I'll make you beg for me (Partie 3#1)

Apr 24, 2016 17:20

Titre : I'll make you beg for me
Auteur : biditoche
Pairing : MotoGakuto (GACKT x Matsumoto Jun)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, amitié, romance
Résumé : Gackt et Jun se ressemblent sur plusieurs points. Ils fréquentent le même genre de bar et se comportent avec leurs cibles sexuelles de la même façon. Cependant, lequel des deux finira par supplier l'autre d'arrêter le supplice, s'ils venaient à s'affronter ?



Chapitre 10



Debout sur mon balcon, je termine ma cigarette et la pose dans le cendrier, tout en scrutant le ciel qui s'éclaircit face à moi. Je me sens bien, détendu alors que pourtant, quelqu'un d'autre que moi dort dans mon lit. C'est la première fois que je laisse un de mes partenaires de sexe se reposer aussi longtemps et que je ne ressens pas le besoin de le faire partir. Je savais que Jun ferait changer les choses, je n'osais simplement pas me l'avouer... Aujourd'hui, tout est différent pour moi. Je n'ai jamais autant cherché à séduire quelqu'un, je ne me suis jamais disputé à ce point pour quelqu'un. Alors, en me regardant dans le miroir de la salle de bain ce matin, je ne me reconnais pas. Mon regard a changé, mes pensées sont divergentes et même ce suçon dans le creux de mon cou a une toute autre signification que celle que je voudrais lui donner.
Pour la première fois de ma vie, cette nuit, j'ai cédé face à moi-même.

Du mouvement dans le salon me fait revenir à la réalité et je sors de la salle de bain pour retrouver Jun, debout à regarder autour de lui comme s'il était perdu. Je souris en le voyant vêtu de ma chemise, bien trop grande pour lui, les jambes nues. Ses cheveux épars lui donnent un petit côté innocent qui lui va à merveille. Nous nous regardons étrangement, gênés l’un comme l’autre par ce qui s’est passé mais surtout, la façon dont les choses ont tournées. Nous le voulions, nous l’avons, mais maintenant nous avons du mal à nous en rendre compte et à savoir agir en conséquence.

« Café ? »
« Thé… s’il-te-plaît. »

Il croise ses bras devant lui, tirant sur la chemise pour se cacher au possible - ce qui a un côté assez inutile vu que j’ai eu le temps de voir l’intégralité de son corps au cours de cette nuit. Rien que d’y penser, j’en frémis d’envie. J’espère qu’il ne s’approchera pas trop de moi ou je ne saurai pas y résister. Je vois d’un simple regard en biais sa main remettre sa tignasse chocolat en place, ses bras levés laissant apparaître son nombril et le bas de son ventre. Je lui tends sa tasse, ce sans le regarder d’avantage. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai du mal à le regarder en face.

« J’ai bien dormi, merci » reprend-il avec un ton assez vexé.

Oui, je ne lui ai pas posé la question, mais je ne sais pas quoi lui dire. Ni quoi lui demander, d’ailleurs. Cette confiance qui m’a toujours habitée s’est comme… volatilisée. C’est la première fois que je me retrouve dans cette situation presque romantique, je n’ai aucune idée de la façon dont il faut agir. Qui le saurait ? Je me dirige vers le salon et il me suit. J’entends soudainement un bruit sourd de récipient qu’on frappe contre une surface dure et me retourne, constatant que Jun a posé sa tasse sur la table basse.

« Je vais m’en aller. De toute évidence, me voir ici ne te fait pas plaisir ! »
« Si tu le dis » je grommelle.
« Oui je le dis ! T’es même pas capable de me regarder en face. C’est pourtant toi qui m’as demandé de rester, j’aurai dû me casser tout de suite, comme toutes tes autres conquêtes ! »

Je lève mes yeux au ciel, ce qu’il remarque sans hésiter.

« Tu ne contredirais même pas ! J’y crois pas !!! Et moi qui croyais que ce serait différent, j’étais totalement stupide ! Maintenant que tu m’as baisé, tu veux que je me casse, c’est ça ? Putain mais t’es trop con Jun, à quoi tu t’attendais venant d’un… pervers pareil ! »

Je hausse les sourcils, surpris par le ton qu’il emploie pour me parler. Comment ose-t-il ? Mais en même temps, son énervement me fait bien rire. Oui, il m’amuse… et ses sourcils froncés ont quelque chose d’attirant. Il est mignon quand il fait son caïd.

