Titre : Once upon a time...a Harem
Auteur :
biditochePairing : MotoGakuto (GACKT x Matsumoto Jun) ; Sakumoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun) ; Gakusho (GACKT x Sakurai Sho) ; Sakuraiba (Sakurai Sho x Aiba Masaki)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : Il était une fois...un pauvre garçon dont la mère venait de mourir. Son beau-père, avare et cupide, chercha à se débarrasser de lui et, pour une belle grosse somme, le vendit à un Inconnu. Cet Inconnu, il allait l'apprendre, devint son Maître et était le riche propriétaire d'une grande et discrète maison...abritant une dizaine d'autres garçons de son âge. Sans le savoir, Jun venait d'intégrer le Harem, un cercle fermé où la vie et les interdits sont différents. Caractériel et indépendant, Jun apprendra les us et coutumes des Dears, les membres du Harem et devra se faire à ces règles qui le dépassent.
Mais la vie n'est pas qu'un simple conte de fée et Jun apprendra vite qu'il ne faut jamais se fier aux apparences...
Chapitre 15 :
Je n’ose pas le regarder pour ne pas voir sa réaction. Mauvaise, je le devine aisément. Il faut croire que j’ai l’art de poser les questions qui gâchent nos doux moments ensemble. J’aimerai tellement ne rien avoir demandé…et en même temps cette question me torture.
« Je n’aime pas hypothétiser. »
Je sais que si je ne veux pas que ça parte en dispute, je n’obtiendrai rien de plus. Pas d’hypothèses, ok. Mais alors, comment vivre avec ces doutes ? Ces espoirs ? Ne peut-il pas m’assurer que je pourrai toujours me blottir ainsi contre lui ? Que ses bras seront toujours là pour me serrer avec la même force que présentement ? Qu’il n’oubliera jamais de poser son regard sur moi ? Non, tout ça il ne me le donnera pas éternellement, je le sais. Je le sais bien…alors pourquoi, Jun, continues-tu d’espérer ?
Parce qu’il suffit qu’il soit aussi doux qu’en cet instant pour que j’y crois encore un peu. Parce que je l’attire et que ce n’est pas que sexuel. Parce qu’il y a quelque chose entre nous, c’est indéniable. Oui mais, suis-je le seul à m’en rendre compte, de nous deux ? Suis-je le seul à espérer plus que ça ? Je garde ma joue sur son épaule et ferme les yeux en écoutant sa respiration calme et douce, son cœur qui bat non loin du mien. Il me décale légèrement et se rapproche de son bureau pour reprendre le travail qu’il faisait avant que je ne l’interrompe. Pour quoi déjà ? Ah oui, Aiba. J’avais presque oublié qu’il existait. Pas gêné le moins du monde par tout ça, je reste lové contre lui et même, finis par somnoler.
Nous n’avons jamais reparlé de ma question et je pense, à juste titre, que je lui ai fait peur. Sinon pourquoi serait-il devenu aussi distant envers moi ?
Car oui, depuis ce soir-là je n’ai presque pas passé de temps avec lui. Sauf pour l’Heure du Favori, évidemment mais même pendant ce temps-là, nous avons à peine partagé un moment agréable. Me trouverait-il soudainement gênant ? Aurait-il compris mes sentiments et ne les aimerait-il pas ? Peut-être qu’il a envie de se débarrasser de moi, que ma présence ne le satisfait plus comme avant…je ne comprends pas. Il y a à peine une semaine et demi, il me disait que je lui manquais…et là, il me touche à peine. Peur ou dégoût ? Et comment puis-je retrouver sa confiance et sa chaleur ?
