Titre : My naughty librarian
Auteur :
biditochePairing : Sakumoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : "Je suis Sakurai Sho, 24 ans, étudiant en master de Sciences Economiques et Gestion. Je suis délégué de classe, président du Conseil des Elèves et j’ai le meilleur bulletin scolaire de la promotion. Je suis en couple avec la fille la plus jolie et intelligente que j’ai eu l’occasion de rencontrer jusqu’à présent. Ma vie se résume donc à une petite-amie, des parents exigeants, du boulot, du boulot et du boulot ! Mais il suffit parfois d'un rien pour nous faire dévier du droit chemin..."
Chapitre 11 :
Il descend de son perchoir et revient se coucher contre moi, m’empêchant de voir son visage et je lie mes doigts aux siens. Je lui ai dit que je ne jugerai pas mais, en serai-je capable ?
« Je ne sais pas par où commencer… »
« Le début ? » fais-je en plaisantant, tentant de le détendre un peu.
« Mmmh…Dis-moi, elle est comment ta mère ? »
Eh ? N’est-on pas sensé parler de lui ?
« Euh…Strict. Sévère et à cheval sur les traditions et les règles. Elle était peu présente à un certain moment de ma vie et elle n’est pas trop du genre à exprimer ses sentiments. Comme je suis l’aîné, elle m’a toujours serré un peu plus la vis pour que je sois un bon exemple. Un modèle, en somme. Je porte le nom de la famille après tout ! Enfin bref, elle m’aime à sa manière… »
« A sa manière…et toi tu l’aimes ? »
« Bien sûr, c’est ma mère. Je lui voue respect et amour, même si je lui en veux un peu pour certaines choses qu’elle a pu dire ou faire. »
« Comme quoi ? »
« Oh, des trucs assez simples…une fois elle m’a coursé dans la rue en me jetant ses sandales en bois dessus. J’te raconte pas comme ça fait mal ces saloperies ! Mais bon, je l’avais mérité. Et toi, ta mère ? Tes parents ? »
« Je n’ai pas de papa. Enfin, je ne le connais pas et je n’en ai même pas envie. Ma mère m’a eu assez jeune et ça a toujours été entre elle et moi. Je l’aime tellement ! Et à l’époque je l’aimais encore plus. Nous étions tout l’un pour l’autre, j’veux dire…sans elle je ne m’en serai pas sorti, mais c’est pareil pour elle. Je l’aidais beaucoup. On ne peut pas dire que j’ai été un mauvais garçon, je faisais tout pour lui faire…plaisir. »
« Pourquoi tu as hésité ? »
« Eh bien…Tu vois, on était pauvres. Vraiment pauvres, tellement que je mettais toujours les mêmes habits. Je n’avais que de beaux habits pour les grandes occasions ou le…travail. C’était difficile à l’école…les enfants étaient conditionnés par leurs parents qui trouvaient qu’une mère célibataire aussi jeune, c’était inacceptable. Je n’étais pas vraiment apprécié mais je m’en foutais un peu. Ma mère était ma plus proche amie et ça me suffisait. Je n’avais que les bouts de bois de la rue pour jouer et notre appartement ressemblait à une cage à poule mais j’adorais chaque soir me coucher avec elle, serrés l’un contre l’autre sur son vieux matelas. »
« Tu as l’air d’avoir de bons souvenirs… »
« J’en ai. Et j’ai eu de très bons moments avec elle dans ma vie, sauf que…eh bien…à 5 ans, elle a pris une autre tournure. »
Il se tait et j’attends une à deux bonnes minutes, me demandant s’il va reprendre la parole ou si je dois l’encourager à le faire. Mais en même temps, j’ai peur de le brusquer. Que faire ? Attendre ? Oser ?
