Titre : I'll make you beg for me
Auteur :
biditochePairing : MotoGakuto (GACKT x Matsumoto Jun)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : Gackt et Jun se ressemblent sur plusieurs points. Ils fréquentent le même genre de bar et se comportent avec leurs cibles sexuelles de la même façon. Cependant, lequel des deux finira par supplier l'autre d'arrêter le supplice, s'ils venaient à s'affronter ?
Chapitre 7
Souhaitant les laisser seuls, je me retire du comptoir avec mon verre et vais m'asseoir sur une banquette au fond de la salle, les espionnant du coin de l’œil. La dernière fois que j'ai été aussi jaloux, c'était... ah, quand tous ces mecs débraillés sortaient du bureau du boss, à la suite. Rien que d'y penser, j'en tremble de colère et de tristesse. Ce n'est pas juste... Je m'affale sur ma table et ferme les yeux, cherchant à trouver le sommeil alors que nous sommes en plein après-midi. Comme en plein rêve, je me mets à l'entendre me parler, avec sa voix si grave et sensuelle que j'en oublierai presque mon nom.
« Charmant discours. »
« La ferme » je marmonne contre mon bras à mon esprit. Ouai, je me parle, ahah !
« Pas après cette longue tirade sentimentale. Comment va ton nez ? »
« Il vous salue ! De toute façon, qu'est-ce que vous en avez à faire ? Vous n'êtes qu'une voix dans ma tête. »
« Une voix ferait ça ? »
Je sens une douleur sur mon crâne, à la racine de mes cheveux et me relève d'un bond... avant de remarquer que je ne suis pas seul, sur la banquette. La mâchoire m'en tombe... il est là ! Mais... vraiment... là ? Ou alors c'est mon esprit qui me joue un tour... Non, il a l'air bien réel. Et si je le touche, pour vérifier ? Je n'ose pas.
« Ne me regarde pas comme ça, on dirait que tu as vu un fantôme. »
« Qu'est-ce que vous faites là ? »
« Je viens t'empêcher de foutre ta vie en l'air, Matsumoto. »
« Je n'ai pas besoin de vous. »
Tiens, ça ne vous rappelle rien ça ? À moi si, mais je ne sais pas quoi... Il lève les yeux au ciel et trempe un mouchoir en tissu dans un verre d'eau, qu'il applique ensuite sur mon visage. Ainsi, il efface les traces de mes larmes et le sang sous mon nez jusqu'à mes lèvres - où il s'attarde un peu, je dois l'avouer. Je ferme légèrement les yeux, appréciant son contact bien qu'il soit vraiment faible. Je me sens presque défaillir tellement ça me bouleverse... mais je ne dois pas paraître si sensible pour si peu.
« Tu as démissionné. »
« Et alors ? »
« J'ai interrogé Souta-san, il m'a dit que tu n'étais pas dans ton état normal depuis quelques semaines. »
« Vous enquêtez sur votre personnel maintenant ?! »
« Ne fais pas l'enfant. Es-tu certain de vouloir démissionner ? »
« Vous avez vu mon travail, non ? Je ne mérite plus d'être à ce poste. Et puis... »
« Tu ne veux plus travailler pour moi, c'est cela ? »
À quoi ça sert de parler avec lui ? Il a passé tout ce mois à m'ignorer, à faire comme si je n'existais pas. Qu'est-ce que ça peut lui faire aujourd'hui que je souhaite démissionner ?
« Laissez tomber. De toute façon vous n'avez que des regrets me concernant. »
« Je te retourne la chose. »
« Pardon ??? »
« Tu as bien dit que tu regrettais de m'avoir vu et que je te dégoûtais ? Ou répugnais, je ne sais plus... »
« Arrêtez... »
« Que je ne suis qu'un con, que tu allais te plaindre de mes attouchements... et après tu veux que je te cours après ? »
« Je vous ai dit d'arrêter... »
« Je ne suis pas comme tous ces mecs qui te courent sans arrêt après sans même une once de fierté. Quand on m'insulte, je réplique. Quand je sais que la partie est terminée, je m'en vais. Je ne suis pas un mauvais perdant, mais toi si. Je te veux toujours, mais pas si c'est pour que tu me regardes chaque jour avec ce sentiment de dégoût dans le regard. Ne démissionne pas, mais ne fais pas non plus comme si ça avait une quelconque importance pour toi. »
C'est cruel et ça fait mal. Pourquoi me dire tout ceci ? Est-ce qu'il ne voit pas que j'en souffre ? Que je regrette tout ce qui s'est passé ? Que je me suis emporté pour rien ? Je pensais qu'il ne voulait que son argent, il me l'a bien fait comprendre non ? Ce n'était qu'un jeu et moi, j'ai été trop bête pour y croire l'espace d'un instant. Je ne sais plus à quel moment j'ai franchi la limite du jeu à la réalité, mais aujourd'hui je ne peux plus faire marche arrière. Sauf qu'il me fait tellement souffrir... À cet instant, je n'ai envie que d'une seule chose. Pas que l'on s'insulte, que l'on se rejette la faute l'un l'autre, qu'on se convainc que ce n'est qu'un jeu... c'est plus que cela. Je le sais, il le sait aussi - ça s'entend dans sa voix. Ou du moins, j'ai envie de croire que c'est le cas. Si seulement il pouvait me voir comme je le vois... Cette image qui me fait mal à un point tel que je manque encore de pleurer et de tout envoyer balader.