J’essaye de m’occuper l’esprit en prenant Aiba sous mon aile et l’intervention quasi fréquente de Sho me distrait suffisamment pour que je n’aie pas à penser à mes propres soucis. Lui et Aiba semblent avoir développé une amitié étrange mais le sourire constant que mon ami a sur le visage me rend heureux pour lui. Il prend soin de la recrue peut-être bien plus que moi et je ne lui en veux pas pour ça car je sais que c’est son seul moyen de se rapprocher de lui. Il est plus doué pour ça que moi, c’est un fait…et être Favori commence à me peser. En le voyant mettre tant d’efforts à apprivoiser Aiba, à lui apprendre les choses et à chercher à le faire parler, à le rassurer, à être présent pour lui, je me rends compte que je ne suis pas la personne adéquate pour lui apprendre la sexualité. Si je ne peux même pas passer du bon temps avec Gackt, à quoi cela sert-il d’être Favori ? Je passe donc mes journées à regarder Sho et Aiba apprendre à se connaître. Il est peut-être le seul à pouvoir le toucher autant et pour une si longue durée. Je crois aussi qu’Aiba ne sourit pas autant avec quelqu’un qu’avec Sho. Ils se rapprochent, ça se voit et j’ai peur pour lui. Pour eux. Je vois la façon dont ils s’accrochent l’un à l’autre et les regards du plus vieux le trahissent. Plus il passe de temps avec et plus il en tombe amoureux, c’est flagrant ! Il a un air idiot dès qu’Aiba sourit ou lui fait quelque chose qu’il ne fait à personne d’autre. J’ai du mal à m’immiscer entre eux et d’un certain côté, je me refuse à le faire. Ils sont beaux ensemble. Ils me font mal au cœur parce que moi, je n’obtiens pas la moitié de ce qu’ils partagent avec Gackt. La recrue commence à s’épanouir, à avoir moins peur de nous tous. Et plus elle avance dans sa guérison et plus j’ai peur, moi, que le jour de l’éducation arrive. On sait tous ici qu’il voit un psy une heure par semaine et à chaque fois, Sho attend derrière la porte avec un air inquiet qu’il sorte. Et dès qu’il le fait et qu’il a un peu pleuré, il va se réfugier dans les bras de mon ami qui le calme et le rassure. Comment Sho a-t-il fait ?
Cela fait presque un mois qu’Aiba est arrivé et il a incroyablement progressé. Trop, même, car je n’ai pas besoin qu’on me le dise pour comprendre que sa Première Nuit ne va pas tarder à arriver. Ça me ferait vomir sachant que les seules fois où j’ai couché avec Gackt pendant ce mois, ça n’a été que du sexe pur et dur. Rien de plus. Pas un câlin, pas une douceur…juste « je te baise et je m’en vais ». Pourquoi a-t-il fallu que je pose cette maudite question ???
Prenant mon courage à deux mains, je repousse ses avances pendant l’Heure pour demander :
« Quand doit avoir lieu la Première Nuit d’Aiba-kun ? »
Je ne saisis pas le regard qu’il a à cet instant et sincèrement, je m’en fous. J’aimerai juste qu’il me dise que ça n’arrivera jamais. Que je serai toujours le seul, même si ce n’est que du sexe.
« Tu te sens prêt à l’éduquer ? »
« Ai-je le choix ? »
Il se redresse pour quitter mon lit et je le regarde faire en fronçant les sourcils. Quoi encore ?
« Je te ferai part de ma décision en temps voulu. »
« Vous partez ? »
« J’ai à faire. »
« L’Heure n’est pas t… »
Il a déjà passé la porte. Le salaud ! Blessé et frustré, j’enfonce ma tête dans mon oreiller pour cacher mes larmes naissantes. C’est injuste. Je ne veux pas avoir à m’occuper d’Aiba ainsi, je ne veux pas que Gackt le dépucèle, je ne veux pas qu’il quitte ma chambre comme ça, comme s’il me fuyait…est-ce qu’au moins, je l’attire encore ? On dirait bien que non…j’ai l’impression de n’être qu’un corps, rien de plus. Ça me fait si mal…
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« Oh…je crois que tu as gagné ! »
Sho releva la tête du jeu de dés pour regarder Aiba qui faisait un signe de victoire, un immense sourire sur les lèvres.
« Voilà ton prix : le dernier éclair au chocolat ! »
Il tapa dans ses mains et prit la cuiller qu’il lui tendait mais au moment de se servir, fronça les sourcils.
