Titre : Unexpected meeting
Auteur :
biditochePairing : Arashi w/ OC ; Junba (Matsumoto JunxAiba Masaki)
Rating : G
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : Coincé dans le métro en pleine nuit, la veille de Noël, il fait la connaissance de quatre hommes pour qui il va changer le destin - et eux le sien. Ex, amants, nouvel amour,...peut-on parler de miracle de Noël ?
« Ça, c’est juste vous qui le dites ! Les gens ne supportent pas les personnes comme moi, qui laissent libre cours à leurs sentiments. »
« Quand vous dites ‘les gens’… »
Et voilà, on s’engage sur la pente difficile mais je fais bien attention à mes propos et le laisse parler.
« Vous avez déjà aimé une personne qui passe son temps à tout contrôler dans sa vie et qui a tellement peur de vous qu’elle cherche aussi à vous contrôler ? »
Je me mords la lèvre, ne sachant que répondre…parce que dans un sens, je me reconnais dans cette description. Et j’ai l’impression que ses mots ne me sont pas étrangers, qu’ils m’ont déjà été adressés. Non, ce n’est pas qu’une impression…
« Non. Mais je pense que ce doit être difficile. Qu’on se sent emprisonné dans un carcan, qu’on a du mal à savoir quoi faire pour faire plaisir à l’autre et qu’on aimerait retrouver un peu de sa liberté. » Il tourne un visage surpris vers moi. « C’est difficile parce qu’on l’aime mais qu’on ne peut pas tout accepter de lui, vu qu’il n’accepte pas tout de nous en cherchant à nous contrôler. De toute manière, une personne ne peut pas en contrôler une autre, c’est comme ça. »
« Alors que faire ? »
« Je ne sais pas…le lui faire comprendre est bien difficile et n’engage pas forcément à une solution durable. »
« Mais quand on n’est pas sûr qu’il nous aime, c’est encore pire n’est-ce pas ? Quand on n’est qu’un second choix. »
Je fronce les sourcils, ne m’attendant pas à de tels propos. Est-ce qu’il pense réellement n’être que cela aux yeux de Matsumoto ? J’ai pourtant cru comprendre, un peu plus tôt, que ce n’est pas là la façon dont il le perçoit. Est-ce qu’il laisse délibérément croire une chose pareille à Aiba ou est-ce qu’il a simplement du mal à le lui dire ?
« Je sais que ça ne me regarde pas mais…je ne pense pas qu’il vous prenne pour un second choix. »
« Qu’est-ce que vous en savez ? Vous ne le connaissez pas. »
« Peut-être. Mais il a défendu votre place tout à l’heure devant Ninomiya et les yeux ne mentent jamais. Il était sincère. »
« J’aimerai vous croire…mais rien ne me porte à le faire. Au risque de paraître cru…je ne suis qu’un sextoy de passage. »
« Vous en êtes sûr ? »
Il ne s’agit que de quatre mots mais je vois toute l’hésitation qu’ils provoquent en lui. Il baisse les yeux et replie ses jambes contre son torse.