Mais au diable ce qui est bien ou pas. On n'a qu'une chance dans la vie et je ne veux plus gâcher la mienne en non-dits. Je vais peut-être faire la plus grosse erreur de toute ma vie mais au moins, je n'aurai plus aucun regret par la suite. Je vais peut-être souffrir encore plus, démissionner pour de bon tellement sa présence me sera insupportable et mettre un temps infini à me remettre de cet épisode de ma courte vie, mais au moins j'aurai essayé...
Je saute à son cou sans plus réfléchir, trouvant sa bouche sans problème, collant ses lèvres aux miennes avec avidité et désespoir. Mes mains agrippent sa nuque et sa chevelure d'ébène alors que je monte un peu plus sur la banquette puis ses genoux, dévorant cette chaire fraîche sous mes dents. Je me consume, une douce souffrance s'empare de moi mêlée à un plaisir que je n'explique pas. Son odeur m'enveloppe, m'enhardit d'avantage et me transporte. J'oublie tout, je ne suis que sensations : ses lèvres qui répondent aux miennes avec tout autant d'ardeur, sa langue qui vient caresser sa jumelle dans un soupir, ses mains qui agrippent mes hanches pour me hisser un peu plus sur ses genoux, avant de glisser sur mes jambes dans une friction sensuelle... Je vis de nouveau, je me sens exister entre ses bras et contre lui, et je me rends compte à quel point je tiens à lui, à son foutu caractère de merde, à son côté sadique et joueur, à sa façon d'être qui m'énerve mais me fait fondre à la fois.
Je suis raide dingue de ce type et il m'a fallu tout ce mal pour m'en rendre pleinement compte. Maintenant que ses lèvres sont à moi, je ne veux plus les quitter, et encore moins passer toute une journée sans elles. Je le veux à mes côtés chaque jour, au levé comme au coucher, dans ma baignoire et mon lit, ma cuisine et mon salon. Peu importe où j'irai, je veux qu'il y soit, qu'il me regarde et m'admire, qu'il me dise à quel point je suis beau même si je suis tellement malade que mes yeux sont enflés et mon nez exagérément rouge. Je veux qu'il me fasse l'amour comme si c'était la dernière fois. Chacune de ces pensées, je la lui transmets via ces baisers langoureux que nous échangeons depuis de longues secondes à présent. Je n'ai plus d'air, j'arrive à peine à respirer mais c'est un bien moindre mal quand je sais que cela veut dire qu'il n'arrive pas à me lâcher, lui non plus.
Je soupire d'aise et ne regrette pas d'avoir sauté le pas, même aussi brusquement. C’est lui qui nous force à nous écarter et, effrayé de voir l’expression sur son visage, j’enfouis ma tête dans son cou, respirant allégrement sa divine odeur.
« Jun… Il faut qu’on parle. »
« Non, laisse-moi. »
Je me mets à sangloter sans savoir pourquoi, mouillant la peau de son cou que je m’obstine à suçoter comme un nourrisson. Contrairement à ce que je pensais, il m’obéit ; je resserre ma prise autour de lui et écoute ma respiration trépidante se calquer sur la sienne, plus calme.
