Titre : My naughty librarian
Auteur :
biditochePairing : Sakumoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : "Je suis Sakurai Sho, 24 ans, étudiant en master de Sciences Economiques et Gestion. Je suis délégué de classe, président du Conseil des Elèves et j’ai le meilleur bulletin scolaire de la promotion. Je suis en couple avec la fille la plus jolie et intelligente que j’ai eu l’occasion de rencontrer jusqu’à présent. Ma vie se résume donc à une petite-amie, des parents exigeants, du boulot, du boulot et du boulot ! Mais il suffit parfois d'un rien pour nous faire dévier du droit chemin..."
Chapitre 8 :
Deux bras passent autour de ma taille et un menton se pose sur mon épaule. Son torse collé contre mon dos, Jun regarde le magazine que je tiens entre mes mains avec un petit sourire.
« C’est ton exemplaire, j’en ai déjà un ! Même deux, au cas où… »
« C’est ça…la surprise ??? »
« Ça ne te plait pas ? »
Je me retourne vers lui et lui met le document dans les mains.
« Il n’a jamais été question de publier ça dans un magazine que tous les japonais regardent !! Et ma réputation ?! Si mes parents voient ça, je suis mort ! »
« Alors ça ne te plait pas. »
Je vois sa mâchoire se contracter et la lueur dans ses yeux s’éteindre peu à peu. Il rajuste ses lunettes et pose le magazine plus loin.
« Je ne suis pas un modèle. J’étais ok pour des petits journaux sans grande importance, pas pour ça ! »
« Mais voyons Sho, je pensais que c’était clair ! Taro est un photographe renommé, il ne photographie que rarement pour les magazines qui ne se vendent pas !!!! Parce que justement, il est tellement doué que s’il donnait ses clichés à ces journaux, ils deviendraient populaires ! Alors c’était ÉVIDENT ! »
« Non, ça ne l’était pas pour moi ! »
J'en tremble tellement je suis furieux contre eux. Je n'avais pas compris ça comme ça moi ! Et même si j'y ai pensé, j'ai cru c'était une blague ! Son air se radoucit soudainement et il s'approche de moi en me prenant la main.
« Je pensais que tu étais d'accord, je te le jure. Tu m'en veux ? »
Comment en vouloir à quelqu'un avec une bouille pareille ? J'ai juste envie de le prendre dans mes bras et de lui dire que ce n'est rien, que je ne lui en veux plus. Et c'est ce que je fais, malgré cette contrariété qui réside toujours en moi. Je ne sais pas comment je vais faire pour assumer ces photos, mais je ne veux pas qu'il pense que c'est totalement de sa faute et qu'il en soit triste. Et la sensation d'avoir gâché sa surprise me rend coupable. Très coupable.
« Je suis désolé, toutes les copies ont été envoyées et ce sera en vente dès demain matin... »
« C'est pas grave, je me débrouillerai. Après tout c'est de ma faute, c'est moi qui ai accepté de poser. A moi d'assumer ! »
Jun enfouit son visage dans mon cou et commence à y apposer de légers et tendres baisers qui me font frissonner. Depuis quand est-il aussi affectueux à mon égard ?
« Maruya-san sait que nous sommes ici ? »
« Non, et il n'a pas besoin de le savoir. Sweetie, tu m'as manqué... »
Je rougis, ne m'attendant pas à entendre ça.
« A-Ah bon ? Mais nous nous sommes vus avant-hier... »
Enfin je l'ai à peine vu, moi, car il m'a fait avoir une "nouvelle expérience sexuelle" où je n'avais plus que le toucher pour sens. Très instructif, d'ailleurs...mais ce n'est pas le sujet. Je lui manque à ce point ? Alors que ça ne fait que deux jours ? ...S'il savait que lui me manque à peine une heure après que l'on ce soit quittés...
« Reste avec moi cette nuit. »
« Je ne peux pas, Reina-chan m’attend… »
« S’il te plait…reste avec moi. Encore un peu…S’il te plait. J’ai besoin de toi. »
Besoin…de moi ??? Depuis quand ? Une douce chaleur m’envahit alors que j’entends battre son cœur furieusement contre le mien et j’en arrive à penser que c’est le moment idéal. Qu’en cet instant, il ne pourra pas me le refuser. J’embrasse délicatement ses joues à mon tour, puis le bout de son nez, descend vers sa mâchoire et prend bien garde d’y aller doucement, pour ne pas le brusquer. Et puis quand j’arrive devant ses lèvres, je m’arrête. Nos souffles se mêlent et j’ai terriblement envie de franchir cette distance entre nous qui existe depuis le début. Alors que je m’apprête à le faire, quelque chose se passe. Il commence déjà par trembler, légèrement puis de plus en plus violemment et, sans avertissement, s’effondre dans mes bras. Je ne sais même pas ce qu’il s’est passé exactement et si c’est bien ma tentative de l’embrasser qui a causé ça mais je m’empresse de le déposer sur le matelas, inquiet. Il n’a pas perdu connaissance mais il est exagérément pâle. Qu’est-ce qu’il se passe ???