« Mais tu vas répondre à la fin ??? Ou je suis vraiment trop inintéressant pour ça ??? »
« Arrête de t’énerver Jun. »
« Pourquoi j’arrêterai hein ??? T’as vu comment tu me traites ?! Je n’ai pas mon mot à d… »

Mince, il est trop beau comme ça, c’est incroyable. Ça me retourne à un tel point que je le force à se taire d’un baiser désireux. Il me résiste tout de suite, encore en colère mais je ne tarde pas à le faire céder à ma manière. Ses jambes nues me permettent de prodiguer mes fameuses caresses qui ne sont qu’un tremplin vers mon but. Il gémit quand je frôle l’intérieur de ses cuisses, puis passe sous son boxer. Je grogne lorsqu’il tire sur mes cheveux, me faisant autant de mal que j’ai dû lui en faire lorsque je n’ai pas voulu le regarder en face. Il est intrépide, passionné, en demande, et ça me plaît.

« J’te déteste… » murmure-t-il entre deux baisers, ses lèvres toujours contre les miennes.
« Je sais. »
« Arrête de dire que tu sais, c’est pas le cas. »
« Si, je sais. »

Nous insistons l’un l’autre jusqu’à ce que le plaisir physique ne nous force à nous mettre d’accord. Je n’ai jamais pris autant de plaisir à me lier à quelqu’un contre une surface aussi dure qu’un mur, ou moelleuse qu’un canapé. Pourtant, le thé a eu le temps de refroidir quand nous sommes passés de l’un à l’autre, comme insatiables. Et maintenant que Jun est allongé contre moi, essoufflé, je me rends compte que je ne me suis pas menti, cette nuit. Je n’ai pas fait ça sous le coup du sexe qui était torride et bon, mais parce que je le pense vraiment. Seulement, serais-je capable de tout recommencer ?
Jun s’étire et grimace, ce qui me fait doucement sourire alors que je devine la raison de cette tête.

« C’est pas drôle. »
« Je peux te soulager, si tu veux. »
« J’ai pas besoin de toi pour ça ! »
« Laisse-toi donc un peu faire, espèce de têtu. »

Il soupire mais m’attend, alors que je vais chercher un petit tube de pommade dans le tiroir de ma salle de bain. Il est là depuis des semaines, en prévision de ce moment précis. Je sais qu’il ne se donne pas à tout le monde, malgré les idées que je me suis faites de lui lors de notre première rencontre, et je me doute qu’il doit cacher le fait qu’il a eu mal et en subit aujourd’hui les conséquences. Une fois revenu vers lui, je le force à se coucher sur le ventre, soulève son bassin et applique la pommade pour soulager son intimité.

« Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? » demande-t-il tout bas alors que je pose la pommade sur la table à côté de moi. « Je veux dire… pour le boulot et tout ça… »

Pourra-t-on s’afficher ouvertement sans porter préjudice à notre statut à tous deux dans l’entreprise ? À nos relations ? Est-ce que ça en vaut le coup ? Ou mieux vaut-il tout cacher pour assumer le choc, en cas de séparation ? Mais est-ce que tout voiler ne ferait pas que rendre la situation insupportable entre nous ? Et d’ailleurs, quel ‘nous’ il y a-t-il ? Sommes-nous un couple ? Deux hommes qui couchent ensemble parce que ça leur plait ? Je ne sais plus, à vrai dire. Je n’ai pas de réponse. Il tourne son visage vers moi, la joue posée contre ses bras repliés et je croise son regard rempli de questions.
Ma première réaction serait probablement de tout dissimuler. Je me connais, je ne serai jamais capable d’assumer une vraie relation. Mais en même temps, c’est Jun. Ce mec est vraiment unique en son genre, et il me donne envie de tenter quelque chose que j’ai toujours refusé. Je retourne m’allonger sur lui et baise sa nuque, avant de soupirer.

« Et si on arrêtait de se poser des questions ? On fait selon notre envie, voilà tout. »
« T’es sérieux ? »
« Est-ce que ça t’étonne tant que ça ? »
« Non mais… je te vois plus dans le style de mec qui contrôle tout, même le plus infime détail de sa vie privée. Alors qu’on te surprenne un peu trop longtemps avec moi devrait être quelque chose que tu contrôles plutôt que de… faire au jour le jour sans se poser de questions. »
« Peut-être que tu ne me connais pas si bien. »
« Peut-être, mais ça reste louche. »
« Et ça te déplaît ? »

Il hésite quelques secondes, puis se retourne sur le dos pour me faire face avec un mignon petit sourire.