« Est-ce que vous ne vous voyez que pour le sexe ? Est-ce que ça n’a démarré que comme ça ? »
« Non mais… »
« Je ne vous ferai aucun reproche, aucune critique Aiba-san. Et je sais, encore une fois, que je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais vous pouvez m’expliquer tout ça, je ne le dirai à personne. Parlez-moi de cette relation, de son fonctionnement, de la façon dont ça s’est passé…parfois, seul, on n’arrive pas à faire la juste part des choses. Peut-être qu’avec mon regard étranger, neuf et extérieur, vous allez comprendre des choses que vous n’aviez pas vu tout de suite. Je veux juste vous aider. »
« Pourquoi ? »
« Sincèrement…je n’en sais rien. Pour vous éviter cette peine. »
Ou alors tout simplement pour oublier quelques instants la mienne. Il reste muet quelques instants et soudainement, l’expression de son visage change. Il a un petit sourire pensif alors qu’il commence à parler :
« On s’est rencontrés à mon travail. Avec mon équipe, on venait de terminer un nouveau produit qui allait bientôt être mis en vente. Un parfum pour homme. Comme d’habitude, il nous fallait une tête pour faire la promotion de ce produit et ils l’ont choisi lui. Je me souviens que ce jour-là, j’étais parti au service communication pour leur fournir les derniers détails du produit en question et…hum…leur apporter aussi du café mais j’ai trébuché à cause de mes lacets que je n’avais pas fait et je me suis étalé par terre. Tout le café m’est tombé dessus, j’étais trempé et brûlant. Je me souviens encore de la douleur ! Heureusement que ce n’était pas trop chaud…Bref. Il m’a pris la main et il m’a aidé à me relever, puis à me nettoyer dans les toilettes des hommes. Je ne sais pas d’où il les a sortis, mais il m’a donné des vêtements propres et m’a regardé me changer. C’était vraiment…étrange, je me sentais mal à l’aise sous son regard. Si spécial…J’ai cru pendant un instant que je l’intéressais mais après ça, je ne l’ai plus revu pendant des mois…au moins trois ! J’avais même commencé à l’oublier un peu, même si c’était dur. Je ne m’entiche pas aussi facilement que les gens veulent bien le croire mais là…c’était sérieux. On ne s’était même pas encore réellement parlé mais j’avais déjà cette forte inclinaison pour lui…vous savez, quand vous pensez à cette personne et qu’un sourire niais s’affiche sur votre visage, que plus rien ne semble exister. C’était stupide… »
Je souris, me souvenant parfaitement de ma dernière rencontre. Un retard, un ascenseur, un simple regard, un sourire et plus tard, un café. Rien de plus banal mais je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais tellement aimé les petites rides au coin de ses yeux quand il souriait, la forme étrange de sa bouche et son rire, qui résonne encore à mon oreille…depuis quand ne l’ai-je plus fait rire de cette façon ? Depuis quand ai-je arrêté d’essayer d’entendre ce son qui était si spécial à mes yeux ? Il avait une petite timidité qui jurait avec sa joie de vivre et sa sociabilité. Je faisais souvent les premiers pas mais il en faisait beaucoup plus derrière.
« Il est revenu quelques mois plus tard pour une nouvelle publicité. Mes collègues m’ont informé qu’il était là et on est allé épier la salle de réunion pour le voir. Je n’étais pas le seul à craquer un peu pour lui…en plus je devais lui rendre ses vêtements de la dernière fois donc j’avais une bonne excuse ! On a marché à quatre pattes et on s’est caché derrière un bureau pour regarder dans la salle. Quand j’y pense, c’était d’un stupide ! Mais on ne le voyait pas à l’intérieur et c’est là qu’on a entendu un raclement de gorge. Il était assis sur la chaise de bureau juste à côté de nous et on ne l’avait pas vu ! On s’est tous relevés en catastrophe pour paraître présentables à ses yeux et dans la mêlée, je me suis tapé la tête contre le bureau. J’ai eu un gros bleu les jours suivants ! Mais lui il a sourit et il s’est levé pour s’approcher de moi. Il sentait tellement bon…j’en avais la tête qui tournait. J’aimais beaucoup son sourire et il m’a lancé un petit « bonjour Aiba-san » avant de partir vers la salle de réunion. J’ai mis longtemps à m’en remettre mais surtout à me rendre compte qu’il n’avait salué que moi. A la sortie, j’ai voulu lui rendre ses vêtements mais il a simplement dit qu’il repasserait les chercher plus tard. J’étais très content parce que ça voulait dire que j’allais le revoir, forcément ! Et en effet, on s’est revus quelques semaines plus tard. Mais il m’a semblé plus fatigué et moins joyeux. Il ne m’a pas souri, il a juste repris ses affaires, engueulé un autre employé et critiqué le café qu’on venait de lui apporter. J’ai vite compris qu’il était de mauvaise humeur et que quelque chose le chagrinait. Il m’aura fallu des mois pour apprendre qu’en fait, la cause de ce comportement était sa rupture avec Ninomiya. »
Sa lèvre inférieure tremble alors qu’il finit sa phrase sur le nom de l’homme qui se tient à quelques mètres de nous. Je me retourne pour voir ce qu’il en est de ce côté, justement et l’aperçoit en train d’observer Ohno et son dessin par-dessus son épaule. Matsumoto est resté assis dans son coin à lui et n’a toujours pas bougé.