« Jun ? »
« Ça va…t’inquiètes pas, c’est rien. »
« Tu es sûr ? C’est parce que…j’ai essayé de t’embrasser ? »
« Non ! Bien sûr que non. Ce n’est rien je te dis, je suis juste un peu fatigué. »
« Je ne recommencerai plus, promis. »
« Je t’ai dit que ça n’avait rien à voir !!!!!! »
Je tressaille légèrement face à son haussement de ton. Ça ne me plait pas vraiment qu’il se permette de me parler comme ça mais comme il semble aller mal, j’essaye de ne pas trop lui en tenir rigueur. Quelque chose m’échappe, mais je ne sais pas quoi…
« Tu veux toujours que je reste ? »
Je le vois hésiter un long moment, avant qu’il ne lance de façon presque dédaigneuse :
« Fais ce que tu veux. »
Il se tourne sur le côté, dos à moi, et j’en viens à me demander s’il a vraiment besoin de moi. Et je ne sais pas ce que je veux non plus…Je finis par prendre ma décision et m’allonge près de lui, mon torse contre son dos. Je passe mon bras au-dessus du sien et lie nos doigts ensemble, enfouissant mon nez dans son cou qui sent si bon. Je me sens bien là et nous restons comme ça un petit moment avant qu’il ne commence à bouger. Il se tourne vers moi alors que je le lâche et je constate, rassuré, que son visage a repris des couleurs. Sauf que je n’ose toujours pas lui demander la cause de ce soudain affaiblissement.
« Merci d’être là… » murmure-t-il tout en promenant son index le long de ma joue.
« Jun…est-ce que tu me parleras un jour ? »
« Parler… ? »
« De tout ça. De tout ce qui a fait ce que tu es. Tu me caches tellement de choses… »
« Pourquoi veux-tu le savoir ? »
« …parce que. J’ai l’impression…que ça compte pour moi. J’ai envie de tout savoir de toi. »
Il me regarde avec une drôle de lueur dans le regard, comme si je venais de dire quelque chose qui avait une signification bien spéciale pour lui. Puis tout aussi rapidement, il se renferme sur lui-même et baisse les yeux.
« Vaut mieux pas que tu saches quoi que ce soit. De toute façon il n’y a rien d’intéressant à savoir à mon propos ! »
Je soupire, un peu exaspéré par son comportement un peu enfantin et boudeur mais décide d’arrêter là l’investigation pour aujourd’hui. Je ne veux pas risquer qu’il tombe dans les pommes pour de bon cette fois ! A la place je me rapproche encore plus de lui, dépose des baisers dans son cou et commence à onduler des hanches contre lui quand je sens qu’il répond favorablement. Un petit rire s’échappe de sa bouche alors qu’il me repousse pour mieux me grimper dessus, un sourire joueur sur les lèvres.
« Mon Sho-chan, je vais tellement te vider qu’il n’y aura plus rien pour ta copine après… »
« Ne dis pas de bêtises… »
« Oh, tu crois que je plaisante peut-être ? »
Bien sûr que non. Je sais très bien qu’il est sérieux et s’en est presque effrayant la façon dont il me fait l’amour ensuite. Je crois bien même qu’il n’a jamais été aussi possessif et bestial pendant nos ébats, et dieu sait qu’ils ont été nombreux et variés. Mais ce soir…ce soir il y a comme une rage en lui, dans ses yeux. Il m’a tellement mordu la peau du cou que j’en ai gardé une trace horriblement rouge qui n’arrive pas à partir même avec du fond de teint. Deux jours plus tard, j’ai encore mal à mon arrière-train. Mais il s’est passé quelque chose, ce soir-là. Dans ces draps, au studio de Maruya, j’ai vu quelque chose de nouveau et effrayant. Une nouvelle facette de Jun que j’ai peur de rencontrer à nouveau. La façon dont il bougeait contre moi était semblable à de la folie et même quand je le suppliais de ne pas aller aussi fort (car ça faisait plus mal que plaisir, au final), il ne m’écoutait pas. Il était comme…une autre personne. Une personne qui en voulait à quelqu’un, ou à la vie en général. Alors quand je suis rentré chez moi, il ne m’est apparu qu’une seule et unique chose : je devais apprendre ce qui était arrivé à Jun dans son passé. Peu importe les moyens.