« Qu’est-ce qu’il y a Masaki-kun ? » Mais ce dernier ne répondit pas tout de suite et planta sauvagement la cuiller dans l’éclair pour le couper en deux, avant de prendre une des moitiés pour la lui donner. « Pour moi ? Mais c’est ta récompense ! Je n’ai pas gagné ! »
Aiba haussa des épaules avant de rougir. « Masa préfère manger avec Sho-chan que tout seul… »
« Oh, c’est gentil~ Merci ! »
Il mordit dans l’éclair à pleines dents pour lui faire plaisir et sourit en le voyant faire de même. Jun lui avait dit d’attendre pour évaluer de ses sentiments et après un mois en compagnie de la recrue, Sho n’avait que pour conclusion qu’il était encore plus amoureux de lui qu’avant. Tout lui plaisait chez Aiba, jusqu’à ses défauts. Maladroit, sensible et inconscient étaient les trois principaux défauts du jeune homme. Il aurait pu ajouter son innocence mais il ne savait pas où ranger cette caractéristique. Parce qu’il aimait la pureté de son ami. Il semblait tout redécouvrir à chaque fois et il admirait toujours son visage illuminé par la surprise ou la joie. Il aurait pu se sentir énervé qu’il agisse parfois comme un gamin de dix ans mais ce n’était jamais le cas. Dans ces moments-là, il voulait juste encore plus le protéger du reste du monde. Et il réussissait plus ou moins jusqu’à présent. Durant ce mois, il avait conquis la confiance d’Aiba, arrivant à lui soutirer au moins un mot par jour. A présent, il lui faisait souvent des accolades - mais surtout quand il avait peur de quelque chose ou était triste. Il se sentait le plus proche de lui sur cette Terre et rien ne pouvait lui faire plus plaisir. Il ne savait pas encore de quels maux il souffrait, quel poids de son passé il traînait derrière lui mais ça, il était persuadé qu’il l’apprendrait en temps voulu. Il préférait profiter de l’instant présent avec lui plutôt que de le perdre à se torturer avec des choses qu’il apprendrait tôt ou tard. Bien sûr il voulait savoir, mais le bonheur d’Aiba passait avant tout le reste à ses yeux. S’il voulait lui en parler, il lui en parlerait. Parce qu’il lui avait bien fait comprendre qu’il était là pour lui, pour le soutenir et que jamais il ne le laisserait tomber. Au fond, il l’aimait trop pour ça…Evidemment, il ne s’était pas encore confessé. Malgré ses progrès évidents, Aiba n’était pas prêt à recevoir ce genre de sentiments. Il était fragile, si fragile…voilà pourquoi il passait la totalité de son temps avec lui et à table, lui faisait des petites grimaces pour le faire rire et qu’il ne s’ennuie pas. Non pas que Jun ne soit pas de bonne compagnie, mais dernièrement son aura maussade n’avait échappé à personne - à part peut-être au Maître. Même la recrue s’en rendait compte. Sho n’avait pas osé lui demander ce qui n’allait pas, persuadé que ça avait un rapport avec Gackt. Il craignait qu’il ne soit pas apte à éduquer Aiba comme il le fallait et souffrait rien qu’à l’idée qu’il le fasse tout court. C’était son Masaki, personne d’autre n’avait le droit de le toucher…et il n’était pas certain qu’il se laissera toucher par quelqu’un d’autre que lui en fin de compte…
« Sho, j’ai à te parler. »
Wow, cela faisait une éternité que le Maître ne lui avait pas demandé une telle chose et il eut du mal à abandonner son protégé - qui essayait de lire un manga. Mais le regard de Gackt ne lui laissa pas le choix et il le suivit jusqu’à son bureau, à l’étage supérieur. Que lui voulait-il ? Avait-il remarqué… ? Est-ce qu’il allait les punir !? Le Dears serra ses poings et prit un air ferme, déterminé à ne pas se laisser faire pour un sou. Il allait les protéger jusqu’au bout, quitte à en venir aux mains ! Ce fut donc avec un air méfiant qu’il s’assit en face de lui.