« Mais il est venu s’excuser. On a déjeuné et une chose en entraînant une autre, il m’a invité à sortir. Ça s’est fait si facilement, quand j’y repense…J’ai vraiment de beaux souvenirs. Il était toujours attentif avec moi, un poil autoritaire quand je faisais n’importe quoi. Notre premier baiser, c’était à la plage…il faisait chaud malgré l’heure. On avait décidé d’aller se baigner tard le soir. C’était magique ! »
Le premier baiser…Il m’a eu par surprise à Noël dernier, on sortait ensemble depuis à peine trois semaines. Je l’avais invité à une petite fête entre potes et on s’amusait bien. Je me souviens qu’il s’est approché de moi et m’a appelé. Je me suis à peine retourné qu’il a posé ses lèvres sur les miennes en brandissant au-dessus de nous une branche de gui. J’étais resté un peu surpris mais j’avais adoré son petit sourire malicieux et timide après ça, alors qu’il attendait que j’ai une réaction. Moi, j’ai gardé mon air sérieux, l’ai pris dans mes bras et l’ai embrassé à nouveau. Après cela, il n’y avait pas un jour où le faire ne me manquait pas. Encore aujourd’hui, je rêve de sentir ses douces lèvres frôler les miennes et les appeler…
« Au final, ça a commencé à capoter le jour même où j’ai été d’accord pour emménager avec lui…je ne pensais pas qu’il était aussi comme ça chez lui mais que surtout, j’aurai à être si parfait pour pouvoir rester à ses côtés. Ne pas faire telles choses, ne pas en dire d’autres…j’ai l’impression d’être imparfait à ses yeux, que je ne lui corresponds pas. Je me sens tellement nul et incapable d’être aussi bien que ce qu’il attend de moi. Je ne suis pas quelqu’un pour lui. Peut-être… »
« Peut-être ? » je lui redemande après qu’il se soit tu plus d’une minute.
« Peut-être qu’on devrait rompre » souffle-t-il, gardant la tête baissée vers ses pieds.
Je ne sais pas quoi dire après ça. Ma première idée est que ça semble excessif mais au fond, pas tant que ça. S’il ne se sent pas à l’aise, pourquoi rester ? Pourquoi continuer à supporter une personne qui ne le prend pas pour ce qu’il est mais plutôt qui tente de le changer en ce qu’il voudrait qu’il soit ?
« Pensez-vous vraiment que rompre soit la bonne solution ? »
« Pardon ? »
« Se séparer. Est-ce réellement la solution à tout ? Il y en a peut-être d’autres avant cela, non ? »
« Lesquelles ? J’ai essayé de me conformer à ce qu’il voulait mais je n’y peux rien si j’ai deux pieds gauche, que je suis maladroit, bavard et qu’il m’arrive de dire des stupidités. Je pensais qu’au moins, il m’appréciait pour ma maladresse vu que c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés. Si je l’exaspérais pour ça depuis le début, pourquoi m’adresser la parole ? Pourquoi ne pas simplement m’ignorer, comme il l’a fait avec les autres employés ? »
« Peut-être que ça ne l’exaspère pas vraiment. Il peut y avoir des choses qui nous plaisent chez une personne au début mais qui, à la longue, finissent par nous embêter. Un tic, une manie…Votre maladresse vous a peut-être rendu intéressant mais la vivre au quotidien n’est probablement pas aussi facile. Mais de toute évidence, ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question. Avez-vous déjà essayé d’en parler ? »
« A quoi bon la discussion ? Il finit toujours par avoir le dernier mot. »
‘Monsieur a toujours le dernier mot, tu ne me laisses jamais décider pour nous deux !!! Qu’est-ce qu’il y a avec mes choix ?! Pourquoi ne te plaisent-ils jamais ?! Je fais tout mon possible pour que tu sois heureux avec moi mais tu n’es jamais content !! Qu’est-ce que je peux faire à la fin ??? Qu’est-ce que je peux faire !!!’ Je baisse la tête, me remémorant ces paroles blessantes et pourtant vraies.