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« Sho-kun. »
« Hum ? »
« Tu me le dirais si quelque chose n’allait pas entre nous, n’est-ce pas ? »
Je me fige, stupéfait. C’est quoi cette question ? Est-ce qu’elle a découvert que… ?
« Pourquoi dis-tu cela, Reina-chan ? » fais-je en lâchant mes bouquins pour lui accorder plus d’attention.
Je me tourne vers elle et affronte son regard accusateur.
« Tu me caches des choses, Sho-kun. Je ne suis pas idiote, je peux voir ces choses-là ! Et il faut dire que tu n’es pas très discret. »
« Qu… »
« Tu fais du porno !!!!!! »
Mes yeux s’agrandissent subitement alors qu’elle pose violemment le magazine où j’ai fait le modèle sur la table, devant moi.
« Ne me mens pas. Tu poses presque nu pour des magazines ! La dernière fois au téléphone, je savais très bien que tu ne t’étais pas fait mal quelque part ! Et tu disparais souvent la journée. On ne fait plus l’amour ! »
« Tu n’as jamais… »
« Depuis quand ça dure ??? Et combien ça paie pour que tu aies choisi ça au lieu de ta dignité et celle de ta famille ? »
Je n’arrive pas à répondre, ni à savoir s’il vaut mieux qu’elle pense que je fasse du porno ou qu’elle sache la vérité : que je la trompe. Je ne trouve pas les mots ni d’explications qui pourraient me sortir de cette situation. Alors je choisis la facilité : le mensonge.
« Pas longtemps, je t’assure ! Quand tu m’as appelé…c’était la première fois (ce n’est pas un mensonge ça !). Mais je ne t’ai pas trompé ! C’était juste…du doublage et des sons « d’ambiance », tu vois…pour poser…et tout ça… »
« Mais pourquoi ???? T’as aucun problème d’argent, tu as une copine alors…pourquoi ???? »
« Je voulais juste essayer, c’est tout. Je ne fais jamais rien d’insensé ! Alors pour une fois, je voulais faire un truc dingue…C’est parce que tu me manquais et je m’ennuyais, avec ce mémoire et tout… »
« T’aurais pu juste te mettre…je ne sais pas moi, à la cuisine ou au skate-board ! »
« Je suis désolé…mais je te jure que ça n’arrivera plus ! »
« Ah ouai ???? C’est pour ça que dans CE magazine-là, tu poses avec un mec ???!!! »
Ok, là je vais tuer Jun et Maruya. Et depuis quand Reina regarde-t-elle ce genre de magazine de toute façon ? Je me permets de lui poser la question.
« Ne change pas de sujet ! C’est Marina qui me l’a montré parce qu’elle t’a reconnu ! C’est scandaleux !!! Et c’est… »
« Oh c’est bon, c’est juste du faux ! »
« T’es sûr ? Parce qu’on ne dirait pas ! Encore un peu et tu l’embrassais ! D’ailleurs ce n’est pas ton copain là ? Le bibliothécaire ?? C’est lui qui t’a demandé de faire ça hein ! Il a une mauvaise influence sur toi !!! »
Pour ça on ne peut pas dire qu’elle ait tort, dans un sens…
« Il faut que tu stoppes tout Sho-kun, avant que ça n’éclabousse réellement ta famille. Et la mienne avec. »
« Je suis désolé… »
« Promets-moi que tu ne vas plus recommencer. Et que…et que tu ne m’as pas trompé avec une de ces actrices ou mannequins… »
Je me lève pour la prendre dans mes bras et lui embrasse le front.
« Je te le promets. »
Techniquement je ne l’ai pas trompé avec des actrices ou mannequins, donc je ne peux pas « recommencer ». Mais elles ne sont bien sûr que les représentations de Jun.
J’y réfléchis tout le reste de la journée. Ça ne peut plus continuer comme ça. Non seulement je n’y gagne rien, mais en plus je fais souffrir des gens autour de moi. Il est temps que ce jeu cesse et que mes bêtises s’arrêtent également. Le soir même, j’attends fébrilement devant la bibliothèque que Matsumoto en sorte et, quand je le vois apparaitre dans mon champ de vision, je lui fais un signe de la main. Il me remarque rapidement, sourit et traverse la route pour s’approcher de moi.
« Hey Sweetie~ Je ne savais pas qu’on devait se voir aujourd’hui…mais ça me fait plaisir ! On peut aller chez toi ? »
« Il faut qu’on parle Jun, c’est important. »
Son sourire s’efface rapidement et ses yeux deviennent soudainement durs. Ses sourcils se froncent et il regarde autour de lui.
