Pour
dauphin_noireAuteur : ???
Titre: Sa Conscience
Pairing: Drago/Hermione
Warning: Death Character
Rating : PG
Note : Vu que tu disais que tu n’avais rien contre les histoires dramatiques, je me suis permis de t’écrire ce petit quelque chose. J’espère que ça te plaira et que tu ne m’en voudras pas pour le Death Character.
Les nuits étaient glaciales dans le manoir depuis que le Seigneur des Ténèbres l’avait éventré pour y creuser son antre. Cette maison qui avait été sa fierté, celle de son sang supérieur, ce lieu aux jardins autrefois si fleuris, colorés et parfumés qui avaient accueillis ces rires d’enfant, n’étaient plus. Le feu brûlait dans l’âtre nuit après nuit, mais rien n’y faisait, le corps de Drago ne se réchauffait pas. Il était glacé. Il glissa son nez entre ses mains gelées dans le but de les réchauffer. Il faisait de plus en plus froid dans la pièce et Drago avait cette peur intestine qui lui nouait l’estomac, ce sentiment qu’il ne se réchaufferait plus jamais.
Il tenta de remonter l’épais édredon au-dessus de sa tête dans l’espoir vain de se créer un cocon réconfortant. Après plusieurs tentatives infructueuses, il dut se rendre à l’évidence que ses doigts engourdis n’étaient pas les seuls fautifs de son échec. Quelqu’un était assis au pied de son lit.
Ses dents se mirent à s’entrechoquer.
- Laisse-moi tranquille ! Va-t’en ! Lâcha-t-il d’une voix presque éteinte, aussi pitoyable qu’il l’était devenu.
Seul le vent, terrible et implacable, lui répondit, hurlant entre les branches décharnées des hauts arbres. Ce silence aurait dû le rassurer mais il ne fit que rendre sa terreur un peu plus palpable.
- Pourquoi me hantes-tu ? Reprit-il, épuisé par ces nuits sans sommeil, par ces jours cauchemardesques. Il voulait en finir.
Cela faisait longtemps que le venin avait quitté ses veines, que sa confiance l’avait déserté. Il n’en pouvait plus. Il était devenu l’ombre de lui-même, un inconnu. Il allait finir par hanter lui-même ce manoir, pâle reflet de ce qu’un jour il avait été. Sa mère, sa douce et aimante mère, bien plus courageuse que ne le serait jamais son père, était la seule raison pour laquelle il se levait encore chaque matin.
Le poids au pied de son lit se fit plus lourd, la froidure de la chambre encore plus prononcée. Elle se rapprochait de lui, il pouvait le sentir. Une désagréable sueur froide lui coula le long du dos. Jamais elle ne s’était approchée ainsi, jamais il n’avait été aussi terrorisé. Il la craignait bien plus que la folie du monstre qui avait dévoré son existence.
- Ne m’approche pas ! Lâcha-t-il un peu plus véhément, l’instinct de survie certainement.
Laisse-moi ! Je n’ai rien fait !
- Justement… Lui susurra la voix d’Hermione Granger à l’oreille.
Sa conscience venait de parler.
**********
Nuit après nuit, elle le fixait du pied de son lit.
Drago n’osait plus même dormir. Il savait qu’au cœur de la nuit, Granger lui apparaîtrait toute de sombre vêtue, flottant au-dessus du sol tel un nuage éthéré.
D’épais cernes étaient venus charbonner ses yeux clairs, et plus les nuits passaient, plus la raison semblait le quitter.
Contrairement à beaucoup d’enfants, Drago n’avait jamais eu peur du noir ou de tout ce qui se cachait dans la pénombre. Il avait grandi au cœur d’un manoir séculaire où les fantômes de ses ancêtres s’éveillaient en chaque pierre. Rien ne l’avait préparé au règne de ce fou, rien ne l’avait préparé à sombrer lui-même dans la folie. Maintenant qu’il y pensait, il aurait dû savoir qu’il était sujet à cette faiblesse, son impitoyable et redoutable tante Bellatrix en était la preuve vivante. Plus d’une fois il l’avait vue déambuler dans les couloirs du manoir, le regard hagard, ses lèvres semblant parler d’elles-mêmes.
Un rire douloureux lui échappa.
Il voulait en finir avec tout cela. Il n’en pouvait plus. Il n’avait jamais été courageux ou brave et ne le serait jamais. A quoi lui servait-il de vivre ainsi ? Il était tout simplement un fantôme dont le cœur battait encore.