« Alors insistez. »
« Eh ? » fait-il en se tournant vers moi.
« Faites-vous entendre. Vous êtes deux dans un couple, vous aussi vous avez droit à la parole et je suis sûr que s’il vous aime vraiment, il finira par céder, par vous la laisser ! Parce que les personnes comme votre ami…je les connais. C’est rassurant d’avoir le contrôle de sa vie et dès que ça nous échappe, on se sent mal à l’aise. »
« C’est qu’il n’a pas confiance en moi alors, s’il ne me laisse pas prendre les rênes de temps en temps. »
« Je ne pense pas que ce ne soit que ça…peut-être qu’il veut simplement tout faire pour que ce soit parfait et que vous ne soyez pas blessé. »
« Mais je m’en fous de la perfection moi !!! »
« Ce n’est pas à moi qu’il faut le dire. »
Il se tait un petit moment avant de soupirer.
« Je ne lui arriverai jamais à la cheville. »
« Ce n’est pas le but d’une relation. »
« Je suis minable à côté de lui. Il a raison, je ne fais qu’apporter les cafés. Personne n’écoute mes idées, on rit de moi. »
« Alors prenez confiance en vous et imposez votre présence et vos idées ! »
« Ce n’est pas si facile…j’en ai marre qu’on se moque. Peut-être que faire le bêta reste le meilleur moyen pour être accepté. »
« C’est donc comme ça que vous voyez votre futur ? A distribuer des cafés à vos supérieurs ? Vous devez valoir mieux que ça et sans vous connaître, je le sais. Votre partenaire aussi, j’en suis certain. »
« Il se moque bien de moi, lui aussi. Il me rabaisse dès qu’il le peut ! »
« Peut-être cherche-t-il simplement à vous faire réagir ? A vous pousser à changer les choses de vous-même ? Vous voyez vous vraiment dans ce rôle pour les quarante années à venir ? »
« …Non. J’aimerai…j’aimerai vraiment créer quelque chose. Qu’on prenne en compte mes idées. Mais on me les vole tout le temps parce que…parce que j’ai trop confiance en les autres. Je leur raconte toujours tout, à mes collègues. Alors ils me les prennent et montent en grade pendant que je continue de servir le café à tout le monde. Et Jun…il m’engueule tout le temps pour ça. Il dit que je n’arriverai jamais à rien si je me laisse marcher sur les pieds, si je ne m’impose pas. Mais moi, on ne m’a jamais appris à être comme ça ! Je ne veux pas faire de mal aux autres…et je ne me sens pas capable de devenir plus important. Lui il a sa place au soleil…moi je suis très bien dans l’ombre. »
« En êtes-vous certain ? »
A nouveau un long silence pendant lequel je sais qu’il réfléchit. Ses yeux s’embuent mais il ne dit rien et renifle bruyamment.
