Titre : Once upon a time...a Harem
Auteur :
biditochePairing : MotoGakuto (GACKT x Matsumoto Jun) ; Sakumoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun) ; Gakusho (GACKT x Sakurai Sho) ; Sakuraiba (Sakurai Sho x Aiba Masaki)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : Il était une fois...un pauvre garçon dont la mère venait de mourir. Son beau-père, avare et cupide, chercha à se débarrasser de lui et, pour une belle grosse somme, le vendit à un Inconnu. Cet Inconnu, il allait l'apprendre, devint son Maître et était le riche propriétaire d'une grande et discrète maison...abritant une dizaine d'autres garçons de son âge. Sans le savoir, Jun venait d'intégrer le Harem, un cercle fermé où la vie et les interdits sont différents. Caractériel et indépendant, Jun apprendra les us et coutumes des Dears, les membres du Harem et devra se faire à ces règles qui le dépassent.
Mais la vie n'est pas qu'un simple conte de fée et Jun apprendra vite qu'il ne faut jamais se fier aux apparences...
Chapitre 16 :
« Non. »
« Oh… »
« Ne te méprends pas. Ce n’est pas essentiellement contre toi mais…même si tu me l’avais dit avant de devenir Favori, cela n’aurait rien changé. Je t’aurai juste repoussé plus gentiment. Tu comprends, j’étais déjà amoureux…je m’accrochais depuis plus de cinq ans. Je n’aurai pas pu abandonner aussi facilement. »
« Pourtant tu l’as fait pour Aiba-chan. »
« C’est différent. Entre temps, j’ai été blessé. J’ai souffert comme toi aujourd’hui. J’ai laissé tomber et je suis allé de l’avant. Si tout ceci ne s’était pas produit, peut-être que mon coup de foudre pour Masaki-kun n’en aurait pas été un. Peut-être que j’aurai été plus lent à comprendre qu’en réalité, il me correspond bien plus que Gackt. Mais cela ne sert à rien de ressasser le passé de la sorte en se demandant ce qu’on aurait pu changer à un moment précis. C’est fait, on doit l’accepter. Ne penses-tu pas ? »
« Pas de retour en arrière… »
Il hoche de la tête. « Il n’y en a pas pour toi aussi. Ni pour le Maître. Peu importe les raisons de sa décision, il devra en accepter les conséquences et ne pas souhaiter revenir en arrière. »
« Ahah, pourquoi le voudrait-il… »
J’enfonce de nouveau ma tête entre mes bras avec un air triste.
« C’est facile d’avoir des regrets. Le plus difficile, c’est d’apprendre à vivre avec et à avancer malgré tout. J’ai de la chance, Masaki-kun est là pour m’aider à le faire. Toi aussi, tu trouveras quelqu’un qui te fera oublier tout ceci. Un jour, le regret sera ancré dans le passé et tu n’auras plus en tête que ton présent et ton futur. »
« Sages paroles… »
« La vie n’est pas facile. Je crois que chaque Dears ici en est l’exemple même. »
« Merci. »
« N’hésite pas si tu as besoin de quelque chose et ne reste pas ici. Ce n’est pas un lieu pour se reposer et tu en as grandement besoin. D’accord ? »
Je fais un rapide signe de tête avant qu’il ne s’en aille mais ne bouge pas de ma place de toute la nuit. Au fond, je suis bien là…tout seul.
Il est tard quand je me décide à manger le sandwich qu’il m’a apporté mais c’est bien à contrecœur que je le fais. Je m’attends à chaque instant à voir Gackt apparaître derrière un des rayonnages, me prendre dans ses bras et me dire combien je lui manque, combien il regrette cette décision. Nous nous serions ensuite passionnément unis pour mieux nous retrouver. Mais je suis tout seul dans la bibliothèque et des heures de veille ne me rendent pas plus lucide qu’avant. Je finis par tomber de sommeil à même le sol.
Je me réveille au même endroit, dans une posture qui torture mon pauvre dos. Je suis tout courbaturé mais ça ne m’inquiète pas. La douleur est bien moindre comparée à celle que je ressens depuis hier. Elle n’est pas partie, celle-là…j’avais pourtant espéré qu’elle s’en aille dans la nuit. Quel naïf je suis…Je profite du lieu dans lequel je suis pour lire un peu et essayer d’occuper mon esprit autrement. Je gagne ainsi quelques heures de liberté mais un rien dans l’histoire que je lis me ramène à ma vie actuelle. Je n’arrive pas à m’en défaire, c’est comme…impossible. Comme si ça me collait à la peau. Il doit être midi quand mon ventre me signale qu’il a faim mais je l’ignore et continue mon petit manège qui, je le sais, ne pourra pas durer éternellement. Finalement, il se tait et me laisse tranquille pour quelques heures supplémentaires.
