Titre : Le faire ou ne rien dire
Auteur :
biditochePairing : Sakuraiba (Sakurai Sho x Aiba Masaki)
Rating : G
Genre : Au, amitié, romance
Mot de l'auteur : Suite à une remarque qui tendait à pointer le fait que j'ai posté essentiellement du Sakumoto sur mon LJ (je plaide coupable !), je vous poste un petit OS que j'ai écrit en février 2013 (ça date xD). Le titre fait écho à "Le faire ou mourir", un roman ado de Claire-Lise Marguier qui m'a vraiment chamboulé. Je vous le conseille si vous n'êtes pas trop sensible à tout ce qui porte à l'homosexualité, la scarification et autres thèmes du genre x)
Le faire ou ne rien dire
Je ne me souviens pas qu’il n’y ait jamais eu de regards ou de toucher entre nous. Pour moi, il a toujours été là même quand il n’y était pas. Sa présence a toujours été un réconfort et un amusement. Malgré les années, je me souviens encore de nos fous rires, de nos larmes et de tous ces moments partagés. Encore maintenant la vision même de son sourire qui m’est destiné me rempli de joie et de bonheur.
J’ai toujours pensé qu’il ne s’agissait que d’une amitié plus forte que toutes les autres. Je sais le caractère exceptionnel de ces échanges, lui qui est toujours si froid avec les autres. Au fond, je me sens honoré de pouvoir bénéficier de ce regard doux et protecteur. Et en même temps je me suis toujours demandé pourquoi avec moi il était ainsi, et pas avec quelqu’un d’autre. Je pense depuis un certain temps déjà qu’il me voit comme un frère et jusqu’à présent, c’était réciproque. Mais pourquoi aujourd’hui les choses ont changées ?
Je m’assois comme à mon habitude sur le canapé à ses côtés, parce que c’est toujours ainsi. Nous avons pris nos places sans que personne n’ait rien à y redire et je pense qu’elles témoignent de notre attachement les uns aux autres. Je ne dis pas que j’aime cet ami plutôt qu’un autre, pour moi ils sont tous exceptionnels et je suis fier de nos amitiés, mais il s’est avéré qu’au final, nous avons pris l’habitude d’être assis à côté d’une personne précise et que cette habitude s’est répercutée sur tous les instants de nos vies. Que ce soit en voiture, en bus, en salle ou chez l’un d’entre nous, nos places sont les mêmes. Je me tourne vers lui pour lui dire bonjour et ma voix me parait plus timide qu’elle ne l’est vraiment. Son regard doux et sérieux en même temps se pose sur moi et il me sourit tout en me disant bonjour à son tour, ce simple échange me remplissant de joie. Cette petite boule de chaleur au creux de mon ventre me fait un bien fou mais est si étrange également. Je ne l’ai jamais ressentie auparavant, ou du moins pas pour lui. Je sais qu’à présent je dois être rouge comme une écrevisse puisqu’il aborde un air inquiet et de me demande si ça va. Je refuse son offre de m’apporter un verre d’eau et le rassure rapidement. Je suis juste un peu excité, comme d’habitude et ça ne leur parait pas plus bizarre que ça, alors que moi je me sens étrange.
Plus tard dans la journée, il s’est penché sur moi avec un petit sourire enfantin et secret et m’a chuchoté à l’oreille une des bêtises de nos compagnons. J’ai ri parce que c’était drôle, mais surtout parce que je suis heureux ainsi. Cette position, aussi bizarre soit-elle, me donne envie de me blottir d’autant plus contre lui comme quand il tente de calmer mes frayeurs parfois. Il m’arrive de pleurer c’est vrai, et dans ces moments-là je suis content et chanceux de l’avoir lui à mes côtés. Eux tous, d’ailleurs. Je pose ma main sur son poignet, qui se trouve lui-même près de ma taille et je le regarde…je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais il y a eu comme un déclic en moi. Je retiens ma respiration avec la sensation que c’est la bonne chose à faire et j’attends…quelque chose qui ne vient pas. Une chose inexplicable. Il me regarde aussi, me sourit à nouveau puis s’éloigne de moi alors que je reste perplexe. Mon cœur bat plus vite que d’ordinaire, comme s’il allait sortir de ma poitrine et je le suis sans réfléchir, le collant le reste de la journée comme une sangsue. Je l’embête peut-être, sûrement, mais soudainement je ne veux plus qu’il s’éloigne de moi. Je veux qu’il chuchote à nouveau quelque chose à mon oreille et qu’on rit ensemble, qu’il me prenne la main alors qu’il parle à quelqu’un d’autre comme si c’était normal et que je sois le premier à tout savoir de ce qui lui arrive.