« Je dois te parler de Masaki. »
« Ecoutez, si vous… »
« J’aimerai que ce soit toi qui l’éduque. »
La nouvelle eut le don de le rendre aussi muet qu’Aiba à son arrivée. Lui ? Mais…
« Pourquoi ? Et Jun ? C’est le Favori qui est en charge de cela, ce sont vos règles. Ne l’oubliez pas. »
« Et je ne l’oublie pas. Je te demande cela pour des raisons personnelles. J’ai besoin que tu t’occupes de Masaki, Jun ne correspond pas au profil d’un bon Favori et tu en es conscient, je me trompe ? »
« Oui mais… »
« Laisserais-tu Masaki dans les mains d’un inexpérimenté ? »
« Jun n’est pas sans expérience en matière de sexe. »
« Il ne saurait pas l’apprendre à un novice. Alors, qu’en dis-tu ? »
Il savait que Jun allait en souffrir comme lui auparavant…mais l’idée qu’un autre puisse toucher Aiba lui était insupportable. Jun allait comprendre…et au pire, ce ne serait qu’un juste retour des choses.
« J’accepte. »
En sortant, il croisa Jun dans le couloir et quand il lui lança un regard curieux, essaya de ne rien faire paraître. Pire, quand il lui demanda pourquoi Gackt avait voulu le voir, il mentit. Il s’en sentit tellement mal qu’il l’évita le reste de la journée. La seule chose qui put le réconforter fut qu’il put assurer à Aiba qu’il serait toujours là pour lui, peu importe ce qui se passera à l’avenir. Et Sho se mit à craindre l’avenir…
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Voir Sho sortir du bureau du Maître m’a alerté. J’ai senti que quelque chose était en train de se produire et j’ai pris peur. Tout part de travers en ce moment, je suis complètement paumé…Et quand j’ai cru que rien ne pouvait être pire que ma situation actuelle, Gackt m’a convoqué.
En entrant dans son bureau, j’ai l’impression qu’entre nous tout a changé. Ça me rend encore plus triste que je ne le suis déjà. Je m’assois sur la chaise sans un mot, essayant de ne pas me remémorer ce dernier instant de bonheur que nous avons partagé un mois plus tôt, à l’endroit même où il est assis. Son regard est dur et sévère. A cet instant, je m’attends au pire mais je ne baisse pas les yeux. Peu importe ce qu’il me dira, je resterai digne et fort.
« Je suis désolé Jun, mais ça s’arrête là. » Quoi ? Quoi qui doit s’arrêter ? « Tu n’es plus mon Favori. »
Il aurait pu dire « le ». Ou juste « Favori ». Mais non, il a choisi de dire « tu n’es plus MON Favori ». Est-ce qu’il l’a fait exprès pour me faire comprendre que je ne l’attire plus ? Que je ne l’intéresse plus ?
« Sho a repris sa place, je pense que tu sais pourquoi. »
« Parce qu’il est mieux que moi pour ce rôle ? »
« Oui. »
« Ou parce que je ne vous attire plus à cause de ce que j’ai dit ? »
Je ne peux pas m’empêcher de le lui demander. C’est plus fort que moi. Ma voix n’est qu’un souffle et ma gorge se bloque. Je ne dois pas pleurer, c’est idiot. Stupide. Je suis plus fort que ça et lui, il n’est qu’un goujat égoïste.
« Je te parle de l’éducation de Masaki, Jun. C’est tout ce qui prime. »
Je n’arrive pas à croire que des semaines d’espoir sont en train de partir en fumée. J’ai mal. Et je commence à comprendre ce que Sho a ressenti ce jour-là. Hyde avait tort, je comprends sa peine. Je comprends sa douleur…puisqu’elle est à présent mienne.