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Je me réveille plus tard, la tête et les paupières lourdes. J’ai mal à la tête, la bouche pâteuse et une faim de loup. J’entrouvre un peu les yeux et distingue un oreiller sous mon visage, qui sent agréablement bon, puis des draps qui me recouvrent totalement. Je suis bien tenté de me rendormir… mais les événements récents me font sursauter de ma place. Où suis-je ? Je ne reconnais pas cet endroit, ce n’est pas ma chambre ! Je n’ai pas de lit à baldaquin, ni même de draps en satin qui ont l’air neufs ou encore, de fenêtres deux fois plus grandes que moi. Pourtant, peu de lumière filtre et je me rends compte qu’il fait nuit. Je frotte mon crâne en me relevant dans le lit et observe autour de moi avec encore plus d’attention. Tout est propre, pas un tissu ne dépasse des armoires murales et le sol est si lisse que j’ai peur d’y poser un pied. Qui est nu, soit dit en passant. Où sont passés mes chaussures et mes chaussettes ??? Je me décide à découvrir ce qui se cache derrière ce rêve - oui, ça ne peut qu’en être un - et descends enfin de mon perchoir. Mes pieds se posent sur quelque chose de doux et confortable… un tapis. Je n’ai JAMAIS marché sur un truc aussi douillet ! Mes orteils sont au Paradis… mais je les force à ne pas y rester, bien qu’à contrecœur. Je m’étire, me mets à bâiller puis frotte mes mains sur mon… pyjama ??? Pas étonnant que je dorme si bien, je porte un pyjama d’ange ! Blanc, pas trop large et aussi doux que les draps. Je crois rêver… Bon, au moins, le boxer que je porte m’appartient !
Je m’accroche aux meubles et objets sur mon chemin pour atteindre la porte sans trop de difficulté et l’ouvre sur un couloir plus immense que le palais de l’empereur. Super, un labyrinthe… Soupirant, je m’engage et dès que j’aperçois des escaliers, les descends avec prudence. Dans ma tête, tout fait des kilomètres et j’ai l’impression d’être une Alice après être tombée dans le terrier du lapin blanc. Et soudainement, une odeur familière mêlée à une autre, savoureuse, qui me met l’eau à la bouche. Suivant mon flair, je pousse la deuxième porte qui croise mon chemin et atterri…
… Dans une cuisine. Et quelle cuisine ! Un paradis sur Terre. Mes yeux en pétillent. Tout est bien rangé, à sa place, propre voire luisant et la planche de travail est immense… C'est de là que vient la délicieuse odeur, une simple cafetière high-tech qui traîner sur le comptoir et laisse diffuser une senteur de café frais made in Éthiopie. Un vrai bonheur. Je m'en approche et le sens, avant de sourire. Je n'en ai même pas bu que je me sens déjà un peu mieux. Et à côté, des viennoiseries qui ont l'air aussi fraîches que la rosée du matin. J'en salive d'avance !
« Bien dormi ? »
Je sursaute, comme pris sur le fait et me retourne vers la voix qui provient d'une autre porte que celle d'où je viens d'entrer. Combien y en a-t-il au juste ??
« Deux, couloir et salon. Je te fais visiter ? »
« Où suis-je ?? »
« Chez moi, Jun. »
… Eh ? Chez lui ? Enfin, pas étonnant... On ne s'attend pas à moins d'un grand directeur d'entreprise de cosmétiques ! Je croise mes bras sur mon torse, agrippant mes propres bras comme pour me protéger de lui. Il ne me faut que quelques secondes pour me souvenir de ce qui s'est passé la veille : mon pétage de câble, ma démission, le bar, ce baiser... Mais quelque chose reste flou, voire complètement noir.
« Est-ce qu'on a... enfin... »
« Non. Tu t'es endormi et je t'ai amené ici, en sécurité. Je ne souhaitais pas que tu te réveilles seul après tout ceci. Je t'ai déshabillé, je l'avoue, mais c'était simplement pour te mettre ce pyjama. Je plaide coupable : j'ai apprécié la vue. »
Je rougis violemment, me rendant compte à quel point j'ai été vulnérable à cet instant. Pourtant, il n'a absolument rien fait contre moi ; aucun attouchement, aucune tentative sexuelle. Il a simplement pris soin de moi - c'est même un peu frustrant, à vrai dire. Serais-je de moins en moins attirant ? Non, il vient de dire qu'il avait apprécié. Alors quoi ? Juste... du respect ?
« Déçu ? »
Mais il lit dans mes pensées ou quoi ??? C'est carrément flippant. De la magie noire ! Et si je pense à...
