Titre : The Jouvence's gift
Auteur :
biditochePairing : SakuMoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : Sho, depuis 14 ans, voue un amour à son cadet sans avoir osé le lui avouer une seule fois. Lors de sa confession, il se fait éconduire et fait le vœu de redevenir jeune pour réparer ses erreurs. C'est la nymphe Jouvence qui apparaît alors à lui, accédant à son souhait le plus cher...
Partie 1
Sho’s POV
Aiba me retire mon bentô des mains avec un regard avertisseur. Ok. C’est le deuxième en trente minutes mais quoi ? J’ai faim moi…J’essaye de le lui reprendre mais ses yeux se plissent alors qu’il me fait un signe de tête. Mon regard suit la direction qu’il indique et je détourne aussitôt les yeux en la voyant. Je fais un ‘non’ de la tête et il fronce les sourcils.
« Allez » murmure-t-il vraiment bas pour que je sois le seul à entendre.
« Pas maintenant » je réponds de la même manière.
« Arrête de t’empiffrer et vas-y ! »
« Mais… »
« Tu ne trouves pas que ça a assez duré ? Vas-y une bonne fois pour toute avant qu’on ne te devance. »
Il n’a pas tort. Quelqu’un d’autre pourrait aller plus vite que moi. En fait, des tas de personnes sont allées plus vite que moi ! Il y a eu Toma et ensuite Eita…plus récemment, il y a eu l’épicier de la rue d’en face. Et je sais de source sûre qu’un des membres de NewS est en train de me faire concurrence.
« Attends » Aiba s’approche de moi et époussette ma veste, avant retirer ma cravate et d’ouvrir quelques boutons de ma chemise. Il fait quoi là ??? « C’est mieux comme ça. Ça fait plus…détendu, sûr de lui et sexy. Franchement, tu pourrais faire plus attention quand tu manges. »
« Je suis nerveux, normalement je ne fais pas autant de dégâts ! Et arrête de rouspéter, tu n’es pas ma mère… »
« Encore heureux ! » pouffe mon cadet tout en passant sa main dans mes cheveux.
Je l’éloigne en grognant à l’instant même où Nino passe à côté de nous.
« Bah alors les amoureux ? On se refait une petite beauté ? »
« La ferme » je grommelle et baisse la tête sur mes pieds alors que la cause de tout ce raffut relève la tête de son script pour regarder ce qui se passe.
Jun. Je l’observe du coin de l’œil se désintéresser de nous pour se replonger dans son travail et ses belles lèvres pulpeuses bougent en silence alors qu’il semble apprendre ses paroles. Son bras reposé sur l’accoudoir, sa main soutient sa tête légèrement penchée sur le côté alors que son auriculaire frôle sa lèvre inférieure. Je me pince les lèvres alors que je regarde son air concentré et ses pupilles qui bougent à toute vitesse. Ses grandes jambes sont croisées devant lui et il les défait pour les recroiser à nouveau tout en passant une main dans ses cheveux chocolat. Qu’est-ce que ça lui va bien…
« Eh, arrête de mater » me fait Aiba tout en me frappant le dos de la main.
« Itai ! »
« Vas-y. »
« Je peux pas. Ça va être un désastre ! »
« Enlève-moi ce balai que tu as dans le cul et vas-y !! »
Il me tire par le bras pour me forcer à me relever et me pousse en avant. Jun relève les yeux de son script pour me fixer alors que j’essaye de prendre un air assuré.