« Dans ce cas. »
Je me lève sans lui adresser un regard, fermant mon visage au possible pour qu’il ne voie aucune souffrance s’y peindre. Je ne veux pas qu’il comprenne ce que ça me fait. Ça ne lui ferait que plus plaisir, pas vrai ? Je me hais. Pour être devenu aussi faible et sensible. Pour avoir baissé ma garde. Pour ne plus savoir comment reconstruire ce mur qu’il a si habilement détruit pour m’atteindre. Je me hais pour l’aimer malgré ce qu’il vient de me faire. J’ai le cœur en lambeaux mais jamais il ne le saura ni ne le verra. Je garde la tête haute en me dirigeant vers la sortie mais, une fois la main sur la poignée, je ferme les yeux et laisse une larme couler sur ma joue. Unique. Je murmure, tentant de cacher le trémolo de ma voix :
« Même si ce n’est pas à moi qu’en revient la décision, ne venez plus me voir. Ne me regardez plus, ne me touchez plus. Je n’accepterai plus d’avoir de relations sexuelles avec vous à moins qu’elles ne soient forcées et non consentantes. Oubliez-moi et j’en ferai de même. Je paierai le reste de ma dette en travaux ménager. Mais je ne veux plus jamais vous voir dans ma chambre. Jamais. »
Malgré la petite larme sur ma joue, je me tourne vers lui pour dire :
« Je vous hais. »
C’est un mélange de mensonge et de vérité. Mais ça non plus, il ne le saura jamais. Je ferme la porte derrière moi alors que ma main tremble un peu. Pourtant, je me retiens de pleurer en marchant dans le couloir. Je suis fort, je peux résister à ça. Je ne suis pas un bébé et je mérite bien mieux que Gackt. De toute façon, il ne m’aurait jamais aimé. Lui et moi, c’est complètement improbable. Je suis mieux sans lui.
Alors pourquoi mon cœur ne le ressent-il pas de la même manière ? Je n’arrive même pas à être furieux tellement je suis triste. Je ne vais pas à ma chambre et sur mon chemin, je croise Sho. Il sait. Il a compris.
« Tu le savais, n’est-ce pas ? » Je lui demande en essayant de ne pas trahir ma détresse émotionnelle.
« Je suis désolé Jun…j’ai…j’ai accepté pour Masaki. Mais je te jure que sinon… »
« Ne t’en fais pas. C’était la bonne décision. »
« Si ça n’avait pas été pour lui… »
« Ça va, Sho. C’est bon. On est quittes maintenant ! Et puis de toute façon, c’est mieux ainsi. Pour lui, pour moi, pour tout le monde. »
« Jun… »
« Au final, je ne l’aimais pas tant que ça. »
« Je ne te crois pas…tu n’as pas besoin de me mentir, tu sais ? On peut en parler en privé. »
Je dégage mon bras de sa prise avec douceur et lui fais un sourire que j’espère assuré.
« Il n’y a pas de raison, je vais très bien. Je suis libre, enfin ! Cette place de Favori, c’était la prison pour moi. Je n’aimais pas ça et je ne suis pas fait pour ça, tout le monde le sait ici. Les choses reviennent à leur départ, c’est comme ça. C’est mieux. »
« Tu ne m’en veux pas alors ? »
« Pas du tout. Comme je te l’ai dit, c’est le bon choix. Pour tout le monde. »
« Tout le monde ? »
« Tout le monde. »
Je quitte le premier cette conversation stérile et pesante. Même si Sho est le plus à même de le faire, il ne comprendrait pas. Je ne me vengerai de personne, je vais juste accepter. Je n’ai pas le choix. J’espère juste à l’avenir le croiser le moins possible avant de sortir de ce trou à rats.