« Un bar ? »
« Trop de monde. »
« Je peux nous faire entrer dans mon bureau…il ne reste que quelques personnes mais tout est désert, sinon. »
« Ok, alors. »
Il sort un trousseau de clé et m’emmène à l’intérieur de la bibliothèque, dans les « coulisses ». Je ne prends même pas la peine de regarder autour de moi, préférant réfléchir encore à la façon dont je vais lui annoncer que nous deux, cette folie, c’est terminé. J’en ai mal à la poitrine parce que je sais que, au final, je me suis fait prendre au piège et que j’ai des sentiments impardonnables pour lui, mais je sais aussi qu’il n’y répondra jamais. Alors à quoi bon détruire sa vie pour ça ? Il me fait entrer dans son bureau et referme correctement la porte derrière lui après avoir inspecté rapidement le couloir.
« Il n’y a personne, on peut discuter tranquillement. Mais ne tardons pas trop… »
« Alors je vais être bref…Jun je…toi et moi, on ne peut plus… »
Je m’arrête en voyant son regard meurtri derrière ses grandes lunettes. Il n’a rien dit, pourtant je me sens encore plus mal qu’avant. Je n’arrive pas à me dire que je vais quitter une personne comme lui, que je ne le reverrai plus jamais, que…
« Ça ne mène à rien, tu le vois bien. Je veux dire, c’est quoi le sens de tout ça ? De nous ? »
« Qu’est-ce qu’il se passe Sho ? Pourquoi tu nous fais ça ? Pourquoi maintenant ? »
« Maintenant ou plus tard, c’est du pareil au même… »
« Non ! »
Il fronce encore plus les sourcils et tourne soudainement en rond, devenant nerveux.
« Reina-chan a vu les photos, toutes les photos. Elle m’a entendu au téléphone quand nous le…faisions. Elle pense que je bosse dans le porno et je lui ai promis d’arrêter. »
« Alors tu ne veux plus me voir…tu la choisis. »
« Ai-je vraiment eu le choix ? »
« Que veux-tu dire ? »
« Voyons Jun…nous deux…tu ne fais que répéter que ce n’est que du sexe. Et aussi fun que ce soit, ce n’est pas ce que je recherche à long terme…Ce que je veux c’est… »
« De l’amour ? »
Je me mords la lèvre, n’osant pas lui dire que moi, je l’aime déjà. Qu’il ne suffirait que d’un effort de sa part pour que je le choisisse, lui. Je m’assois en soupirant sur le bord du bureau et il s’approche de moi, posant ses deux paumes sur chacune de mes joues et me faisant relever la tête vers lui.
« Je ne te laisserai pas faire ça. »
« Pourquoi ? Tu ne m’aimes pas. »
« Je ne peux pas, c’est tout. C’est toi que je veux. »
« Pour du sexe, tu peux avoir qui tu veux. Et des biens meilleurs que moi ! »
« Toi tu es très bien. »
« Tu finiras par te lasser. »
« Pas de toi. Jamais. »
Je lève les yeux au ciel mais il me met soudainement une petite gifle sur la joue. Je le regarde, choqué qu’il ait osé lever la main sur moi.
« Ne fais pas ça. »
« Toi, ne fais pas ça ! Je t’interdis de me frapper ! »
« Alors ne fais pas ça quand je te dis ce genre de choses ! Tu…tu es le premier que je veux vraiment garder. S’il te plait…laisse-moi encore un peu de temps…Et si vraiment tu sens que ce ne sera plus possible, alors on arrêtera, promis. »
Je prends mon temps pour réfléchir, parce que je suis toujours perdu. J’étais déterminé à y mettre fin mais…je ne peux pas. Je n’y arrive pas. Surtout quand il me demande ce genre de choses, avec cet air-là. Ses mains descendent sur mon torse et il me pousse doucement pour m’allonger sur le bureau. Je résiste, sachant très bien où il veut en venir mais ce n’est pas comme si je savais lui dire non…Je suis faible face à lui…si faible que je le laisse me déshabiller. Parfois j’essaye de le retenir, je saisis ses poignets pour l’empêcher d’aller plus loin ou pour stopper ses activités, je pousse sa tête pour qu’il n’aille pas dans ces endroits où je suis si sensible. Mais une fois qu’il a commencé, je ne peux plus l’arrêter.
