Titre : Games of hatred
Auteur :
biditochePairing : Sakumoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : PG-13
Genre : Au, fantastique
Résumé : Il y a Satan. Puis il y a deux sœurs dont la haine n'a pas d'équivalent sur Terre. Et enfin, il y a Sho et Jun, deux fils nés pour se haïr et se détruire : Samuel le Mal et Mikael le Bien. Lequel des deux deviendra le Fils parfait dans ce jeu cruel que Satan a créé pour eux ?
Nos seize ans sont arrivés très rapidement malgré nous. C’était l’année charnière, selon Sho. La fin de l’entraînement. Nous étions devenus deux jeunes hommes intelligents, rusés, forts et audacieux. Je trouvais Sho sublime, j’en étais chaque jour plus amoureux et je savais que c’était réciproque - puisqu’il me le disait chaque jour également. Mais je sentais que nos vies allaient encore changer et je n’avais pas tort.
Nos deux mères sont venues nous chercher séparément, se jetant des regards assassins alors que je désespérais de me voir séparé de lui. Quelle ironie. Elles nous emmenèrent dans une grande Arène comme celles de l’époque Romaine où se déroulaient les combats de Gladiateurs. Ça y ressemblait fortement. Aux gradins se trouvaient quelques personnes que je ne connaissais pas mais ils semblaient vils et peu amènes. C’est là que je l’ai vu, pour la toute première fois de ma vie. Mon père. Satan.
Il se tenait tout en haut de l’estrade, à la place d’honneur. Evidemment. Il ne ressemblait pas à ce que je m’imaginais de lui ni à ce qu’on en disait dans les livres. Ni queue fourchue, ni cornes ni triton à sa main. C’était un simple homme d’une beauté à couper le souffle et au regard aussi glacial que l’Arctique et foudroyant que l’éclair. Un seul de ces regards vous scotchait sur place. Il a sourit en me voyant et j’ai cru qu’il se moquait de moi. Ça m’a mis en colère. Il s’est levé pour descendre de son estrade et s’approcher de nous d’un pas leste et assuré. Les pans de son grand manteau noir virevoltaient pendant sa marche et il s’avéra être beaucoup plus grand que ce que je pensais. Il était d’une élégance exemplaire, sa dentition était parfaite et il n’y avait aucune trace d’imperfection sur son visage. Pas étonnant qu’il arrive à tant de choses, avec une image pareille. Qui verrait le monstre derrière ce sourire presque avenant ? Un peu…comme Sho. Non, il est différent. Je sais qu’il est différent !
« Mikael. »
Sa voix profonde m’a fait frissonner et il n’a rien dit de plus que ça. Mon nom. Puis il s’est tourné vers Sho et son sourire a changé. C’est à cet instant que je me suis demandé ce qu’on faisait là. Ce que JE faisais là. Après tout, Samuel était le Mal. Il était le candidat parfait pour être son fils, non ? Alors que faisais-je ici ??? C’est en voyant le regard que Sho m’a porté que je me suis posé encore plus de questions. Peut-être que Sho ne suffisait pas. Peut-être qu’il n’avait pas ce qu’il faut ? Samuel était violent et haineux, mais la personne qui l’abritait était douce et bienveillante. Ce n’était pas compatible. Mais je n’étais pas mieux. J’étais Mikael, le Bien, mais à côté de ça j’avais tendance à m’emporter facilement (comme cette fois où, pendant l’entraînement, j’ai frappé notre coach au visage parce qu’il s’était moqué de ma façon de parler et de ma voix qui muait). En réalité, ce dont Satan avait besoin, c’était de Jun et Samuel. Car Mikael et Sho ne lui serviraient à rien pour ses noirs desseins. Mais il ne pouvait pas nous échanger, n’est-ce pas ? Cette simple idée de me retrouver avec Samuel me faisait peur…
« Samuel. »
« Sho. Je m’appelle Sho. »
« Tu es obstiné…j’aime ça. Voici le jour de vos seize ans » déclara-t-il en se mettant bien en vue de nous deux.
Et alors ?
« Vous avez suivi un entraînement dont le but est…votre place auprès de moi. Il s’achève aujourd’hui, avec cet ultime combat. »
Un combat ?? Quel combat ? Mais on n’a jamais combattu ! Enfin, pas « sérieusement » en tout cas…
« Celui qui survivra gagnera. Le perdant mourra de ses mains. »
J’ai senti toute ma résolution tomber en entendant ces mots. Moi ? Tuer Sho ? Jamais ! Et surtout pas pour une raison aussi stupide. Je ne veux pas de cette place, je m’en fous. Je me tourne vers mon frère qui est resté immobile. Comme s’il savait. Oh non…il le savait hein ???!!! Est-ce que tout ça n’était qu’une ruse pour me rendre faible ? Me faire l’aimer pour pouvoir me tuer plus facilement ?! Le regard qu’il tourne vers moi est neutre, je n’arrive plus rien à y lire. J’ai la désagréable sensation de m’être fait avoir. Après tout, Satan le voyait une fois par mois, pour quoi hein ? Pour le dresser. Pour faire de lui son petit jouet et m’avoir. Mais…et Sho…non, il m’aime. Hein ? Il m’aime ! En fait, je ne sais pas. Je ne sais plus…Dans un dernier recours, je jette un regard vers ma mère qui me prend par le poignet et me tire au coin opposé de son aînée.