« Du café ? »
« Comment vous faites ?! »
« Pardon ? »
« Vous savez exactement ce que je pense ! Comment vous faites ?! »
« … Est-ce que ça va, Jun ? Tu es étrange. J'ai simplement déduis des choses selon les expressions de ton visage. J'aurai très bien pu me tromper. »
« … Ah. Ok. Euh... du café, merci. Où sont mes vêtements ? »
« Je les ai rangé dans une armoire, dans ma chambre. »
« Pourquoi ? »
« Je n'allais pas les laisser sécher encore un jour, cela aurait été inutile ! »
« Un jour... ? Attendez, je suis là depuis combien de temps ? »
« Ça a fait deux jours il y a quelques heures. »
J'écarquille les yeux de stupeur. Autant ? C'est vrai que maintenant que je suis réveillé, j'ai l'impression d'avoir dormi comme une pierre. Je me sens en forme, malgré mon mal de crâne et de ventre. Deux jours, alors... Quelqu'un a prit de mes nouvelles, au moins ? Haruto ? Probablement pas après ce que je lui ai dis et fais. Je me sens tellement mal... Mon directeur s'approche mais instinctivement, je me recule. Pourquoi ? Aucune idée. Surtout après ce qu'on a vécu hi... il y a deux jours. Je me sens incroyablement attiré par lui mais là, je suis en position de vulnérabilité et sur un terrain ennemi. Il tend le bras et je me saisis de la tasse avec empressement, me mordillant la lèvre de gêne. Elle est chaude et le café, succulent. Je louche sur les viennoiseries sans pouvoir m'en empêcher et là encore, il me sauve la vie. Le croissant au beurre qu'il met sous mon nez me retourne les tripes et contre mon gré, je saute dessus comme un lionceau affamé. Dieu que c'est bon ! Je bois, mange, bois, mange jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien dans ma main et dans la tasse. Je pose cette dernière sur le comptoir et, surveillant Gackt du coin de l’œil, m'empare d'un pain à chocolat et d'un autre, au lait. Je le contourne et vais dans le salon, que j'examine en même temps que je cherche une place où m'asseoir. Il y a le choix ! Je finis par m'installer sur le canapé, les jambes recroquevillées contre mon torse, les mains pleines de viennoiseries. Quand il s'assied à côté de moi, je me décale le plus loin possible, rendant la gêne encore plus palpable entre nous.
« Pourquoi, Jun ? »
« Je ne sais pas. Je n'ai pas les idées en place... Je ne sais plus quoi penser. »
« Alors ne pense pas, dis simplement ce que tu ressens. »
« Ce n'est pas si facile... »
« Souhaites-tu vraiment démissionner ? »
« Je ne sais pas... »
« Alors vas-tu revenir ? »
« Je ne sais pas... »
« Non mais j'hallucine, tu te fous de moi là ?! »
Je sursaute encore, ne m'attendant pas à ce qu'il hausse la voix de cette façon, comme s'il... oui, m'engueulait ? Ça me met aussitôt en colère à mon tour. De quel droit me parle-t-il comme ça ? Je ne suis ni son larbin, ni son paillasson !
« Je vous demande pardon ?? »
« Tu fais vraiment n'importe quoi au boulot, tu t'enfuies en pleine journée pour aller boire dans un bar et après tu me sautes dessus, sexuellement parlant ! Alors ne va pas me dire que 'tu ne sais pas' ! »
« Même après tout ça, vous ne comprenez vraiment rien à rien ! »
Je balance sauvagement les viennoiseries à son visage et quitte le canapé, vraiment furieux et triste, une émotion que j'ai beaucoup ressentie dernièrement. Je compte fuir ce 'chez lui' trop grand à mon goût mais finis vite par me perdre et atterris dans la même chambre que tout à l'heure. Dès que je me rends compte que ce n'est pas par là que je sortirai de cet enfer, je fais demi-tour mais il m'intercepte et mon torse télescope le sien brutalement. Je trébuche et s'il ne m'avait pas rattrapé par la taille juste à temps, je me serais tapé la tête contre le coin du lit. J'aurais pu me faire mal... alors que là, je suis contre mon cocon préféré que je fuis depuis que je me suis réveillé. Il faut que je sorte de là, son contact me rend vraiment chèvre et faible !
Alors je résiste, je le frappe - même si ça ne sert strictement à rien - et tente de m'extirper de sa solide poigne.
