant de son regard noisette, gazouillant à ses grimaces, sa propre chair qui grandissait, prononça son premier mot "aha" qui ne pouvait être que Papa, bien qu'Hermione lui fit remarquer qu'éperdu de sa fille il entendait des mots qui n'existaient pas, il en avait cure. C'était sa fille à lui, son bébé. Il se détourna quelques instants vers l'immensité bleuté comme pour demander à Hermione de lui donner la force de renouer avec sa fille, parce qu’aussitôt qu'il se remémora ses sentiments envers elle, il voulut retrouver son amour. Lui qui avait érigé une armure pour se protéger de ce sentiment si gentillet qui fragilise les cœurs et les âmes en s'évaporant au gré des aléas malheureux de la vie voulait redevenir ce colosse aux pieds d'argiles, celui dont le cœur battait au gré de ces petits instants de la vie quotidienne, celui d'un sourire échangé, d'une fillette s'avançant en dandinant vers son père pour la première fois. Mais comment effacer tant d'années d'indifférence ? Il se souvint enfin qu'en acceptant de se dévoiler, de mettre à nue ses faiblesses, il avait enfin pu gagner définitivement le cœur d'Hermione. Devait-il accepter de descendre du piédestal paternel pour redevenir un homme ? Mais pouvait-il prétendre encore au rôle de père, bien sûr il avait veillé à ce qu'elle reçoive une nourriture adéquate, il surveillait sa santé et laissait les autres professeurs la visiter pour éveiller son esprit mais il ne la regardait pas, l'ignorait comme si une seule interaction avec elle pourrait détruire la carapace qu'il s'était forgé.
La voix un peu pâteuse, Severus entama son récit. Après quelques instants d'hésitation sur les premiers mots à prononcer, il décida de commencer par le début, non pas sa relation avec Hermione mais raconter quelle femme elle était et son récit débuta par la première fois où il avait rencontré Hermione. Sans aucune concession il avoua son aversion pour Harry et ses amis, son exaspération à la voir lever inexorablement la main pour répondre à ses cours et gagner des points pour sa maison. Mais aussi une pointe d'admiration pour ses talents de sorcière à un si jeune âge, même si sous la torture, jamais il n'aurait voulu le reconnaître.
Il lui parla de l'adolescente, plongée dans les bouquins, ne respectant les règlements que jusqu'à ce qu'elle décide de les contourner ou même de les abolir pour des causes qu'elle estimait supérieures, toujours entraidant ses amis et à la fois si courageuse et si déterminée.
Il lui conta aussi son désespoir, la vie qui s'enfuyait peu à peu d'elle et son long retour vers un monde où elle fut privée de son meilleur ami et premier amour. Il avoua ses sentiments pour elle, ses doutes et ses craintes face à un amour imprévu et ce bonheur qui lentement se construisit entre eux. Ses grands moments de bonheur et de fierté comme lors de la cérémonie de mariage et la naissance de cette petite fille, furent contés avec des trémolos d’émotions et de regret dans la voix.
Cassandra écouta attentivement son père qui s'adressait à elle pour la première fois et si au début il chercha un vocabulaire le plus simple possible afin d'être compréhensible, au fur à mesure de son récit elle comprit que certains mots, certains locutions restaient inconnus pour elle et elle se focalisa alors sur les expressions de son visage, l'animation qui transformait l'homme taciturne et froid en être vivant, presque accessible. De son long récit, elle ne retint que quelques bribes mais elles se gravèrent en elle comme sur un parchemin : sa mère avait su gagner le cœur de son père et celui-ci l'avait aimé au moins pendant quelques minutes.
Tandis que la foule, peu à peu, envahissait la plage, un père et sa fille, le regard en direction de l'horizon, pour la première fois ressentaient non pas le silence comme pesant, comme une barrière invisible mais une sorte de communion. Les murmures et échos de la foule, qui tel un tourbillon les ramenèrent vers une réalité auquel aucune d'eux n'aspirait. Severus prit la main de sa fille. Mais le contact fut si inhabituel, si brûlant qu'instinctivement, Cassandra retira la main sous le regard chagriné de son père. On ne peut pas en quelques instants effacer des années de mésamour par quelques mots et gestes d'affection. Elle voulait bien sûr être aimé de son père mais aussi se protéger d'un revirement possible de sa part. Instinctivement comme lui, elle accordait difficilement sa confiance.
Pendant de nombreuses années, le père et la fille apprirent à s'apprivoiser. Chaque pas vers sa fille s'accompagnait d'un mouvement de recul de sa part, comme si elle refusait de lui donner la satisfaction d'une affection refusée pendant de si nombreuses années. Severus comprit qu'il devrait apprendre à reconnaître sa fille pour apprendre à bien l'aimer, elle respectait son autorité mais n'acceptait pas ses tentatives maladroite pour gagner son amour. Il chercha à la connaître, questionnant habilement ses collègues pour obtenir des informations sur la fillette qu'elle était. Il fut un peu surpris de l'affection qu'elle éprouvait envers les elfes de maison, mais veilla à ce que chacun reçu le traitement le plus respectueux et la manière dont il punit ce groupe d'élève qui avait pris un elfe pour expérimenter des sorts de métamorphose convainquit tout le monde de ne jamais "utiliser" un elfe de maison, tout du moins dans l'enceinte de Poudlard.