« Pas sympathique, j’imagine… ? »
« Pas très, non. Enfin, à cette époque je ne le savais pas. Pour moi c’était normal… »
« Normal ? »
« Comme je te l’ai dit, on était vraiment pauvres et seule ma mère pouvait subvenir à nos besoins. Alors comme elle travaillait beaucoup et enchainait plusieurs travails, je tentais d’être le petit garçon sage et obéissant qui ne pose aucun problème. Je ne lui refusais rien, parce que quand elle rentrait le matin très tard, elle était si exténuée que je m’en voulais de lui imposer tout ça. Sans moi, elle aurait continué des études peut-être, ou trouvé un mari convenable. Je me sentais responsable de son malheur, et c’est encore le cas aujourd’hui. Je n’ai fait que lui pourrir la vie… »
« Continue » fais-je, essayant de ne pas le contredire malgré le fait que ça m’en brûle la langue.
« J’avais cinq ans quand elle m’a demandé d’être plus responsable, et de venir l’aider à son travail. Je n’avais aucune idée de ce que c’était mais pour toutes ces raisons dont je t’ai parlé, j’ai accepté sans broncher. J’étais même heureux ! J’allais aider ma maman à nous faire vivre. En tant que seul homme de la maison, j’en étais plutôt fier, tu vois le truc ? »
« Oui, je vois ! »
« Sauf que ce qu’elle m’a demandé, ce n’était…pas…pour les garçons de mon âge. Enfin je vais te la faire courte, j’ai… »
« Non. »
Dis-je en me relevant un peu pour mieux le voir et je lui saisis la main avec fermeté.
« Je ne veux pas que tu m’épargnes. Je te l’ai dit, je ne jugerai pas. Alors tu peux tout me raconter en entier, je veux tout savoir. »
« Tu es sûr et certain ? »
« Totalement. »
Je me recouche sur le dos alors que ses doigts jouent avec les miens.
« Donc, quand j'avais cinq ans ma mère est venue vers moi et m'a demandé de l'aider dans son travail. J'ai dit tout de suite oui et, le soir même, nous sommes descendus dans le bar en bas de notre immeuble. Je n'y étais jamais allé avant, j'en avais l'interdiction. Tu vois, c'était presque comme un privilège à ce moment-là. Je me disais qu'elle me trouvait assez mature pour l'accompagner. Quel idiot j'ai été de penser comme ça. Nous sommes allés dans une pièce, au fond du bar, avec des murs rouges et des canapés noirs. Je me souviens que le sol était pourvu d'une moquette et que c'était agréable de marcher dessus. Quand nous y sommes arrivés, il y avait 3 hommes qui nous attendaient. Ma mère m'a fait m'asseoir au bord du canapé, à côté d'un des inconnus et elle s'est un peu déshabillé, avant de commencer à danser. Je trouvais ça bien au début, je la trouvais belle. Elle était agile, souple et gracile. Je la vénérais. Mais elle m'a oublié, dansant pour ces hommes qui se permettaient de la toucher trop intimement. Tu sais, pour moi à ce moment-là j'étais le seul à avoir le droit de toucher la peau du ventre de ma mère. Peut-être un peu stupide, comme idée...enfin bref. J'ai fermé les yeux pour ne plus la voir faire ces choses que je ne comprenais pas. J'étais un peu effrayé, et ça n'a fait qu'empirer quand la main de l'homme à côté de moi s'est posée sur ma cuisse. J'étais en simple short, c'était l'été. Sa main était moite et brûlante, c'était très désagréable. J'ai voulu le repousser, mais un regard de ma mère m'en a empêché. Elle a froncé les sourcils et fait cette tête qui voulait dire "fais-le, ou tu seras punis". Je n'aimais pas être puni mais, surtout, je n'aimais pas la décevoir. Alors j'ai laissé l'homme faire...