« Jun, Jun écoute-moi !! J'étais sincère quand je disais que ce n'était pas de la vengeance ! »
« Laissez-moi partir, je vous déteste ! »
« Je ne savais même pas que tu bossais là mais dès que je m'en suis rendu compte, tout a changé. Tu m'as rendu dingue, tu le sais ça ? Et ce n'était pas que sexuel ! Je sais, tu vas avoir du mal à y croire après tout ce qui s'est passé entre nous depuis mais... »
« C'est du blablatage mensonger ! »
« ARG, c'est pas vrai, t'es têtu !!! J'arrive pas à croire que j'ai craqué sur une mule comme toi ! Tu me casse les bonbons, t'es trop exigeant, tu interprètes tout n'importe comment et tu passes ton temps à faire ta diva ! »
« Et alors hein ??? »
« Et alors J'AIME ÇA ! J'aime que tu me provoques, que tu me cèdes en même temps, que tu fasses ta bitch alors que t'es un mec super sensible à l'intérieur ! Tu crois que personne ne le remarque ? Que tu le caches bien ? Pas à moi !!! Je sais ce que tu es et j'aime ça, Jun. Ce n'est pas... Ce n'est pas qu'une vengeance stupide. Je n'aurais jamais mis temps d'énergie et de temps si je n'y tenais pas vraiment. »
Statique, je le regarde avec de grands yeux surpris - il me semble même qu'ils vont sortir de leur orbite ! Je m'attendais à tout entendre... sauf ça. Pour moi, il n'a jamais été le genre de personne à parler sentiments comme moi je peux le faire dans l'intimité ; et au fond, c'est ce qui le rend attirant et sexy. Mais l'entendre tout ceci, tout ce qu'il pense de moi...
« Vous... tu... tiens à moi ? »
Je ne sais même plus comment lui parler. Après tout ce qu'il m'a dit, pourquoi continuer à le vouvoyer comme s'il m'était supérieur ? On ne parle pas de directeur à employé là, mais d'homme à homme. Avec un cœur, des sentiments et cette irrésistible envie de lui sauter encore une fois au cou pour lui faire savoir ô combien je partage son point de vue. Il est chiant, autoritaire, intransigeant et froid, mais c'est ce que j'adore et je sais qu'il n'est pas que ça. J'ai refusé de le voir ou de le reconnaître, mais il a parfois été si tendre et affectueux envers moi. C'était rare et presque imperceptible, mais cela allait du simple regard au geste naturel. M'ouvrir la porte, effleurer mon dos pour me laisser passer, se placer devant moi face à un client mécontent... Est-ce qu'il dit vrai ? Il tient plus à moi que ce que je pensais ?
« T'es bouché ou quoi ? Je l'ai déjà dit ça ! Écoute un peu ! »
« J'écoute ! J'ai juste... du mal à comprendre... »
« Pas besoin d'être diplômé de Todai pour comprendre ça, mais si tu veux que je te l'explique d'une autre manière... »
Ce n'est plus moi qui lui saute dessus mais bien l'inverse. Ses bras quittent ma taille pour que ses mains s'emparent de mon visage et le colle contre le sien. En sentant de nouveau ses lèvres contre les miennes, mon cœur s'emballe et bat à une vitesse folle mais cette fois, je sens qu'il n'y a pas que le mien. Il me dévore la bouche, et ce avec tant d'ardeur que mon cerveau s'arrête tout simplement de fonctionner - enfin, mes pensées surtout. J'agrippe sa chevelure d'ébène et me hisse un peu plus contre lui, gémissant bruyamment quand il faufile sa langue vers la mienne. Mon dieu, il est doué... Je sens l'excitation monter dans le creux de mon ventre en à peine quelques secondes et c'est encore pire lorsqu'il agrippe mes hanches avec force, passant sous le haut du pyjama. Je le sens déjà tirer dessus avec envie et je la partage, sauf que j'ai encore un soupçon de raison et que je ne peux pas accepter de faire ça aussi vite. Oui, on attend tous les deux depuis plus de deux mois maintenant, on en crève d'envie, on tuerait pour pouvoir coucher ensemble mais dans ma tête, ça ne se passe pas comme ça. Avec un mec quelconque, peut-être, mais pas avec Gackt. Maintenant que mon cœur fait des siennes, je ne peux plus l'ignorer.
« J'ai envie de toi... » murmure-t-il au creux de mon oreille.
Je gémis un peu plus en sentant ses mains descendre sur mes cuisses par-dessus le tissu et me demande comment je vais faire pour dire non à tout ça. Oh merde, il suçote mon cou, le calvaire...
« Moi aussi » je finis par dire dans un simple et court souffle.
Il me fait reculer et c'est en sentant mes jambes taper le rebord du lit que j'appose mon véto. Même si c'est la chose la plus difficile que j'ai eu à faire de toute ma vie, je le repousse, n'arrêtant pas d'échanger de longs baisers avec lui. Je vais même jusqu'à saisir ses poignets pour les écarter de mon corps, au risque de ne pas pouvoir résister plus longtemps à ce toucher. Il faut que je sois fort, je peux l'être, je le sais !