« Est-ce que je pourrai te parler ? »
« Mmmh, vas-y. »
« Non, ano…en privé. Si ça ne te dérange pas. »
Il arque un sourcil surpris mais délie ses jambes pour se relever. J’inspire profondément alors qu’il passe devant moi et je peux sentir son odeur si enivrante qui me fait un peu tourner la tête. Je croise mes mains moites dans mon dos pour ne pas les tordre dans tous les sens et faire voir mon anxiété. Je jette un coup d’œil inquiet vers Aiba qui me fait un pouce de victoire. Peut-être un peu trop tôt pour se décider…
Nous sortons de la loge pour entrer dans une pièce totalement vide et je referme la porte derrière moi après avoir repris une grande inspiration. Je ne sais même pas si je serai capable de le lui dire…
« Qu’est-ce qu’il y a Sho-kun ? »
Je m’approche à une lenteur affolante, le cœur qui bat à cent à l’heure et plus incertain que lorsque nous avons quitté notre loge. J’ai l’impression de faire une énorme bourde qui nous coûtera beaucoup. Si tout venait à capoter…l’ambiance dans Arashi va devenir insupportable. Du moins pour moi. Je ne sais pas si j’arriverai à lui faire face…
Cependant, cela fait des années que je reste en retrait, que je le regarde sortir avec des mecs qui ne sont pas moi. Que je me dis que c’est juste moi qui déconne un peu et qu’il n’y a pas de raison que ce soit sérieux. Mais peut-on dire que c’est juste une plaisanterie quand ça fait presque 14 ans, maintenant ? 14 ans…Je me souviens encore du temps où il ne cessait de me coller, ce grand sourire sur les lèvres dès que je le regardais et cette énergie qui lui était si spécifique. Il était un rayon de soleil bien avant Aiba mais les choses avaient changées…Bien sûr, il lui arrivait encore de sourire comme ça mais c’était la plupart du temps pendant les émissions ou quand on filmait quelque chose à cinq. Ou pour les dramas. Mais peu en privé…
« C’est assez…compliqué à dire » je commence tout en tentant de prendre un peu plus d’assurance. J’ai 32 ans merde ! Je dois pouvoir faire ça sans trop me ramasser et passer pour un débutant…
« Dans ce cas, tu pourrais te dépêcher ? On enregistre dans quelques minutes et j’ai e… »
« Je t’aime. »
Si longtemps que c’est resté enfouit en moi et aujourd’hui, ça sort sans que je ne l’ai commandé. En voyant ses yeux s’écarquiller, je détourner le regard et continue.
« Ça fait des années que je te regarde de loin et…ça commence à faire assez, tu vois ? Je crois savoir que Kato-kun a des vues sur toi alors…cette fois je prends les devants. Voilà. Je n’attends pas une réponse immédiate mais…si tu pouvais y réfléchir ? »
Mon pauvre, ce que tu dis est pourri ! J’avais pourtant réfléchi à de meilleurs arguments…mais je ne les retrouve plus. Quelle poisse ! Je me mords la lèvre et ose enfin le regarder. Son regard est ambigu et je n’arrive pas à le déchiffrer. J’entends alors des petites vibrations et il sort son portable de sa poche, qu’il décroche sans avoir même regardé l’émetteur. Ok…
« Moshi mosh’ ? Hum…Hai…Hum…J’arrive. » Il raccroche et se racle la gorge. « Un truc urgent. On en reparle plus tard ? »
On en reparle plus tard ? J’hoche de la tête en ayant très bien compris que ce plus tard n’arrivera jamais. Je viens de me prendre le plus gros vent de toute ma vie alors que derrière moi, la porte se referme. Elle se rouvre quelques minutes plus tard et je n’ai pas bougé de ma place.
« Sho-chan ? »
Oh non, pas lui…pas maintenant. J’aimerai rester seul. C’est déjà bien assez dur comme ça et je sais que si je le vois, je vais avoir envie de pleurer.
« Comment ça s’est passé ? »
J’inspire un grand coup et me retourne vers lui avec un faux sourire figé. « On en parlera plus tard, l’enregistrement va commencer. Allons-y ! »
Je le tire à ma suite sans pour autant lui accorder le moindre regard. Faire preuve de professionnalisme alors qu’on vient de se prendre un gros râteau en pleine face n’est pas aisé mais j’ai prouvé mainte fois que j’étais un expert dans l’art de cacher mes sentiments alors je m’en sors sans trop de mal. Qui ira voir, de toute façon, que Jun et moi ne nous regardons pas une seule fois en quarante minutes d’enregistrement ?
A la fin de celui, je me dépêche de retourner à la loge mais le plus drôle dans l’histoire, c’est que ce n’est pas moi qui suis parti le premier. Au fond, peut-être que j’ai attendu…au cas où. Mais Jun part dans un « au revoir » général et dès que l’Ohmiya a quitté la pièce, Aiba se jette sur moi.
« Il n’y a rien à dire » je le devance alors que je le vois ouvrir la bouche. Il fronce les sourcils et pose sa main sur mon épaule.