« Je ne suis pas assez bien. Je suis même sûr que je lui fais honte. C’est pour ça qu’il m’engueule tout le temps, je suis nul et lui… »
‘…me donnes toujours la sensation que je ne suis pas assez bien pour toi, que je ne te vaudrai jamais ! Et tu vois ça, ça me tue ! Ce n’est pas parce que tu gagnes le double de mon salaire que tu peux te permettre de me prendre de haut comme ça ! J’ai des sentiments, contrairement à certains ! Et j’en ai assez de passer pour la sous-merde, pour le poids que tu tires derrière toi. Si je ne suis pas assez bien à tes yeux, dis-le-moi franchement et on en restera là.’ Comment aurai-je pu dire une chose pareille ? Il était tout à mes yeux. Et même bien plus que moi ! Plus humain, plus naturel, plus ouvert aux autres…je l’ai toujours admiré mais cette admiration a fait place à la jalousie. Tous mes amis le préféraient à moi et ceux bisexuels ne se cachaient pas pour lui faire du rentre-dedans. Et lui, ça l’amusait trop pour mettre la ola, j’étais toujours obligé de passer pour le méchant petit-ami jaloux et pas ouvert. Est-ce vraiment de ma faute si l’idée qu’on touche mon partenaire me donne des boutons ? Que ça m’horripile ? Que j’ai eu plus d’une fois l’envie de frapper mes propres amis pour avoir fait des blagues aussi salaces et complices à la personne qui partageait ma vie ? J’avais parfois l’impression de plus tenir à lui que lui ne tenait à moi…il se moquait bien que je rentre tard. Il m’est déjà arrivé plus d’une fois d’attendre une heure dehors exprès pour voir s’il allait réagir et s’inquiéter. A cela, il m’a répondu qu’il avait simplement confiance en moi mais je ne peux pas y croire. ‘Tu ne tiens pas plus à moi Sho. Tu es juste possessif. A tes yeux, je ne suis qu’une possession que personne d’autre ne doit toucher. Mais je ne suis pas un objet, je ne t’appartiens pas ! Quoique tu en dises. Je pensais naïvement que tu avais confiance en moi.’ Qui a dit que je n’avais pas confiance en lui ? J’ai toujours su qu’il m’était fidèle. C’est plutôt en les autres que je n’avais pas confiance. Mais au final…
« …il n’a pas confiance en moi. Pourtant ce devrait être à moi de ne pas lui faire confiance, non ? Il est beau, populaire, sa tête est partout sur les écrans dans Tokyo et il pourrait avoir n’importe qui d’un simple claquement de doigts. Moi, si je claque des doigts, je vais juste réussir à me faire mal à la main… »
Je souris tendrement et lui tapote amicalement l’épaule, dans la limite du raisonnable. Est-ce que c’est ce qu’il pensait aussi, à propos de moi ? Je commence à me poser des questions…
« Alors je ne sais plus. Je…Je ne veux plus continuer avec ces doutes. Ça me fait mal. Plus j’essaye de bien faire et plus je fais d’erreurs, plus il se fâche contre moi et plus on s’éloigne l’un de l’autre. Mais en même temps, je l’aime tellement… »
Je crispe ma mâchoire en me rappelant combien ce choix nous avait été difficile à faire et les larmes qui étaient alors apparues dans ses beaux yeux noisette. Moi, je n’ai pas pleuré. Pas encore. Peut-être ne le ferai-je jamais et je sais que ça le met hors de lui que je cache autant mes sentiments. Mais qu’y puis-je…je ne sais pas pleurer. Ça ne me vient pas aussi facilement que lui ! Je sais être attristé, je ne suis pas non plus insensible aux choses mais…pleurer, j’ai cessé de le faire depuis bien longtemps.
« Il y a trois semaines, je lui ai dit que je l’aimais. Ça fait des mois qu’on est ensemble alors j’ai fait le premier pas pour l’encourager. Quand j’ai dit ça, j’étais persuadé que c’était réciproque et à ce moment-là je n’avais pas forcément besoin qu’il me le dise pour le savoir. Mais son ‘merci’ suivi d’un long silence m’a rendu perplexe et m’a fait douter. Peut-être que c’est plus sérieux pour moi que pour lui. Peut-être qu’il ne m’aime pas comme moi je l’aime…et qu’il n’arrive pas à me le dire. Alors au final, vos solutions Sakurai-san…que sont-elles ? Parce que moi je n’en vois pas d’autres. »
« Je n’ai que la discussion en tête mais… »
« Mais ? »
« Il arrive parfois qu’une discussion arrive à la même conclusion qu’une rupture. Mais je ne connais pas votre ami alors je préconiserai le dialogue avant tout. Vous avez besoin de vous faire entendre dans votre vie privée si vous souhaitez l’être dans votre vie professionnelle. Ayez confiance en vous, Aiba-san. Vous possédez sûrement un talent dont vous n’êtes pas encore conscient mais que Matsumoto-san a peut-être repéré chez vous ! Tout le monde en a un… »
Lui c’est…la décoration d’intérieur. Il est extraordinairement doué pour ça et a un goût hors du commun. Je le sais puisqu’en plus de voir ses travaux, c’est lui qui a re-décoré tout mon appartement. Notre…mon…je ne sais plus quoi utiliser pour le désigner.