Sauf que, contrairement aux autres fois, il est doux. Si doux…tout en restant puissant, parce que sinon ce serait fade. Non, c’est parfait, juste parfait. J’observe son visage concentré au-dessus de moi, mes mains accrochées à ses épaules, mon corps toujours plus offert à lui. Je regarde son visage empreint d’un plaisir égal au mien et j’en tombe toujours plus amoureux. Une de mes mains le lâche pour me tenir au bureau qui bouge sous moi au même rythme que les va et vient de Jun. Plus de bestialité, juste de la passion…et j’adore ça. Je gémis alors qu’il pose ses mains sur mes fesses et touche ma prostate. Il continue comme ça un petit moment et, dans la montée de la jouissance, je laisse mes émotions s’échapper de moi. Si bien que je dis le mot interdit…
« Jun…Jun…j…je t’aime… »
Il n’arrête pas mais ses yeux s’écarquillent et, brusquement, il me pénètre plus violemment. Je veux rouvrir la bouche pour dire quelque chose mais il m’en empêche à chaque fois. Il quitte notre lien visuel pour plonger sur mon torse mais je sais exactement pourquoi il fait ça. Je lui ai fait peur, ou je l’ai dégoûté peut-être. Allez savoir ! Qu’est-ce qui m’a pris de dire une chose pareille ??? Je sais très bien qu’il ne m’aime pas, qu’il ne m’aimera jamais…Bon dieu Sakurai, pourquoi ne pas tenir ta langue pour une fois ??? Pourtant, j’espère naïvement jusqu’au bout qu’il me répondra. Même si c’est un refus, j’ai besoin d’une réponse à cette déclaration d’amour spontanée. Une larme s’échappe du coin de mon œil et coule sur ma joue alors que j’atteins le septième ciel, sans qu’il n’ait dit un seul mot. Il pousse un rauque à mon oreille et je ferme les yeux, tentant de réprimer cette peine qui me fend le cœur en deux. J’en aurai presque envie de vomir et de pleurer tellement ça fait mal. Mais je ne le fais pas, bien sûr. J’aurai l’air de quoi si, après avoir dit « je t’aime », je me mets à recracher mon dîner ? Il ne voudra plus jamais de moi, même pour du sexe. Il embrasse ma mâchoire jusqu’à mon menton puis se retire et m’aide à me redresser. Assis sur le bureau, je le regarde sans mot dire se rhabiller, comme si de rien était. Comme si ces mots n’étaient pas sortis de ma bouche, il y a à peine cinq minutes. Il se tourne alors vers moi et me sourit.
« Quoi ? »
« R-Rien. »
« Tu ne te rhabilles pas ? »
« Si, bien sûr. »
Je descends de mon perchoir et remet mes affaires, évitant son regard comme je peux. Cette boule est toujours là, dans ma gorge, m’empêchant de respirer correctement. J’ai de plus en plus envie de pleurer mais, plus que tout, je veux une réponse. Pourquoi n’en est-il même pas capable ?
« Sho ? »
« Oui ? » fais-je en me retournant, plein d’espoir.
Il s’approche et me recoiffe d’une main.
« Voilà, c’est mieux comme ça. »
« Oh…merci. »
Pendant le chemin du retour, j’espère encore. Que voulez-vous, je ne suis qu’un pauvre idiot. Un naïf. J’en viens même, au final, à le regarder avec insistance pendant de longues minutes. Et quand il croise mon regard, il ne fait que me sourire. Dans le taxi, il prend ma main mais reste silencieux. Plus tard, quand je descends du taxi le premier, je n’ai le droit qu’à un « Bonne nuit Sweetie ! » joyeux.
Sauf que moi j’ai mal. Et que je n’arrive même pas à répondre à ça. Alors je ferme juste la portière, fais demi-tour et rentre chez moi, plus meurtri que jamais.
Les jours suivants, ainsi que les semaines, je ne me reconnais plus. Je n’arrive pas à oublier ce silence qui a suivi ma déclaration. Je n’arrive pas à oublier ce visage souriant, comme si je n’avais jamais rien dit. Ou que ce n’était pas important. Je retourne moins souvent à la bibliothèque et, quand j’y suis, j’évite de trop le regarder. Jusqu’à ne plus y aller du tout, au final. Oui, moi qui y allais tous les jours depuis quelques mois, j’ai décidé de ne plus mettre un pied à la bibliothèque. Parce qu’il y est ? En effet. Parce que je n’arrive plus à le regarder sans avoir honte de mes sentiments ? Oui, aussi. Parce qu’à chaque fois que je le vois, j’ai l’impression qu’on me transperce la poitrine avec un couteau ? Surtout. Je me mets à l’éviter et, quand nous nous voyons, je cherche toutes les excuses possibles du monde entier pour ne pas rester assez longtemps pour qu’il me saute. Tout ça m’obsède, j’en dors mal. Pourquoi dire qu’il tient à moi, qu’il a besoin de moi s’il est incapable de me parler et de faire autre chose qu’avoir des relations sexuelles ? J’en viens à me dégoûter et, dans mon processus pour m’éloigner de cette douleur, je me rapproche de Reina.