Je me déplace dans la salle pour éviter de me faire prendre ou remarquer et c’est ainsi que pour les jours qui suivent, je ne croise personne. Au bout de trois jours de diète, je commence à ressentir les effets de la faim mais je continue de m’accrocher à ces livres qui ne m’apportent rien à part un peu de rêve ou d’espoir dont je n’ai pas besoin. J’en deviens faible et j’ai à peine la force de tourner les pages. Je dors mal la nuit car le sol est dur et un livre en guise d’oreiller, ce n’est pas le top. Je pourrai retourner dans mon lit mais je ne le fais pas. Ce serait perdre, contre je ne sais quoi. Je ne veux pas perdre. Je n’ai pas besoin qu’on prenne soin de moi, qu’on se soucie de moi. Je suis très bien tout seul ! Et tant pis si j’ai faim ou si je tombe parfois de sommeil sans jamais vraiment réussir à en trouver un réparateur. Je ne veux pas d’eux. Je ne veux pas de lui. Je ne veux de personne…
Je ne sais pas quel jour on est. Je sais juste que je me suis recroquevillé dans un coin et que j’attends quelque chose qui ne vient pas. J’aime de plus en plus l’idée de souffrir à l’intérieur de moi. Souffrir de faim et de sommeil, de déshydratation. Parce qu’ainsi, je ne ressens pas le reste. Plus de cœur qui souffre, plus d’angoisse ou de pleures inutiles. J’en viens même à me pincer jusqu’à rendre ma peau toute violette juste pour continuer à ressentir une autre douleur que celle qui me martèle la poitrine. Et quand mes bras ne me suffisent plus, je passe à mes cuisses. C’est tellement facile…C’est un endroit si sensible ! Mais bientôt, je n’ai même plus la force pour pincer. Je me sens tout faible. Si faible…
J’entrouvre les paupières difficilement alors qu’une main rude frappe ma joue. Ma tête suit le mouvement de la claque mais je ne réagis qu’à peine. Voilà pourquoi, probablement, j’en ai pris une autre peu après.
« Pas si fort ! » Fait la voix inquiète de l’Intendant. « Tu pourrais lui faire mal… »
« Je ne pense pas que ce soit la plus grande douleur qu’il puisse ressentir à présent, Hyde. Regarde ses bras et ses jambes. »
Maudit cœur. Il fait un bond dans ma poitrine en reconnaissant la voix de mon Maître. Non. DU Maître. Ce n’est plus le mien, je ne le connais plus. Ne lui ai-je donc pas interdit de me voir ou de me toucher ??? Je m’imagine en train de le repousser mais me rends bien vite compte que mes bras ne bougent même pas le long de mon corps. Je referme les yeux pour repartir dans cette torpeur qui me permettait enfin de me reposer un peu et d’oublier mais on me saisit par le menton avec fermeté, me forçant à bouger la tête. Je n’arrive pas à garder mes paupières ouvertes, c’est trop dur. Elles sont si lourdes ! Et pourquoi cherche-t-il encore plus à me faire du mal ? J’arrivais enfin à ne plus penser à lui…
« Reste éveillé Jun. » Foutaises. Il n’a aucun ordre à me donner ! Je veux dormir moi… « Jun !!! »
« Il va perdre connaissance, il faut appeler le médecin ! »
« Non. S’il voit ça, il va fermer le Harem. »
« Mais… »
« On peut s’en occuper tous seuls. Libère-moi donc le passage ! »
J’ouvre un peu plus les yeux pour voir la petite foule de Dears qui s’est formée autour de nous. De moi. Qu’est-ce qu’ils regardent comme ça ? Je cherche un visage ami mais ni Sho ni Aiba ne sont là…où ? Pourquoi ? Combien de jours se sont passés sans que personne ne me trouve, dans un lieu pareil ? Suis-je aussi transparent qu’il le paraît… ? Et j’ai tellement envie de dormir…J’inspire profondément par les narines et quand je vais fermer les yeux, on me saisit à nouveau par le visage. Je sens les doigts de Gackt s’enfoncer dans mes joues et la surprise me réveille un peu. Son regard glacial se plante dans le mien.