« T’es sûr ? Tu ne veux pas venir chez moi pour qu’on en parle ? »
« A quoi bon » je fais en haussant les épaules. « La vie continue. »
Oui, sauf quand tu te prends un vent de ton collègue pour qui tu as des sentiments depuis plus de treize ans.
« Sho-chan… »
« J’y vais ! On se voit une autre fois ! »
Encore une fois, ce faux sourire. Je rejoins ma voiture et fonce jusqu’à chez moi. Je me félicite moi-même d’avoir rempli le frigo la veille et sors un pack de bière dont je sais, il n’y aura plus trace dans quelques heures. J’en ai vraiment besoin. Oh et puis tiens, je vais manger aussi. Comme un porc. De toute façon, ça n’a pas d’importance que je prenne du poids ! Personne n’ira regarder. En tout cas pas lui.
Je finis comme un cadavre ivre et trop remplit allongé sur le tapis de mon salon. J’ai de la bière qui coule le long du menton, le pack vide à mes côtés, des grains de riz un peu partout et les yeux tous boursoufflés. Quel idiot, ce Aiba ! Je savais que je n’aurai jamais dû me confesser ! Voilà ce que je récolte maintenant…Allez, je me laisse déprimer encore quelques heures et demain, je ferai comme si rien de tout ça ne s’est produit !
« Putain de merde, pourquoi est-ce que tout a autant changé entre nous ? J’aimerai tant que nous redevenions ces garçons toujours collés l’un à l’autre…Si seulement… »
Je cligne des yeux alors que je sens une présence étrangère et je me relève avec difficulté…avec de crier comme une adolescente effrayée.
Alors qu’il n’y a pas de quoi.
Perchée sur le rebord de mon évier se tient une magnifique femme. Le teint très blanc, de longs cheveux châtains qui cachent la semi-nudité de sa poitrine, elle-même légèrement recouverte d’une toge blanche, elle me fixe sans ciller. Ses longues jambes ont l’air affreusement douces et je remarque qu’elle est pieds nus. Elle n’est pas japonaise et je me demande même de quelle nationalité elle peut être ! Elle est juste sublime.
« Qu-Qui êtes-vous ? Que faites-vous chez moi ? Comment êtes-vous entrée ?? »
Elle sourit et secoue ses longs cheveux ondulés dans lesquels je peux voir des petites nattes habilement tressées. Elle a une couronne de feuillages qui continue dans son épaisse chevelure. D’où elle sort ???
« Tu poses beaucoup de questions ! Je m’appelle Jouvence. Je suis chez toi pour t’aider et je suis entrée ici grâce au conduit d’eau potable qui va jusqu’à ce petit tuyau. Très ingénieux ! »
« …Eh ? »
« Oh ! Pardon. Je me suis mal présentée. Je suis la nymphe Jouvence, gardienne de la Fontaine de Jouvence depuis que ce grigou de Jupiter a accepté me rendre forme humaine ! »
Je tombe dans les pommes.
Quand je me réveille, la femme est toujours là et fait couler un peu d’eau sur mon visage. Je me relève en catastrophe et me faufile à l’opposé d’elle.
« C’est une blague hein ? Je délire, c’est ça ? C’est l’alcool ?! »
« Non, c’est bien réel. Sache que je n’apparais que rarement pour les mortels. Mais ton souhait m’a ému, Sakurai. Je peux t’aider. »
« M-M’aider ? »
« A revenir en arrière. »
« Comment ça ? »
« Ton vœu n’était-il pas de redevenir le garçon d’autrefois ? »
« Comment… »
« Si tu le veux, je peux ramener l’adolescent que tu étais. Que vous étiez tous. Ce sera comme une nouvelle chance pour toi de récupérer ce que tu viens de perdre. »
« Je ne comprends rien. »
« Je vais donc faire simple. Tu connais le principe de la Fontaine de Jouvence ? » J’hoche de la tête. « Boire de son eau permet l’arrêt de la vieillesse ou le rajeunissement. Je peux vous faire rajeunir. »
« Et en quoi est-ce que ça m’aiderait ? »
« A toi de voir. Je ne fais que te proposer d’accéder à ton souhait. Si tu refuses, je m’en vais et tu ne te souviendras même pas de ça. »
Elle retourne sur l’évier et y grimpe avec légèreté, ses cheveux suivant ses mouvements gracieux. Redevenir jeune, hein ? Qui ne voudrait pas de cette chance ?