Je redécouvre chez elle ce qui m’a fait l’apprécier et la choisir pour être ma petite amie. Je retrouve cette douceur, cette stabilité et cette assurance que j’avais perdues avec Jun. Oui, je ne fais rien d’insensé, de nouveau ou d’inhabituel, mais au moins avec elle je suis sûr d’être aimé. Et au fond, c’est ce que tout le monde veut le plus, non ? Etre aimé. Mais alors pourquoi Jun n’accepte-t-il pas mon amour à moi pour lui ? Pourquoi l’a-t-il ignoré comme je l’ignore lui, aujourd’hui ? Nous commençons à refaire des sorties de couple qui remplacent les longues heures que je passais à la bibliothèque et c’est rafraichissant. Je commence à ne plus penser à cette peine qui me tue à petit feu.
Mais ce serait mentir que de dire qu’il ne me manque pas cruellement. Ce n’était peut-être que du sexe, mais même ça, ça me manque. Cette impression d’être un corps chéri qui appartient à quelqu’un. Se laisser aller dans ses bras, le laisser décider et contempler son beau visage pendant de longues minutes. Ses petits sourires timides me manquent, chacune de ses mimiques et même son caractère assez tempéré. Est-ce que moi je lui manque ? Ahah, je ne pense pas…sinon il viendrait me chercher, pas vrai ? Ce doit être le « je t’aime ». Il l’a fait fuir ! Oh, il continue de m’appeler oui. Mais ce n’est pas un geste que je considère comme exceptionnel. Il ne laisse même pas de messages ! Et puis de toute façon, qu’est-ce qu’on se dirait si je décrochais ?
Maruya m’a appelé pour que je passe chercher mon dernier cachet, suite aux photos avec Jun. J’avais oublié que j’étais payé aussi pour ça. J’ai hésité à y aller, de toute façon qu’est-ce que j’en ferai de cet argent ? Je ne suis pas en manque. Mais ce serait assez irrespectueux envers lui…il n’y est pour rien, dans cette histoire. Il m’avait prévenu après tout. J’y passe donc en fin de soirée, après mes cours - qui viennent de reprendre. Enfin, d’ailleurs. Ça me permet de me concentrer sur autre chose que Jun et…Jun. Toujours lui. Cours + Reina, c’est le duo parfait pour ne pas me sentir coupable chaque jour qui passe de ne pas donner de nouvelles. Et alors que je passe la porte du studio, mon passé pas si loin que ça me rattrape. Je les entends, Maruya et Matsumoto, qui parlent un peu plus loin. Je me colle contre le mur et écoute. Ils sont dans le couloir, semble-t-il, et la discussion est plutôt animée. Soudainement les voix se font plus fortes, elles viennent vers moi. Je sors rapidement et me pose contre le mur, près de la porte d’entrée. Eux, ils restent dans la pièce principale mais leur conversation m’est pleinement audible.
« Je t’avais prévenu Jun ! Je te l’avais dit ! ‘Cette fois c’est différent. Il est spécial !’ »
« Il l’est toujours ! Et c’est vraiment différent…il ne me répond plus…il ne vient plus… »
« Tu sais ce que c’est la tête que tu fais là ? T’es en manque mon gars. »
« Eh, je ne suis pas un pervers ! Je peux me passer de sexe ! »
« Je ne parle pas de sexe, idiot. Je parle d’addiction ! Tu vois ce que tu ressens là ? Eh bien c’est exactement ce que tu as infligé à tes victimes précédentes. Tu t’es fait prendre à ton propre jeu ! Ce Sakurai, tu l’as dans la peau. »
« N-N’importe quoi… »
J'entends un soupir exaspéré.