« Reste conscient, d’accord ? Juste quelques minutes. Je vais te soulever, attention… »
Je me sens en effet porté mais je n’ai plus vraiment conscience de mon propre corps endolori. Je me laisse faire et tiens bizarrement aussi longtemps que possible éveillé. Ce n’est qu’une fois la tête reposée sur mon oreiller que je me mets à céder à cette torpeur si délicieuse…
Je me réveille avec une serviette fraîche sur le front. Ma bouche est affreusement sèche, mes membres engourdis et mon cerveau ne me répond même pas quand je lui demande où je suis et quand. Il me faut quelques minutes pour me rappeler qu’il s’agit de ma chambre, de mon lit et de mes draps. De longues minutes supplémentaires pour me souvenir de ce qui s’est passé. Et quand je tourne lentement la tête, je le vois. Il est là.
La douleur réapparait dans ma poitrine alors que je le contemple, endormi sur la chaise à mes côtés. Non, non !!! Tout ça fait trop mal ! Ça fait trop mal…Si je n’avais pas été aussi asséché, j’aurai pleuré…mais à la place je refais le même geste que ces derniers jours pour oublier. Je sors mon bras de sous les draps et serrant la mâchoire, me pince jusqu’à ressentir une douleur extrême. Et quand j’arrête, l’autre douleur a un peu disparue…mais pas totalement. Alors je recommence plusieurs fois, me crispant sur mon lit à chaque nouvelle tentative. Ça marchait si rapidement avant, pourquoi pas maintenant ?
« Arrête ça ! »
Une poigne ferme et forte se saisit de mon minuscule poignet et il écarte ma main de ma trajectoire. Ce simple contact renforce la douleur dans ma poitrine et je me mords la lèvre une nouvelle fois jusqu’au sang pour la faire oublier. Du sang perle le long de mon menton jusque dans mon cou mais je m’en fous. La pression se relâche autour de ma poitrine et je me sens respirer. Enfin.
« Je t’ai dit d’arrêter ! »
Il me force à cesser de me mordre et je geins en tentant de m’échapper de sa prise. Vain, quand on sait que je suis si faible et lui si fort.
« L-ais-sez-m-oi… » Je parviens à dire malgré ma gorge râpeuse.
« Et t’autoriser à te faire du mal ? Jamais ! Regarde ce que tu as fait Jun !! »
Il brandit mon bras en avant, me laissant voir toutes les marques violettes, voire marron et jaunes qui le parcourent. Je m’en fous, moi. Qu’est-ce que ça peut faire ?
« Pourquoi t’as fait ça ???!!! »
« F-u-n. » Il doit savoir que je mens mais je ne lui dois aucune vérité à présent.
« Pourquoi ? »
« Gacchan, ça suffit. Il faut qu’il mange et boive si tu ne veux pas que j’appelle immédiatement le médecin ! »
J’entends un grommellement et on repose mon bras. C’est Hyde qui apparaît alors dans mon champ de vision et m’aide à me relever - contre mon gré - pour me proposer de manger. Mais dans mon état actuel, ouvrir la bouche assez grand est trop difficile et avaler encore plus.
« Bois la soupe Jun, s’il-te-plait. Vas-y doucement…voilà, comme ça. »
Je ne résiste pas et le laisse me nourrir jusqu’à ce que je n’en puisse plus, que le faire ne soit un trop gros effort pour moi. Même si ce n’est que du liquide, j’ai horriblement de mal à l’avaler comme il faut et j’ai envie de tout revomir. Après cela il me fait boire une petite quantité d’eau pure et finalement, m’aide à me recoucher. Il change la serviette sur mon front pour en remettre une nouvelle, plus fraîche et quand je le vois s’en aller, arrive à trouver le courage de lui saisir la main. Si faiblement qu’un seul petit mouvement me ferait lâcher. Il se retourne pourtant vers moi, surpris.
« Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Pas…lui…tout s-seul… »
« C’est stupide » grogne Gackt un peu plus loin. « Tu peux partir Hyde, je m’occupe du reste. »
« …Non Gacchan. Je reste. Toi tu pars. »
« Quoi ??!! »
« Tu n’es pas bon pour son rétablissement actuellement. »
« Tu me jettes de cette chambre ??? »
« S’il-te-plait, ne fais pas plus de vagues. Si tu cherches à rentrer ici sans mon consentement et/ou celui de Jun, je l’emmènerai à l’hôpital et il y restera en convalescence. »
« C’est une… »
« Menace, oui. Tu sais que j’en serai capable. »
Un long silence suit ces mots et on entend que nos respirations.
« Eh bien, si on ne veut pas de moi ici. »
La porte claque à grand fracas, faisant trembler les murs autour de nous mais Hyde s’en soucie aussi peu que moi. Je me sens déjà repartir dans un sommeil profond et j’espère, cette fois, réparateur. L’Intendant s’assit à mes côtés et prends ma main dans la sienne, qu’il tient jusqu’à ce que je m’endorme.
Les jours qui suivent sont un vrai cauchemar. Chaque minute les douleurs reviennent au centuple et j’ai l’impression de suivre une désintoxication tellement je souffre. Chaque pincement, chaque bleu que je me suis fait me revient à la figure tel un boomerang maintenant que j’ai conscience de ce que je me suis infligé. Cette douleur si libératrice sur l’instant est aujourd’hui une vraie torture et j’ai mal. Constamment mal. Hyde est devenu mon rempart contre le Maître, que je n’autorise toujours pas à rentrer dans ma chambre. Ne pas le voir revient à dire qu’il n’existe pas pour l’instant et ça me soulage un peu. Je mets du temps à reprendre une alimentation correcte et l’Intendant me surveille fréquemment, pour ne pas dire constamment. Il me lit quelques livres, me raconte des blagues auxquelles je ne ris pas et est simplement…là. Je sais que c’est grâce à lui que je reprends des couleurs et peut-être, un peu de poids. Voire, de force. Mais je sais qu’une fois que je me retrouverai tout seul, l’envie de faire partir la douleur en m’en infligeant une autre reviendra. C’est plus fort que moi, j’ai l’impression…
Dans ma convalescence, je ne peux pas m’empêcher de remarquer que ni Sho ni Aiba ne sont venus me voir. Quelqu’un les en aurait-il empêchés ? Je suis triste et en même temps inquiet pour eux. Que font-ils ? Où en sont-ils ? Est-ce qu’Aiba a eu sa Première Nuit ? Est-ce qu’ils se sont mis ensemble pour de bon ? Tout ça, ça m’aiderait tellement à oublier la situation dans laquelle je suis…Mais je n’ai aucune nouvelle et Hyde lui-même refuse de m’en donner. Comme s’il se passait quelque chose dont je ne suis pas au courant et dont je n’ai même pas conscience. Quelque chose de plus grave que de se pincer les bras jusqu’au sang.
Où sont Aiba et Sho, mes amis ?
Deux semaines plus tôt…
La culpabilité n’avait pas arrêté de le ronger. Même s’il était heureux d’être celui qui prendrait soin d’Aiba, cette situation le mettait mal à l’aise. Il se sentait triste et désolé pour ce pauvre Jun depuis qu’il l’avait vu dans cet état, à la bibliothèque. Sho espéra que son ami ait suivi son conseil et soit allé se reposer. C’était essentiel s’il voulait s’en remettre rapidement…
Il oublia bien vite tout ça le lendemain quand, enfin, il dû commencer l’éducation de son petit protégé. Le nouveau Favori était anxieux, angoissé et craintif que ça se passe mal. Il avait mis tellement d’heures à apprivoiser Aiba que le perdre à cause d’une toute petite erreur de jugement serait la chose la plus horrible qui puisse lui arriver. Tout sauf ça. Il prit le parti d’y consacrer ses après-midi au départ, pour ne pas perturber l’heure de son coucher. Son ami se couchait toujours assez tôt et faisait de longues nuits. Il ne souhaitait pas le dérégler avec ces pratiques.