Mon premier refuge se trouve être la bibliothèque. Je ne vais pas dans les endroits où Gackt et moi avons passé temps d’heures. Ce serait retourner le couteau dans la plaie ! Je m’en trouve un nouveau, de refuge et m’y terre, recroquevillé sur moi-même pour me permettre - enfin - de pleurer tout mon saoul. Je laisse éclater toute ma peine, ma frustration et ma tristesse. Je me sens seul, horriblement seul et abandonné. L’idée de ne plus être avec lui ni contre lui me tue et j’ai mal. Si mal que j’aimerai m’ouvrir la poitrine pour arracher ce cœur trop gênant. Ce traître qui m’a rendu malheureux. Parce que c’est à cause des sentiments tout ça. Si j’avais été indifférent comme j’aurai toujours dû l’être, rien de tout ceci ne se serait produit et aujourd’hui, je serai plus ou moins heureux. Du moins, je ne souffrirai pas. Je n’aurai pas les yeux rouges à force de trop pleurer, la gorge sèche et le visage baigné de larmes. Je n’aurai pas l’impression de suffoquer tellement mes sanglots me coupent la respiration. Je n’enfoncerai pas mes ongles dans ma peau jusqu’à m’en faire saigner rien que pour atténuer la douleur dans ma poitrine en m’en créant une autre, plus physique. Je ne ressemblerai pas à un moins que rien qu’on vient de jeter comme une pauvre merde. Je me déteste pour me laisser être comme ça. Je me déteste pour ne pas avoir la force de garder la tête levée et de regarder tout le monde comme si ça ne m’atteignait pas. Je me déteste pour ne pas réussir à m’arrêter de pleurer alors que j’ai l’impression que je n’ai plus rien à verser. Mais pourquoi tout ça ? J’aimerai tellement m’en aller d’ici…
« JunJun ? »
Je sursaute et mon premier réflexe est de me cacher le visage, trop honteux qu’on me voit pleurer. Entre mes deux bras, je vois Aiba qui se tient devant moi avec des yeux inquiets. Vient-il…de me parler ? Et comment m’a-t-il appelé ?
« JunJun pleure ? »
JunJun ? Personne ne m’a jamais appelé comme ça. Je me frotte les yeux et essaye de lui sourire pour le rassurer mais ça ne marche pas. Je n’arrive pas à sourire. J’ai beau essayer, je ne peux pas.
« JunJun est triste. »
« Pourquoi ? »
« Parce qu’il a mal au cœur. »
« Pourquoi ? »
« Parce qu’on lui a fait mal, très mal. »
Aiba fronce les sourcils, ne semblant pas comprendre.
« Tu aimes bien Sho-chan, ne ? » Il rougit et hoche de la tête avec vigueur. « S’il te disait des trucs très méchants, tu aurais mal, ne ? Dans ta poitrine, là. » Je lui montre l’emplacement de mon cœur et il penche la tête. « S’il te disait qu’il ne t’aime pas, tu serais triste, non ? »
Je vois ses yeux s’emplir de larmes. Quel idiot je suis !
« Non, je ne dis pas qu’il ne t’aime pas ! Je dis juste…enfin ce n’est pas grave. Sho-chan t’aime beaucoup beaucoup. »
« Beaucoup ? »
« Oui. »
« Qui aime beaucoup JunJun, alors ? »
Je ricane tristement. « Personne. »
« Moi j’aime bien JunJun. »
« Mais pas beaucoup. »
« Gomen ne… »
« Eh, ce n’est pas grave Aiba-chan. A partir d’aujourd’hui, c’est Sho-chan qui s’occupera de toi. Tu es content ? »
Il hoche de la tête avec un grand sourire et se rapproche un peu de moi.
« Alors c’est bien, si tu es content. C’est bien… »
Et moi, est-ce que je le suis ? Pas du tout. Rien qu’à l’idée de tous les voir au dîner…j’en ai le cœur serré. Je ne veux plus qu’on me voit, qu’on sache que je suis là. J’aimerai juste disparaître.
« JunJun vient manger ? C’est le dîner. »
« Va rejoindre Sho, je te suis. »
« Hun. »
Et contre toute attente, il vient me faire un câlin. Un horrible câlin. Pourquoi horrible ? Parce que ce simple contact m’a fait redevenir fontaine. Parce qu’il est doux et attentionné. Parce qu’il ne me veut que du bien…et que j’y ai cédé. Aiba attend que j’aie fini de pleurer pour s’en aller, toujours avec cet air inquiet. Je ne savais même pas qu’il pouvait faire une chose pareille. Il a tant évolué…en plus fort. En plus grand. Et moi je n’ai fait que me recroqueviller sur moi-même toutes ces semaines…je suis devenu une sous-évolution de moi-même. Je reste seul dans la pénombre et dans le silence, écoutant ma propre respiration pour la calmer ne serait-ce qu’un peu.
