Titre : The Jouvence's gift
Auteur :
biditochePairing : SakuMoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : Sho, depuis 14 ans, voue un amour à son cadet sans avoir osé le lui avouer une seule fois. Lors de sa confession, il se fait éconduire et fait le vœu de redevenir jeune pour réparer ses erreurs. C'est la nymphe Jouvence qui apparaît alors à lui, accédant à son souhait le plus cher...
Partie 6
Sho’s POV
« Enlève-moi ce balai que tu as dans le cul et vas-y !! »
Je me sens tiré en avant puis poussé sans comprendre ce qui m’arrive, et me retrouve devant un Jun qui lève un regard étonné vers moi. Qu’est-ce que je fais là moi, déjà ? Je déglutis et le regarde longuement, avant de rougir étrangement.
« J’aurais besoin de ton aide pour la prochaine chorégraphie, est-ce que tu penses trouver un petit peu de temps avec Oh-chan pour ça ? »
J’ai la désagréable sensation que ce n’est pas du tout ce que je dois dire, mais je n’arrive pas à me souvenir de la raison pour laquelle Aiba m’a poussé de la sorte. En fait, je ne me souviens même pas de ce que j’ai mangé au petit-déjeuner ce matin, ce qui est une grande première étant donné que la nourriture et moi sommes mariés depuis ma naissance.
« Si tu veux. Tout à l’heure ? »
« Ok. »
Je tourne les talons comme un soldat et retourne m’asseoir sur le canapé, la peau brûlante. Pourquoi mes mains sont-elles aussi moites ?
« Alors, il t’a dit quoi ? Il n’a pas eu l’air vexé… Tu vois que ça s’est bien passé ! »
« Pourquoi ça se passerait mal ? Ce n’est qu’une chorégraphie. »
« … Eh ? Mais de quoi tu parles ? »
« Et toi, de quoi tu parles ? »
Peut-être qu’il m’en apprendra plus sur ce trou de mémoire temporaire que je semble avoir.
« De ta confession. À Jun. Tu ne l’as pas faite, c’est ça… »
« Oh… j’ai… oublié. »
Si ce fait était vrai, je n’arrivais pas à croire ce qu’il venait de me dire. Moi, me confesser ? Jamais de la vie, j’étais trop trouillu pour ça, surtout si la personne en face était Jun ! J’avais un crush sur lui depuis une éternité et si je n’avais rien fait avant, ce n’était sûrement pas avec ma tête de hamster actuelle que j’allais me lancer. Je n’étais clairement pas à mon avantage. Je jetais un coup d’œil vers mon cadet et nos regards se croisèrent moins d’une seconde avant que, finalement, il ne se replonge dans son script.
Je me sens tout chose. Les paroles d’Aiba ont fait écho en moi et ce qu’il me dit… me semble vrai. Oui, une confession à Jun, j’aurai pu tenter mais pourquoi l’aurais-je alors oublié ? Trou de mémoire dû au stress ou à l’anxiété ?
« Tu trouves que c’est une excuse ? »
« J’ai mal à la tête, je vais prendre l’air. »
Je me lève brusquement de ma place pour sortir tout aussi vite de cette pièce, ou quelque chose de bizarre traîne. Je ne sais pas de qui ça vient, de moi, d’eux… de l’air ambiant que je commence à trouver irrespirable. Mon cœur s’emballe et je m’adosse au mur de la porte de service du staff, cherchant dans mes poches une dernière clope à me griller. J’en trouve une de fortune au fond de ma poche mais, poisse habituelle, je n’ai rien pour l’allumer, pas même une petite allumette de rien du tout. Je grogne de façon désespérée quand la porte s’ouvre en sursaut.
« Ah, t’es là. »
Je me pince les lèvres alors que Jun ferme la porte derrière lui et s’installe non loin de moi, dans la même position.
« T’as pas du feu ? »
Je le vois ricaner et se redresser pour m’allumer - pardon, allumer ma cigarette - puis il se replace un peu plus près de moi, cette fois. Je me demande quel sujet de conversation aborder et si je serais capable de lui parler comme si de rien n’était, comme si le fait de le voir ne me rendait pas fébrile. Il est magnifique, c’est indéniable, et je résiste beaucoup à l’envie de le reluquer d’avantage. Ce ne serait tellement pas discret…
Il pianote quelque chose sur son téléphone et je me décide à engager la conversation, histoire de dire qu’on n’aura pas passé cinq minutes l’un à côté de l’autre sans se parler une seule fois.
