Titre : Want to be my sexfriend ?
Auteur :
biditochePairing : Sakumoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : NC-17
Genre : Au, romance
Résumé : On dit qu'il n'y a qu'un pas entre l'amour et la haine...mais qu'en est-il du sexe ?
Cinq années ont passées. Les premiers mois ont été douloureux et difficiles. Ce n’est qu’en sachant que je ne pourrais pas le revoir qu’il m’est devenu indispensable de le faire. Oui, c’est quand on perd quelque chose qu’on se rend compte de sa valeur…J’ai néanmoins suivi son parcours en simple spectateur. Je n’ai eu que peu d’informations les deux premières années mais, au début de la troisième, j’ai retrouvé Jun sous la forme d’un livre. Il a été publié. J’étais tellement fier de lui que j’en ai acheté un pour chaque membre de ma famille mais je n’ai rien pu faire d’autre alors que, pourtant, l’envie ne manquait pas. J’avais envie de le serrer contre moi et de lui dire tout le bien que je pensais de lui, que son livre était génial. C’était sombre, mélancolique, avec un humour décapant et une plume très habile. Ses phrases n’étaient ni trop courtes, ni trop longues et on dévorait chaque page avec appétit. C’était léger malgré la profondeur des sentiments et des caractères décrits et le suspens était au rendez-vous. Je l’ai lu en une soirée avec cette incroyable sensation d’avoir contribué à un tel succès. Parce que oui, ce fut un réel succès. Il resta numéro 1 des ventes deux semaines consécutives, passa à la télé et on parla d’une deuxième roman, qui sortirait prochainement. En le voyant à travers l’écran, j’ai trouvé qu’il avait grandi. Il n’y avait plus trace du jeune homme fougueux qui s’éclatait dans son sous-sol avec ses potes, à rire et boire comme des idiots en se moquant de leurs « vieux ». Il était plus calme et attentif, s’exprimait joliment et posément mais malgré tout cela, il restait chaleureux et beau à en mourir. J’en avais mal au cœur mais en même temps je me persuadais que c’était mon choix qui avait provoqué ce changement. Il atteignait son rêve, rien n’importait plus que ça.
Quant à moi, j’ai passé l’examen du barreau et j’ai réussi. Evidemment, Matsumoto ne m’a pas recommandé mais d’autres l’ont fait à sa place et il n’y a pas fait opposition. Je respecte ma part du marché, lui la sienne. Je reste cependant trop jeune pour avoir une quelconque notoriété et je me contente d’assister les plus grands, dans un cabinet d’avocats à bonne rémunération. Peut-être que tout n’est pas perdu…Néanmoins, mes parents ne savent toujours rien pour moi et il m’arrive de me dire parfois que, si j’ai tout fait capoter délibérément en acceptant l’accord de Matsumoto, ce n’était pas que pour donner sa liberté à Jun mais plus pour ne pas m’obliger, moi, à faire réaliser à mes parents que je suis vraiment homosexuel. Tomber amoureux, s’engager…un jour ou l’autre, j’aurai dû leur dire. Et ça, ça m’est toujours inconcevable.
J’ai déménagé. J’habite encore plus près du centre-ville maintenant, dans un appartement plus spacieux et moderne que l’ancien. Chaque matin, je vais courir une trentaine de minutes dans le parc à quelques mètres de chez moi. La course à pied matinale n’a pas perdu de son charme ni de ses vertus malgré le fait qu’il en manque l’initiateur. Ces quelques minutes de sport me rappellent chaque jour cette semaine que j’ai passé en sa compagnie. Je ne m’imaginais pas que tout ceci arriverait mais surtout que, cinq ans plus tard, j’allais le revoir à nouveau…sans l’avoir cherché.