Je ne suis pas descendu dîner, je n’ai pas faim. Comment pourrai-je réussir à avaler quoique ce soit dans cette situation ? De plus, je ne dois pas ressembler à grand-chose…et je ne peux pas le voir. Pas encore. Trôner fièrement avec son nouveau Favori devant mon nez. Au final, j’avais tort : il ne se soucie que de sa propre personne. Prendre Aiba pour prétexte est faible et minable. Tout ce qu’il veut en fait, c’est arrêter de m’avoir dans ses pattes. Moi et mes sentiments dérangeants, mes questions romantiques et ma tête de mule. Si j’étais plus comme Sho…tout serait mieux.
Je pense qu’avec le temps la tristesse fera place à la colère et que ce n’est qu’à ce moment-là que je pourrai le regarder en face et le défier. Je suis trop faible présentement pour m’opposer à lui parce qu’il me réduirait en bouillie et me ferait encore plus de mal qu’il ne m’en a déjà fait. J’aimerai tellement revenir en arrière et ne pas avoir fait toutes ces erreurs…Car l’aimer est une erreur. Une bien belle grosse bourde.
J’entends des bruits de discussion et de pas dans le couloir. Le dîner est terminé. Les Dears retournent dans leur chambre, s’ils ne s’adonnent pas à des activités. Moi je reste là. Je suis bien là. Tout seul.
Et ce n’est même pas Gackt qui me manque le plus en cet instant mais une personne qui m’a toujours compris : ma mère. J’aimerai tellement sentir ses bras autour de moi, enfouir mon nez dans ses longs cheveux noirs comme je le faisais autrefois et la laisser me bercer en me murmurant des mots rassurants. Elle m’aurait fait mon plat préféré, mon dessert préféré, m’aurait lu mon histoire préférée malgré mon âge et aurait attendu que je m’endorme pour s’en aller. Non, elle ne serait pas partie. Combien de fois l’ai-je retrouvé endormie assise à côté de moi, dans mon lit, le lendemain matin ? Ma maman, c’était tout ce que j’avais…et maintenant qu’elle est partie, je n’ai plus personne. Je pourrai la haïr pour être partie. La haïr pour m’avoir laissé avec ce nouveau mari qu’elle s’était choisi. Et lui, je pourrai le haïr pour avoir été si faible et si cupide. Pour ne pas avoir eu la bonté de garder encore quelques mois l’enfant de la femme qu’il était censé aimer. Tous, je les hais. Mais plus que tout, c’est moi…moi que je hais plus que tout. Et j’ai beau me le répéter, ce n’est pas assez. Peut-être que tout ceci n’est qu’une punition après tout. Une punition pour ne pas avoir su aider Maman à guérir de sa maladie. Je lui en veux tellement pour m’avoir laissé tout seul ici mais plus que tout, j’aimerai qu’elle soit là avec moi. Ou alors qu’elle m’ait emmené avec elle. Ici, je ne suis pas heureux. Je ne le serai peut-être jamais, qui sait ?
« Jun ? »
Je sursaute et essuie encore une fois mon visage alors que cette fois, c’est Sho qui s’approche de moi. Ahah, il faut croire que je suis plus facile à trouver que je le pensais…
« Tu n’es pas venu au dîner… »
« Pas faim. »
« Je t’ai apporté un sandwich tout de même, pour dans la nuit. Au cas où. »
Je lui adresse un sourire reconnaissant mais ne touche pas à l’assiette qu’il a posée à côté de moi. Mes yeux fixent juste l’étagère à côté de moi et j’enfonce un peu plus ma tête dans mes bras. Sho me prend alors la main et me force à défaire ma position pour la tenir un peu mieux. Son pouce caresse le dos de ma main et il se rapproche.