« Toma va bien ? Vous êtes toujours… ? »
« Non, on a rompu y’a pas longtemps. Encore. »
« Oh, désolé… »
« Tu n’as pas à t’excuser, tu n’y es pour rien ! »
« Pourquoi ça n’a pas marché cette fois ? »
Jun hausse les épaules, me regarde le temps d’un battement d’aile d’oiseau puis, étrangement, détourne le visage en se grattant la lèvre inférieure.
« Si t’as besoin d’en parler… »
« C’est sympa, mais pas pour l’instant. De toute façon, il n’y a rien à dire de plus ! On est juste… on s’aime bien mais ça ne suffit pas, en tout cas pour moi. Je n’arrive pas à ressentir assez de passion ou d’envie, j’ai l’impression de me lasser et ça me rend coupable. Donc vivre une relation en se sentant coupable…
« Ouai, je vois. »
Je ne peux pas m’empêcher de sourire dans ma tête, ravi malgré moi de savoir qu’il est de nouveau libre et qu’en plus de cela, avec Toma, c’est probablement la toute dernière fois qu’ils font un essai ensemble. Est-ce que ce serait le moment pour moi de me lancer ? Je le regarde de nouveau en coin mais rien qu’en admirant son profil, je me sens complètement pieds et poings liés. Dire qu’avant, de nous deux, j’étais le plus impressionnant… Jun n’a rien à envier à personne. Il est devenu tellement… lui. Au fond, il s’est toujours un peu cherché physiquement parlant. Mais ce serait un mensonge que de dire que je n’appréciais pas le garçon si frêle et rigolo qu’il était autrefois. Je souris bêtement à ce simple souvenir, me rappelant ô combien j’avais si souvent apprécié sa présence à mes côtés, ce sourire éternellement mignon qu’il avait quand il me regardait, et cette lueur dans son regard envers moi qu’il avait perdu. Je me sens totalement nul d’avoir laissé passer une chance pareille quand tout ce que je veux aujourd’hui dans ma vie, c’est lui.
« À quoi tu penses ? »
« Moi ? Euh… rien. Je ne me rappelle juste pas la dernière fois que j’ai vécu de passion, ahah. »
« Pas de copine en ce moment ? »
De… Ah oui, il m’a toujours cru hétéro et moi, je ne l’ai jamais directement contredit. Pour lui dire quoi ? Qu’à la place, c’est lui que j’aime ? Stupide, stupide Sho que tu es. Je secoue la tête négativement, de plus en plus embarrassé par cette discussion qui ne mène à rien pour moi. Qu’on soit seuls ou pas, je n’arriverais pas à me confesser, je ne m’en sens clairement pas les tripes… probablement parce que je n’ai pas l’impression de pouvoir mériter une telle personne. Je ne dis pas forcément qu’un autre est mieux mais… moi, qu’aurais-je de plus ? Je travaille tellement que la passion préfère me fuir. Je ne saurais pas lui donner le quart de ce dont il a besoin, de ce qu’il mérite. Je baisse la tête et écrase ma cigarette contre la pierre.
« Bon euh… je remonte. »
Bravo Sho, comme si on en avait quelque chose à faire. Pourquoi je n’arrive pas à me résigner le concernant ? Pourquoi ne pas juste me dire : laisse tomber et passe à autre chose ?
« Attends, tu as fait tomber ton portable… »
Ses doigts s’agrippent à mon poignet, nos peaux entrent en contact… Une décharge violente me pousse à me défaire de sa prise et je ressens, encore après, des picotements des pieds à la tête. Je le regarde avec un regard que moi-même je ne saurais pas décrire, et je vois la même lueur dans ses yeux. Je crois voir ses joues se teinter et il me fout le téléphone dans les mains avant de partir rapidement.
C’était quoi ça ?