« Combien de temps ? »
« La durée ne dépend pas de moi mais de toi. »
« Si j’accepte…qu’est-ce qui va se passer au juste ? »
« Vous n’allez pas changer d’époque. Vous allez simplement rajeunir de quelques années. Quand tu te réveilleras demain matin, tu ne te souviendras pas de cette conversation ni de moi. Ce sera alors à toi de tout faire pour profiter au maximum de cette seconde chance. Quand tu t’estimeras satisfait, que tu auras atteint ton but, vous reviendrez à l’événement le plus important qui a précipité cette requête. »
« Ma confession ? »
« Je n’en sais rien. Cela dépendra de ton état d’esprit à ce moment-là. »
Je prends le temps de réfléchir et me mordant la lèvre, je dis :
« J’accepte votre aide. »
Je n’ai rien à perdre, de toute façon…La nymphe sourit et elle me présente ses mains en coupe dans laquelle apparaît une belle eau cristalline.
« N’aie crainte. Tu n’auras pas mal. Tu ne vas faire qu’oublier et te réveiller… »
Elle porte ses mains blanches à mes lèvres et je les entrouvre pour laisser le liquide pur s’y glisser.
« Bon courage, Sakurai » est la dernière chose que j’entends alors qu’on m’allonge sur mon canapé.
Jun’s POV
Je sors du lit en me frottant le crâne et fouille dans ma veste à la recherche d’une cigarette.
« Tu restes ? » me demande Toma tout en enfilant son boxer et en me tendant le mien.
« Non. »
« Tu m’as l’air soucieux. Quelque chose te chagrine ? »
Je me retourne pour lui faire un rapide sourire. Toma, c’est comme la cigarette : je sais que je ne devrais pas mais je continue quand même. On est sortis ensemble pendant cinq ans et depuis, on se voit pour du sexe occasionnel. Ce n’est pas que ça ne colle pas entre nous, on s’entend bien mais ce n’est pas l’entente exacte que je recherche. On couche ensemble comme deux simples amis et on sait tous les deux qu’il n’y aura jamais rien de plus. En période de relation de couple, évidemment, on ne se voit pas !
« Ça va. »
« T’es sûr ? »
J’hoche de la tête et récupère le reste de mes affaires, la clope au bec. Il me regarde faire sans broncher.
« Yamada m’a demandé sortir avec lui » dit-il soudainement.
« Ah bon ? » je réponds en laçant ma chaussure. « C’est cool. »
« J’espère que cette fois, ce sera la bonne. »
« On ne se verra pas avant un moment alors. »
« Mais on peut parler au besoin. »
« Mmmh. Prends soin de toi. »
Je dépose un rapide baiser sur sa joue et sors de l’appartement pour rejoindre le mien, quelques kilomètres plus loin. Pendant le trajet, je n’arrête pas de me repasser la journée dans ma tête. Mais surtout, la surprise de Sho.
Sa déclaration.
Je m’attendais à tout dans ma vie, sauf à ça. Pourquoi maintenant et pas il y a 15 ans ? Ou même, avant que ne sorte avec Toma. Il avait toutes ses chances à cette époque. J’en étais raide dingue, c’était flagrant. Mais lui, il s’en foutait. Il ne voyait même pas l’évidence. Et aujourd’hui, en 2014 alors que nous avons chacun passé le cap des trente ans, monsieur se confesse…mais d’où est-ce que ça sort ? Et à quoi s’attend-il au juste ? Il croit peut-être que je l’ai attendu toutes ces années et que je vais lui tomber dans les bras ? Je ne suis même pas sûr de ressentir encore quelque chose pour lui. De l’amitié, c’est certain. Mais j’ai évolué et en grandissant, les sentiments sont partis. C’est trop tard maintenant. Il fallait qu’il se réveille avant !
