Games of hatred (01/02)

May 14, 2014 21:11

Titre : Games of hatred
Auteur : biditoche
Pairing : Sakumoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : PG-13
Genre : Au, fantastique
Résumé : Il y a Satan. Puis il y a deux sœurs dont la haine n'a pas d'équivalent sur Terre. Et enfin, il y a Sho et Jun, deux fils nés pour se haïr et se détruire : Samuel le Mal et Mikael le Bien. Lequel des deux deviendra le Fils parfait dans ce jeu cruel que Satan a créé pour eux ?







D’aussi loin que je me souvienne, ma mère m’a toujours raconté la même histoire.

Il était une fois deux sœurs, issues d’une bonne famille, qui se haïssaient. Elles ne pouvaient passer plus de cinq minutes ensemble sans se reprocher tous les maux de la Terre. La plus âgée détestait sa cadette pour sa candeur et sa bonté de cœur - alors que l’autre méprisait la noirceur d’âme de son aînée. Leur haine en vint à un point tel que l’une comme l’autre espérait devenir fille unique. La plus jeune des deux, malgré ses efforts pour être pleine de bonté, ne pouvait refouler ce mépris qu’elle éprouvait pour sa sœur. Beaucoup tentèrent de les rabibocher, mais ce fut vain. Leur haine était sans borne…
Satan, à la recherche du Fils parfait, vit en elles sa future progéniture et promettant à l’une comme à l’autre de la débarrasser de sa sœur, obtint de chacune d’elles un fils : Samuel et Mikael.

Je suis Mikael, mais aux yeux du monde des humains, je m’appelle Jun. Ma mère est la sœur cadette de cette histoire, Sayako. Dès mon plus jeune âge, elle m’a enseigné que nous étions les représentants du Bien et que nous combattions les représentants du Mal, à savoir ma tante Erika et mon demi-frère/cousin, Samuel. Je n’ai jamais su comment le désigner et à peine ai-je su comprendre mon entourage qu’on m’a appris à le détester.
Mikael est le bien, Samuel le Mal. N’aies aucune pitié, cet être n’en aura pas pour toi. Ce n’est pas ton frère, c’est un monstre. Fais attention à Samuel, Jun.
Je n’ai jamais compris pourquoi il devrait être plus mauvais que moi. Nous descendons de la même personne, nous avons le même père. Pourquoi aurait-il hérité de tous les mauvais côtés ?
Ta tante, Erika, a l’âme plus noire que Satan lui-même. Leur enfant ne peut être qu’un monstre sans cœur. Toi tu as eu de la chance, tu m’as moi.
C’était peut-être présomptueux de sa part mais bien vrai. Elle m’a élevé dans le respect des autres, l’amour et le pardon ; sauf si ça les concernait, eux. Quand j’ai rencontré mon demi-frère alors que nous avions tous deux à peine 4 ans, je le détestais sans savoir vraiment pourquoi. On m’avait dit que le faire était juste et j’avais confiance en ma mère. Elle savait ce qui était bon ou ne l’était pas. Lui, il ne l’était pas.
Pour les humains, il s’appelle Sho mais ma mère m’a interdit de l’appeler par ce prénom. Elle pense que ça lui donne une humanité qu’il ne possède pas. Pourtant, dans le garçon qui me faisait face à cette époque, je n’ai pas vu une once de monstruosité.
N’oublie pas de qui il descend. Il est rusé, perfide et malin. Ne le laisse pas t’avoir mon petit Jun, c’est à nous de gagner.
Mais gagner quoi ? Je n’ai jamais compris. Enfin, jusqu’à un certain âge. Mais je dirai que la vraie histoire, la mienne, commence à mes 4 ans, ce jour-là quand, pour la première fois, j’ai fait face à mon adversaire.

Nous avions le même âge et pourtant, j’étais à peine plus grand que lui. Séparées de nos mères pour la semaine - que l’on retrouvait pour un jour seulement - nous nous sommes retrouvés dans la même chambre, nos lits l’un en face de l’autre, de front. Armés de professeurs en tout genre, nous avons suivi une éducation et un entraînement infaillible : force, courage, intelligence, ruse…tout y passait. Je savais que je devais être le meilleur. Je n’avais aucune idée de pourquoi ni de la raison de tout ça, du but que l’on cherchait à atteindre mais je suivais les ordres de ma mère. Samuel et moi ne nous sommes pas parlés pendant les premiers mois de cette cohabitation forcée, aucun de nous ne le voulait. Je n’avais aucune idée du regard qu’il portait sur moi, je savais juste que je le détestais de tout mon être. Quand on est un enfant, on ne se pose pas ce genre de question : pourquoi je le déteste, pourquoi je n’essaye pas de pardonner comme on me l’a appris…non. On suit les directives. Et pendant 6 ans je les ai suivies, jusqu’au jour où son regard s’est réellement posé sur moi. J’avais 10 ans.