***
Les soirées à caractère « mondain » m’ennuient profondément. Mes parents m’y emmenaient petit et c’était déjà comme ça. Des politesses, des mensonges, des faux-semblants, des insultes déguisées…personne ne s’aime mais tout le monde se parle. C’est à vomir. On y fait toutefois de bonnes rencontres parfois, si on a de la chance. Car oui, je vois ça comme de la chance d’apercevoir Jun parmi les invités, si beau dans ce costume qui lui donne un air chic et adulte. Il est magnifique. Je l’observe de longues minutes durant et, comme s’il l’avait senti, son visage se tourne soudainement vers moi et nos regards se croisent. Je ne sais pas si j’ai changé à ses yeux, ce qu’il pense de moi à présent ou s’il aimerait même me parler. Moi, je me contente de le regarder jusqu’à ce qu’il se détourne avec un air agacé. C’est là que je me dis que je ne suis pas le bienvenu. Je finis donc par déambuler à droite et à gauche, parle à quelques connaissances lointaines jusqu’à revenir à ma place initiale, ennuyé et sur le point de m’en aller. Mais je ne le fais pas parce que je sais qu’il est encore là et, secrètement, j’espère qu’on aura l’occasion de se dire quelques mots. Mais celle-ci ne semble pas vouloir se présenter et je commence à penser qu’il m’évite. Rien de plus normal, somme toute.
Je finis par sortir sur le balcon pour prendre l’air. Je respire un grand coup en m’approchant du bord et manque de tomber lorsqu’on s’adresse subitement à moi :
« Bonsoir, bâtard. »
Je me retourne pour voir Jun adossé contre le mur, dans un coin sombre du balcon. Je n’ose pas m’approcher et grimace face à cette insulte assez inappropriée selon moi. Ce que j’ai fait est peut-être dégueulasse, mais ça ne mérite pas de me faire traiter de bâtard, surtout si on prend le vrai sens du mot. Jusqu’à nouvel ordre, mon père est bien mon père et il m’a eu alors qu’il était marié, m’a élevé et tout ce qui s’ensuit…Mais je ne relève pas. Si ça peut lui faire du bien de m’insulter ainsi, qu’il le fasse, je ne pense pas qu’il ait tout à fait tort de le faire.
« Tu me suis ? »
« Ne sois pas stupide, je prends l’air. »
« Ah oui c’est vrai, je suis stupide ! »
Je ne l’avais jamais vraiment vu en colère, hormis ce jour-là où son père nous a découvert. C’est assez impressionnant mine de rien. Mais je lui tiens tête et finis par m’approcher pour de bon.
« Je n’ai jamais dit ça auparavant. »
« Je sais, c’est juste une évidence ! Après tout, si je n’étais pas stupide, pourquoi est-ce que je continuerai à te parler en ce moment ? Ou même, pourquoi me serais-je fait avoir comme un bleu ? »
« Arrête, tu ne t’es pas fait “avoir”… »
Je lève les yeux au ciel alors qu’il me lance un regard noir. Je comprends qu’il puisse être blessé mais est-ce vraiment nécessaire d’agir de la sorte ? Peut-être n’a-t-il pas réellement grandi, au final…
« On pourrait en parler, tu ne crois pas ? »
« Quoi, t’as plus personne à baiser quand et où tu veux ???!!! »
« C’est ça ton problème ? Tu penses que je suis parti pour quelqu’un d’autre que toi ? »
« C’est une évidence également. Tu as fui, tu n’es qu’un lâche Sakurai ! Je me demande comment tu fais pour te regarder dans la glace le matin !!! »
« Ne sois pas… »
« Stupide ? C’est ce que tu allais dire ? STUPIDE ???!!! »
Je ne trouve rien à dire de plus sachant qu’il a raison. J’ai fui, en effet, j’ai choisi la facilité mais aussi le confort de nos deux futurs. Pensait-il vraiment qu’il aurait eu tout ça si je ne l’avais pas aidé ne serait-ce qu’un peu ? Si je n’avais pas fait mon lâche, comme il le dit si bien ? Non, son père nous aurait juste mis des bâtons dans les roues et peut-être que nous serions ensemble aujourd’hui, mais le seul regard qu’il aurait envers moi serait plein de regret, d’amertume et de reproche. Nous ne serions pas heureux…du moins je le pense.
« J’ai fui, c’est vrai. »
Il me regarde de façon surprise, comme s’il ne s’attendait pas à ce que je le soutienne dans ses propos.