« Non, j’aime bien cette idée. »

Et la conversation se clôt de cette façon. Mais au fond, l’un comme l’autre nous savons qu’elle devra reprendre un jour ou l’autre, car nous ne pourrons jamais rester comme ça éternellement, à faire comme si ne jamais faire de mise au point suffirait à notre bonheur mutuel. Je ne sais pas ce dont Jun a besoin me concernant, mais je me rends vite compte qu’il me devient de plus en plus indispensable.
Et ça me fait peur.

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Faire comme si aucune question n’était à se poser dura… deux semaines. La dure réalité nous rattrapa bien tôt, lorsque Jun ne put me rejoindre un soir, parce qu’il sortait avec des collègues. Inclure leur patron serait déplacé vu qu’ils comptaient se bourrer la gueule et peut-être, parler de moi en mal. J’étais donc resté toute la soirée seul, et les questions commencèrent à se bousculer dans ma tête.
Continuer comme ça n’est plus possible. Lui comme moi avons besoin de réponses, et c’est lorsqu’il me rejoint quelques jours après cette ‘sortie’, à mon appartement, que je vois le même besoin dans son regard. Il a l’air vraiment gêné, comme s’il cachait un lourd secret qu’il ne veut pas me dévoiler. Et moi, ça me rend dingue de ne pas savoir quelque chose. Il a raison : je dois tout contrôler, jusqu’à la vie privée de mes partenaires. Comme Jun est d’un tempérament indépendant, c’est dur pour moi de faire comme si je n’en ai rien à faire.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » je lui demande, alors qu’il s’assoit à mes côtés en fuyant mon regard.

Je n’aime pas ça. La tension qui règne entre nous est tout sauf bonne.

« Écoute, je… j’aimerai que tu ne m’interrompes pas, d’accord ? J’ai quelque chose à te dire et j’aimerai que tu attendes que j’ai terminé avant de te mettre en colère. »

Je fronce les sourcils, curieux et déjà sur les nerfs. Je n’aime pas la tournure que prend la situation, c’est énervant et imprévisible. Qu’est-ce qui m’a pris de commencer une relation avec quelqu’un comme lui, qui n’en fait qu’à sa tête ?

« On est sortis avec les collègues la dernière fois, dans un bar. Je t’avais prévenu. On est resté assez longtemps et on a rejoint d’autres amis dans un autre bar. L’ambiance s’est détendue, on a commencé à plaisanter, à boire pas mal… et puis il y avait un karaoké, on a commencé à chanter, à danser un peu n’importe comment… »

C’est lui qui s’interrompt, grattant sa nuque, toujours sans m’adresser le moindre regard. Et soudainement, la sentence tombe.

« J’ai embrassé quelqu’un d’autre. »

Mon sang se fige dans mes veines. Je ne m’attendais pas à ça, et je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi cette nouvelle me tord autant la poitrine et me serre la gorge. Il fallait s’y attendre ! Nous n’avons rien défini de notre relation, à peine de simples ‘partenaires’, aucun mot d’amour clairement prononcé et aucune demande d’exclusivité. Mais je reste de marbre, comme… indigné. Plus parce qu’il l’a fait en premier, alors que cela devrait être moi. Oui, c’est moi le genre de mec qui va vite voir ailleurs, qui se lasse, qui embrasse un autre et fout tout en l’air ce qui se passe au présent avec quelqu’un d’autre. Mais aujourd’hui, les rôles se sont inversés et je comprends la douleur qu’ont ressentie toutes ces personnes à qui j’ai fait le même tour, autrefois. Sauf que je ne dis rien. Je ne fais que le regarder, attendant la suite.

« Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça, c’était une impulsion, il me plaisait à peine. Pas comme tu me plais toi ! Et… j’me sens vraiment mal, mais en même temps… on n’a pas dit qu’on était un couple toi et moi, pas vrai ? »
« Oui, c’est une raison suffisante pour aller faire sa chienne ailleurs. J’ai écouté, j’ai compris. Tu peux y aller. »
« Gackt… »
« Ne me touche pas » dis-je froidement en m’écartant, alors que ses doigts ont frôlés les miens.