« Tu vois Jun, tu n'arrives même pas à accepter l'idée que tu puisses être réellement attaché à lui, et pour autre chose que du sexe. Si tu n'es même pas capable de faire ça, alors il est normal qu'il soit parti. »
« Mais... »
« Arrête de faire ta tête de mule et écoute-moi à la fin !!! Tu crois que tu as toujours raison ? Que tu sais mieux que tout le monde ? Mais c'est là le fond du problème, Jun, tu ne SAIS RIEN. Tu te bases sur un exemple erroné pour construire tes relations et tu t'imagines que tout le monde pense comme toi ! Sauf que c'est loin d'être le cas. Les personnes normales embrassent et, surtout, quand on leur dit qu'on les aime, elles répondent ! »
« Tu sous-entends que je ne suis pas normal ??? »
« Non, je le dis. Tu ne l'es pas. Tu n'es qu'un idiot, voilà ce que tu es. Oublie-la bon sang ! Ce n'est pas parce qu'elle a agi comme ça avec toi que tu dois faire la même chose avec Sakurai ! Ce n'est pas un OBJET, c'est un HUMAIN. Il a des sentiments et tu n'as pas le droit de faire comme si ce n'était pas le cas ! Sais-tu ô combien c'est difficile de se déclarer à quelqu'un, surtout quand il s'agit d'une personne du même sexe que toi ? Que tes parents trouvent ça anormal et que toi-même, tu doutes depuis des semaines ? Tu crois que ça a été facile pour lui de s'avouer qu'il t'aime, alors qu'il a une copine, une vie, des responsabilités autres que ta petite personne ??? »
« Comment pourrais-je savoir tout ça ?! Je n'ai personne, je te rappelle !!! »
« C'est aussi ton choix. »
« T'as pas le droit de me dire ça !! Tu sais très bien que non ! »
« Si ! A partir du moment où tu as refait ta vie, où tu es sorti de cet hôpital, tu as eu le choix. Est-ce que toutes ces années ne t'ont pas donné une leçon ? Est-ce que tous ces mois passés dans ta tête, tout seul, ne t'ont pas permis d'y réfléchir ? »
« J'AI PEUR !!!!!!!!!! »
Il se passe un long moment pendant lequel je n'entends que les sanglots déchirants de Jun. C'est lui, d'ailleurs, qui reprend la parole.
« J'ai eu peur ces 10 années, peur de faire quelque chose qui lui déplairait. J'ai eu peur de ne jamais pouvoir me réveiller, de ne plus pouvoir toucher ni sentir, ni même parler. J'ai eu peur qu'il m'abandonne parce qu'il était tout ce qu'il me restait. Et aujourd'hui j'ai toujours peur parce que ça ne changera jamais ! Taro, l'as-tu vu ??? Il est saint de corps et d'esprit, son passé est aussi clean qu'une salle d'opération et il n'a rien qui puisse lui faire honte. Pas de famille gênante, pas d'actions prohibées, pas de déshonneur...Il a une copine parfaite, il est intelligent et...il sait faire confiance. Mais tout ça, c’est effrayant !!! Qu’est-ce que tu crois qu’il va faire quand il saura ? Quand il apprendra tout ce que j’ai fait, tout ce que je suis… »
Mais fait quoi ???
« Je ne suis qu’une passade. Pour tous je n’ai jamais été qu’un extra. Et ne me dis pas que ce n’est pas vrai parce que tu sais que ça l’est. On ne m’aime pas moi, on aime mon corps. On aime ce qu’on fait avec ou ce qu’il a à donner. On aime l’utiliser et le regarder. Et Sho, c’est pareil. Oui c’est de ma faute d’avoir choisi un hétéro mais je pensais…je pensais vraiment qu’il irait plus loin que ça. »
« Il y est allé, il t’a dit qu’il t’aimait. »
« Mais ce n’est pas moi qu’il aime ! Il aime ce qu’on fait ensemble ! »
« Faux, sinon il serait déjà revenu vers toi. »
« Arrête de faire semblant de tout savoir, toi aussi !!!!! Tu t’y connais peut-être en amour mais en souffrance, t’es qu’un has been ! T’as ta petite vie parfaite là, avec ta femme, ton morveux en route et tes frères et sœurs exemplaires ! T’as pas un nom trop lourd pour toi à porter, avec le passé en prime ! T’as pas toute cette saleté sur le corps, t’en as aucune idée !!!! T’es tout fier de sortir à tes potes qu’il y a eu plus de 10 femmes dans ta vie avec qui tu as couché, mais tu ne sais même pas ce que c’est de ne pas pouvoir participer à ce genre de conversation entre mecs parce que toi t’as trop honte d’avouer que ce chiffre, tu l’as dépassé alors que tes dents de lait tombaient à peine !!! Alors QU’EST-CE QUE T’EN SAIS ??!! Qu’est-ce que tu sais de ce que je vis chaque jour…c’est facile de dire qu’il faut oublier, qu’il faut faire ses propres choix mais… »
« Je sais que c’est dur pour toi Jun… »
« Tu ne peux pas savoir. Le sexe c’est tout ce que j’ai jamais eu. Si je…si j’en ai pas, je sais pas si je suis encore vivant, si mon corps ne m’a pas encore lâché. Cette carcasse, c’est tout ce que j’ai ! »
« Tout ça n’arrivera plus, tu le sais. »
« Si ça peut arriver ! Et j’ai peur chaque matin que le cauchemar recommence ! Mais ça non plus tu ne sais pas ce que c’est ! Quand tu deviens ta propre prison ! »
« Non ça n’arrivera plus. Si tu prends ton traitement, alors ça n’arrivera plus. »
Quel traitement ? Jun est malade ? Depuis quand ? Pourquoi ne m’a-t-il rien dit ? Qu’est-ce qu’il a ???? Je ne peux pas empêcher que mon cœur batte à vive allure, anxieux et pressé d’en savoir plus. Je suis dans le flou, je ne comprends absolument rien et Matsumoto parle tellement vite que je ne capte pas tout ce qu’il dit. Mais ça a l’air plus moche que ce que je pensais…et je n’en savais absolument rien ! Depuis plus de 2 mois que je le fréquente, qu’on se parle…
« Rassure-moi, tu le prends pas vrai ? »
« Bien sûr, je ne suis pas idiot ! Mais je t’assure Taro, j’ai vraiment envie que ce soit différent cette fois. Sauf que…c’est pas si facile que ça en a l’air. Si je m’investis et qu’il finit par retourner avec sa copine…ou qu’il me laisse tomber parce que c’est pas correct, ou qu’il me trouve trop sale… ? J’peux pas endurer ça, j’en mourrai… »
« Alors c’est ça ta solution ? Continuer à séduire des hommes, coucher avec et les jeter ensuite, juste parce que tu ne t’aimes pas ? »
« C’est pas si simple. »
« C’est toi qui complique tout. »
« Pourquoi, Taro ? »
Fait-il dans un murmure à peine audible.