« J’ai été lâche mais j’ai fait le bon choix et si ça devait être à refaire…eh bien, je le referai. J’ai fait le choix le plus judicieux. »
« Pour toi. Parce que tu préfères le sexe sans attache que l’amour. »
« Mais de ce que je me souviens, tu étais un adepte des défis et des histoires sans lendemain aussi ! C’est toi qui m’as proposé ce défi la première fois !!! »
« Et j’ai fait une grosse connerie d’ailleurs !!!! Je n’aurai même pas dû te regarder et on n’en serait pas là !!!! »
« Où “là” ???!!! Tu veux bien m’expliquer ? Parce que de ce que je vois, tu m’as l’air très heureux ! Ton bouquin a marché, tu en écris un deuxième, que veux-tu de plus Jun ?! Tu as réalisé ton rêve ! C’était tout ce que tu voulais, je te l’ai donné ! »
« N’importe quoi, tu ne me connais pas ! Ne parle pas de moi comme si c’était le cas. Et tu n’as rien donné, je l’ai pris tout seul ! »
« Ah oui ? Alors comment tu expliques que ton père ait levé le délai de trois ans ? On sait tous les deux que tu l’aurais dépassé, que tu aurais dû abandonner l’écriture pour faire un travail que tu n’aimes pas. »
« C’est des cracks tout ça ! Je ne te dois rien du tout !!! N’essaye pas de me faire croire que tu as fait ça pour moi parce que ça ne marchera pas. T’es trop con et égoïste pour vouloir du bien à quelqu’un d’autre que toi-même. J’en ai eu plusieurs fois la preuve. »
Je passe ma langue sur mes lèvres de façon énervée et détourne le regard. Qu’il pense ça s’il le veut, moi je sais ce que j’ai fait et je suis content du résultat. S’il préfère se leurrer en pensant qu’il ne doit sa réussite qu’à lui-même et à la gentillesse de son paternel, qu’il le fasse. Moi, ça ne me regarde plus après tout…
« Pense ce que tu veux. »
Je réajuste mon veston et lui tourne le dos pour rentrer à l’intérieur quand je l’entends crier.
« Tu fuis encore !!! »
« Et qu’est-ce que tu veux que je fasse ???!!! » crié-je à mon tour en me retournant.
Il reste muet en me regardant et, pour la première fois depuis le début de la rencontre, je trouve de la peine dans ses yeux.
« Ça t’est donc tellement impossible de te battre pour moi ? »
« J’ai fait mon combat. »
« Je n’en ai pas vu la couleur ! »
« Qu’attends-tu de moi, Jun ?! Que je m’aplatisse ? Que je te fasse des excuses pour t’avoir laissé tomber juste après que tu aies dit que tu m’aimais ? Alors DÉSOLÉ ! Mais comme je te l’ai dit, j’ai pris une décision, je m’y suis tenu et…je ne la regrette pas. »
« Même pas un peu, alors ? Même le sexe n’était pas suffisamment bon pour te faire rester ? »
« Qu’est-ce que ça changerait que je le regrette ? Tu as fait ton chemin, tu as eu ce que tu voulais, pourquoi ne pas en être satisfait, comme toute personne le serait ? »
« Ce n’était PAS ce que je voulais !!! »
Il se tourne pour se mettre dos à moi et je le vois pencher la tête en arrière, le visage levé vers le ciel. Puis, soudainement, il se met à rire bizarrement.
« Tu sais quoi ? J’ai en effet été vraiment stupide. J’aurai dû sentir que tu me quittais cette fois-là, chez toi. J’ai été idiot de croire que tu serais sincère avec moi. C’était ça que j’aimais bien entre nous deux, on se disait les choses. Même quand il s’agissait de sexe, on était directs l’un envers l’autre !!! »
« Tu ne m’aurais pas laissé le faire. C’était pourtant la chose la plus adéquat et mature, étant donné la situation. »
« QUELLE SITUATION ??? Je venais de te dire que je t’aimais bon sang !!!! Tu sais combien de temps ça m’a pris pour le faire… ? J’étais prêt à tout pour qu’on soit ensemble, tu étais la seule personne que j’avais vraiment à mes côtés et toi…tu m’as juste jeté comme un malpropre. Tu t’es foutu de moi !!! »
« TU t’es foutu de moi avec ces sentiments ! C’est TOI qui as demandé à ce qu’on soit sexfriends, alors pourquoi ne pas s’y tenir ??? »
« Qu’est-ce que j’y peux ? J’ai pas choisi de tomber amoureux d’un con !!! Si j’avais su, bien sûr que je ne l’aurai pas fait ou que je l’aurai caché !!! »
« Il t’emmerde le con !!! Et si tu crois que t’étais un si bon coup que ça, tu te trompes !!! Je n’ai accepté que parce que tu me faisais pitié, c’est tout !!! »