« Quand ? Et ne me dis pas 'je ne sais pas'. »
« Bientôt, quand on se connaîtra un peu mieux. »
« Je te connais déjà. »
« Non. Tu ne sais pas ce que j'aime ou non, ce qui me passionne, ce qui constitue ma vie. Quand je te ferai totalement confiance, tu pourras faire... tout ce que tu veux de moi. »
Il hausse les sourcils et ses lèvres s'étirent en un simple sourire coquin.
« Tu promets, tout ce que je veux ? »
« Et plus encore... »
Je tiens les cartes du jeu et avec un regard éloquent, je quitte définitivement ses bras pour sortir de la chambre. Je le sens à mes trousses et je ne sais pas comment je retrouve le chemin jusqu'au salon. Je sais que le jour où nous le ferons, ce sera... explosif. Peut-être le meilleur souvenir de ma vie et avouons-le, j'ai hâte ! Mais j'ai tout autant besoin d'avoir une vraie relation pour ça. Je ne sais pas encore s'il est vraiment sérieux, s'il a dit ça juste pour me sauter et j'ai peur de découvrir la vérité, mais j'ai aussi envie de prendre le risque. Je ne peux plus passer mon temps à écumer les bars pour tenter des mecs sans jamais rien leur donner. C'est drôle, c'est vrai, et amusant, mais ça ne remplit pas une vie de bonheur. Je veux plus, c'est comme ça que je suis. Et il semble l'avoir compris, alors pourquoi ne pas espérer un peu plus ?
Difficile de lui résister après cela. Je trouve à peine la force de le regarder en face ans lui sauter automatiquement dessus. Malgré l'odeur du café, son parfum prend le dessus et affole mes sens. J'apprends également qu'il est plus de 22 heures et je me sens décalé par rapport au reste du monde. Me dire que bientôt, je vais rentrer chez moi sans emploi ni avenir, me rend morne.
« Si tu veux, tu peux rester ici une nuit supplémentaire. Je ne tenterai rien. »
« Il n'y a pas de raison que je reste... »
« Vraiment ? Aucune ? »
Je ne sais pas si un 'nous' existe pour l'instant. Il a déjà été tellement difficile de s'entendre lui et moi, est-ce qu'on pourrait déjà parler de couple ?
« Cela ferait jaser au travail que vous gardiez un ex-employé chez vous. »
« Pas ex, juste employé. »
« Eh ? »
« Je n'accepte pas ta démission, tu t'en doutes. As-tu quelque chose à redire à ça ? »
Je me tais. Eh oui, pour une fois j'évite de ramener ma fraise, ce qui ne pourrait faire qu'empirer la situation. J'ai besoin de ce travail...
« Cependant, il te faudra fournir plus d'efforts car tu as plusieurs semaines de travail intensif à rattraper. »
« Bien sûr. »
« Tu es chef de projet, après tout. »
Je souris dans mon coin, trop heureux pour l'admettre. Je sais bien qu'il me fait une fleur et qu'au travail, les autres vont me regarder de travers... mais je tente ma chance.
Je ne reste que la nuit chez lui et repars aussitôt le lendemain comme si rien de tout ça ne s'était produit. Pourtant, mes vêtements sentent bon la lessive et dans le métro jusqu'à chez moi, je les renifle sans arrêt. Je passe rapidement par mon appartement pour récupérer des affaires et me dirige ensuite vers les bureaux de l'entreprise. Le stress me broie l'estomac et je respire profondément avant d'entrer. Les regars se tournent vers moi et je jurerai avoir entendu mon nom parmi les chuchotements et les murmures. Quand j'arrive au bureau d'Haruto, je l'y trouve mais même après de multiples tentatives pour attirer son attention, il fait comme si je n'existais pas. Je ne peux pas lui en vouloir après le comportement que j'ai eu moi-même à son égard - mais cela me blesse. Je me décide enfin à laisser tomber après une bonne dizaine de tentatives et retourne à mon propre bureau, dépité.
Toute la matinée, je m'efforce de rattraper tout le travail que j'ai manqué mais il m'apparaît que je n'en viendrai jamais à bout. De plus, les collègues n'ont plus aucun respect pour moi et regagner leur confiance va être une tâche très difficile... mais je tiens bon ! Je suis Matsumoto Jun après tout.