Assis tous deux en tailleur sur son lit, ils se regardaient en silence. Aiba pencha la tête sur le côté avec une moue interrogatrice. Devait-il tout lui dire avant comme il l’avait fait avec les autres ou plutôt passer à la pratique, ce que le plus jeune comprendrait mieux ? Car essayer de lui faire comprendre les aléas du sexe serait difficile…surtout avec un garçon comme lui, dont le cerveau semblait être resté coincé à ses dix ans. Quoiqu’un enfant de cet âge, ça peut être vraiment intelligent…
« On va apprendre à se connaître un peu mieux, Masaki-kun. Parce qu’un jour, c’est Gackt-sama qui va s’occuper de toi et il faut que je te montre ce qu’il faut faire pour que tout le monde soit heureux. Tu comprends ? » Hochement de tête. « Si tu n’es pas d’accord avec ce que je vais faire, tu dois tout de suite me le dire, ok ? Il ne faut pas que tu aies peur de me dire non. Je ne vais pas t’engueuler, au contraire. L’important, c’est que tu aimes bien. D’accord ? » Nouveau hochement de tête plus hésitant. « Alors, hum…est-ce que tu as déjà vu des gens se faire des bisous sur la bouche ? »
« Hai ! »
« Est-ce que t’as déjà eu un bisou comme ça ? »
« …non… »
Il sembla tout triste tout à coup. Aie, mauvais départ…
« Qu’est-ce qu’il y a Masaki-kun ? »
« Personne veut faire un bisou à Masa comme dans les films… »
« Tu voudrais bien que Sho-chan t’en fasse un ? »
Il le regarda avec des petits yeux brillants et les joues rouges. Sho lui-même se sentit rougir à cette question. Il se mordit la lèvre alors qu’Aiba hochait timidement de la tête tout en évitant son regard, cette fois. Alors le Favori s’approcha un peu plus de lui sur le lit et quand il prit la main du plus jeune dans la sienne, ce dernier reprit avec une petite voix tremblotante :
« Est-ce que…ça voudra dire…que Sho-chan est l’amoureux de Masa… ? »
« L’amoureux ? » Ce mot résonnait si délicieusement à son oreille…Il aimerait tellement l’être. Si seulement…est-ce qu’Aiba le lui permettrait ?
« Dans les films, ce sont les amoureux qui se font des bisous…non ? »
« C’est vrai… »
« Alors…Sho-chan…et Masa… »
« Que si Masa le veut bien… »
Répondit-il tout bas, comme un murmure. Alors, Aiba permit à nouveau à son regard de croiser le sien et ils rougirent encore tous les deux. Est-ce qu’il le voudrait ? Devant son silence, il décida de couper court à cette gêne qui venait de s’installer entre eux et lâcha sa main pour prendre son visage en coupe. Le plus jeune n’arrêtait pas de le scruter avec un petit air inquiet. Etait-il en train de faire une erreur ?
« Rappelle-toi. Si tu n’aimes pas, si tu ne veux pas, dit non. »
« Hun. »
Sho se pencha tout doucement vers lui pour ne pas le brusquer et presque avec candeur, déposa ses lèvres pleines sur celles pulpeuses de son ami. Cet ami qu’il aimait plus que sa propre vie. Il avait sincèrement pensé qu’Aiba le repousserait à ce contact mais il ne bougea pas. En fait, aucun des deux ne fit un mouvement pendant cinq à six secondes. Trouvant ça suffisant pour une première fois, il se détacha et se rassit correctement en face de lui, ses mains posées sur ses jambes. Ils avaient tous deux les joues légèrement roses et il se retint de retourner lui en faire un. Il devait laisser le temps à Aiba de s’en remettre et de comprendre ce geste. Il n’avait pas eu le temps de lui transmettre tout son amour dans ce premier baiser mais comptait bien le faire plus tard…s’il était d’accord. Le châtain porta son index à ses lèvres et fit tout bas…
« C’était le premier baiser de Masa… »
« Tu…tu as aimé ? »
« Ano… »
Il se mordit la lèvre, attendant après sa réponse et soupira de soulagement alors qu’il hochait de la tête avec timidité. Il était tellement mignon…
« Tu es…mon amoureux maintenant…ne ? »
« Oui. »
« Et…alors…si…si Sho-chan est l’amoureux de Masa…il peut… »
« Il peut ? »
« Refaire un bisou ? »
Sho sourit avec simplicité et bonheur. Aiba était tellement beau et innocent, tellement pur…d’un certain côté, il s’en voulait de devoir le pervertir ainsi.