Je ne comprends pas mon comportement, pourquoi j’agis de façon si stupide alors que moi-même, je ne m’investis jamais dans rien. Peut-être est-ce parce que cette fois, j’ai été plus vulnérable ? Je ne sais pas, mais j’essaye d’étouffer cette douleur dans ma poitrine et cette envie de tout foutre en l’air. Encore. Sauf que Jun insiste pour se rapprocher de moi, et le coup fatal arrive. Je le gifle sans même préméditer le geste, et son regard outré me scinde en deux. J’ai levé la main sur lui, mais je n’arrive pas à me sentir mieux. Pourquoi ?
Ni l’un ni l’autre, nous ne prononçons un seul mot et je me lève le premier pour partir jusqu’à ma chambre - ou le terme exact serait : fuir. Je ne veux pas le voir. Il ne mérite pas cette baffe, probablement, mais il ne mérite pas non plus que je le regarde en face. Quand la porte d’entrée claque quelques secondes plus tard, je commence à me demander ce qui ne va pas chez moi. Quelque chose dans l’équation n’est pas bon. Je suis le mec parfait, nombreux sont ceux qui veulent faire partie de ma vie. Je suis bon en presque tout… alors pourquoi, une fois qu’on m’a ferré comme Jun l’a fait, va-t-on voir ailleurs ? Qu’est-ce que j’ai mal fait pour que, cette soirée-là, il aille embrasser quelqu’un d’autre au lieu de moi ? C’est bête, je me sens… bizarre. Presque… jaloux ? C’est nouveau, et surtout c’est malsain.

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J’adopte les jours suivants le caractère le plus gamin qui existe. J’arrive plus tôt et repars le plus tard possible du travail pour moins le croiser, comme si ça allait changer quelque chose. Peut-être que je lui en veux pour ce qu’il a fait, mais je me pose surtout beaucoup de questions que je pensais pouvoir éviter un peu plus longtemps. Qui sommes nous l’un pour l’autre ? À quoi rime tout ce cirque entre nous ? Si je n’avais pas été si faible ce soir-là, je ne me poserais pas toutes ces questions idiotes.
C’est l’heure de la pause-déjeuner. Je pense pouvoir souffler un peu, mais la personne qui vient timidement toquer à ma porte n’est autre que Jun. Son air triste, ses cernes et sa mine déconfite n’aident pas à ce que je reste de marbre. Je n’ai jamais réussi à être tout à fait impartial le concernant, et faire comme si son état ne m’inquiétait pas est impossible. Je lui ai toujours donné plus d’importance qu’aux autres, pour une raison qui m’est encore inconnue.

« C’est la pause-déjeuner, tu n’as pas quelqu’un d’autre à voir ? »
« Peut-on discuter ? »
« Prend rendez-vous dans ce cas. »

C’est sec et méchant, mais c’est là ma seule façon de me protéger de cet air de petit chiot abandonné qui me transperce le cœur et me fait me sentir si… affreux. Il referme la porte derrière lui, déterminé et je le reconnais bien là.

« À quoi tu joues ? »
« Je veux m’excuser, je regrette tellement Gackt… faire ça… ça ne me ressemble vraiment pas, je t’assure ! »
« Je pensais aussi que tu étais quelqu’un de fidèle. »
« Mais fidèle à quoi ? Rien n’a jamais été déterminé entre nous. Je suis sûr que toi aussi, tu allais voir ailleurs. J’ai eu juste l’audace d’être honnête et d’en parler. »

Cette fois-ci, plus trace de pitié. Il m’a mis en colère avec cette réflexion. Je sais que je ne suis pas un saint, mais je fais autant gage de fidélité dans les affaires qu’en… amour, même si je n’ai jamais vraiment expérimenté la chose.

« C’est ça, ton explication ? Que parce que tu penses que je suis un coureur de jupons qui se tape tout le service dans ton dos, tu peux faire pareil ? À charge de revanche, c’est ça ? »
« Tu ne peux pas dire le contraire. »
« Si. Si je le peux. Je le pourrais. Mais il s’avère qu’au final, je ne fais que perdre mon temps avec toi. »

C’est aussi dur à entendre pour lui que pour moi. C’est vrai, je me suis un peu laissé aller dans cette drôle de relation, j’ai laissé plus de place à Jun qu’aux autres… mais pour quel résultat ? Me faire dresser ce portrait immonde de ma personne ? Non, j’ai assez de fierté pour refuser ça.