« Pourquoi tu persistes à faire ça ? Tu sais aussi bien que moi que, de toute façon, ce genre de vie n’est pas pour moi. Je suis mort le jour où elle est partie. Et c’est de ma faute. »
« Ce n’est pas de ta faute Jun !!! Je ne te laisserai pas dire ça ! Tu as fait le bon choix ! Tu devais le dire ! Tu aurais préféré subir ces choses pendant des années encore ? »
« C’est de ma faute…Peut-être que je ne l’aimais pas assez. J’aurai dû faire plus de choses pour elle. »
« Tu en as fait déjà bien assez, crois-moi ! »
« Elle n’avait que moi et je n’avais qu’elle. Et j’ai tout détruit. Comment veux-tu que je construise une famille, si on ne peut même pas compter sur moi ??? Non, je suis juste bon pour la rue… »
Un bruit de claque retentit alors et je me tourne légèrement pour voir ce qui se passe. Jun, à genoux par terre, se tient la joue, la tête baissée et le visage caché par ses cheveux. Ses épaules tremblent mais aucun son ne sort de lui.
« Je suis désolé Jun, mais il fallait que je le fasse. Pour remettre tes idées à l’endroit. Je n’arrive pas à croire que, 7 ans plus tard, tu arrives à dire de telles choses. Après tout ce que tu as enduré, tout ce que j’ai fait pour t’aider à t’en remettre. Tu n’as pas le droit de jeter tout ça comme si ça n’avait pas d’importance. Par respect pour moi, au moins. »
Maruya s’éloigne un peu vers le fond de la pièce, laissant Matsumoto accroupi par terre, immobile cette fois. Pourquoi ne l’aide-t-il pas à se relever ? L’envie d’y aller et de le faire me démange. Je ne l’ai jamais vu comme ça…
« …je…je pensais pouvoir…mais je suis brisé…et en même temps…il me fait miroiter de si belles choses…je me sens bien avec lui, c’est la première fois que je parle avec quelqu’un aussi longtemps, autre que toi. Mais…j’ai peur. La dernière fois que j’ai aimé quelqu’un comme ça… »
« Aimé ? »
Aimé ? Maruya et moi avons entendu la même chose. Aimé… ?
« Non euh…ne le prends pas de travers. Je suis fatigué, je ne voulais pas dire ça comme ça… »
« T’es sûr ? C’est pas juste parce que tu as peur que tu me dis ça ? »
« Non. Moi ? Amoureux ? Ahah, la blague…C’est un bon coup mais j’en ai vu d’autres, c’est pas ses exploits sexuels au lit qui vont me faire dire le mot « aimer » sérieusement ! »
« …t’es vraiment idiot. Va te reposer ou sinon je risque de vraiment te cogner pour ce que tu dis. Allez ! »
Je m’éloigne de la porte alors que Jun disparaît dans l’arrière-salle et m’arrête dans la rue suivante.
Note : Ouhlà, ça tourne au vinaigre et Sho se rend compte de ses sentiments - ou du moins, il met des mots dessus. Mots qui n'obtiennent pas la réaction voulue x) Pauvre Sho, il se retrouve face à un mur et n'a d'autre choix que de s'en éloigner...mais à quel prix ? T.T C'est trop triste entre eux...Mais tant que Jun ne lui en dira pas plus, ça ne pourra pas se résoudre >.< Et Reina est toujours dans les parages...
Mais malgré tout...HAPPY BIRTHDAY JUN ♥
Merci pour la lecture et les com :D mata ne ♥