Quand...je suis rentré chez moi quelques heures plus tard, j'ai vomi le peu que j'avais dans l'estomac. Je m'en souviens encore tellement ma gorge me brûlait. Ma mère a pris soin de moi, m'a fait du thé et m'a couché, dorloté jusqu'à ce que je m'endorme dans ses bras, un peu plus confiant. Tous les deux soirs, j'y retournais avec elle. Et tous les deux soirs, elle me disait que j'étais un grand garçon, que je l'aidais beaucoup et que c'était bien de faire plaisir aux autres. Je la sentais si fière de moi que je n'ai même pas cherché à savoir si ce que je faisais à ces hommes était correct ou légal. »
C'est dur pour moi de ne pas le juger. De ne pas LA juger. Il n'a pas besoin de donner les détails intimes de ce qu'il faisait petit garçon, je les comprends tout seul. Et c'est horrible de demander à son fils de 5 ans de donner ce genre de plaisir à des autres hommes, juste pour de l'argent. Comment pouvait-on penser à prostituer son enfant ? Mais je ne dis rien, je ne m'énerve pas alors que mon sang bouillonne dans mes veines tellement j'ai envie de reprocher à cette femme tous les malheurs de la Terre. Je ne connais pas ses raisons et, franchement, elles m'intriguent, mais je ne lui pardonnerai jamais d'avoir fait de Jun un enfant innocent à la merci de pervers immondes.
« Tu dois trouver ça dégoûtant. Après tout, petit, je leur faisais ce que je t’ai fait à toi aussi…Mais sans vraiment le savoir. Je n’ai jamais lu aucun livre ni texte à ce sujet à l’époque alors, forcément, je ne me rendais pas compte ! »
« Mais, est-ce que c’est allé…plus loin ? »
J’ai franchement peur d’entendre la réponse. Je ne peux pas prédire ma réaction non plus quand je l’apprendrai. J’essaye juste de rester calme et de tenir ma promesse.
« Ma mère m’a offert la perte de mes virginités à 7 ans. »
Ok. Moi à cet âge-là, je jouais encore avec des voitures en bois ou je prenais des leçons de piano !!! Et puis comment… ?
« Attends, tu veux dire que tu as… ? »
« Couché avec ma mère, oui. Enfin, étant donné mon âge, on ne peut pas trop dire ça…tout ne fonctionnait pas encore comme il faut chez moi. »
C’est dégueulasse !!! Est-ce qu’il en a conscience au moins ???
« ‘Tes virginités’ ? »
« Ouai…Tout s’est passé le même jour. Mais…c’était pas horrible, quoi que tu puisses en penser. L’homme qui m’a…enfin…avec qui je l’ai fait, a été doux avec moi. Ma mère l’a bien choisi. Il devait avoir une quarantaine d’années, plutôt bien conservé. Ce n’était pas une brute et il savait que pour ne pas m’effrayer, il devait faire attention. Après ça il m’a appris tout ce qu’il y avait à savoir sur le sexe et…c’est là que l’Enfer a réellement commencé. Je ne vois pas l’intérêt de te raconter la suite, elle est simple. Toujours pareille. J’allais dans cette salle, je dansais et, assez souvent, je couchais avec les clients. Ça rapportait plus, bien sûr, et j’étais content de pouvoir offrir un bouquet de fleurs à ma mère le jour de son anniversaire, ou un livre. Ou quelque chose que j’aurai acheté avec mon propre argent durement gagné. Je ne dépensais rien au hasard et, de toute façon, elle contrôlait bien mes dépenses. Au bout de 2-3 ans, on a commencé à remonter la pente. Bien sûr ce n’était pas le luxe, mais au moins on pouvait s’acheter un vrai matelas et à manger pour tous les jours, jusqu’à être vraiment rassasié. J’ai pu avoir de nouveaux cahiers et affaires pour l’école, des nouveaux vêtements qui m’allaient. Des nouvelles chaussures qui ne me faisaient pas mal aux pieds et ne prenaient pas l’eau quand il pleuvait. Bref, je comprenais mieux pourquoi elle m’avait demandé de l’aider et j’étais fier que mon travail puisse nous aider à vivre mieux. »
« Mais alors, comment est-ce que ça a pris fin ? Il y a bien eu un moment où… »