Assis sur mon lit, je lisais tranquillement tout en gardant mes sens en alerte. Vivre avec l’équivalent d’un démon vous oblige à garder une certaine vigilance et ne pas baisser la garde. Même à 10 ans on sait ça, enfin moi on me l’a appris. C’est au moment de tourner ma page que je l’ai senti. Le regard. J’ai relevé la tête et je l’ai vu assis en tailleur sur le bord de son lit, me fixant avec de grands yeux marron comme s’il me voyait pour la première fois. J’ai été surpris, il va sans dire. En six ans nous ne nous sommes pas adressé une seule fois la parole, ni même jeté un regard de plus d’une seconde. Qu’est-ce qui lui prend, aujourd’hui, de me regarder ainsi ? Et alors qu’une étrange nervosité s’emparait de moi, j’ai remarqué à quel point il était calme et apaisé, comme s’il était le Bien de nous deux.

« Nous sommes à la moitié de l’entraînement, Mikael. » dit-il soudainement, me faisant sursauter malgré moi.

Je l’ai rarement entendu parler, il est de nature muet comme une tombe. Sa voix de pré-adolescent oscille entre le grave et l’aigüe, comme si elle ne savait pas où se situer. Il est immobile, attendant probablement que je lui réponde. Mais quoi ? Ce n’est pas comme si j’en avais envie. Et puis comment il sait ça ? Qui le lui a dit ?

« L’entraînement, Mikael. Nous en sommes à la moitié. »
« Ça va, je ne suis pas sourd ! » finis-je par marmonner après qu’il ait répété cette phrase une troisième fois, comme une litanie.
« Comment t’appelles-tu ? »
« Tu le sais déjà. »
« Non, quel est ton vrai nom ? »

Je me surprends à froncer les sourcils. Mon…vrai nom ?

« Je suis Sho. »
« Non, tu es Samuel. »
« Je suis Sho, j’ai dix ans. Et toi ? »

Fait-il exprès de faire l’idiot pour me leurrer ? J’ai beau n’être encore qu’un enfant, je ne suis plus aussi naïf.

« Tu sais quel âge j’ai, nous sommes demi-frère. »
« Oh…nous avons la même maman ? »
« Evidemment que non » fais-je en ricanant un peu « le même père. »
« Oh…il ne me l’a jamais dit. »
« Qu…Parce que tu l’as déjà vu ??? »

Je n’arrive pas à y croire. Moi, je n’ai jamais vu mon vrai père, ce Satan. Ma mère ne m’a jamais caché ce qu’il était mais ne me l’a jamais présenté non plus.

« Oui, nous nous voyons une fois par mois depuis que je suis bébé. »

Une drôle de jalousie s’est emparée de moi à cet instant. J’ai trouvé ça injuste. Parce que Mikael était le Bien, alors je n’avais pas le droit de voir mon vrai père ? C’était comme s’il cherchait à me le faire détester encore plus.

« C’est quoi, ton vrai nom ? »

Je ne le comprends pas et pendant les semaines qui ont suivi cette soirée-là, je ne l’ai pas compris. Pourtant, j’ai répondu avec une étrange facilité :

« Jun. Je m’appelle Jun. »