Il me raconte tout. Ou presque tout. En tout cas moi je le fais ! Je ne sais pas d’où cette habitude lui vient, pourquoi moi ? Je ne suis pas le plus doué pour garder des secrets, au contraire, mais c’est vrai que les siens je ne les ai jamais révélés à qui que ce soit. Comme s’ils étaient encore plus précieux pour moi que pour lui. Comme si c’était les miens, les nôtres…les nôtres…
Je baille, il est près de 1 heure du matin et nous sommes encore les 5 debout dans l’appartement de l’un d’entre nous. Ça faisait un moment que nous ne nous étions pas réunis ainsi pour discuter et s’amuser un peu. Certes entre adultes à présent mais il n’empêche que nous avons encore des discussions assez infantiles et des réactions qui me font rire tellement elles me font penser à quand j’avais 10 ans de moins. Ils n’ont pas changés, au fond. Moi non plus je pense. Il me dit toujours que je suis resté le même et que c’est bien ainsi. Pour lui je resterai comme ça toute ma vie. Est-ce idiot de penser ainsi ? Si quelqu’un d’autre me l’avait dit ça n’aurait pas été aussi évident dans ma tête, j’ai l’impression. Alanguis dans le canapé, ses doigts courent entre mes cheveux et mes paupières qui sont si lourdes ne demandent qu’à se fermer définitivement. Je ne veux pas, je veux encore profiter de cet instant !
Nous ne sommes plus que 3 « debout », autant dire que nous sommes tellement avachis sur les canapés que nous n’allons pas tarder à nous endormir à notre tour ! Moi surtout. La tête posée sur ses genoux, je regarde mon autre ami en face de moi qui raconte patiemment quelque chose qui lui est arrivé, rien de grave je crois, mais que je n’arrive pas à suivre tellement cette main jouant dans mes cheveux me fait un bien fou. Je voudrais qu’elle y reste éternellement ! Mais Morphée est plus forte que moi et m’emporte avec elle alors que cette main protectrice me rassure et fait se gonfler mon cœur de bonheur.
Je retiens un rire alors que je lâche presque la baguette dans ma main. Malgré toutes les personnes que j’ai rencontrées, je n’aurai jamais pu envisager qu’on puisse mettre autant de nourriture dans sa bouche et avec autant de plaisir ! Moi aussi j’aime manger mais il me semble que niveau gourmandise, il nous bat tous. Mais ce qui me fait le plus plaisir, c’est quand il me fait des compliments sur ma cuisine. Bon c’est vrai parfois ça semble exagéré mais dans ces moments-là mes joues rosissent et j’ai encore envie de cuisiner pour lui. Parce que je sais qu’il est assez poli pour que, même si ça ne lui plait pas, il ne m’enverra pas tout à la figure. Avec moi il est si gentil…Mais ai-je seulement envie qu’il soit essentiellement gentil ? J’aimerai tellement qu’il me voit comme moi je le vois…Je soupire en posant mon regard sur le fond de mon bol de riz et relève aussitôt la tête en l’entendant rire à gorge déployée.