Quelle poisse tout de même…ça va être l’enfer avec Arashi. Déjà qu’on ne se parle pas très souvent mais alors là…ça va être la mort. Surtout, il va falloir faire semblant devant les caméras que tout va bien. On aurait au moins dû en reparler en privé après l’enregistrement. Mais j’ai fui pour retrouver Toma et évacuer le stress que cette déclaration a engendré chez moi. En même temps, je ne saurai pas quoi lui dire…Un simple non. Que j’y ai réfléchis et que c’est trop tard. Mais d’un autre côté, je suis célibataire en ce moment…et il s’agit de Sho. Mon premier béguin sérieux (hormis mon prof de sport à l’école). Sauf que ce serait tellement bizarre que je dise oui…je suis un peu paumé. J’ai besoin d’y réfléchir encore un peu.
D’un autre côté encore, il a dit que ça faisait « des années ». Combien de temps au juste ? Je suis curieux…D’ailleurs, je ne savais pas que Kato-kun avait des vues sur moi. C’est quoi ce sac de nœuds ?!
Une fois rentré chez moi, je ne prends même pas la peine de dîner, bois à peine un verre d’eau et je vais directement me coucher, trop épuisé.
Sho’s POV
Je me réveille avec la tête en lambeaux, qui cogne comme jamais. Je suis affalé sur mon canapé dans une position pas vraiment confortable. Je vais avoir mal au dos aujourd’hui…Je bâille puis grogne avant de m’étirer et de tomber par terre, comme une larve. En me relevant, je remarque que je perds mon pantalon. Eh ! Aurai-je perdu du poids pendant la nuit ? Ce serait tellement chouette. De la bière qui fait perdre du poids ! Sûr que j’en prendrai tous les jours…rien que pour effacer ces grosses joues et mon début de poignées d’amour. Quelle catastrophe…Je m’étire en baillant avant de remarquer l’heure. Yabai, je suis en retard !!! Tenant mon pantalon d’une main par la ceinture, je cours dans la salle de bain, passe de l’eau sur mon visage, m’essuie avec la serviette et m’apprête à faire demi-tour quand quelque chose, dans la glace, m’a interpelé. Je me retourne à nouveau et manque de faire une crise cardiaque en voyant le visage reflété dans la glace. Qu…que…QU’EST-CE-QUE C’EST QUE ÇA !!!??? Je colle mon nez contre le miroir et de mes deux mains, pétris la peau de mon visage en long, en large et en travers. Ce n’est pas possible. Je dois être en train de rêver…J’ai la tête de mes 20 ans !!!
« Calme-toi Sho, ce doit être une hallucination ou tu es simplement encore en train de rêver ! »
Je me pince mais le seul résultat, c’est que j’ai mal et que je vais avoir une petite marque rouge sur le bras. Super. Je me regarde encore longtemps, n’arrivant pas à croire à ce rajeunissement soudain. Ce n’est pas possible, il doit y avoir une erreur. C’est forcément un rêve exagérément profond. L’alcool me fait penser à des trucs bizarres qui engendrent une telle histoire ! Oui, sûrement. Je ne peux pas avoir perdu 12 ans en une nuit !!! Qu’est-ce que j’ai l’air jeune et beau…comme avant. Mes doigts suivent la ligne bien tracée et délimitée de ma mâchoire jusqu’à mes oreilles et je souris. Mes lèvres ressortent bien plus qu’hier ! Et…halleluia, mes joues sont parties ! On voit vraiment bien mes pommettes…mince, j’avais oublié ce que ça faisait de voir ce visage dans la glace…Je n’ai plus de rides non plus. C’est magique ! Bon, juste une coupe de merde mais ça je peux y remédier. Et je vais les laisser noir…ou brun foncé. Ouai, brun foncé. J’aimais beaucoup le caramel de Kisarazu mais…ce n’est plus assez sérieux. Non mais est-ce que je pense sérieusement à ça ???!!! C’est complètement dingue…Je rêve éveillé. Je remarque alors la boucle à mon oreille (je l’ai mise QUAND ???) et automatiquement, je soulève mon t-shirt pour regarder mon ventre. Ok. Là c’est étrange. J’ai de nouveau mon piercing au nombril ! Avec le petit diamant et tout…c’est vraiment flippant. J’aurai dormi avec ? Mais je ne l’ai pas mis hier, comme tous les autres jours…Je me tiens aux rebords du lavabo pour réfléchir à ce qui m’arrive. Bon. Imaginons que c’est un rêve - de toute façon ça ne peut être que ça, non ? Un retour dans le passé ? Je fouille dans mes poches après mon portable et regarde la date. On est bien en 2014. Le jour après hier. Bon alors ce n’est pas un retour dans le passé. Alors quoi ? Eh bien…un rêve. Juste un rêve. Ça veut donc dire que j’en suis maître, n’est-ce pas ? Que rien ne peut m’arriver puisque c’est MON rêve…
Dans mes mains, mon téléphone vibre, puis sonne. C’est Masaki. Bon, pas besoin de l’alarmer avec ça, je peux décommander mes rendez-vous pour passer la journée seul terré dans mon appartement et réfléchir aux conséquences. C’est un ton paniqué qui me parvient aux oreilles.