Les choses ont miraculeusement changées après ça. Il a commencé à me poser une question par jour et aucune ne se ressemblait. Au fur et à mesure, il m’a donné l’impression d’être quelqu’un de très simple, à la limite du naïf malgré ses grandes connaissances et son intelligence, me posant des questions sur mes goûts tout en m’indiquant que notre entraînement se terminerait à nos seize ans. Mais ni lui ni moi ne savions ce qui nous attendait après ça, c’était le trou noir. Il ne semblait pas en avoir peur et, au contraire, prenait toute cette histoire avec une étrange sérénité. Malgré moi, j’ai commencé à l’apprécier, lui trouvant bien plus de bons côtés que de mauvais. J’avais beau chercher, je ne voyais pas où était le monstre dont me parlait ma mère à chaque fois que je la voyais. Ma haine, ne trouvant plus de source, a fini par disparaître peu à peu et nous avons commencé à nous fréquenter. En plus de nous entraîner ensemble, nous avons fini par manger ensemble, parler beaucoup le soir et partager des petits secrets sur nous. Je n’ai jamais eu de confident, ni de père ni de frère. Sho était censé être celui que je devais détester mais il s’est avéré être le frère qu’il était vraiment. Il a appris à me faire rire avec des blagues lourdes et nulles « d’humains », son appétit de la nourriture répondait toujours au mien et il était très doué pour raconter des histoires.
Seul, par mes propres moyens, j’ai appris à aimer sa personne avant son nom et j’avais l’impression que c’était réciproque. A nos 12 ans, nous partagions une complicité telle que j’ai fini par arrêter de voir ma mère tellement ses sermons sur la monstruosité de Samuel m’énervaient. Il n’était pas Samuel pour moi, il était Sho. Et pour lui je n’étais que Jun.

C’est à 13 ans que tout a commencé à changer de nouveau. Sho et moi nous entendions très bien alors, partageant parfois le même lit comme deux vrais frères. J’avais de profonds sentiments pour lui et l’idée de le haïr ne me traversait même plus l’esprit. Il était gentil et doux avec moi, prévenant, attentif et amusant. Je ne lui avais jamais vu une once de méchanceté…jusqu’à ce jour-là.
Nous nous étions enfuit du camp pour aller en ville, c’était la première fois. Lui comme moi avions envie de voir l’extérieur, ces humains que nous n’étions pas censé être mais dont nous savions tout - voire plus qu’eux-mêmes n’en savaient sur eux. Nous nous sommes promenés, exaltés par les couleurs de la ville, le nombre d’habitants et tout ce qu’il était possible de faire. La foule, d’ailleurs, fut la première chose qui nous perturba. Lui, plus que moi. Il commença rapidement à s’agiter, à devenir comme…nerveux. J’avais l’impression que tout ça le rendait mal à l’aise alors j’ai cherché à nous écarter de tout ça, à nous trouver un coin où nous pourrions être seuls, tels que nous l’avions toujours été. En voulant faire demi-tour, un homme l’a poussé. Il devait avoir dix ans de plus que nous, il avait des tatouages sur les bras, une cigarette dans la bouche et une cicatrice sur le visage. Pendant un moment, il m’a effrayé. Il s’en est pris à Sho, l’a poussé. Il est tombé par terre et quand il s’est relevé, pendant d’infimes secondes, j’ai vu ce regard. Celui que ma mère décrivait dans les yeux de ma tante. Celui que nous étions censé avoir l’un pour l’autre. La haine. L’homme allait encore s’en prendre à lui alors je l’ai intercepté mais il m’a poussé à mon tour et ma tête a heurté le sol. Mon entraînement étant, l’impact ne m’a que peu causé de douleur mais le geste était là et je pense, aujourd’hui, que c’est l’unique chose que Sho a pris en compte. Ou plutôt, Samuel.
Car il n’y avait plus trace de Sho dans le petit bonhomme de treize ans qui venait de sauter à la gorge de l’inconnu pour le griffer et le mordre tel un chien enragé. Cherchant à se débattre, l’homme venait de tomber par terre sur les fesses. Au même niveau que lui, je n’osais pas bouger tellement cette scène d’horreur me paralysait. L’inconnu criait, hurlait pour qu’on vienne l’aider alors que Samuel, haut comme trois pommes, le maîtrisait sans difficulté et le frappait au visage encore, et encore, jusqu’à ce que ses poings en deviennent rouges. Rouges du sang versé par la haine. On chercha à l’arrêter mais il griffait quiconque s’y tentait et je me rendis vite compte que j’étais le dernier à pouvoir faire quelque chose. Je me suis alors relevé et je l’ai saisi par la taille pour l’enlever de là, de cet homme en sang qui avait fait l’erreur de le pousser. Malgré ses coups et sa rage, je l’ai pris dans mes bras et l’ai serré contre moi jusqu’à ce qu’il s’apaise, faisant fit des possibles bleus qu’il pourrait me faire. Et soudainement, il s’est calmé. Il s’est d’abord écarté de moi, m’a regardé avec de grands yeux surpris puis les a baissés sur ses propres mains à la peau abîmée. Cette fois-ci, il n’y avait plus de haine dans son regard mais de la simple culpabilité. Ses grands yeux marron se sont embués et il a murmuré :