« C’est tout ce que tu as à dire ?? »
« Tu veux que je te pardonne de tes pêchés ? Ou quelque chose comme ça ? Que je te rassure en te disant : non Jun, tu n’es pas une personne affreuse qui se fout de la gueule des autres avec une tête d’ange et un cerveau démoniaque ! Tu passes ton temps à insinuer que je ne suis qu’un playboy, mais de nous deux je suis le seul à avoir rendu ce truc entre nous exclusif. Maintenant quitte mon bureau, je t’ai assez vu pour aujourd’hui. »
« Mais… »
« Ne me fais pas me répéter, Matsumoto. »

Il baisse la tête et je me détourne pour regarder par la fenêtre plutôt que son visage marqué par la tristesse. Il a cherché ce qui est arrivé. S’il s’était simplement… je ne sais pas, s’il avait eu une autre excuse plus valable que des suppositions fausses sur mon comportement, j’aurai pu y réfléchir à deux fois ! Surtout que je m’en veux tellement pour cette baffe… Mais cela fait bien trop longtemps que je lui accorde du crédit. Et aujourd’hui, je m’en sens bafoué.

« Ne fais pas ça… » murmure-t-il quelques secondes plus tard « … je t’en prie… laisse-moi rester. »
« … »
« Je suis tellement désolé, s’il-te-plaît !! Regarde-moi au moins… J’ai fait un truc horrible, je n’arrive moi-même pas à y croire mais… je n’ai fait que l’embrasser et ça ne m’a même pas plu. Je ne mens pas, Gackt… s’il-te-plaît, ne fais pas comme si je n’existais pas. »
« Peut-être que ça te plaira plus qu’il te baise. C’est ce que tu veux non ? Je ne te suffis plus semble-t-il. C’est une grosse surprise pour moi, je t’assure ! Comme tu l’as dit, normalement c’est moi qui vais vite voir ailleurs et pas l’autre. Mais bon, chacun son tour. »
« Arrête, c’est pas ça ! Mais merde, aie des couilles et regarde-moi en face quand tu dis ça !! »

Je le fais, pas parce qu’il me l’a ordonné mais parce que je déteste son ton. Pour qui se prend-il ? Je le fixe méchamment. Il s’approche un peu plus près.

« Il faut que tu me crois. Je ne veux pas… que quelqu’un d’autre me touche. Je ne comprends moi-même pas ce que j’ai fait, ça me répugne. Je ne suis pas comme ça, surtout quand… quand… »
« Quand ? »
Il rougit et baisse la tête. « Quand on me plaît autant. »
« Dur à croire. »
« Tu as déjà forcément regardé quelqu’un d’autre avec envie, non ? »
« Pas depuis que je te connais, non. » C’est la première fois que je l’admets vraiment, je l’avoue. À lui comme à moi-même !
« Vraiment ? »

Une drôle de lueur apparaît dans ses yeux sombres.

« Mais… tu… tu veux dire que… tu m’as réellement été exclusif ? Fidèle ? »
« Je suis simplement déçu de l’image que tu as de ma personne. J’ai cru que tu verrais au-delà des apparences, mais j’ai eu tort te concernant. »
« Non ! Non… ne va pas croire ça. J’ai confiance en toi. C’est débile… au fond, je cherche juste un moyen de rendre ce que j’ai fait moins moche. Si toi aussi tu avais fait cette erreur, je me sentirais moins coupable, moins horrible. Je n’ai jamais fait ça à personne, mais j’ai l’impression… je ne sais pas… Je crois que j’ai un peu peur. »
« Peur ? »
« Oui… » Il se rapproche encore de quelques centimètres, touchant mon bureau du bout des doigts. « Tu donnes l’impression de ne t’attacher à personne. Tu n’as de gestes d’affections avec moi que lorsque nous couchons ensemble. Malgré le fait qu’on ait dit ne pas se poser de questions, je n’arrête pas de le faire et au final, nous ne faisons que nous cacher aux autres. Mais je ne peux même pas dire que c’est pour dissimuler le fait que nous sommes en couple, vu qu’on en n’a jamais parlé comme tel ! Je ne sais pas si on est ensemble, ou si on couche juste ensemble, si le reste compte ou si je dois m’attendre à moins… et à chaque que je te revois le jour suivant, je n’arrête pas de me demander si entre temps, tu n’as pas trouvé mieux. Alors oui, j’ai fait une bêtise, je pensais peut-être qu’embrasser quelqu’un d’autre me permettrait d’avoir une roue de secours le jour où tu m’abandonnerais parce que dans ma tête, ça se passera forcément comme ça… »
« Tu ne penses donc pas que je puisse te garder ? »
« Soyons réalistes… ce n’est pas comme si tu n’avais pas le choix, n’est-ce pas ? »
« Mais je pensais que tu le connaissais, mon choix. »
« Il faut croire que non. »

Je me lève et il s’approche une dernière fois, se plaçant entre moi et mon bureau.

