Titre : The Jouvence's gift
Auteur :
biditochePairing : SakuMoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : Sho, depuis 14 ans, voue un amour à son cadet sans avoir osé le lui avouer une seule fois. Lors de sa confession, il se fait éconduire et fait le vœu de redevenir jeune pour réparer ses erreurs. C'est la nymphe Jouvence qui apparaît alors à lui, accédant à son souhait le plus cher...
Partie 2
Jun’s POV
J’écrase ma cigarette sur le cendrier qui trône sur le rebord de la fenêtre avec un soupir agacé. Je ne vois pas en quoi ils sont excités par ce phénomène ! Moi ça ne me plaît pas du tout. J’ai tellement travaillé pour arrêter de ressembler à ce gamin tout chétif que j’étais avant et voilà que je reviens dans ce corps ! Non, ça ne me plaît vraiment pas…Sho peut être content, lui, avec son torse de jeune homme de 20 ans bientôt, son piercing ultra sexy et son cul bien ferme et rond. Merde merde merde merde merde !!! Évidemment qu’il est sexy, non mais quelle question ??? On parle de Sho à 20 ans là. C’est comme parler de Sho à 26 ans. Ou même 27. Mais jamais je n’avouerai que j’ai failli craquer quand il m’a ouvert la porte. Cette mâchoire, ces lèvres, cette oreille percée et surtout, ce torse encore luisant des efforts qu’il venait apparemment de faire…Je n’arrive pas à croire que j’arrive encore à penser comme ça. A le regarder comme si j’avais envie de le bouffer. C’est pour ça que j’évite de le regarder voire même de lui parler. J’ai l’impression de retomber dans son piège, dans ce gouffre qui m’a enfermé pendant de longues années. Celui-là même auquel Toma a eu bien du mal à me retirer. Je n’ai pas envie de redevenir ce garçon complètement naïf et entiché à mort de son partenaire de travail. Je n’ai pas envie de redevenir celui qui s’extasie à la moindre chose qu’il puisse dire, qui le regarde comme s’il était un dieu, qui boive ses paroles et qui le suit partout comme un toutou bien dressé. Je suis différent maintenant et si mon corps est redevenu jeune, ma tête non. Elle est restée au stade d’homme de 30 ans et ça ne va pas changer. Je ne vais pas régresser.
« T’es cruel. »
Je sursaute, manquant de faire tomber le cendrier quelques étages plus bas dans la rue et me retourne vers le Aiba jeune.
« Quoi ? »
« T’as le droit de ne pas l’aimer, je respecte ça. Mais la moindre des choses c’est de le lui dire en face. »
« Ça ne te regarde pas Masaki. »
« Si, à partir du moment où c’est Arashi et surtout, où c’est mon meilleur ami qui est en cause. Sois juste honnête et ne le fais pas poireauter des mois pour une réponse qui ne viendra jamais. Tous les deux nous savons qu’il mérite mieux que ça. »
« Merci pour le conseil. »
« J’espère que tu le suivras. C’est juste dommage. »
« Pardon ? »
« Dommage pour lui. Il aurait mieux fait de laisser tomber et sortir avec quelqu’un d’autre, depuis le temps…ce n’est pas comme s’il n’aurait pas eu l’occasion de le faire en 14 ans. »
Je me tais et me mets dos à lui pour qu’il ne voit pas mon visage. 1-14 ans ??? Alors il y a eu une période où lui et moi avions des sentiments l’un pour l’autre EN MÊME TEMPS ? Et aucun des deux ne s’est confessé ? Le moi d’aujourd’hui l’aurait peut-être fait, mais je sais que le Jun d’avant était bien trop timide pour ça. Et puis surtout, il y avait la peur si paralysante du rejet et du dégoût. « Et si Sho-kun ne m’aimait pas en retour ? » « Et si Sho-kun ne voudrait plus me regarder après ça ? » « Et s’il ne voudrait plus de moi ? »
« Dis-le-lui rapidement, c’est tout. Pour qu’il passe à autre chose. »
« Depuis quand me donnes-tu des ordres ? »
« Depuis qu’il s’agit du bien-être d’Arashi. Cette tension qui règne entre vous est un obstacle à notre amitié, ne le vois-tu pas ? On ne peut même plus plaisanter sur le physique de l’un ou de l’autre - et ne me fais pas croire que tu ne l’as pas trouvé sexy toi aussi. Je te connais depuis longtemps MatsuJun. Il y a des comportements chez toi qui ne trompent personne - à part peut-être Sho. »
« Je suis passé par-dessus ça. »
« Bien. Alors dis-le lui et n’en parlons plus ! »
C’est plus facile à dire qu’à faire. Heureusement il me laisse tranquille et je me prends à me regarder dans une cuiller. Je me fais une grimace à moi-même avant d’inspecter mes dents.