« D-Désolé Jun je…j-je suis un monstre… »

Et il m’a poussé pour s’en aller en courant. J’ai hésité, regardé l’homme étendu et saignant à mes pieds mais au final, j’ai couru après lui.
Et pendant cette course j’ai pensé à ce que ma mère me racontait sans cesse chaque jour pendant 4 ans.
Samuel est un monstre. Samuel est le Mal. Fais attention Jun, cet être n’a pas de cœur. Il n’est né que pour engendrer la souffrance et la haine. Ne lui fais pas confiance. Son âme est plus noire que celle de Satan en personne ! Seul Mikael peut l’empêcher de sévir. Sois fort mon fils, et méfie-toi du monstre.
J’ai compris. J’ai compris où ma mère s’était trompée. Samuel et Sho, c’était deux personnes différentes et j’étais peut-être le seul à pouvoir garder Samuel enfermé pour laisser sa liberté à Sho, cette personne douce et intelligente que j’ai côtoyé intimement pendant trois ans. Mais si Samuel et Sho étaient si distincts, qu’en était-il de Mikael et Jun ? Qui suis-je ? Serais-je capable moi aussi de m’énerver au point d’arracher le visage d’un pauvre passant qui a eu le malheur de me pousser ? Non, je suis Mikael. Je suis le Bien. Je protège les autres, je les protège de Samuel. Mais pour combien de temps ? Et si, en grandissant, Sho perdait du terrain face à sa deuxième et peut-être, vraie nature ? Tout ça me faisait peur. Pourquoi n’étions-nous simplement pas deux garçons comme tous ceux que j’ai croisés sur mon chemin ce jour-là ? Toujours en courant, je me suis posé des questions sur moi-même. Sho est doux et calme, Samuel est violent et féroce. Si Mikael est bienveillant et plein de bonté, qu’est Jun ? Son contraire, si on suit l’exemple que j’ai déjà sous les yeux…Et si Jun était l’équivalent humain de Samuel ?
Je n’y comprenais plus rien alors j’ai concentré mon attention sur ma poursuite. J’ai fini par retrouver Sho. Recroquevillé dans un coin au fond d’une impasse, il pleurait. De grosses larmes que je ne lui avais jamais vues. En fait, je l’avais toujours vu souriant et attentif. Il se balançait d’avant en arrière, ses bras entourant ses genoux repliés contre lui. Je me suis approché de lui sans crainte malgré le spectacle qu’il a pu nous donner un peu plus tôt et me suis agenouillé. Ma main a hésité avant de se poser sur son avant-bras et il a sursauté. Il ne m’a pas repoussé mais a plutôt levé vers moi un regard chargé de chagrin et de frayeur.

« Tout va bien aller Sho, on va rentrer. »
« C’était pas moi, j’ai pas fait exprès. Je le voulais pas…j’voulais pas faire ça…Jun, tu me crois hein ? »
« Oui » ai-je fini par lui dire dans un semi-sourire.

Je le croyais dur comme fer. J’avais vu une partie de son âme et le regret dans ses yeux était bien sincère. Je l’avais déjà vu ruser pendant les entraînements et c’était différent de maintenant. Alors oui, je le croyais. C’était mon frère après tout, nous partagions un peu du même sang néfaste et démoniaque. Avec mon aide, il a fini par se relever et nous nous sommes rapidement enfuit de la ville. Je me doutais bien qu’on serait recherchés, après tout il avait salement amoché cet homme. J’essayais de ne pas y penser mais c’était dur, cette image ne me quittait pas. S’il pouvait faire ça, que pouvait-il faire d’autre ? Tuer ? Non. Impossible, je connaissais Sho. Il détestait la violence gratuite. Pourtant…
Comme à la sortie, nous ne nous sommes pas fait repérer quand nous sommes rentrés dans notre petite chambre et je l’ai posé sur son lit, avant d’aller chercher une bassine d’eau pour nettoyer ses mains. En revenant, je l’ai trouvé en train de s’énerver tout en pleurant, frottant ses mains l’une contre l’autre jusqu’à s’en faire mal pour y retirer le sang désormais séché. J’avais peur qu’il fasse une nouvelle crise alors je me suis dépêché de revenir vers lui pour l’apaiser. Je lui ai pris ses mains, les ai plongées dans l’eau tiède et après ça, il s’est laissé faire. Peu à peu, j’ai réussi à le calmer. J’ai été très doux et pendant tout ce temps, il m’a regardé avec des yeux reconnaissants et honteux. Et pendant que je passais la petite éponge sur le dos de sa main, je me suis demandé : qui agissait ? Mikael, le bon ou Jun, le simple humain inquiet pour son frère ?