« J’avoue que j’ai commencé à me poser des questions une fois adolescent. Les choses ont commencées à me paraître bizarres, je n’étais plus sûr que ce que je faisais était bien pour moi. Les doutes se sont confirmés quand j’ai commencé à avoir de vrais amis à l’école. Quand j’ai commencé à m’intégrer dans un groupe d’élèves de mon âge. C’était bizarre, mes seules fréquentations avaient toujours été les hommes murs à l’âge avancé, les pervers et les femmes un peu dérangées. Et ma mère. Mais j’étais content de me faire des amis. Un jour je les ai rejoints, ils étaient en train de discuter. De relations sexuelles, de première fois et de petits copains/copines. Ça c’était un sujet que je connaissais bien alors je me suis dit que je pourrais pleinement participer à la conversation. Après tout, moi, je l’avais fait énormément de fois ! Et je pensais que tout le monde était dans mon cas, ou presque. Que je n’étais pas le seul. Mais quand la moitié a dit qu’ils étaient encore puceau et l’autre s’est vanté d’avoir déjà couché avec au moins deux nanas, je me suis senti horriblement mal. Et étranger. Anormal. Je leur ai menti, j’ai dit que j’étais puceau aussi. Ahah valait mieux être ça qu’un ado qui se fait passer dessus tous les deux soirs ! Enfin bref, quand je suis rentré, j’ai demandé à ma mère pourquoi j’étais peut-être le seul dans mon école à avoir fait tout ça. Et elle m’a répondu… ‘Toi tu es spécial, Jun. Ils ne peuvent pas comprendre.’ »
« Spécial ? »
« Ouai, je n’ai toujours pas saisi le sens de cette phrase. Elle voulait probablement me rassurer… »
« Tu n’as jamais cherché à en parler à quelqu’un ? »
« Non. La fierté a fait rapidement place à la honte alors que je comprenais que ce n’était pas vraiment normal que, à 7 ans, j’avais vécu des choses que les autres à 15 ans n’avaient pas encore expérimentées. Parler au psychologue du lycée ? Jamais. C’était trop embarrassant mais, plus que tout, je ne voulais pas qu’il arrive des ennuis à ma mère. »
« Et ensuite ? »
« Je suis tombé malade. Tu sais, la maladie que je t’ai racontée. Quelques mois après ça, je suis allé à l’hôpital. Là-bas, on m’a posé tout plein de questions pour savoir ce qui avait pu me rendre aussi faible. Je n’osais pas répondre, alors ils ont fini par aller inspecter notre appartement. Ils ont appelé ma mère à l’hôpital et, devant moi, elle a menti sur ce que nous faisions dans cette pièce. Elle a menti et, dans ses yeux, il y avait comme une lueur étrange. Ça ressemblait à de la folie. J’ai eu de plus en plus peur et ses mensonges m’ont juste confirmés que tout ça, ce n’était pas bien. Je ne voulais pas être un menteur moi…les docteurs ont insisté, ils ont vu que je n’étais pas bien, que je cachais quelque chose. Mais je n’osais rien dire parce que sinon maman allait avoir des problèmes - encore à cause de moi. Toujours à cause de moi. Et puis, un jour, j’ai tout déballé. J’ai tout dit, tout raconté du début à la fin. Tout ce que j’avais fait, tout ce qu’elle m’avait demandé de faire. Ils ont appelé les autorités sans que je ne le sache. Je me souviens bien de ce jour…ma mère était revenue avec mes gâteaux préférés. Elle me répétait chaque jour que j’allais vite guérir, qu’elle avait besoin de moi au travail. Que sans moi elle n’était plus rien. Je la croyais. Et puis, ce jour-là, ces hommes sont arrivés alors qu’elle posait les gâteaux sur ma table de chevet. Ils ont dit qu’ils l’arrêtaient pour prostitution de mineur, un truc comme ça. Enfin, tout ce que j’ai vu, c’était les menottes autour de ses poignets et elle qui les insultait. Elle était folle furieuse, elle criait, hurlait, essayait de mordre. Puis elle s’est tournée vers moi et m’a dit que c’était de ma faute, parce que je l’avais trahi.