Il s’approche pour me mettre une claque qui fait rougir ma joue de douleur. Il est taré ou quoi ??? Je vais pour élever la voix quand je vois ses yeux briller. Il ne recule pas pour autant et nous nous dévisageons quelques secondes avant de nous jeter l’un sur l’autre comme des bêtes affamées. Nos lèvres se trouvent immédiatement, comme attirées par des aimants et je le pousse contre le mur alors que ma langue se faufile jusqu’à la sienne. Il passe ses bras autour de mon cou alors que mes mains glissent sur ses hanches toujours aussi parfaites et finement taillés dans ce costume qui m’a l’air hors de prix. Je n’hésite pas pourtant à en retirer presque violemment la chemise et il vient à son tour déboutonner la mienne avec empressement. Nous continuons de nous embrasser jusqu’à ne plus avoir de souffle, la colère et la passion nous gagnant toujours plus et renforçant notre désir l’un pour l’autre. Celui-là même qui ne s’est jamais éteint. Je caresse son torse avant de placer une de mes jambes entre les siennes, créant de petits frottements agréables qui ne tardent pas à le faire gémir. Il est dur contre moi et moi dur contre lui, j’aime retrouver cette sensation. Toujours sans un mot, il défait mon pantalon en même temps que je lui baisse le sien et sans nous soucier des regards qui pourraient s’attarder par ici, nous ne faisons plus qu’un. Son gémissement de plaisir et de douleur se perd dans ma gorge et je m’agrippe à ses hanches comme au mur tout en commençant à bouger. Ses mains saisissent fermement mes épaules alors que je me fais plus brut et rapide, comme autrefois. Ça m’avait manqué : ces sensations, voir ce visage teint par le plaisir que je peux lui donner, cette impression qu’il s’abandonne pour moi comme je m’abandonne toujours plus en lui.
« Sho…Sho… »
Répète-t-il indéfiniment, quand nous ne nous embrassons pas. J’ai du mal à contenir mon envie de crier mon plaisir et nous commençons à faire plus de bruits, alors que le point culminant approche. J’entends sa voix partir dans les aigus, entrecoupée par nos mouvements pendant que je le pilonne contre ce mur. Comment ai-je pu abandonner ça… ? Pour une carrière qui ne me rend même pas heureux. Mais je me souviens que, plus important que le sexe, il y a les rêves de Jun alors je me rappelle pourquoi je l’ai fait et pourquoi, malgré les regrets, je le referai si on me renvoyait cinq ans en arrière. Mais qu’est-ce que c’est bon de se retrouver aujourd’hui, de partager ces instants…
« Je viens…je viens…Sho, embrasse-moi !!! »
Je m’exécute tout de suite alors qu’il jouit dans ma main qui s’appliquait à le masturber, sentant son cri faire vibrer ma propre gorge. Je viens peu après lui dans un léger rauque que j’espère pas trop bruyant. Je pose ensuite mon front contre le sien et me retire, écoutant sa respiration ralentir en même temps que la mienne. C’est un moment spécial auquel il décide de couper court en me repoussant presque méchamment.
« Jun… »
On peut peut-être parler plus calmement maintenant, non ? La tension sexuelle est retombée et s’il s’est passé quelque chose…alors ça a un sens. Ça veut dire que malgré cette décision prise il y a cinq ans, tout n’est pas terminé entre nous. Après tout, je n’ai jamais pu lui donner ma réponse…
« Je ne veux plus te revoir. »
Dit-il sèchement en se rhabillant à la vitesse de l’éclair, évitant mon regard.
« Pourquoi ??? Je veux dire…peut-être qu’on pourrait… »
« T’as eu ce que tu voulais non ? Mon cul. Après tout, tu n’es resté avec moi tout ce temps que pour ça, je n’ai pas raison ? « Pas de baisers le matin Jun, c’est réservé aux couples !!! » « On ne se tient pas la main Jun, tu me prends pour ton petit copain ou quoi ??? » Me baiser Sho, c’est tout ce que tu sais faire de mieux. »
Cette phrase m’est familière et je mets quelques secondes avant de me rappeler où je l’ai entendue. Cette nuit-là où j’ai voulu le forcer à avoir des relations sexuelles. Est-ce qu’il le fait exprès ?