« Au moins, tu as gardé les bonnes. Estime-toi heureux de ne pas être remonté AVANT l’opération… »
« Tu viens J ? »
Je repose la cuiller et reviens au salon. Bien sûr, j’évite les regards et retourne à ma place sans rien dire. La conversation reprend, plus sérieuse.
« Qu’est-ce qu’on va faire ? Pour les émissions, les apparitions…Les futurs concerts ! On ne peut pas se pointer avec nos têtes de quand on avait 20 ans… »
« Je suis sûr que ça ferait plaisir aux fans ! »
« Là n’est pas la question Masaki. Il faut expliquer ce phénomène et malheureusement, il n’y a rien qui puisse convenir à cela…Comment se fait-il que du jour au lendemain, on perde 12 années physiques de notre vie ? Tout ceci n’a aucun sens. Surtout qu’on est restés en 2014 ! »
« La logique aurait voulu qu’on nous renvoie également dans le passé. »
« Peut-être pour changer certaines choses qu’on voudrait réparer ou refaire ? »
« Comme quoi ? Je ne trouve pas que chacun d’entre nous ait loupé sa vie ou fait de mauvais choix qui demandent une telle…appelez-ça comme vous voulez. »
« Tu es sûr, Sho-chan ? Tu ne voudrais rien changer ? »
On le regarde tous détourner les yeux avec un air gêné. Est-ce que ça aurait un rapport avec moi ou est-ce que je m’emballe un peu trop ? C’est peut-être égoïste de penser ça…
« De toute façon, on n’est pas revenus dans le passé alors cette conversation ne sert à rien. On se retrouve bloqués à l’époque actuelle avec nos corps d’il y a 12 ans. Y’a de quoi faire un bon film…
« Je devrai proposer ça à mon pote. »
« Ton pote ? »
« Clint ! Mon pote ! Clint Eastwood. »
« Franchement Nino… »
« Eh ! Tout le monde a le droit de se mousser un peu ! »
« Restons sérieux s’il-vous-plaît » je coupe, les sourcils froncés. « On va être obligé d’en parler à Johnny-san. Je ne vois pas comment on pourrait faire autrement. »
« Je ne pense pas que… »
« Il va nous dire quoi faire. »
« De toute façon, on va être obligés d’arrêter les activités le temps que cette situation redevienne normale…alors la moindre des choses, c’est qu’il sache pourquoi et qu’il trouve une excuse valable. On est dans la merde et il nous faut un soutien de quelqu’un de plus haut. On ne peut pas gérer ces changements et Arashi tous seuls, c’est inhumain et on ferait de plus grosses bourdes. »
« On va à l’agence alors. Maintenant ? Avec ces têtes ? On va nous reconnaître… »
« Bah on fait comme d’habitude…on se déguise ! Avec un peu de chance, on ne croisera pas grand monde… »
Mais ça, même moi j’ai du mal à y croire…Sho nous prête de quoi nous ‘déguiser’ plus ou moins, c'est-à-dire casquette, lunettes, écharpes…J’enfile une veste bien trop grande pour moi et soupire, agacé.
« Je pense qu’il va falloir aussi qu’on aille faire les magasins ! Si tu veux je te prêterai de mes affaires, J. »
« J’en ai pas besoin » je grommelle alors que je sais très bien qu’il se moque de moi ouvertement.