Il eut de longue discussions avec Minerva, la Directrice qui comprit son désir de renouer avec sa fille sans qu'il eut besoin de s'exprimer. Le fauteuil de directeur donnait-il le don de prescience et de sagesse ?
Elle fut pour lui une conseillère avisée qui l'aida peu à peu à comprendre son enfant et son désir d'être aimé par elle, se transforma en un sentiment de fierté et d'amour qui ne demandait aucune réciprocité et peut-être ce fut pour cette raison que peu à peu il prit place dans la vie de Cassandra.
En cette nouvelle année, Severus assuma encore ses fonctions de Directeur-adjoint et posa le Choixpeau sur les têtes encore juvéniles avec un désintérêt certain. Pourtant lorsque les premiers enfants à l'initiale de R vinrent à se poser sur le fauteuil, il ressentit un petit pincement au cœur, si bien que sa main droite trembla légèrement lorsqu'il vint poser le Choixpeau sur la tête de sa fille. Celle-ci ferma les yeux et attendit le jugement de l'artefact. Elle craignait de décevoir son père mais ne voulait en aucun cas influencer l'objet en lui énonçant sa préférence. Et lorsque enfin, elle rejoignit la Maison Rouge et Or, elle évita de regarder son père pour ne pas voir en lui la moindre déception.
A la fin du repas, Severus se rapprocha de la table des Gryffondors. Juste à ce moment le métamorphe Teddy Lupin questionnait Cassandra sur ses possibles liens de parenté avec le professeur Rogue. Ce dernier esquissa un sourire quand elle affirma avec fierté que c'était son père, surprenant ainsi toute la tablée. Reprenant tout son sérieux et sa figure à la limite patibulaire, de sa voix à la fois mielleuse et sournoise, il se mit devant sa fille et tandis que tous les Gryffondors retenaient leur souffle, il se contenta de dire :
"Mademoiselle Rogue, j'ose espérer que vous redorerez un peu le blason de cette maison de votre intelligence et Merlin sait qu'elle en a besoin. Mais n'oubliez pas que la Coupe des Quatre maison est parfaitement à sa place dans mon bureau"
Les Gryffondors médusés avaient assisté à cet échange et découvrirent un professeur Rogue, susceptible de faire preuve d'un certain humour et surtout il ne semblait pas être mécontent de voir sa fille devenir une Gryffondor.
Quelques heures après l'heure du coucher, Severus se glissa dans une pièce voisine de celle du bureau de la Directrice et sur la table, prit une photo. Une tradition, ignorée de tous excepté du Directeur et du Sous-Directeur, voulait qu'un elfe de maison à chaque rentrée prenne en photo les élèves au moment où le Choixpeau, complice esquissait un petite mouvement bref de sa pointe et clamait à tous l'appartenance à la nouvelle Maison. Sur chaque photographie on voyait progressivement les liserés des tenues de sorcier prendre les couleurs propres à chaque maison et un discret blason se dessiner sur leur poitrine. Severus prit la photo de sa fille, la dupliqua et après réflexion la copia encore et mit cette dernière dans une poche de sa robe. Dans une enveloppe, accompagné d'une seule question il mit la photo et l'adressa aux Granger.
De retour dans ses appartements, trop calme à son goût, il éprouva une sensation de nostalgie à l'idée de ne plus partager ses repas avec son enfant si ce n'était lors des vacances. Une page se tournait et il redoutait d'avance la perspective de voir sa fille grandir trop vite, tomber un jour amoureuse et le quitter. Pourvu qu'elle n'épouse point un Weasley ou pire un enfant Potter, se disait-il bien qu'il pressentait que cette petite aversion était due plus à un sentiment de jalousie qu'autre chose.
Pendant quelques minutes, il éprouva ce sentiment de solitude que ressentent les parents lorsqu'ils voient leurs enfants quitter le nid et il se dirigea vers sa chambre pour tenter de calmer, par il ne savait quel moyen, ce désarroi. La porte fermée, il eut la surprise d'entendre une voix qui peuplait encore ses rêves le saluer. Minerva avait jugé que Severus était enfin prêt à avoir le tableau d'Hermione dans ses appartements privés et lui avait ainsi préparé cette surprise. Le temps du chagrin et de l'amertume n'était plus.
C'était un homme qui peu à peu avait appris à apprécier les instants de bonheur révolus et savourer ceux qui viendraient. Un hibou vint frapper à sa fenêtre et déposa la réponse attendue : " Avec plaisir, nous serons heureux de vous accueillir pour les vacances de Noël " et tenant toujours le mot entre les mains, il s'assit sur le rebord du lit et contempla le portrait de son épouse en silence. Après tous les tourments de sa vie, ce sentiment de félicité qui envahissait son cœur, il voulait le garder pour longtemps.
Citation de Arthur Rimbaud, poème « Aube »
Note de fin :
J'ai incorporé à cette histoire, dans chaque chapitre un indice pour un auteur et une œuvre en particulier. Celui ou celle qui trouvera la réponse ainsi que l'explication aura un OS de son choix.
Je ne donnerais la réponse qu'en MP et un seul OS par site de publication.