À midi, je suis le mec pitoyable des teenage movies américains en mangeant seul à mon bureau, même pas à la cafétéria. Et le reste de la journée est similaire au matin. Mais je ne me laisse pas démonter et le soir, à la sortie des bureaux, je tente d'intercepter mon ami qui accompagne une bande de mecs hypocrites et hargneux que nous avons toujours pris plaisir à critiquer joyeusement.
« Qu'est-ce que tu veux ? » me demande-t-il sèchement en ne se tournant qu'à peine.
« Je peux te parler en privé ? »
« Pourquoi ? Qu'as-tu à dire ou faire de plus ? »
« S'il-te-plaît, au nom de notre amitié. »
« Notre amitié, Jun-kun, tu l'as piétinée. »
« Je t'en prie, je ne veux pas te perdre ! Tu ne vas pas me dire que tu aimes traîner avec des blaireaux pareils ! »
Heureusement, ils sont trop loin pour m'entendre. Haruto semble hésiter pui hausse les épaules. Je ne cris pas victoire, mais c'est un bon début.
« Je suis vraiment désolé, je n'étais plus moi-même et je t'ai injustement blessé. »
« Ce qui me vexe le plus n'est pas que tu t'en sois pris à moi, mais que tu ne m'aies pas parlé de ce qui n'allait pas. Je te considère comme mon meilleur ami et je pensais que c'était réciproque ! »
« Ça l'est, crois-moi ! »
« Alors pourquoi ne me fais-tu pas confiance ? Tu as disparu pendant deux jours sans même me donner de nouvelles ! J'étais... j'étais mort d'inquiétude. »
« Désolé... j'ai passé ces deux jours à dormir, tu sais. »
« Dormir ? »
« Ouai, c'est... assez compliqué en fait. Ça te dirait qu'on aille boire un verre pour en parler ? »
Il acquiesce sans la moindre hésitation cette fois et nous sortons à la recherche d'un bar pour nous accueillir.
« Alors, raconte » dit-il après qu'on se soit assis « que se passe-t-il ? »
« C'est... à cause du patron. »
« Mais encore ? »
« Tu n'es pas surpris ? »
« Cela se voit que tu l'intéresses et je ne suis pas idiot. »
Je rougis malgré moi, embarrassé.
« Bon et alors ? »
« Ce qu'il faut savoir, c'est que lui et moi on s'est connus dans un bar un peu avant sa prise de fonction et qu'on a... flirté avec beaucoup de... passion. Disons que je l'ai laissé toucher des parties intimes de mon corps... »
« Je vois. Le truc embarrassant. »
« On avait un petit jeu comme quoi je lui devais toujours de l'argent - ou quelque chose - parce qu'il m'avait payé un verre sans mon accord. On a recommencé à flirter, alors que je pensais qu'il ne se souvenait pas de moi - mais je ne sais pas comment... je me suis mis à prendre ça pour du sérieux. Ensuite, il y a eu des malentendus, un baiser, une grosse dispute et il a fini par m'ignorer. Cela m'a beaucoup affecté et j'ai commencé à faire n'importe quoi. »
« Je comprends. Mais dormir... ? »
« … ça m'a épuisé. Après mon coup de gueule, je suis parti je ne sais où. Il m'y a retrouvé et là, je me suis endormi... puis réveillé chez lui. »
« Vous avez... ? »
En voyant le regard brillant de Haruto, je comprends que j'ai retrouvé mon meilleur ami.
« Non ! Mais j'avoue que... j'en aurai bien envie... »
« Et comment ça va se passer pour la suite ? »
La suite ? Je n’en ai franchement aucune idée. Cela a été déjà tellement difficile d’en arriver là que j’ai peine à imaginer ce qu’il pourrait advenir. Je sais ce que je voudrais, personnellement, mais de là à ce que ça se réalise… il y avait un grand gouffre entre ces deux choses.