« On ira faire un peu de shopping, moi aussi il me faut de nouveaux trucs. »
Ouai, comme un pantalon qui te moule aussi bien les fesses qu’en ce moment, c’est ça ??? Bon, stop Jun. Et pourquoi t’es en colère contre lui, d’ailleurs ? Il n’y est pour rien dans tout ça et c’est même une victime car TU l’as blessé et pas l’inverse. Je suis juste…excédé par la situation. J’ai l’impression qu’il n’y a qu’à moi que cette situation ne plaît vraiment pas. Eux ont l’air contents de redevenir jeunes…J’enfonce la casquette sur ma tête et pars le premier. Nous privilégions la voiture pour éviter les regards des autres et de se faire découvrir et, par logique, nous prenons la voiture de Sho, alors le plus âgé d’entre nous en ayant une. On n’allait pas non plus monter à cinq sur le vélo de Riida…
« Qui s’assoit à l’avant ? »
Et voilà, la grande discussion habituelle de gamin commence…On a toujours eu pour habitude, avant, que je sois assis à l’avant avec le conducteur - et quand j’étais le conducteur, c’était Sho à l’avant. Nous sommes un peu, lui et moi, les ‘leaders de l’ombre’, ceux qui connaissent les directions, donnent les directives et tout ce qui y ressemble. Mais avec ma tronche de mes 18 ans, je me vois mal m’asseoir devant…
« Comme d’habitude, allez ! »
Aiba, Ohno et Nino sont déjà en train de monter à l’arrière et je reste comme un bêta devant ma place, porte ouverte. Sho attache sa ceinture et je le vois me regarder, ouvrir la bouche puis détourner le regard sans finalement rien dire. Quoi, lui non plus il ne me parle plus maintenant ? Bah on sera deux…
« Tu ne montes pas, Jun-kun ? »
C’est notre leader qui me réveille et je m’assois à mon tour, attache ma ceinture et reste le plus éloigné possible de notre rappeur. Le voir conduire…j’ai toujours trouvé ça encore plus sexy que le reste…La façon dont il tient le volant avec un geste assuré et ferme, dont il se saisit du levier de vitesse, qu’il caresse presque quand il accélère pour passer à la vitesse suivante, son air concentré et sa petite moue quand il n’aime pas ce qui se profile devant lui…Ouah, ça fait bien longtemps que je ne l’avais pas autant regardé ! Il doit sentir que je le fixe car il tourne légèrement sa tête vers moi et je m’empresse de faire de même - mais à l’opposé évidemment. Je fais comme si je ne me souciais pas de sa présence et du fait qu’il me mettrait presque dans tous mes états. Depuis quand n’ai-je pas non plus été si sensible à ses charmes ? Quand on arrive à l’agence, je suis dans les premiers - ou même LE premier - à descendre de la voiture, sans cacher que je le fuis. Nous nous faufilons dans l’agence en tentant de ne pas être repérés, comme des espions et arrivons quasiment sans encombre au bureau du grand boss. Bien sûr, il n’est pas encore au courant de notre petit « problème » mais se rend bien vite compte de la situation en nous voyant. C’est la première fois que je vois cette expression de surprise et d’incrédulité sur son visage fripé. Ça pourrait être drôle si ce n’était pas aussi dramatique…
« Mais que vous est-il arrivé ??? Je rêve éveillé ! »
Sont ses premiers propos. La surprise passée, il nous a fait nous asseoir et a écouté chaque version des faits, qui se rejoignent toutes : on s’est réveillés, on était comme ça. Pas d’explication, rien…juste nos corps rajeunis d’au moins dix ans. Bien entendu, sa conclusion a été de suspendre nos activités jusqu’à nouvel ordre. Plus d’émissions, plus de journal télévisé, plus de dramas…je ne sais pas comment il va faire, il nous a simplement dit qu’il allait s’occuper de tout. Le groupe est juste en pause, voilà tout…
J’ai bien pensé qu’il pourrait vouloir exploiter ce phénomène inexplicable, comme une « deuxième jeunesse d’Arashi », mais ne serait-ce pas simplement se répéter ? On est déjà allés si loin, pourquoi tout recommencer à zéro ? Ce serait absurde et je ne le veux pas. Je veux redevenir ce que j’étais, ce que j’ai mis si longtemps à construire…
En sortant du bureau, je pense être le seul à penser qu’on repart bredouille. Pour eux, ce sont comme des vacances bien méritées. Moi, je vois ça comme un frein à notre évolution. Alors quoi ? On va retourner chez nous et ne rien faire en attendant que ça passe ? Il en est hors de question. J’ai besoin de travailler, de programmer, de planifier, de penser…de faire quelque chose, tout simplement. Je ne peux plus rester les bras croisés dans mon canapé à regarder la télé en attendant que le temps passe ! Je veux de l’action…
« Bon, on fait quoi maintenant ? Les boutiques ? »
« Pourquoi pas ? Après tout il nous faut à tous des vêtements… »
« Parle pour toi ! Mais ok, ça peut être fun. Ça fait longtemps qu’on n’a pas fait une activité ensemble. »
Je les laisse discuter avec la furieuse envie de m’en aller. J’essaye vraiment de me réjouir d’une journée avec eux mais…je n’y arrive pas. Pourtant, je me mets à les suivre avec la désagréable sensation que mon statut de « leader des décisions » a disparu. C’est Sho qui a décidé. C’est donc naturellement lui que l’on suit à présent. Plus moi, le pitoyable gringalet qu’une brise pourrait emporter ! Se faire discrets dans les magasins n’est pas chose aisée. Par chance, nous tombons sur une heure plutôt creuse ! Je décide de suivre Ohno et Nino pendant que le Sakuraiba part de son côté. Tout en parcourant les rayons et en faisant glisser les cintres, je les vois de loin s’amuser et rire ensemble. Pourquoi ça me met si mal à l’aise ? Ce n’est pas comme si c’était nouveau…Pourquoi ils se touchent autant ? Ils vont même ensemble en cabine essayer leurs fringues…ahah, un parfait petit couple ! Je fais défiler les cintres plus rapidement tout en fixant la porte de la cabine avant qu’une main ne m’arrête.