Et quand j’ai voulu ouvrir la bouche pour m’excuser, pour lui dire que je m’en voulais, que je n’avais jamais pensé que ça se passerait comme ça…je n’ai rien pu faire. Je n’ai plus pu bouger. Je suis resté immobile, sur mon lit, à entendre les cris de ma mère s’éloigner. Peut-être était-ce le choc, je ne le saurai jamais. Maintenant elle est en prison…on a été deux à être emprisonnés ce jour-là ! Elle dans une cage, moi dans mon propre corps. »
« Tu l’as revu, depuis ? »
Jun soupire et ferme les yeux.
« Non. Je ne suis jamais allé la voir. J’ai…jamais vraiment eu le temps, ni le courage. Après mon hospitalisation, on m’a placé en famille d’accueil. Je voulais oublier tout ça, je n’avais plus à faire la prostituée alors je me suis concentré sur mes études. Je voulais quelque chose de calme, de simple, et lire me permettait de chasser ces pensées et ces souvenirs malsains de ma tête. Puis…je l’ai rencontré… »
« Qui ?
« Yuichi. Il était si beau, si gentil, si attentionné…Il me faisait rire tout le temps. Il m’apprenait des trucs, il m’a fait découvrir l’amour. Mais un autre amour que celui de ma mère. J’étais naïf et fragile à ce moment-là, un peu déstabilisé aussi. Nouvelle situation, nouvelle famille, nouveaux sentiments…On est sortis ensemble un mois après notre première rencontre et je lui faisais tellement confiance que je lui ai raconté tout ce que je t’ai dit aujourd’hui. Il m’a écouté, il m’a consolé et il m’a dit que les choses s’arrangeraient pour moi. Je le croyais. Nous avons rapidement couché ensemble et, crois-le ou non, je n’étais pas le seme. Mais j’adorais faire l’amour avec lui, je trouvais ça cool. C’était différent d’avec les vieux hommes ou ceux pour qui je n’avais aucun sentiment particulier.
Un jour, il m’a proposé…un plan à trois. J’ai dit non, je trouvais ça trop bizarre. Même en me prostituant, je n’avais jamais fait ça. C’était mon copain, je ne voyais pas pourquoi je devrais le partager ! Il n’a pas insisté. Mais par contre il est devenu un peu plus sec et méchant, plus bestial au lit. Il a commencé à me faire mal. Ensuite il m’a reproposé le plan à trois et j’ai dit oui, pour lui faire plaisir. J’ai détesté. Surtout parce qu’il s’est très peu occupé de moi au final, se contentant de me baiser comme bon lui semblait - son pote aussi. Et les voir s’embrasser me fendait le cœur. Tu le sais bien, à 17 ans on est fragile…Bref, après le trio est venue la partouze et là j’ai dit « hors de question ». À ça il m’a répondu qu’en tant que traînée, il ne voyait pas où était le problème pour moi. Je crois que…ce jour-là, j’ai ressenti autant de peine que lorsque ma mère s’est fait arrêter sous mes yeux. »
« Il n’avait pas à te dire ça ! C’est grossier et faux… »
« Il m’a dit tout plein de choses dans ce style, que tant qu’à faire la pute, autant que j’y aille jusqu’au bout. Moi j’ai dit que je l’aimais, et il m’a ri au nez. Je l’aimais vraiment, j’aurai passé des heures à l’embrasser si ça n’avait tenu qu’à moi. J’adorais embrasser, avant. Je trouvais ça beau et intime, quelque chose de personnel et d’agréable. Quelque chose qu’on ne fait qu’avec la personne qu’on aime, tu vois. »
Je comprends mieux pourquoi il m’a toujours repoussé…