« Autant que Masa en voudra. »
« Hontô ? »
Pour lui répondre, il se rapprocha de nouveau de lui et le vit aussitôt fermer les yeux. La scène était pour le moins comique et il rit intérieurement, avant de revenir l’embrasser doucement. Là encore, ça ne dura pas longtemps mais au lieu de s’écarter complètement, il attendit quelques secondes et lui fit un autre baiser. Sho crut mourir de bonheur à cet instant, car il sentit la main du plus jeune s’avancer timidement vers lui et se poser timidement sur son torse puis ses épaules pour s’y tenir. Ce fut le signe pour lui qu’il pouvait faire un peu plus, alors il se saisit de sa nuque pour les rapprocher un peu plus, les jambes d’Aiba se dépliant pour venir entourer sa taille. La position n’était pas des plus confortables mais il s’en fichait bien. Il se mit à bouger un peu les lèvres pour approfondir leur baiser et montrer au châtain comment faire. Il ne stoppa rien et au contraire, l’imita. Il le trouva au début assez hésitant et maladroit mais ne s’en formalisa pas. C’était normal, après tout…
Sho dû se faire force pour ne pas aller plus loin et dans un sens, il eut l’impression de retrouver une certaine innocence à embrasser Aiba. Il connaissait tellement de façons perverses d’embrasser que retourner à la base lui faisait du bien…et lui donnait l’impression d’être sale à la fois. Il le prit par la taille pour le serrer un peu plus contre lui et le plus jeune passa ses bras autour de son cou avec une force incroyable. Ils s’embrassèrent encore un peu avant de se détacher l’un de l’autre et de se sourire. Sho n’avait jamais eu un sourire aussi niais que celui-là.
« Sho-chan aime Masa » murmura-t-il tout bas, sentant le moment opportun pour le lui avouer enfin. Il venait peut-être de tout foutre en l’air mais…il devait le lui dire. Avant de regretter de ne l’avoir jamais fait. La réponse ne tarda pas à fuser.
« Masa aussi… »
« Masa aime Masa ? » fit-il pour le taquiner un peu et en effet, Aiba rit.
« Nan bâka…Masa aime Sho-chan très fort… »
« Et moi encore plus fort. »
« Non, Masa plus fort. Est-ce que Sho-chan peut encore serrer Masa très fort dans ses bras ? »
« Tout ce que tu voudras. »
Il prit énormément de plaisir à le faire et ils ne firent que s’embrasser tendrement ou se serrer l’un contre l’autre tout le reste de l’après-midi. Pour Sho, c’était une belle première leçon qui avait réussi. Son vœu le plus cher s’était réalisé : Aiba était à lui et amoureux de lui. Et il ignora volontairement le fait que cet amour allait avoir des conséquences désastreuses sur leur vie au Harem…
Gackt et lui avaient convenu qu’ils ne coucheraient pas ensemble pendant l’Heure du Favori, Sho sous prétexte qu’il préférait se concentrer sur l’éducation d’Aiba et ne pas se « fatiguer » et Gackt parce qu’il n’était tout simplement pas d’humeur. Chacun faisait son truc de son côté et pendant un instant, il se demanda pourquoi il était de si mauvais poil. Après tout, c’était son choix non ? Mais dans ce cas, quelles étaient les « raisons personnelles » qui avaient précipité ce changement dont il lui avait parlé lors de leur entrevue ?
Il mit rapidement ça sur le compte de la disparition de Jun. Ce dernier ne se présenta pas aux repas suivants et pour Sho, il était certain qu’il s’était fait une réserve de nourriture dans sa chambre et s’y était enfermé à nouveau. Ce ne serait pas la première fois qu’il viendrait piquer de quoi manger à la cuisine en pleine nuit. Le mieux était de le laisser tranquille quelques jours, tout seul. Il se souvint que malgré la sympathie des Dears lorsque ça lui était arrivé, il avait préféré se reclure dans sa chambre le plus longtemps possible et ne voir personne. Alors au fond, il comprenait le choix de Jun et le respectait. Dans une semaine, il viendrait le voir pour évaluer de son avancée émotionnelle…
Quant à lui, le deuxième jour d’apprentissage avec Aiba se passa sans encombre. Ce dernier avait tenu à ce qu’ils s’embrassent encore et se « fassent des câlinoux ». Ce qu’ils avaient fait. Sho ne savait pas comment aborder le sujet du sexe avec lui…et il pensait de plus en plus à l’histoire de son ami. Dans un sens, il préférait qu’Aiba se confie avant qu’ils n’aillent plus loin dans cette relation dite « interdite ». Il avait tellement peur de le blesser avec un mauvais geste…
« Tu te plais ici, Masaki ? »
« Hun ! »
« Je peux te demander quelque chose ? »
« Masa ferait tout pour Sho-chan ! »
Quelle innocence dans ces paroles…il regretta presque de devoir poser de telles questions.