« Oh, tu te souviens apparemment ! Peut-être que tu en saisiras vraiment le sens aujourd’hui parce qu’à ce moment-là, tu n’avais pas très bien compris je crois. Tu vois, pendant une semaine j’ai tout fait pour que tu tombes amoureux de moi mais ça ne marchait même pas !!! Tout ce que tu voulais toi, c’était me baiser. Alors cette nuit-là, j’ai abandonné la partie. Tu allais partir en pleine nuit juste parce que tu n’avais pas ce que tu voulais alors je te l’ai donné. Comme ce soir, en somme. Maintenant va-t-en, tu as eu ton lot pas vrai ? »
« J… »
« Rassure-toi, tu sais te servir de ta queue à merveille. C’est même une des seules choses que tu sais bien faire ! Maintenant va faire joujou avec quelqu’un d’autre, j’ai d’autres chats à fouetter. Bye. »
Je n’arrive pas à croire qu’il me renvoie de cette façon, comme un malpropre, après ce que nous venons de faire. Est-ce que ça n’a pas compté pour lui ? Est-ce qu’après cinq ans, il n’a pas eu ce sentiment d’être au bon endroit au bon moment pour la première fois depuis longtemps ? Parce que moi si. Je commence à me dire qu’en fait, il ne m’aime pas vraiment. Ou alors il ne m’aime plus…pourtant j’ai senti dans ses baisers plus que du simple désir sexuel. Mais comme je ne suis pas un expert en amour, que puis-je savoir de plus ? Je ne trouve rien à dire quand il s’en va et je me sens encore plus lâche que les fois précédentes. Je le laisse encore me filer entre les doigts, je ne me bats pas pour lui…et c’est quand le courage de le faire me vient que je me rends compte qu’il a déjà quitté la soirée.
En rentrant chez moi après ça, je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’il a dit. Ai-je vraiment été aussi horrible ? Lui ai-je vraiment donné l’impression de ne vouloir de lui que pour le sexe ? Au début c’était vrai mais j’ai réellement apprécié ces moments passés avec lui à faire du sport ou regarder un film. Je ne me l’avouais pas et surtout, me le cachais mais c’était sincère. Et je ne me souviens pas lui avoir menti sur quoique ce soit à part ce marché avec son père. Je l’ai soutenu comme je pouvais mais en le faisant, je l’ai aussi perdu. Comment revenir en arrière ?
***
Je n’arrive pas à oublier ce qui s’est passé sur ce balcon mais pas seulement que la partie physique, non. Il y a aussi tous ces mots, cette claque lancée avec tant de colère et de peine. J’ai vu la tristesse dans ses yeux alors que je continuais de le blesser toujours plus. Il m’arrive de me dire que je ne suis qu’un mal pour lui et que nous avons raison de rester éloignés l’un de l’autre. Même si aujourd’hui il y aurait possibilité de nous remettre ensemble si nous le voulions, j’ai l’impression que ça ne fera qu’envenimer les choses. Je préfère rester sur les bons souvenirs que j’ai de ces moments passés avec lui. Moments qui ne semblaient pas si beaux de son côté…Qu’y avait-il de vrai dans ses propos ? J’ai absolument besoin de lui parler, je ne peux plus rester dans mon coin tout seul, à me morfondre. J’ai passé cinq ans à me dire que j’avais fait le bon choix pour lui mais aujourd’hui, j’aimerai faire le bon choix pour MOI. Je n’ai pas pris en compte la totalité de mes sentiments ce jour-là, peut-être parce que je n’avais pas encore vraiment conscience que j’étais moi aussi amoureux. J’avais accepté un deal qui ne me plaisait pas en étant persuadé de prendre la bonne solution à notre problème. Mais même s’il savait tout ça, est-ce que Jun me pardonnerait ? Je prends le parti de laisser le destin décider pour moi cette fois et les jours passent sans que nous ne nous revoyions.