« Sauf que lui il se moquait ouvertement de moi et il m’a forcé à l’embrasser. Je suis petit à petit descendu de mon petit nuage pour apprendre que, dans mon dos, il me faisait passer pour un coup facile, une prostituée quoi. Sauf que je n’ai jamais été payé bien sûr, ahah ! Quand je suis allé lui reprocher tout ça, il m’a dit que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Et il n’avait pas tort… »
« Ne dis pas ça ! »
« Si. J’étais trop bête pour comprendre ce que je faisais. J’ai laissé ma mère faire de moi ce qu’elle voulait, un genre de poupée grandeur nature. Et j’étais trop aveugle pour voir qu’on abusait encore de moi alors que j’étais censé avoir appris la leçon la première fois !!! Bien sûr on a rompu, enfin je ne pense pas qu’on ait jamais été en couple pour lui au final, et j’ai commencé à voir un psy. Au début je m’y refusais mais là, j’étais tellement déprimé que j’avais besoin de parler à quelqu’un. Quelqu’un de neutre, qui ne pourrait pas abuser de moi comme tout le monde le faisait.
Ma psy m’a aidé à passer par-dessus tout ça, et Taro aussi. Je l’ai connu l’année de mes 18 ans, à la sortie du lycée. Il était cool, mature, hétéro et sympa. Un vrai ami. Il m’a fait comprendre que j’étais bien plus beau que l’image qu’on donnait de moi depuis des années et que je méritais mieux. Je pense…que je me suis un peu écarté de ce chemin depuis. Maintenant que tu es là et que je te parle, j’ai conscience que depuis, je n’ai fait que reproduire le même schéma sans arrêt : pas de baisers, que du sexe. Utiliser quelqu’un pour son propre plaisir, puis le jeter. Ne pas se soucier de ce qu’il ressent, car il ne pourra jamais se sentir comme moi je me suis senti. Pourtant, de manière contradictoire, je cherchais encore LA bonne personne parmi tous ces mecs que j’ai continué à me faire - mais du côté seme cette fois. Plus question de me faire prendre, c’est moi qui tient les rênes maintenant ! Mais aucun n’était le bon…ils étaient juste tous accros à mon corps, et rien d’autre. »
« Tu me penses comme eux, finalement ? Après tout, tout n’a été qu’attirance sexuelle entre nous au départ… »
« T’avais l’air spécial. Tu passais ton temps à me regarder sans arrêt, je me suis senti flatté. C’est vrai, ce n’était pas très spirituel entre nous au début et j’ai fait exprès de te séduire. Je voulais jouer…j’en avais marre de chercher encore et encore et de ne tomber que sur des dingues. Mais toi…j’ai compris que c’était différent le jour où je t’ai entendu parler à ta copine. Je me suis senti jaloux et je me suis dit que je ne devais pas te laisser partir. Tu m’as prouvé plus d’une fois que tu étais bien plus spécial que je ne le serai jamais. Tu ne m’as jamais forcé à t’embrasser - tu aurais pu pourtant. Tu as trompé ta petite amie pour moi, tu venais me voir tous les jours, tu t’es laissé…dépuceler par moi, presque sans hésitation. Alors que tu es hétéro. T’as carrément abandonné toutes tes convictions pour être avec moi et, quand tu m’as dit que tu m’aimais…j’ai eu peur. Quand je te regardais et que tu avais ce regard désireux et complètement perdu, je me suis vu il y a 4 ans. Tu étais comme moi, obsédé par la personne qui te rendait si bizarre, qui te donnait des sentiments nouveaux et d’autres sensations que tu ne connaissais pas. Tu ressemblais au moi qui s’était abandonné à Yuichi et qui en avait souffert à cause d’un connard. Je suis ce connard. Tu m’as juste rappelé moi, à ce moment-là, en train de dire à Yuichi que je l’aimais alors que lui il me riait au nez. Je ne savais pas quoi dire, pas quoi répondre…alors j’ai fait comme si je n’avais pas entendu. Mais je te jure que je me suis senti mal d’avoir fait ça !!!! »