« Pourquoi tu ne parlais pas, au début ? »
Comme il s’y attendait, le visage d’Aiba se renferma tout à coup et il passa ses bras autour de sa propre taille, comme pour se protéger. Sho s’en voulu de le rendre aussi triste, de le faire penser à son passé mais…il avait besoin de le connaître.
« Tu n’as pas à avoir peur Masaki. Je ne vais pas te faire de mal. Tu sais que tu peux tout me dire, ne ? Je t’aime et jamais je ne vais me fâcher contre toi. Rien de ce que tu diras ne changera ça, d’accord ? »
Il lui prit la main de force et la tint dans la sienne avec douceur et fermeté. Au bout de quelques minutes, Aiba porta un regard chargé de douleur sur lui, puis baissa les yeux. Sans un mot, Sho s’approcha pour lui indiquer son soutien par sa présence et prit son autre main, liant leurs doigts.
« Masa n’avait pas le droit de parler, sinon…il se faisait taper. Très fort. Si fort qu’il avait mal partout et que même, il saignait. »
« Qui faisait du mal à Masa ? » Il rentra dans son jeu de le nommer à la troisième personne. Si ça pouvait le rassurer…
« Son nouveau papa et sa nouvelle maman. »
Sho fronça les sourcils. Pourtant, Jun tenait de Gackt qu’il avait été kidnappé…un mensonge ?
« Nouveau ? »
« Hun. Ils sont venus chercher Masa au parc pour partir avec eux et ils ont dit de monter tout de suite dans la voiture. Il savait pas qu’on lui avait trouvé un nouveau chez lui…mais il était content. Sauf que ce papa et cette maman, ils étaient pas vraiment gentils avec Masa. Dès qu’il disait quelque chose, ils lui demandaient de se taire. Quand il faisait une bêtise, ils le punissaient et le tapaient très fort. Et il avait pas le droit de sortir de la maison ou de faire coucou aux voisins. Il devait pas s’approcher des fenêtres sinon, c’était le fouet. Et le fouet, ça fait très mal Sho-chan… » Se mit-il à sangloter.
« Ne t’en fais pas Masaki, je suis là. Je te protège maintenant » Dit-il en lui caressant la main et le bras avec son sourire le plus rassurant.
« Ils lui ont coupé les cheveux pour qu’il ressemble au garçon qui était sur plein de photos dans la maison. Il portait aussi ses vêtements, ils étaient trop grands et après, trop petits. Il était obligé de manger des choses qu’il n’aimait pas parce que sinon, on le tapait encore. Et il faisait plein d’erreurs, surtout au début. Alors Masa, lui, il pouvait que mettre ses bras devant lui et supplier pour qu’on le tape pas. Un jour, il a voulu sortir parce qu’il faisait beau et y’avait une petite fête foraine. Masa n’était jamais allé à la fête foraine et il entendait pleins de petits garçons crier en s’amusant. Lui aussi il voulait s’amuser. Alors il est sorti dehors pour y aller à pieds. Il y avait pleins de grands trucs en fer, des bonbons partout et des peluches ! Masa voulait tellement une grosse peluche ! »
« Comme celle avec laquelle tu dors ? »
« Hun. Mais le nouveau papa il a découvert que Masa était sorti alors il l’a cherché et quand il l’a trouvé, il l’a traîné à la maison par les cheveux et les oreilles aussi. Et puis quand ils sont rentrés, il a pris le plus gros fouet, celui qui fait très peur et il a mis Masa tout nu pour le taper avec. Toutes ces fesses et aussi son dos et ses jambes. Il avait tellement mal qu’il s’est endormi sans s’en rendre compte. Après ça, il n’a plus jamais essayé de partir de la maison. »
« Masaki… »
« Masa il comprenait pas pourquoi son nouveau papa et sa nouvelle maman ils ne l’aimaient pas. Il essayait pourtant d’être comme ils voulaient mais il y arrivait pas. Il voulait tellement rentrer dans son ancienne maison, avec tous les autres enfants et le gentil directeur ! »
« Mais tu sais que normalement, tu n’aurais pas dû partir avec eux au parc, n’est-ce pas ? »
Aiba baissa la tête, comme honteux.