« Sho-chan !!! Il s’est passé un truc…je…tu ne vas pas me croire, mais j’ai rajeuni ! »
« Que…QUOI ? »
« Je SAIS. C’est impossible mais c’est vrai ! Il faut que tu vois ça ! »
Alors lui aussi ? Quel rêve étrange…pourquoi ferai-je rajeunir Aiba ? Voir tous les autres Arashi ? Parce que ça ne peut pas être que nous deux…et c’est ce que me confirme l’appel en conférence de Nino et Ohno peu après. Eux aussi, ils ont rajeuni. Par contre, pas de nouvelles de Jun. Si on suit la logique de mon rêve, il a forcément perdu quelques années lui aussi. Pourquoi ne nous en parle-t-il pas ?
« Oh, je l’ai appelé » dit enfin Nino quand j’ai osé poser la question « il dit qu’on doit se rejoindre quelque part pour en discuter. Un lieu pas trop fréquenté. »
« Chez l’un d’entre nous, sinon. »
« Ce serait le plus simple. Sho-kun, ton appart est le plus grand. »
Je vais pour protester mais Nino raccroche, probablement pour aller prévenir Jun. Crotte, il va falloir que je range tout…
Et c’est limite. Il faut dire que j’ai perdu du temps à chercher dans mon armoire un pantalon qui m’irait bien sans trop bâiller et j’ai fini par en trouver un, perdu tout au fond. Je ne pensais pas avoir gardé mes affaires de quand j’étais jeune. D’ailleurs ma penderie est pleine de costumes…Mais je remets ce pantalon avec une sorte de joie un peu bizarre. Je me tourne devant la glace et souris. Il semblerait que j’ai aussi retrouvé mon cul d’avant…Parfait ! Je mets un simple top en guise de haut mais le rangement est si éprouvant que je finis par l’enlever. De toute façon, j’ai un corps sexy maintenant…je le peux ! Finalement, il est peut-être agréable ce rêve…
On sonne à la porte et j’y cours, pensant ouvrir sur Aiba - qui habite techniquement le plus près de chez moi que les autres. Mais il n’y a que Jun devant moi. Jun avec 12 ans de moins. On ne peut pas dire qu’il ait TANT changé que ça par rapport à moi mais il y a des détails qui ne trompent pas. Sa bouille de gamin, par exemple. Mon dieu, j’avais oublié à quoi il ressemblait à 18 ans…mais avec, cette fois, une meilleure coupe. Je remarque rapidement qu’il est redevenu tout mince. Exit les muscles de chocolatier et la carrure qu’il s’était fabriquée : il est redevenu notre Jun tout chétif. Mais j’adore ça, moi. En fait, j’aime les deux Jun…mais ce n’est pas le moment de penser ça. Il a l’air aussi embarrassé que moi alors que je sens son regard me scruter. Je me rends compte alors que je n’ai plus de haut et, chose étrange étant donné qu’on s’est vu nus plusieurs fois en 15 ans, je me décale pour me mettre derrière la porte.