« Il t’a poussé. »
« Eh ? » ai-je fait en relevant la tête vers lui, surpris qu’il parle.
« Il t’a poussé. J’ai entendu ta tête tomber par terre. Il aurait pu te faire du mal alors…j’ai juste voulu te protéger. Il fallait le punir, il a levé la main sur des enfants et…il aurait pu te faire du mal Jun. »
« Tu as fait tout ça…pour moi ? »

Je n’arrivais pas encore à m’en rendre compte, ça me paraissait bizarre et improbable. Mais encore une fois, il était plus que sincère alors je ne pouvais que le croire. Pour moi ? Est-ce qu’au final, Samuel n’aurait-il pas juste cherché à me protéger ? A me venger à sa manière ? Alors ça changeait tout…il n’était pas que violence, souffrance et haine. Même si ça n’enlevait pas l’horreur de ce qu’il avait fait.

« Tu es la seule personne que j’ai et qui m’aime bien. Maman elle…elle ne me comprend pas. Elle veut que je sois comme notre père. Mais je ne veux pas être comme lui moi, je veux juste…être comme toi. Je veux être avec toi. Tu es gentil avec moi. Maman, elle ne parle que de haine et de colère, de bagarres et de victoires. Mais moi j’ai envie de parler d’autres choses, comme avec toi. Dis, tu m’aimes bien ? Parce que…parce que j’aimerai  bien savoir ce que ça fait. D’être aimé. »

J’en viens à me demander, en l’écoutant, si ma mère m’aime pour moi ou pour ce que je représente dans cette guerre. Je ne m’étais jamais posé la question jusque là et je comprends alors ce que j’ai vécu avec Sho jusqu’à présent et pourquoi on nous a enfoncé dans le crâne que nous devions nous haïr. Peut-être savaient-elles que, malgré notre sang et nos mères, nous pourrions nous apprécier. Et c’est le cas. J’apprécie énormément Sho, j’aime ce qu’il est même si Samuel me fait peur. Mais je sais aujourd’hui qu’il n’est pas impossible que je puisse l’aider à le dominer. Peut-être que Mikael n’existe que pour apporter un équilibre. Qu’il n’est là que pour contrôler Samuel et lui mettre un frein. Pas pour l’exterminer ! Serions-nous deux faces d’un même objet ? Deux poids sur une même balance ? Sans l’un, l’autre tombe. Je me suis relevé pour caresser son visage du bout de mes doigts. Nous n’avions que treize ans et pourtant nous comprenions tellement de choses, nous avions déjà fait face à des situations d’adultes. Notre existence entière avait été commanditée par Satan, tout était prévu…il ne tenait qu’à nous de sortir des rangs et de lui faire comprendre que non, nous ne suivrions pas son plan, quel qu’il soit. Sho m’a regardé avec un air surpris, bien plus encore quand je suis venu l’embrasser. Ça m’a semblé naturel de le faire, j’en avais envie. Parce que j’avais compris ce que nous étions vraiment, lui et moi. Deux êtres complémentaires qui pouvaient s’apporter l’amour qu’ils demandaient. Il a fini par répondre à mon baiser, nous étions très maladroits. C’était notre première fois à chacun. Quand nous avons arrêté, j’ai repris ses mains dans les miennes et je lui ai dit :

« Moi je t’aime Sho. Tu n’es pas comme notre père et je te jure que tout ça n’arrivera plus. Je suis là pour toi, pour t’aider. »
« Merci Jun…tu comptes beaucoup pour moi. Je suis content qu’on ne se haïsse pas comme nos mères. »
« Moi aussi. Maintenant il faut nous reposer, l’entraînement commence tôt demain. »

Il s’est couché le premier pendant que je vidais la bassine et en revenant, je me suis couché à ses côtés. Il m’a prit dans ses bras comme si c’était la chose la plus normale du monde et nous avons dormi l’un contre l’autre.
Un grand pas venait d’être franchi ce jour-là, qui allait changer toute notre existence.