« Je ne pense pas en avoir un. Je ne suis pas doué à grand-chose. Même dans la distribution de café je suis nul…Alors que Ninomiya, lui, c’est un grand concepteur de jeux vidéo et qu’en plus, il fait des tours de magie ! Et il est intelligent. C’est même lui qui me l’a dit. Alors à côté, moi…qui je suis… »
« Mais rappelez-vous que ce n’est pas avec Ninomiya-san qu’il sort mais bien avec vous. Il ne faut pas se comparer ainsi à un ex, c’est mauvais. Il vous a choisi vous, c’est ça qui est important. »
« Il ne m’a même pas défendu. »
« Mais ça ne veut pas dire que vous êtes plus nul qu’un autre, ça. »
« Vous êtes là, à m’écouter me plaindre sur ma petite vie…je suis désolé. »
« Ça ne fait rien. Je ne suis pas venu vous voir pour autre chose. Parfois, une épaule amie est la bienvenue, même si cette dernière est étrangère. »
« Est-ce que vous croyez que tout n’est pas perdu ? »
« N’abandonnez pas. Parce que croyez-moi ou non, mais vous perdrez plus à le faire qu’à vous accrocher. Réessayez d’une autre façon, c’est tout. Peut-être qu’il y a quelque chose que l’un comme l’autre, vous avez manqué à un moment et qui se fait ressentir aujourd’hui. Ce n’est pas grave, ça se répare. »
Se réparer…quand j’y pense, je n’ai jamais cherché à réparer quoique ce soit, en deux semaines. J’ai vu le bateau couler chaque jour un peu plus mais pas une fois remonter la pente et prendre du recul ne m’est venu à l’esprit. Je nous ai vus nous emmêler dans un sac de nœuds infernal et en sortir éreintés et meurtris. J’ai mis les problèmes en évidence, j’ai fait état des choses cassées mais ni l’un ni l’autre n’avons essayé de réparer. Du moins, s’il a tenté de le faire je ne m’en suis pas rendu compte. Est-ce ça ce que moi, j’ai manqué ? Je n’aurai peut-être pas dû partir aussi vite…j’aurai dû réfléchir…
« Je vous remercie. Vous avez peut-être raison…je…je vais essayer de m’accrocher une dernière fois. Après tout, je ne l’aimerai pas si je ne le faisais pas ! »
Cette phrase me va droit en plein cœur et me le transperce, l’achevant pour de bon. Est-ce que ça veut dire qu’on ne s’aimait pas assez ? Que je ne l’aimais pas comme il le fallait ? Je détourne le regard alors qu’il renifle à nouveau. Je n’arrive pas à effacer cette peine dans ma poitrine et maintenant que j’ai parlé avec Aiba, elle est dix fois plus importante. J’ai l’impression d’avoir détruit un pan de ma vie, ou plutôt de l’avoir regardé s’effondrer sans rien faire. J’ai donné des conseils à cet homme que je n’ai moi-même pas suivi. Que puis-je attendre des autres si je ne donne pas l’exemple de mon côté ? Je me sens tellement nul et triste…je ne vais probablement pas pleurer mais si je le pouvais…je le ferai, à cet instant. Sauf que je n’ai plus versé une seule larme depuis le jour de l’accident. Après le décès de mon père, j’ai juré d’être plus fort - étant l’homme de la famille à présent - et de ne plus verser une seule larme. Et depuis, je suis bloqué. Beaucoup m’ont quitté pour ce qu’ils disent être de l’insensibilité mais ils ne comprennent pas que c’est un phénomène que je ne contrôle pas. Je me suis tellement empêché de pleurer pendant toutes ces années qu’aujourd’hui, mes yeux sont aussi secs que le désert. Et même quand je me force, je n’y arrive pas. J’ai beau regarder un film très triste, découper des oignons devant mon visage ou regarder trop longtemps le soleil, rien n’y fait. Je ne verse pas une seule larme. Ce serait pourtant si agréable de le faire…
Note : Et voilà la suite ! J'espère que ça vous plaira et comme d'habitude, n'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé ^.^ Je l'ai posté en écoutant le nouvel album d'Arashi ! *détail inutile* A bientôt !