« Entre. »
« Les autres… »
« Tu es le premier. »
Et le seul. C’est affreusement gênant pour lui comme pour moi étant donné qu’on s’est quittés sur un « On en reparle plus tard. » qui voulait dire le contraire. Je ne me vois cependant pas aborder ce sujet avec lui maintenant…Il me jette à peine un regard et va s’asseoir sur mon canapé pendant que je file remettre mon haut. Je n’ose pas m’asseoir en face de lui et reste debout, à chercher quelque chose à faire dans mon appartement. Il allume la télé et la regarder mais je ne suis pas sûr qu’il la voit vraiment. Il a l’air pensif…De ma place, je l’inspecte : il n’a pas l’air d’avoir retrouvé un de ses anciens pantalons vu que celui-ci baille un peu partout - surtout au niveau des fesses. Ah oui, j’avais oublié qu’il n’avait quasiment pas de fesses avant…et des joues tellement rondes et mignonnes ! Des bras tous minces, aussi. Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point il avait changé depuis…C’est comme une claque en pleine figure. Le voyant froncer les sourcils et tourner légèrement la tête vers moi, je me dépêche d’aller dans la cuisine et vérifie qu’il reste assez de choses dans le frigo. Mmmh, encore quelques bières. La chance que je n’ai pas tout bu hier ! On en aura bien besoin…
C’est une atmosphère plombée et maussade qu’Aiba interrompt et dès qu’il est là, je respire. La tension qui règne entre moi et Jun est à couper au couteau et mon ami s’en rend compte tout de suite. Il s’occupe de faire le lien alors qu’il est évident que ni l’un ni l’autre ne le voulons. Lui probablement parce qu’il n’a pas encore réussi à me dire un ‘non’ franc, moi parce que son refus me reste encore en travers de la gorge. Mais c’est comme ça…je me demande si ce rêve a un rapport avec ma déclaration…non, c’est absurde. Ohno puis Nino arrivent ensuite et on s’assoit tous les quatre dans mon salon. Chacun s’observe attentivement. Wow, c’est quand même un peu flippant…et là encore, je me rends compte combien Aiba et Ohno ont changés eux aussi. Nino, un peu moins. Il a juste perdu une ou deux rides au coin de ses yeux et ses joues sont plus fermes. 12 ans de moins, ça fait du changement…et c’est ce qu’ils me font remarquer en me taquinant.
« Sho-chan est de nouveau sexy ! » lance Masaki.
« OI !!! Tu sous-entends que je ne l’étais plus ??? »
« Bah il faut admettre que le visage bouboule n’est pas le top 1 de la sexytude… » renchérit Nino.
« Je n’avais pas un visage bouboule ! J’ai pris juste un peu de joues. »
« Et des poignées d’amour. Fais voir maintenant ? »
Il me soulève le haut sans m’avertir, dévoilant la moitié de mon torse et bien sûr…
« Oooooh ! Sho-chan, tu l’as remis ! »
« Il y était déjà quand je me suis réveillé ce matin…j’ai juste oublié de l’enlever. »
« Non, tu l’as remis ! Pareil pour ta boucle d’oreille ! C’est super sexy ! »
« Arrête ! »
« Il a raison Sho-kun » fait Ohno avec sa bouille de bébé toute neuve. »
« Tu ne trouves pas MatsuJun ? »
Venant de quelqu’un comme Masaki, je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi sournois. Je ne sais pas si le Aiba de mon rêve sait les mêmes choses que le vrai Aiba mais vu le ton qu’il a prit, cette question a un autre but plus précis que de simplement vouloir savoir ce qu’en pense notre benjamin, qui n’a pas ouvert la bouche depuis que je l’ai fait entrer. Mon meilleur ami le fixe avec insistance et Jun détourne le regard en haussant les épaules. Eh bien, je ne suis peut-être pas aussi sexy qu’ils le disent après tout…
« Et puis ce pantalon lui fait un cul d’enfer, tu ne trouves pas ? » insiste Masaki alors que je viens de me lever pour apporter de quoi boire.
« Eh ! » Je fais, un peu outré mais tout en guettant quand même la réaction de Jun. Enfin…il n’y a plutôt pas de réaction oui…J’ai vraiment l’impression de ne pas avoir d’intérêt. Super. Je savais que je n’aurai pas dû me confesser…
« Moi je n’ai pas eu trop de mal pour mes vêtements… »
« Normal Nino, tu fais du 12 ans depuis…bah tes 12 ans ! »
« Baka » dit-il en lui frappant l’arrière de la tête alors que je sers une bière à tout le monde.
« J’ai besoin d’une clope. »
Le ton de Jun est si ferme et peu agréable que personne n’ose dire quelque chose et nous le regardons tous partir vers la fenêtre de la cuisine, son paquet de cigarettes et son briquet en main. Eh bien, ça risque d’être sympa ce rêve…