« Mais ça n’explique pas mon geste. Ça ne lui donne pas raison. Je me sens sale et étranger à moi-même. J’aimerai juste… je sais que c’est égoïste mais… j’aimerai juste que tu me prennes dans tes bras et que tu me dises que tu me pardonnes pour cette erreur. C’est ainsi qu’on apprend… non ? »
« Mais comment te faire confiance ? »
« Regarde-moi… »

C’est dur de le dire, mais il a raison. Le simple fait de croiser son regard, de voir ce visage rongé par la détresse me suffit à comprendre qu’il a du mal à vivre sans mon pardon. Et même si je suis dur, je ne le serai jamais assez avec lui pour le laisser dans cet état.

« Je te pardonne. »

Le soulagement est vite suivi par quelque chose de plus profond encore. Sauf que là, je ne comprends pas. Alors il force le passage pour glisser ses bras autour de ma taille. Immobile, je le laisse poser sa joue contre ma poitrine, mais ne le serre pas contre moi pour autant. Pas encore.

« S’il-te-plaît. Tiens-moi contre toi. Plus jamais ça n’arrivera. C’est… Les autres ne comptent pas pour moi. »

Encore une fois lorsque je suis avec lui, je me laisse aller et encercle le haut de son corps de mes bras. Nous restons ainsi de longues minutes, puis je finis par l’écarter.

« Tout a changé entre nous, pas vrai ? » finit-il par me demander alors que je retourne à ma chaise.
« Disons que ce sera à mon tour de me poser des questions. »
« Je comprends. Je ne vais pas plus te déranger, alors. »

Il paraît si frêle que pendant un court instant, je ressens l’envie de le garder auprès de moi. Mais j’ai besoin de temps et de réflexion pour savoir comment prendre les choses maintenant. Il n’est, en effet, plus question de faire « au jour le jour », à vivre comme on en a envie sans se poser de questions. Il y a des lignes de vie à définir, et j’ai besoin de savoir si j’y suis prêt ou non.
Mon regard est vite attiré par sa démarche hésitante alors qu’il me tourne le dos pour retourner à la porte. Il suffit que je baisse les yeux un court instant pour entendre un bruit sourd, qui m’alerte aussitôt. Il me faut me lever de ma chaise pour voir Jun effondré au sol, inconscient, du sang perlant le long de sa tempe. Je suis auprès de lui en quelques millisecondes, osant à peine le toucher et le trouvant si pâle et fragile que je me demande comment j’ai pu passer à côté d’une telle chose. Mon Jun…
J’alerte le premier employé qui passe, lui demandant d’avertir les secours au plus vite et, avec l’aide d’un chiffon et d’un peu de produit, essuie le sang de son front et tente de le réveiller - sans trop le bouger.

« Jun… Jun, réveille-toi maintenant, assez ! Ne me fais pas ce coup-là, ou c’est moi qui vais mourir de culpabilité… »

C’est le cas quand, quelques minutes plus tard, les ambulanciers emmènent mon jeune employé dans leur véhicule. Je ne m’embête pas pour les suivre jusqu’à l’hôpital, où ils font des examens à Jun, le soignent puis l’installent dans une chambre. Anémie, manque de sommeil et une mauvaise condition de vie sont les raisons de ce soudain évanouissement, qui l’a fait se cogner contre le meuble de mon bureau assez fort pour qu’il ne se réveille pas tout de suite. Debout à ses côtés, je le regarde dormir et reprendre des forces, sans que lui-même ne s’en rende compte.
J’obtiens l’autorisation de rester à ses côtés le reste de la journée et après une longue hésitation, m’assois et lui tiens la main tendrement. Je n’ai jamais fait ça, mais j’espère que ça le rassurera un peu.

« Tu sais » finis-je par dire tout simplement, le silence et la pièce vide m’aidant à m’ouvrir un peu plus « je n’ai pas fait qu’être fidèle. Cette nuit-là, je t’ai avoué quelque chose… que tu n’as pas entendu. Ou pas. Est-ce que tu t’en souviens ? »

Moi, oui. Tous les jours de ma vie depuis, je me rappelle ce moment. Et s’il avait entendu ? Rien de tout ceci ne se serait passé…

pairing: motogakuto, genre: amitié, genre: au, fanfic, gackt, matsumoto jun, rating: nc-17

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