Les heures d’entraînement ont augmentées, nous apprenions plus, plus vite, jusqu’à devenir des machines de guerre prêtes au combat. Mais si pendant ces heures-là nous étions sans pitié et farouches, dès que nous nous retrouvions seuls dans notre chambre, l’ambiance était douce et nous étions heureux. Je passais la moitié de ce moment ensemble dans ses bras. Nous nous embrassions sans fin en se promettant de se sortir de cet enfer dès que l’occasion se présenterait. Il nous restait moins de 3 ans, selon ce que Sho m’avait dit. J’étais effrayé par cette date butoir, que signifiait-elle pour nous ? Pour eux ? Qu’allait-il se passer ? Devant cette peur de l’inconnue, je me rattachais à la seule personne qui m’apaisait et me faisait du bien. Quand Samuel n’était pas là, Sho était une vraie source de bien-être. Je ne lui ai jamais trouvé de rancœur contre personne alors que moi, plus les jours passaient et plus j’en voulais à nos mères. C’était à cause d’elles tout ça, de leur haine envers l’autre qu’elles n’avaient pas su régler et apaiser. Nous pâtissions de leur bêtise. J’étais en colère contre elles à un point tel que j’ai souvent refusé de voir ma mère le seul jour où je le pouvais. Je ne les comprenais pas. Pourquoi mettre en danger la vie de leurs enfants pour une histoire…pareille ? Nous ne savions même pas pourquoi elles se haïssaient autant et peut-être ne le savaient-elles pas elles-mêmes. Mais les fois où je m’énervais à propos de ça, où la colère prenait le dessus, Sho posait une main rassurante sur mon épaule, me disait que ça n’était rien, que grâce à ça nous nous étions connus et il me prenait dans ses bras pour m’allonger avec lui sur notre lit. Je crois même qu’il continuait de voir notre père mais jamais il ne m’a parlé de leurs conversations ou de ce qu’ils faisaient. C’était comme si lui-même ne le savait pas, je trouvais ça étrange. Encore une chose qui me faisait peur et me mettait en colère. L’inconnu.
Nous avions fini par déplacer les meubles de la chambre afin de coller nos deux couchettes côte à côte, bénéficiant d’un plus grand espace pour dormir et se câliner. Plus nous grandissions et plus ça devenait important pour nous d’avoir un contact. Je ne pouvais pas passer une seule journée sans l’avoir contre moi au moins une fois. Et s’il me faisait peur la journée par sa rudesse, sa force et la colère dans chacun de ses coups, la nuit il était comme un délicieux cocon, un havre de paix.
Bientôt, les baisers ne nous suffirent plus et le jour de nos quinze ans, nous nous sommes offerts à l’un comme à l’autre notre première fois. Il a été doux cette nuit-là mais les suivantes, plus nous le faisions et plus il devenait incontrôlable. C’est là que j’ai compris que Samuel se servait du sexe pour faire passer sa colère et sa haine, tous ces sentiments négatifs trop souvent enfouis. Cette brutalité ne me dérangeant pas jusqu’à un certain niveau, je le laissais faire, y prenant souvent plaisir moi-même. Parce que malgré la rudesse de cet acte charnel, je savais qu’il m’aimait plus que tout et que jamais il ne me ferait de mal. Il m’était tout aussi impensable pour moi de lui faire le moindre mal, le voir souffrir ou même pleurer à nouveau déchirerait mon cœur. Nous étions la seule chose que l’autre avait, la seule chose réelle et belle.
Nous avons évidemment caché cet amour aux autres, sachant qu’ils ne comprendraient pas et chercheraient à nous séparer pour mieux nous faire nous haïr. Mais il me paraissait impossible maintenant d’avoir la moindre colère contre lui. Même en repensant à cette fois à la ville, je n’arrive pas à être dégoûté. J’espère juste, je prie, pour ne pas le perdre…et qu’il ne se perde pas lui-même.

To be continued...


Note : Et voilà la première partie ^o^ Il 'y en aura que deux...la suite demain, donc :) Allez, ne soyez donc pas impatients ! (c'est beau de rêver non ? XD) N'hésitez pas à commenter, ça me fera plaisir de connaître votre avis ♥ On se retrouve pour la suite qui va...bouger un peu plus ? 8)

genre: au, multi-chapitres, rating: pg-13, sakurai sho, matsumoto jun, pairing : sakumoto, genre: fantastique

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