Jun’s POV
« J, est-ce que ça va ? »
Je sursaute à l’évocation de mon prénom et fais un signe à Nino, que je n’attendais pas à voir se balader dans le couloir.
« T’es tout pâle. Tu es sûr que ça va bien ? On peut reporter à demain. »
« Non, c’est bon. Je vais me rafraîchir un coup et je reviens. »
Me réfugier dans les toilettes est la seule option que je trouve pour : de un, être seul et de deux, ne pas croiser Sho. En fait, ne croiser personne. Assis sur la cuvette, je regarde le plafond, tête contre le mur, respiration courte, cœur battant. Ce truc qui s’est passé… cette décharge… j’ai cru voir un porno dans ma tête, mais avec pour acteurs Sho et moi. C’était fou, je n’arrive même pas à croire que j’ai pu avoir une pensée pareille. Je ne me suis plus touché en pensant à lui depuis des années, ce n’est pas MAINTENANT que ça va recommencer ! J’ai passé à autre chose.
Eh, pourquoi cela sonne-t-il aussi faux ? C'est probablement à cause de ces images qui me trottent dans la tête depuis que je l'ai touché. J'ai l'impression d'avoir senti l'empreinte de ses doigts sur mes hanches, la caresse de son souffle dans mon cou et, murmurés à mon oreille, des mots à la fois doux et... improbables. Il est apparu dans mon esprit comme l'être que j'aurai aimé qu'il soit avec moi autrefois : l'amant amoureux, passionné et tendre.
Je prends mon temps pour souffler un peu, me décontracter et chasser de ma tête des souvenirs que je ne me souviens pas avoir vraiment vécus. Je me demande même si moi, Matsumoto Jun, je ne vais pas plutôt laisser tomber le travail aujourd'hui pour rentrer chez moi m'allonger. Cela a eu un tel effet coup de fouet que je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose que les battements de mon cœur lorsque je visualise le visage de Sho dans ma tête déboussollée.
Je finis par sortir de ma cachette pour retourner vers mes collègues et compagnons, mais ce n'est pas sans crainte de LE croiser. Mais évidemment, il est là lorsque j'entre dans la loge et je fais tout pour ne pas croiser son regard et laisser savoir ce qui m'est passé par la tête un peu plus tôt. Pendant toutes ces années j'ai réussi à cacher ce que je ressentais pour lui, ce qu'il m'inspirait... je n'ai pas envie qu'aujourd'hui, des années de secret me trahissent. Est-ce ma rupture récente avec Toma qui m'a ramené à cet état ? Je me le demande...
"Est-ce que ça va Jun ? Tu es parti précipitemment tout à l'heure... Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ?"
En le voyant s'approcher de moi, je prie pour qu'il ne vienne pas s'asseoir à mes côtés, ce qui me rendrait encore plus mal à l'aise. Mais il faut croire que mes prières n'ont pas été entendues vu que, la seconde d'après, il se pose dans le canapé, à quelques centimètres de mon coude. Génial. Néanmoins, je le sens aussi tendu que moi bizarrement, ou est-ce moi qui l'englobe dans mon malaise ? Il a un air gêné que je ne peux pas lui inventer et il attend ma réponse. Attendre ma réponse... j'ai l'impression que c'est quelque chose qu'il a fait souvent dernièrement, mais aucun exemple ne me vient en tête.
"Non, ne t'inquiète pas. J'avais... une envie pressante. Petits coins."
Je trouvais mon excuse un peu débile et brouillonne, mais peut-être la seule qui puisse expliquer pourquoi j'étais parti en courant de la sorte. Comme si je le fuyais. Ma dernière volonté est de lui faire de la peine, je ne pense sérieusement pas qu'il le mérite. Je lui fais un sourire rapide et lorsqu'il me le rend, mon cœur bat encore plus rapidement, si bien que je m'attends à le voir sortir de ma poitrine.
"Ah... d'accord. Si tu as besoin..."
Je le vois hésiter à poser sa main sur mon épaule ou mon bras, et finalement il la garde sur ses propres genoux, comme si je ne pouvais pas être touché. Ne DEVAIT pas être touché, pour être exact. Je me pince les lèvres et souffle lorsqu'il s'éloigne enfin de moi, me redonnant un air dont j'ai grandement besoin. Lorsque je baisse les yeux sur mes mains, je remarque qu'elles sont agrippées à mon jean et qu'elles tremblent un peu. Je ne me comprends plus...