« Calme-toi J. Ils ne sont pas en train de se sauter, tu peux te détendre. »
« Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles » je réponds sur un ton très sec, avant de prendre un pantalon au pif pour aller l’essayer. Je me mets exprès dans la cabine collée à la leur et m’assois pour les écouter.
« C’est cool que tu remettes tes piercing Sho-chan ! »
« Je t’avoue que ça m’avait manqué un peu à moi aussi… »
« Pourquoi tu les as enlevé déjà ? »
« Bah tu sais…on vieillit, on devient plus sage…Je ne sais pas. Je n’arrive plus à me souvenir de la logique que j’avais à ce moment-là ! Peut-être simplement parce que ça ne me plaisait plus de les avoir. »
« Pourquoi ? »
« Je les avais simplement pour épater la galerie, dans un sens. Quand il n’y a plus eu de galerie à épater, je n’ai plus vu l’intérêt de les mettre ! »
« Quand tu parles de galerie, tu fais bien allusion à… »
« Je n’ai pas envie d’en parler. »
Il y a un long silence pendant lequel j’entends seulement le froissement de tissu dans la cabine d’à côté, puis Aiba reprend :
« Tu penses que ça a à voir avec ce qui s’est passé ? »
« Hum ? »
« Hier. »
« Oh…je ne sais pas. »
« Et comment tu le prends, toi ? »
« Mmmh…peut-être comme une opportunité de passer à autre chose ? J’ai passé 14 ans à me morfondre sur la même personne, il est temps que j’avance. Redevenir jeune, c’est peut-être le signe que je dois trouver quelqu’un d’autre et oublier. A 32 ans ça aurait été un peu plus dur mais maintenant que je suis redevenu un tantinet présentable et sexy, toutes les chances me sont permises ! Et puis avec le boulot en moins, j’ai le temps…de prendre du temps pour moi ! Ce serait cool qu’on aille en boîte ou au karaoké, t’en penses quoi ? »
« Bonne idée ! »
Je pose ma tête contre la paroi et regarde le plafond. Je devrais être content, il passe à autre chose. Il n’y aura donc aucune gêne entre nous, tout peut-être effacé. Il passe à autre chose, j’ai passé à autre chose…on passe tous à autre chose. Pourquoi, alors, ça me fait si mal de l’entendre ? Est-ce que ce serait si facile de m’oublier après 14 ans à avoir eu des sentiments pour moi ? Il faut croire que oui. Mais que veux-tu, Jun ? C’est la bonne solution, qu’il laisse tomber. C’est ce que tu veux aussi.
« Ce pantalon te va trop bien Sho-chan ! Achète-le ! »
« Tu penses ? Mais c’est super serré… »
« Mais non c’est moulant, c’est fait exprès ! Si tu veux chopper du mec en boîte, il te faut au moins ça ! »
« C’est quand même un peu vulgaire… »
«Arrête donc de faire ta vierge et écoute-moi ! Je sais de quoi je parle. Alors achète-le et quand on sortira, tu le mettras ! Je te jure qu’avec ça, ton junior va reprendre du service ! »
« Chuuut ! Ne dis pas ça si fort ! Quelqu’un pourrait nous entendre… »
Moi, oui. Ahah, alors il compte s’envoyer en l’air, carrément. Eh bien, c’est rapide ! Je devrais en faire de même, tiens ! Je me lève et essaye les vêtements que j’ai choisis, avant de sélectionner celle qui me donne le look le plus sexy malgré mon corps qui a régressé. Je sors bien avant eux et rejoins Nino juste à temps, alors que le Sakuraiba sort des cabines en gloussant à son tour. Je ne dis rien alors que nous allons tous payer nos dépenses et nous revoilà en voiture. Je garde mon front collé à la vitre et regarde la rue qui défile.
« Ça vous dise qu’on fasse un truc ce soir ? » lance Aiba joyeusement.
« Développe. »
« On pourrait aller en boîte ! »
« Trop risqué ! »
« Alors un karaoké et après on va chez quelqu’un pour boire un coup ! Alleeeeez, on n’a plus aucune obligation, on peut faire ce qu’on veut ! On achètera de la bière, des trucs à manger… »
« Tu ne veux pas des putes tant que t’y es ? » je grommelle et je ne me rends pas tout de suite compte qu’ils m’ont tous entendus.