- Je n’en peux plus de vivre ainsi, c’est comme mourir jour après jours… Lâcha-t-il péniblement blotti dans la froideur de son lit à baldaquin dont la couche était devenue son linceul.
Il sortit le petit poignard qui se trouvait sous son oreiller, présent de Severus. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux. Même Severus lui avait été volé par le Monstre.
- Tu dois bien rire à présent, lâcha-t-il à sa hantise savant pertinemment qu’elle était là même s’il ne pouvait la voir. Il la sentait. On avait beau faire taire sa conscience, même muselée, elle était là.
Alors que la lame noire allait déchirer sa chair, les mains translucides et glacées d’Hermione Granger se posèrent sur les siennes.
- La vie est précieuse, Malefoy, murmurèrent ces lèvres sans bouger.
- Pas la mienne, rit-il à cette absurdité la fixant vraiment pour la toute première fois.
C’était bien elle, même si elle était différente.
- Chaque vie, reprit Granger.
Tu te meurs nuit après nuit dans ce lieu, il est temps de vivre pour mourir à présent.
**********
La présence de Granger dans sa chambre, nuit après nuit, lui apportait un réconfort déstabilisant.
Parfois, il la sentait au pied de son lit, apaisant son esprit et lui permettant de dormir. D’autres fois, il se contentait de la fixer, blafard et merveilleux écho qu’elle était. Ses longues boucles dansaient autour de son visage de marbre immuable et calmait les battements de son cœur tumultueux.
Plus rares étaient les fois où ils parlaient. Ces moments étaient devenus précieux. Cette présence était devenue sa bouée de sauvetage, cette voix la résonnance de sa conscience profondément enfouie.
Hermione était devenue sa seule amie.
**********
- Es-tu morte, Granger ?
- Es-tu vivant, Drago ?
**********
- Je veux mourir, pleura Drago.
- Je veux vivre, lui sourit Hermione.
**********
Drago n’arrivait pas à y croire.
Il était là, dans cette forêt inconnue, courant à en perdre le souffle.
Fuyant le Monstre, abandonnant sa maison, trahissant sa mère bien-aimée.
Il courait à en perdre la raison.
**********
Cela faisait des jours qu’il déambulait sous la pluie harassante, des jours qu’il n’avait rien mangé, des jours qu’il aurait dû retourner au manoir familial sa mission accomplie.
Il était un déserteur.
La seule raison pour laquelle il n’avait pas encore abandonné, la seule raison pour laquelle il avançait encore, c’était Hermione.
Elle veillait sur lui, sa présence aussi chaude que la brûlure de la glace. Il suivait son pâle reflet, le long des chemins arpentés des forêts, se terrant toujours un peu plus dans un monde inconnu et effrayant.
Mais elle était là, bienveillante, et elle veillait.
**********
Il sut qu’il était arrivé quand Hermione lui montra du doigt un petit chemin sinueux en bordure d’un bourg de campagne. Elle n’irait pas plus loin. Pour la toute première fois depuis qu’il avait défié Lord Voldemort, depuis qu’il avait fui en avant, il eut peur.
Ses yeux s’ancrèrent dans les prunelles vitreuses de celle qui était devenue sa vie avant de s’avancer. Pour elle, il serait prêt à tout.
Descendant, le chemin escarpé, il arriva dans une petite niche cachée entre ce qui devaient être des rosiers fleuris et sauvages au printemps.
Deux petites pierres tombales s’y élevaient.
Ronald Bilius Weasley, 1980 - 1999
Hermione Jean Granger, 1980 - 2001
Les larmes qu’il avait toujours réussies à contenir malgré les tortures et souffrances, se mirent à couler d’elles-mêmes. C’était ridicule, vraiment. Il avait toujours su qu’il était trop tard pour eux à présent.
Lentement, une ombre s’approcha de lui et pour la première fois de sa vie, Drago se sentit courageux quand il releva le menton, le visage fièrement redressé. Advienne que pourra, se dit-il, il avait déserté et il assumait son choix. La seule chose qui l’écœurait était l’idée que la sérénité de ce lieu ne soit bafouée, que la tombe d’Hermione soit salie.
Mais devant lui se trouvait Harry Potter.
Il le fixait de ses yeux incrédules. Il semblait tout aussi fatigué que lui, mais vivant.
Ils restèrent un long moment à se fixer avant qu’Harry, sans un mot, ne lui tende la main.
- Bienvenu dans la Rébellion, Drago.
Drago comprit enfin ce qu’Hermione avait fait pour lui. Elle avait fait le choix de la vie.