J'essaye d'oublier tout ça les heures suivantes pour me concentrer à fond dans mon travail, mais j'ai oublié ma promesse à Sho de l'aider avec la chorégraphie. Pour assurer mes arrières - car vraiment, aujourd'hui, je ne me comprends pas - j'incite Masaki à venir se joindre à nous puisque lui aussi aurait besoin d'un peu d'aide en la matière. Riida avec moi, nous nous dirigeons vers la salle d'entraînement où les deux nous attendent. Je me dirige aussitôt vers Aiba, mais...
Sho's POV
Je n'ai pas compris la réaction de Jun, encore moins la mienne. Ce n'est pas la première fois que j'imagine des scènes osées dans ma tête nous mettant tous les deux en scène, mais cela n' a jamais paru aussi... réel qu'aujourd'hui. J'ai néanmoins tenté de tout cacher pour ne pas qu'il se sente mal à l'aise avec moi, par ma présence ou mon comportement. Cela ne l'a pas empêché de me fuir, à un tel point que je n'ai plus osé le toucher. J'en suis venu à me demander si cet entraînement à la chorégraphie n'est pas une mauvaise idée, mais je me rends bien vite compte que Jun m'a devancé lorsque je vois Masaki attendre dans la salle. Puis, Riida et Jun entrent à leur tour et c'est sans surprise que l'élu de mon cœur se dirige vers mon cadet. Depuis quelques années, j'ai vraiment cette impression qu'il l'apprécie bien plus qu'il ne m'apprécie, moi. Cela fait un peu mal au cœur mais j'essaye de ne rien laisser paraître de ma souffrance. Après tout, si j'ai tenu quatorze ans comme ça, je peux encore tenir quelques heures de plus. Voire quelques années...
La surprise me clout les pieds au sol lorsque Masaki devance Jun et se colle presque à Ohno en me faisant un petit clin d'œil pas trop discret. Mal à l'aise, mon cadet finit par se tourner vers moi comme si j'étais le "choix par dépit". Celui qu'on est obligé de prendre dans son équipe parce que personne n'en veut. Je ne sais pas si je dois remercier ou taper Aiba pour m'avoir fait un coup pareil...
On se positionne face au mur-miroir et ils nous montrent les pas à effectuer, ceux que nous maitrons le moins. Je ne pense pas m'en sortir trop mal même si, des deux, Jun a hérité du membre le moins souple, et donc le moins apte à exécuter les pas demandés. Je me sens tout à coup pas très à l'aise dans mon propre corps, comme s'il ne m'appartenait pas, et l'air un peu agacé faussement caché de Jun qui se reflète dans la glace ne m'aide pas à me sentir plus confiant. J'en oublie presque qu'il est mon cadet et que je suis censé avoir à peine plus d'expérience que lui dans la vie. Je me sens d'un nul...
"Pourtant, ce n'est pas compliqué... Tu fais un tour avec tes hanches, tac, tac, tourner, tac."
Il est marrant, tout est facile à faire pour lui ! Il ne comprend pas que pour moi, c'est difficile, que je n'ai plus la même adresse qu'avant - à se demander même si j'en ai eu un jour - et en plus maintenant, à force, j'ai le tournis. Je fais tout de même mon bon élève, je me tais et je continue encore et encore, jusqu'à ce que ça rentre dans mon petit crâne. Et croyez moi que c'est difficile de se concentrer quand un mec pareil, qui vous attire, se met devant vous et bouge ses fesses comme une déesse. Je fronce les sourcils, n'aurais-je pas déjà vu cette scène dans le passé ? Bah, je les matte tellement souvent qu'à force... Oups, il y a le miroir, je dois me concentrer sur autre chose si je ne veux pas me retrouver dans un état que je ne pourrais pas leur expliquer sans tout avouer de mon attirance pour Jun. Je sens déjà que ça chauffe... et pas que mes muscles. On n'a pas idée d'être aussi sexy...