« Vous allez continuer à jouer à votre petit jeu tout en mettant en péril l’avenir de la boîte ? »
« Bien sûr que non ! Et on ne met rien en péril. »
« Ta démission aurait été une catastrophe, Jun-kun. Tu es doué dans ce que tu fais et je refuse qu’une histoire de fesses vienne entraver ça. »
« Ce n’est pas… » Une histoire de fesses ? Il ne comprendrait pas… mais dans un sens, il avait raison. On n’a pas parlé d’amour, lui et moi. « Oui, tu as raison. »
« C’est peut-être amusant mais tu ne penses pas qu’il vaut mieux arrêter ça tant qu’il en est encore temps ? »
Mais il est déjà trop tard, je sens ces sentiments au plus profond de mon être, je sais que j’en suis amoureux. Sinon, je ne serai pas là aujourd’hui. Mais tout ce que je peux faire, c’est promettre à mon ami que je ne mettrai plus ma carrière en péril pour notre directeur. Mais dieu que ce serait justifié, au fond…
Retrouver mon meilleur ami me fait un bien fou. Je savais que Haruto était indispensable à ma vie, mais pas à ce point. Nous sortons boire un verre et je m’amuse toute la soirée, heureux de pouvoir rire et échanger avec lui de nouveau. Pourtant, les jours qui suivent, la promesse que je lui ai faite me hante. Chaque fois que je passe devant le bureau de mon boss, je me retiens de ne pas y entrer pour foutre ma langue dans sa bouche et le déshabiller complètement. C’est à en devenir dingue, à force… la tension entre nous est toujours plus palpable. Quand nous sommes côte à côte autant que lorsque nous nous trouvons à cent mètres l’un de l’autre. Il me regarde comme un enfant regarderait un gâteau au chocolat succulent et j’en fais de même. Je ressens la sourde envie dans mon bas-ventre qu’il me saute dessus pour me dévorer, mais lui aussi se retient. Après tout ce qui nous est arrivé, nous ne pouvons pas faire une telle bourde. Je veux réellement apprendre à le connaître avant, c’est primordial.
« Un dîner, ça te dit ? » susurre-t-il à mon oreille, dans un ascenseur rempli de mes collègues.
« Tant qu’il ne finit pas comme le précédent… »
Je souris, amusé et me mords la lèvre en sentant sa bouche frôler mes oreilles.
« Chez moi, ce soir. »
Eh ? Chez… lui ? Oh non, ce n’est pas bon ça ! Sans public, sans aucun témoin avec lui en face de moi, dans son environnement naturel et avec ce regard plein de désir… comment vais-je faire pour résister ? Sauf qu’il s’agit là d’un ordre. Je pourrais répliquer, je suis bon à ça, mais l’excitation d’un tel moment me fait capituler. Qui dit que je suis le seul à résister ? Lui-même devra œuvrer bec et ongles pour ne pas céder à mon charme. Je vais même le bluffer, physiquement parlant. Je vais lui montrer un Matsumoto dans toute sa splendeur ! Je souris légèrement et glisse ma main dans mon dos, à la hauteur de son entrejambe sur laquelle elle se pose vicieusement. C’est ainsi que je scelle notre accord, par quelques caresses bien placées qui me valent une main aux fesses poignante. Si dans un ascenseur plein de monde on peut déjà à peine se retenir… alors seuls chez lui, comment y arrivera-t-on ?
Le soir-même, je suis parfait. Tendu, mais parfait. Pas dans ce sens-là voyons ! Juste un peu stressé à l’idée de me retrouver seul avec lui dans un environnement où on s’est déjà embrassés comme des damnés sans arriver à rien. Sois fort, Jun. Tu n’es pas une traînée, tu maîtrises tes pulsions ! C’est beau de se convaincre hein… Je perds un peu de conviction en moi lorsqu’il vient carrément me chercher en super berline noire, vêtu comme un dieu et sexy en diable. Peut-on vraiment être à la fois le Paradis et l’Enfer ? Ce gars, lui, oui. Il sort pour m’ouvrir la porte, mais j’ai à peine le temps de le remercier qu’il me plaque contre la portière semi-ouverte - ce qui fait un mal de chien - et m’embrasse comme jamais on ne l’a fait. Merde, si ça commence comme ça, je vais avoir du mal à subir la suite sans craquer ! Il m’agrippe les fesses et me soulève de quelques bons centimètres, me donnant encore plus la sensation de planer, et dans ma tête je hurle « stop ! stop ! ». Mais j’ai beau le faire, ce n’est pas moi qui nous écarte pour autant.
« N’oublie pas ta ceinture. »
Je hoche de la tête comme un imbécile et m’assois sur le siège passager avec autant de classe que possible - sauf que j’ai les membres tout engourdis et l’impression de flotter. Pour un rencard (parce que c’en est un non ?), c’est un bon début. Se faire embrasser par un dieu puis monter dans une voiture de luxe pour aller dans un appartement plus grand que le parc Yoyogi, n’est-ce pas rêvé ? Nous restons tous deux silencieux pendant le trajet, moi me demandant ce qu’il m’a réservé comme soirée. Il est si mystérieux !