A nouveau je souris à la limite du fou rire moi aussi. Ce rire…j’aime tellement l’entendre ! Franchement je n’aime pas trop le mien, mais alors le sien est si drôle que même si je suis triste, il me fera sourire. Je ne compte plus le nombre de fois où il m’a tiré de l’ennui ou de la dépression ! C’est si revigorant d’entendre sa voix d’ordinaire si grave partir dans des aigües inimaginables ! Rien que d’y penser, j’en ai le baume au cœur…
Je crois que je l’aime. En fait je ne sais pas. Mes sentiments sont si confus, surtout quand il est près de moi. Je n’ai pas l’impression que quelque chose ait changé entre nous et pourtant plus rien n’est pareil autour de moi, ni dans ma tête. Surtout dans ma tête. Toutes ces choses et ces détails qu’il y a toujours eu entre nous, et qui jusqu’à présent ne me faisaient pas me poser autant de questions, prennent un nouveau sens et me paraissent…je ne sais pas. Ce n’est pas comme ça avec les autres, alors pourquoi l’est-ce avec lui ? J’ai toujours envie de lui faire plaisir, de le voir sourire, de ressentir sa main sur n’importe quel centimètre carré de ma peau ou de sentir son odeur quand il est si près de moi que je pourrais dire exactement quel shampoing il utilise. Je n’ai pas envie d’être repu de sa présence ni de couper le contact visuel avec lui. Et quand arrive enfin le moment où il est à quelques millimètres de moi ou que nous sommes seuls tous les deux, je me mets à rougir et à transpirer démesurément. Moi qui ait déjà des problèmes avec ça…ça ne s’arrange définitivement pas ! Je suis obligé de plus en plus souvent d’essuyer mes mains moites sur mon jeans pour que personne ne s’aperçoive à quel point il me fait de l’effet et que dès qu’il ouvre la bouche, des frissons me parcourent tout le corps et que je suis sur le point de bégayer, si tant est que j’ose ouvrir la bouche !
Et puis ce physique…je ne pensais pas être un jour attiré par un homme. Parce que c’est ça n’est-ce pas ? Je n’en sais rien, comment le pourrais-je ? Le savoir. Je n’ai jamais été amoureux d’un homme et l’idée même que je le sois était déjà bien assez étrange comme ça ! Je n’irai pas jusqu’à dire que je bave devant lui, ce n’est pas ça. Disons que j’aime le grain de sa peau, sa douceur, la forme de ses muscles autant quand il est en repos que quand il fait un effort. J’avoue que son dos en mouvement m’a toujours fait me sentir…étrange. Oui, étrange. Je lui ai déjà dit que j’aimais son dos mais il avait pris ça sur le ton de la plaisanterie, et je l’avais encouragé à le faire il faut dire. Quelle déclaration en même temps…n’est-ce pas ? A présent je m’amuse à le taquiner sur ses grosses joues alors qu’il n’aime pas ça, je le sais. Mais il est tellement beau, même ainsi. Je soupire, mes yeux posés sur sa nuque. Il ne peut pas me voir de là, je le sais, et j’en profite pour le contempler tout mon saoul.
Je me sens si triste maintenant. Il n’y a plus trace en moi de l’amitié qu’était notre relation auparavant. J’ai tout foutu en l’air, je le sais…et je ne peux rien rattraper. Tout ce temps j’ai senti que j’évoluais mais je n’ai rien fait pour m’en empêcher. J’aurai dû…sûrement que j’aurai dû ! Tout ce que je ressens désormais c’est cette chose dérangeante qui m’empêche de profiter pleinement de la gentillesse de mon ami. Parce qu’il le restera à jamais, mon ami…Je verse une larme, totalement perdu. Il est en face de moi, sa main dans la mienne qu’il sert si fort que j’ai l’impression qu’il va me la briser. Il ne dit rien pour l’instant et moi je me suis tue. Je lui ai tout dit, tout. Du début à la fin, tout ce que je ressens et tout ce que j’ai peur de ressentir depuis des semaines. Ce que je ne pensais pas envisageable et qui, même maintenant et surtout dit tout haut, parait invraisemblable. Je sais qu’il ne va pas me rejeter violemment parce que d’une certaine façon, il m’aime aussi. Pas comme moi je l’aime, mais il ne me fera pas de mal. Et c’est bien pire que tout. Je le vois chercher ses mots, je le sens ! Lui qui a toujours eu la parole facile ne sait plus quoi dire à présent, c’est bizarre comme situation. J’ai réussi à lui rabattre le caquet. Je baisse la tête, anéanti à l’avance. Il s’est passé des minutes entières et il n’a toujours rien dit. Qu’attend-il ? Est-ce si difficile de me rejeter ? Mais mon dieu, pourquoi j’ai fait ça…J’aimerai revenir en arrière, ne pas lui avoir demandé de me suivre jusque cette petite salle à cette heure-là déserte, ne pas lui avoir dit toutes ces choses que j’ai sur le cœur et qui ne demandaient alors qu’à sortir.