Voulant bien faire, je suis ses recommandations mais au moment de tourner, je me cogne contre lui. Aussitôt, en le voyant tituber, je le rattrape par le poignet et le tire vers moi pour, bêtement, retomber en arrière. L'arrière de mon crâne heurte le sol et je grimace quelques secondes, avant d'ouvrir grandement les yeux. Ils doivent ressembler à deux billes bien rondes, tandis que chaque parcelle de mon corps et de mon esprit commence à se rendre compte, petit à petit, qu'IL est contre moi - sur moi. Rêve, souvenir ou réalité, je n'arrive pas à ranger dans une case les images qui me viennent en tête où, nu contre moi, Jun caresse ma peau tout en baisant mon torse. Ma respiration s'accélère alors qu'il remonte jusqu'à mon menton. J'ai chaud, je bouillonne. J'entrouvre les lèvres pour l'accueillir, empressé de sentir les siennes...
Oh oh. Problème. Ce que je contenais auparavant se laisse entrevoir sans mon accord et je prie pour qu'il ne sente rien. Au-dessus de moi, toujours autant habillé, Jun devient bizarrement rouge et on sent bien que malgré lui, il baisse la tête vers le bas de mon corps qui frôle le sien. Je me sens honteux de montrer mon désir pour lui avec aussi peu de retenue et son manque de réaction me met mal à l'aise. C'est moi qui le repousse, angoissé par l'idée qu'il puisse découvrir quoique ce soit de ce que je ressens à son égard. Je me relève comme je peux en tentant de cacher ma virilité honteuse par mes propres moyens et je m'enfuis jusqu'aux vestiaires de l'agence, plus bas que terre. Je rase les murs, je ne veux croiser personne qui puisse me voir comme ça, aussi vulnérable. Oh Jun, Jun... pourquoi tu me fais ça ? Maintenant qu'il a tout vu et tout senti, vais-je réussir à le regarder dans les yeux ? Déjà qu'on ne le faisait pas beaucoup avant... Et quelle excuse vais-je trouver pour expliquer tout ça ?
Je rentre aussitôt chez moi par la suite, incapable de retourner voir les autres après un tel déboire. Je prends une douche, m'affale dans le canapé du salon et... attends. Quoi, je ne sais pas encore. J'aimerai bien parler à Jun mais je ne saurai pas quoi lui dire. J'ai si peur de son regard, de ses propos... Je n'en ai pas un bon souvenir.
Me vient l'idée subite d'aller courir. C'était comme si mon corps me le demandait, ou qu'il y était habitué. Malgré ma récente douche, je décide de mettre un jogging et d'aller me défouler un petit peu sur l'asphalte. Il ne me faut que quelques minutes pour sentir mes muscles se plaindre et mon corps se traîner, mais je n'arrête pas puisque c'est la seule chose qui me permet de ne pas penser. À un carrefour, il se mit à pleuvoir. Ce qui n'était que des petites gouttes devient rapidement un flot d'enfer et je me cours en sens inverse pour rentrer chez moi. Vite trempé, je déboule à un tournant dans la rue de mon immeuble lorsque je distingue une silhouette qui ne m'est pas inconnue devant ma porte de bâtiment. Regardant autour de moi, je finis par prendre mon courage à deux mains et marcher dans sa direction. À une autre époque, j'aurai simplement tourné les talons comme le fuyard que je suis. Mon cœur dans ma poitrine fait bien plus de bruit que la pluie sur mon manteau et je m'arrête près de mon cadet qui, lui aussi, est trempé. Je devine bien vite qu'il est là depuis un petit moment... et je me sens d'autant plus coupable.
"Qu'est-ce que tu fais là Jun ?"
Je lui demande tout en sortant mes clés de ma poche pour ouvrir. Je me pince les lèvres lorsqu'il se retourne vers moi, son bonnet n'ayant pas épargné quelques uns de ses cheveux.
"Tu permets que j'entre ? Je meurs de froid."
"Bien sûr."
Si j'arrive à ne plus penser à ma petite "bévue" plus tôt dans la journée, tout devrait bien se passer. Et puis, c'est juste le temps qu'il se réchauffe un peu, non ?