« Ça va être dur au début. Tu auras mal longtemps. Mais ça finira par partir, le temps efface les blessures. Pour la plupart. Et puis, une fois que tu ne seras plus au Harem, tout ceci ne sera plus que souvenirs. »
« Dois-je moi aussi passer par la vengeance pour me sentir mieux de nouveau ? » Je murmure tout bas, même s’il est hors de question que je fasse du mal à l’un d’eux. Gackt y compris.
« Non, j’ai juste choisi l’option la plus facile. Il y a plusieurs façons de faire le deuil d’un cœur brisé. C’est à toi de trouver comment tu veux le faire… »
Je retiens mes nouvelles larmes et il me frotte l’épaule avant de se relever.
« Attends, Sho ! » Je dis en levant la tête vers lui.
« Quoi ? »
« Je dois te dire quelque chose. Pour Aiba-chan. Tu vas t’occuper de lui alors il faut que tu saches certaines choses que j’ai appris depuis son arrivée. »
« Comment ça ? » Demande-t-il en se rasseyant, curieux.
Je lui raconte alors tout ce que je sais sur Aiba, n’oubliant rien. J’espère ainsi pouvoir les aider car avoir subi tout ça pour les voir se séparer…non, je n’arriverai pas à le supporter. Probablement qu’avec ces informations, Sho sera plus à même de savoir comment éduquer Aiba sans lui faire peur.
« Merci de m’avoir dit tout ça…je n’avais pas idée… »
« Je doute que tu puisses lui en parler le premier mais je pense que tu peux l’inciter à le faire. Enfin, l’inciter en restant toi-même. Il a l’air si ouvert avec toi, si…confiant. C’est beau ce que tu as fait Sho, ce que tu as créé pour lui. Il a l’air vraiment heureux. »
« Merci » répond Sho en rougissant légèrement.
« Tiens-moi au courant de votre avancée et si tu as réussi à lui avouer tes sentiments. Je sais que ce n’est pas évident… »
« Je choisirai le moment qui me semble le plus opportun. »
« Je souhaite que ce soit le cas. Vous vous méritez tous les deux. »
« Et toi tu mérites encore mieux Jun. »
Je lui fais un faible sourire mais ne crois pas un traître mot de ce qu’il vient de me dire. Mon ami fini par se relever et avant de partir, me lance :
« Je n’ai jamais pris le temps de te le dire mais merci, Jun. »
« Pourquoi ? »
« Pour m’avoir aimé. »
Je rougis en me souvenant de cette période, il n’y a pas si longtemps que ça. Si Sho s’en était rendu compte, si je le lui avais dit avant, est-ce qu’il aurait pu avoir des sentiments réciproques ? A quoi ressemblerait le présent si cela s’était passé ainsi ? Moi, en couple avec Sho…
« Tu penses qu’on aurait pu…? » Je lui demande en me pinçant la lèvre. Est-ce que, pendant un instant, il l’avait envisagé tout comme moi je l’avais fait… ?
Note : To be continuuuuuuuued xD
Rhô allez, ne faites donc pas la tête...tout va bien se passer...ou pas ? XD Après tout, j'aime faire du mal. Je n'allais pas laisser Jun s'en tirer à si bon compte. Maintenant, il comprend parfaitement ce qu'il a bien pu faire endurer à Sho...Mais il choisit une autre manière d'affronter cette peine. Mais jusqu'à quand ? Et à quel prix ? Pauvre Jun...N'en voulez pas trop à Sho. Il n'a fait ça que pour Aiba - et pour lui. Décision certes égocentrique mais en même temps, Jun n'aurait pas été capable d'éduquer Aiba comme il faut...D'ailleurs, que pensez-vous du Sakuraiba ? Hihi...Ah, bien sûr, vous pouvez vous défouler sur Gackt xD Ce mec est infecte, je l'aime bien. Un peu comme moi 8D *pan* J'espère que vous avez aimé et n'hésitez pas à laisser un 'tit mot ! A demain pour la suite :)