« Le gentil directeur il disait toujours que je trouverai bientôt une gentille famille qui allait m’aimer. Alors quand j’ai vu ceux-là, avec leur belle voiture et leurs cheveux tout propres et bien coiffés, j’ai pensé qu’il les avait trouvés pour moi… »
« Ce n’est pas grave, ce n’est pas de ta faute. » Dit Sho doucement après s’être rendu compte que pour la première fois, il tenait des propos en se désignant à la première personne.
« Un jour, y’a Gackt-sama qui est venu me chercher à la maison avec le directeur. Ils ont dit que je ne devrais pas être là, que mes parents étaient méchants et qu’ils m’avaient volé. J’ai pas compris mais Nouveau Papa m’avait tellement frappé le jour avant parce que j’arrivai pas à calculer des chiffres que je les ai suivi sans réfléchir. Je les ai vu les emmener dans une voiture de police et maintenant… »
« Tu es ici. Avec moi. Et moi je ne te frapperai jamais Masaki. Parce qu’on ne frappe pas une personne qu’on aime, surtout pas avec un fouet qui fait mal. »
« C’est vrai ? »
« Ce papa et cette maman n’en étaient pas et ils ne t’aimaient pas comme ils auraient dû le faire. Gackt a raison, ce sont des voleurs. »
Il lui laissa le temps de digérer ses mots et de les comprendre. Pauvre garçon…Forcé de se taire et de se terrer dans une maison, avec une famille horrible qui n’est pas la sienne. Qui ne le mérite pas.
« Tu n’as plus à avoir peur Masaki, plus personne ne te frappera tant que je serai là. Tu peux parler autant que tu veux parce que moi, j’aime quand tu parles. J’aime t’entendre. »
« C’est vrai ? » renifla le plus jeune en levant son regard mouillé vers lui.
« Oui. Moi j’aime tout chez Masa »
« Sho-chan… »
Il se jeta dans ses bras sans prévenir et enfouit son visage dans son cou pour pleurer. Sho posa ses mains dans son dos qu’il caressa doucement, laissant à son nouvel amoureux le temps de faire partir la douleur. Bientôt il n’entendit plus que des sanglots légers et enfin, sa respiration se calma. Pourtant, le Favori n’avait pas arrêté de le rassurer par des caresses ou en le berçant affectueusement. S’il le pouvait, il retrouverait ces parents horribles et les fouetterait jusqu’à la mort pour qu’ils comprennent la douleur qu’ils ont infligé à ce pauvre garçon. Mais il savait qu’il ne le ferait pas. Pour Masaki. Pour qu’il n’ait pas à voir un tel spectacle ou simplement le visage de ces monstres.
« Je veux rester avec Sho-chan pour toujours. »
« Moi aussi, pour toujours. »
Ce fut lui qui amorça le baiser qui suivit et Sho goûta avec délice à ses lèvres pulpeuses mouillées et salées par ses pleurs. Il le tint contre lui longtemps avant qu’il ne s’endorme entre ses bras, épuisé, en plein milieu d’après-midi.
Il ne lui demanda rien cette journée-là, les révélations ayant été éprouvantes mais maintenant qu’il savait, il était un peu plus sûr de lui pour la suite des évènements. En espérant qu’Aiba ne lui ait pas caché qu’il se faisait abuser sexuellement par un de ses parents mais il le lui aurait dit. N’est-ce pas ? Le plus jeune retrouva son teint joyeux et son grand sourire dès le lendemain, comme si tout ça avait été oublié. Ce jour-là, il ne lui demanda rien non plus.
Note : Que de choses, que de choses xD De quoi en faire parler, ne ? 8D Ahah, pauvre Jun qui pense que se faire du mal lui permettra d'oublier à quel point il est blessé...je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé de le faire, mais c'est une technique qui 'marche' bien au début. ça lui ressemble plus de souffrir en silence plutôt que de se venger...
Et...le passé d'Aiba ! De son point de vue, cependant. Les éléments qu'ils donnent vous sont normalement suffisants pour comprendre ce qui lui est arrivé et pourquoi x) Mais ils sont beaux ensemble, ces deux-là ;w; j'ai aimé les écrire comme ça..hihi. Qu'en pensez vous ? Allez, à demain pour la suite et merci ♥