Puis, un jour, je passe devant une librairie. C’est là que je le vois, assis devant une petite poignée de gens, ses lunettes sur le nez alors qu’il lit un de ses ouvrages. Le destin. Je pousse la porte et m’installe dans le fond pour ne pas être vu, l’écoutant prononcer avec brio ses propres mots. Sa voix est profonde, chaude et douce malgré le ton lugubre du passage qu’il nous lit et il relève les yeux pour regarder l’assistance de temps à autre, même s’il est clairement visible qu’il connaît par cœur chacune de ces phrases. Je suis tellement émerveillé par l’aura qui dégage de lui que ce n’est que quand on me pousse que je me rends compte que la séance est terminée. Je me faufile parmi la petite foule et fais semblant de chercher un livre dans un rayon alors que les fans s’agglutinent pour une dédicace personnalisée. Je le regarde en faire des tonnes, toujours avec le sourire. La librairie se vide peu à peu et, tirant mon propre exemplaire du fond de mon sac (que je trimballe toujours partout avec moi), je m’approche de la table et le pose à plat devant lui.
« Quel nom ? » dit-il sans même relever les yeux, avec une voix douce et attentive.
« Sakurai Sho. »
Je le vois sursauter et relever rapidement la tête, avant de froncer les sourcils et me regarder avec un air sévère. Je continue avant qu’il n’ait le temps de me couper.
« C’est un ami. Pourriez-vous écrire “Pour l’homme le plus bête que je connaisse” ? »
« Je choisirai plutôt “stupide” à votre place. »
« C’est vous l’écrivain. »
« Vous croyez que votre ami va apprécier ? »
« C’est mérité. Et il aime beaucoup votre livre, il a acheté les cinq premiers exemplaires mis en vente et l’a lu d’une traite le soir. Il admire ce que vous avez fait de votre vie. »
« Il aurait pu en faire partie, s’il avait été moins lâche. »
« Il a préféré donner sa chance à quelqu’un qui le méritait, à quelqu’un qui avait un rêve. »
Jun lève le regard vers moi à nouveau et s’arrête d’écrire.
« Un rêve ? »
« Il était amoureux sans le savoir mais ils ont fait des bêtises. Quand il a fallu prendre une décision, il a préféré partir et laisser une chance à cette personne qu’il aimait de devenir l’homme qu’il voulait être sans contrainte. »
« Pourquoi ? »
« Son père ne voulait pas de lui, il lui a mis le couteau sous la gorge. Il s’en foutait de perdre son stage mais pas que lui, perde son rêve. Il a préféré céder à sa proposition et…fuir. Le laisser vivre sa vie tranquille en promettant de ne plus jamais le revoir. Mais les gens changent et ils reviennent parfois sur leurs décisions… »
« Votre ami est un sacré idiot en effet. Qu’est-ce qu’il savait de ce que voulait vraiment l’autre ? Peut-être que son rêve était moins important que d’être avec lui. Est-ce que votre ami s’est posé la question ? »
« Pas vraiment, c’était tout nouveau, lorsqu’il a fallu choisir il ne se rendait même pas compte qu’il était vraiment amoureux…Et puis il l’avait vu tellement enthousiaste à l’idée de réaliser son rêve un jour qu’il s’est dit qu’au lieu de lui pourrir la vie, il pourrait lui donner un petit coup de pouce. Mais même s’il pense avoir pris la bonne décision, il a des regrets de l’avoir stupidement perdu… »
Jun reste silencieux et finit d’écrire avant de refermer le livre et de me le tendre. C’est tout ? J’hésite avant de faire demi-tour, serrant le livre contre moi. Je ne comprends pas…qu’ai-je fait de mal cette fois ? Une ou deux personnes attendent encore pour la dédicace et je soupire en sortant de la librairie, un peu déçu. Je ne sais pas quoi faire d’autre…Je n’ai rien préparé moi ! M’adossant au mur adjacent, j’ouvre le livre pour voir le commentaire qu’il y a laissé.
« Pour l’homme le plus stupide que je connaisse. Mais même les idiots méritent une seconde chance dans la vie. Quand il aura fini de fuir, il pourra me contacter à ce numéro. M.J
P.S.: Want to be my boyfriend ? »
Le message est accompagné en effet d’un numéro de cellulaire et je me prends à sourire stupidement en m’imprégnant de chaque chiffre qui le compose. Je me saisis rapidement de mon propre téléphone et n’envoie qu’un simple mot dans ce sms :
« Yes. »
Serait-ce ma seconde chance ?
Dernière partiiiiiiiiie ! Que c'est triste T.T Mais on se retrouve pour l'épilogue ;) Hihi, juste pour voir notre Sakumoto une dernière fois....
Bonne lecture et merci pour les commentaires :D