Il règne alors un silence digne d’un cimetière pendant les quelques minutes qui suivent, avant qu’Aiba ne reprenne là où il s’était arrêté, comme si je n’avais rien dit. Pourtant la tension est palpable dans la voiture. Ils conviennent de se retrouver à 20 heures au karaoké et de passer la fin de soirée chez Sho. Ce qui est hors de question pour moi, je ne vais pas aller chez lui ! Surtout s’il compte se trouver quelqu’un entre temps. Ouai enfin c’est un karaoké, pas une boîte de nuit non plus…
« J, tu viens ce soir ? »
La voiture vient de s’arrêter dans ma rue et je ramasse mes affaires avant d’en sortir. Je claque la portière sans répondre à Nino, trop mal pour dire quoique ce soit. Et que répondrai-je ? Non ? Ils le prendraient mal. Il faut juste que je trouve une bonne excuse pour ne pas y aller mais là, je n’en ai pas qui me vienne à l’esprit. J’ai juste envie d’aller déprimer tout seul dans mon lit…
Ce que je finis par faire. Vers 20 heures, je reçois quelques coups de fils de Nino et Ohno mais je ne réponds pas. Non, je ne vais pas y aller. Pour faire quoi ? Chanter des paroles qu’on a dites des millions de fois ? Et regarder Sho dans son incroyable pantalon moulant, à me narguer parce qu’il a retrouvé un corps parfait alors que moi, j’ai tout perdu ? A me montrer ô combien il est passé à autre chose ? Peut-être ne l’ai-je pas tant marqué que ça, après tout. S’il passe à autre chose aussi facilement…
Je suis tout de même surpris de recevoir un appel de Sho, à minuit passé. Que me veut-il ? Ah, il doit être bourré, c’est pour ça. Parce que sinon il n’a aucune raison de m’appeler…Après le quatrième appel, je finis par décrocher et prends un air excédé alors qu’entendre sa voix…je ne sais pas. Je me sens mieux…
« MatsuJun, pourquoi tu n’es pas venu ? »
« Pas envie. »
« Est-ce que c’est à cause de moi ? »
« Que veux-tu que je réponde, Sho-kun ? Oui ? Non ? »
« Dis-moi juste la vérité. Ce n’est pas drôle si on n’est que quatre. Si c’est vraiment moi qui te mets mal à l’aise, je peux te promettre que tu n’as pas à l’être. Tu n’as pas répondu et alors ? Ce n’est pas grave, je passe à autre chose. Malgré ce phénomène bizarre, on est adultes toi et moi. Je ne veux pas que ce…cette…déclaration un peu subite gâche notre amitié à tous les cinq. »
« Ça n’a absolument rien à voir avec toi. Tu n’es pas le centre de mon monde !!! »
Je lui raccroche au nez sans attendre la suite avant d’enfoncer à nouveau mon visage dans l’oreiller. Ok, j’ai peut-être été un peu dur…mais c’est quoi ces « ce n’est pas grave, je passe à autre chose » ??? Est-ce qu’il s’en fout à ce point que je n’ai pas répondu à ses sentiments ? Est-ce que le fait que je puisse ou non l’aimer passe après le bonheur d’Arashi ? Au final, j’ai peut-être bien fait de ne rien répondre ce jour-là…ça n’a pas l’air si important pour lui.
Mais le pire, c’est qu’il rappelle ! Je l’ignore cette fois et attends une bonne dizaine de minutes avant d’écouter le message qu’il m’a laissé.
« Je sais très bien que je ne suis pas le centre de ton monde, je l’ai vite compris. Mais c’est pour le bien d’Arashi que je fais ça et je pense que tu le comprends, non ? Si tu tiens à nous, tu vas arrêter de faire la tronche et tu te comporteras comme si rien ne s’était passé. Après tout, habituellement tu le fais très bien alors je ne vois pas pourquoi maintenant ça changerait ! Bref. Comme tu n’étais pas là ce soir, on a décidé de reporter la soirée à après-demain. Tâche de venir, ça compte beaucoup pour les autres. Bye. »
Pour les autres mais pas pour lui. On dirait qu’il a définitivement fait un trait sur moi…tant mieux, non ? Tout va redevenir comme avant - enfin si on oublie ce petit problème d’âge. On va juste être deux membres d’un même groupe, rien de plus. Je n’ai pas de souci à me faire ni à m’en sentir attristé puisque c’est moi aussi ce que je veux.
Mais suis-je si doué pour faire comme si rien de tout ça ne s’était produit ?