« On n’aurait pas dit… »
« Je te le jure. C’est facile de sourire tu sais…moins facile de dire la vérité. Je pense que…tu as bien fait de ne plus t’approcher de moi après ça. Mais j’étais mal, je me sentais à nouveau responsable de mon propre malheur. Je foirais tout depuis ma naissance, c’était bien clair ! Et…quand j’ai compris que tu avais couché avec Reina…et que tu as dit que tu ne regrettais absolument rien de notre histoire…j’ai…je…je ne sais pas quoi faire…J’ai peur que ce soit toi, demain, qui me laisse tomber ou qui te serves de moi parce que je ne suis qu’une traînée qui passe son temps à sucer des queues et… »
« Tais-toi. Ça suffit maintenant. J’en ai assez entendu pour aujourd’hui. »
Dis-je avec fermeté. C’est vrai, j’en ai tellement à avaler…mais bon, je l’ai voulu, tout ça. Et encore une fois, je ne regrette rien. J’aurai même envie d’en savoir plus sur les sentiments de Jun à mon égard mais tout tourbillonne dans ma tête, j’ai trop d’informations à ranger !
« Mais… »
« Je ne suis pas ton ex. Ok c’est vrai, j’ai trompé Reina mais…ce n’est pas mon genre pour autant de le faire. Je me sens coupable. Et si j’avais eu de meilleurs signes de ta part, je l’aurai quittée depuis longtemps. »
« Vraiment ??? »
Il me regarde avec de grands yeux étonnés et je ne peux m’empêcher de pouffer.
« Ouai. J’étais raide dingue de toi. C’était la première fois que je stalkais quelqu’un de la sorte…c’en est presque honteux ! »
« C’était mignon… »
Le voir sourire me soulage et j’embrasse son front.
« Pour ta déclaration… »
« Laisse-tomber pour l’instant. Tu m’as déjà raconté tout ce que je voulais savoir, c’est déjà bien. Je peux attendre. »
« Mais, et Reina ? »
Je reste silencieux un petit moment avant de soupirer.
« Je vais me laisser quelques jours pour faire le point, je suppose… »
« Tu ne la quitteras pas si je ne fais rien…pas vrai ? »
« J’avoue que… »
Je ne finis pas ma phrase, n’osant pas lui dire que c’est fort probable que je sois lâche à ce point. Je trouve ça même honteux mais je n’y peux rien…Je ne me vois pas essuyer un refus et rester tout seul dans mon coin après. Matsumoto se tait aussi, ses doigts effleurant toujours de façon régulière la peau de mon torse.
« Merci, pour tout ce que tu as fait aujourd’hui. C’était très courageux de ta part de m’en parler, jamais je ne te trahirai à ce sujet. »
« Et toi, merci d’avoir écouté et de ne pas avoir jugé. Tu sais, je me sens toujours responsable pour ma mère…si elle ne m’avait pas eu, tout ceci ne serait pas arrivé et elle ne serait pas en prison. »
« Moi je suis content qu’elle t’ait eu…sinon on ne serait pas là. »
Je rougis légèrement et il a un petit rire.
« Charmeur~ …Sho, prends-moi dans tes bras. Et ne t’en vas pas. »
« Je n’en ai pas l’intention » fais-je en me tournant sur le côté, l’enlaçant étroitement alors qu’il pose son front dans le creux de mon cou.
Nous restons ainsi un long moment, et je l’écoute respirer jusqu’à ce que ce bruit doux et régulier me pousse à fermer les yeux, et à m’endormir.
Note : Alors alors ?Vous vous y attendiez ou pas ? Vous en pensez quoi ? Dites-moi tout ! J'espère que ça vous a "plu". Merci ♥