J’ai mal, si mal. Et comble du malheur, je pleure à présent ! C’est pitoyable, je me fais pitié. Je lui demande pardon un nombre incalculable de fois. Je lui demande de me pardonner de l’aimer parce que ce n’est pas correct, parce que je ne devrais pas.
« Tu n’as pas à t’excuser de ça. »
Il est évident qu’il allait sortir quelque chose comme ça, il est si sage et distingué que ça ne m’étonne pas du tout. Mais je ne veux pas entendre ça. En réalité il n’y a que deux choses que je peux entendre : soit un refus net, un « non » définitif qui certes me ferait souffrir, mais en même temps me relâcherait de cette peine ; soit un « oui » qui alors me remplirait de joie à jamais. Je n’ai aucune idée de la suite pour l’une ou l’autre réponse, je n’arrive pas à y penser, à l’envisager. Tout ce que je vois à présent c’est son regard toujours aussi doux et protecteur posé sur moi. Je ne saurai dire si c’est de la pitié, mais j’y aperçois une étrange lueur alors qu’il me prend dans ses bras. Sans y réfléchir, je pose ma joue sur son épaule et tente de me calmer. Même alors que je l’ai sûrement offensé, il continue de me réconforter et ça, ça me fait atrocement mal. Mal de voir que je suis si horrible avec une personne si extraordinaire. Mais je n’ai toujours pas ma réponse et il doit sentir que j’en ai besoin, puisqu’il finit par me redresser et poser ses deux mains sur mes épaules, un air sérieux gravé sur le visage.
Alors, sans que je ne m’y attende, un doux sourire étire ses jolies lèvres pleines et il écarte les mèches de mes cheveux pour m’embrasser le front. Je ne sais pas ce que ça veut dire mais je n’ose pas parler pour autant. Son pouce passe délicatement sous mes yeux pour y effacer les larmes. Moi j’attends toujours et j’espère, au fond. La panique m’envahit alors que ses sourcils se froncent sévèrement. Non ! Il faut que je m’en aille avant d’entendre ça ! Je ne peux pas entendre…je ne peux pas…il ne veut pas de moi, je le sais. Il ne veut pas, depuis des semaines je me fais un trip stupide, je suis bête…si bête…comment j’ai fait pour tomber amoureux de mon ami ? Et puis j’essaye de me dire qu’il vaut mieux qu’il me repousse puisque de toute façon être ensemble ne nous aurait posé que des problèmes, autant personnels que professionnels. Quelle idée stupide…
« Moi aussi. »
Mon regard qui s’était alors perdu dans la contemplation de son col de veste se fixe alors, stupéfait, sur son visage alors qu’il me prend dans ses bras et met sa bouche au niveau de mon oreille. Ai-je inventé ce que j’ai entendu ? Un chuchotement me parvient, si doux et si bon, qui me fait toujours autant frissonner de bien-être mais qui, cette fois, est porteur d’un bonheur plus grand.
« Je t’aime aussi Masaki. »
« Sho-chan… »
Je serre fort sa taille alors qu’il fait de même avec moi et, debout dans cette pièce qui ne prête pourtant pas aux circonstances, nous profitons l’un et l’autre de cette chance qui nous est donné. J’ai dans l’idée de ne jamais le lâcher et, la tête enfouit dans son cou, respirant son odeur qui me calme tant, j’écoute son cœur battre contre le mien et lui répondre.
THE END.
Note : Voilà, c'était tout gentil et tout mignon...eh oui, avant je n'écrivais pas que du NC-17 T.T Comment ai-je pu être pervertie à ce point ? >//< PARDONNEZ MOIIII ! XD Bref, j'espère que ça vous aura plu d'une manière ou d'une autre, je pense que la plupart avez deviné qui parlait, au bout de quelques lignes. J'ai été obligé d'indiquer le pairing mais je pense que ça ne gâche pas trop l'OS en lui-même, du moins je l'espère XD
Merci ♥