« Maman, tu savais ???? Pourquoi tu ne m’as rien dit ?! »
« C’était le deal. »
« Tu vas…le laisser me tuer ? »
« Jamais Jun ! Tu es Mikael, tu es le Bien. Le Bien triomphe toujours, tu vas gagner ! »
« Mais je ne veux pas le tuer ! »
« Arrête de faire le bébé !!! Tu as seize ans, c’est ton jour ! Prouve ce que tu es, ce que tu vaux ! »
« Je ne suis pas un meurtrier… »
Parce que c’est ça que ça veut dire, n’est-ce pas ? Celui qui gagnera aura les mains salies et vivra avec la mort de son frère sur la conscience. Quoique, je ne suis plus sûr que Sho en ait une maintenant…il est si froid et distant. Je n’arrive plus à voir le garçon si doux et amoureux de ces trois dernières années. Il est partit.
« C’est un combat à mains nues » me dit ma mère tout en retirant ma veste trop lourde et en massant mes muscles qui me font peur à présent. « N’aies aucune pitié, il n’en aura pas pour toi. Rappelle-toi, Samuel est un monstre. Il n’hésitera pas, lui. Il est rusé mais tu l’es encore plus. Ne le laisse pas avoir le dessus sur toi ne serait-ce qu’une seconde ! »
« Maman… »
Entendre tout ça me donne envie de vomir et je fixe toujours Sho, qui reste inerte alors que sa propre mère semble lui parler.
« Tais-toi et écoute-moi ! Ce n’est pas un jeu Jun ! On doit gagner ! »
« Pourquoi ? »
« Pour qu’Erika disparaisse. »
Je la repousse, effaré.
« Alors tu étais sérieuse ??!! On risque nos vies pour que l’une de vous deux disparaisse ???!!! En gros, celle qui donnera le bon fils restera en vie et l’autre sœur mourra ?! Tu te rends compte de ce que ça veut dire ???!!! »
Je suis en colère. Non, je suis furieux.
« C’est ça Jun, garde cette rage. Utilise ça ! »
« La ferme !!! Je ne veux plus t’entendre ! »
« Tu préfères que je meure peut-être ?? Gagne pour nous Jun ! »
Je ne veux pas que quelqu’un meure. Je ne veux pas que le sang de Sho coule sur mes mains. Je ne veux pas le voir blessé…si je meure le premier, je ne verrais pas ma mère mourir à son tour, pas vrai ? Oui mais je le saurai. Ce sera de ma faute. Comment peut-on être aussi égoïste ?? Aucune de ces deux femmes n’a pensé à son enfant. Elles ne pensent qu’à elles, qu’à leur haine qui les nourrit. Nous en sommes les fruits.
« C’est un monstre. Il ne doit pas vivre. »
Je porte encore mon regard vers Sho et me rappelle cette fois où il a frappé, mordu et griffé cet homme presque jusqu’à la mort. Me ferait-il ça, à moi ? Je m’étais persuadé que non, je croyais…j’étais certain qu’il ne pourrait pas me faire de mal. Il me protégeait, pas vrai ? Je n’ai pas envie de croire que c’est du mensonge, qu’il m’a mené en bateau. S’il-te-plait Sho, retourne-toi…montre-moi que tu m’aimes !
Mais il n’y avait plus que Samuel en face de moi.
Ma mère m’a jeté dans l’Arène, presque sans aucun regret. Moi qui me demandais si elle m’aimait, j’ai eu la réponse. Elle s’en fout de moi, tout ce qui lui importe c’est de gagner contre Erika dont la rage est palpable, même des gradins. Le combat va commencer et devant moi, Sho fait craquer ses articulations. Je connais ses façons de combattre, ses manies et ses tactiques. Nous avons appris l’un à côté de l’autre…Je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes ces choses que nous avons partagées, à tous ces moments que nous avons passés ensemble. J’ai envie de fermer les yeux et de les rouvrir dans notre chambre, allongé dans le lit contre lui. Comment puis-je ressentir autant d’amour et de colère en même temps ? Je le supplie une dernière fois du regard mais ça n’a pas d’effet. Peut-être qu’elle a raison, peut-être que c’est un monstre et que je me suis trompé depuis le début. Que Mikael n’est pas là pour rétablir l’équilibre, mais pour détruire le Mal. J’ai peine à me dire ça puisque l’autre solution me paraissait plus…logique et saine pour nous deux.
Il est le premier à attaquer et fonce sur moi, point en avant. Je l’esquive et me décale un peu plus sur le côté, me retournant rapidement pour ne pas être dos à lui. Dans ses yeux marron brille une petite lueur étrange, serait-ce de la folie ? Je ne prends pas le temps d’y réfléchir car il attaque à nouveau et moi, je me défends. Jusqu’à ce qu’un de ses poings ne frappe ma mâchoire, me faisant tituber. Aie, ça fait mal ! Dans les gradins, ça crie, ça hurle, ça insulte. Nos propres mères ressemblent à deux harpies et j’entends la mienne me hurler d’être plus fort, « d’exterminer le monstre ». Je ne sais pas qui est pour qui…je ne sais pas pour qui moi je suis. Je me reprends et me défends à nouveau. Je n’arrive pas à contrôler cette colère et cette peine que je ressens en le voyant si haineux à mon encontre, comme tout le monde veut qu’il le soit. C’est le mélange de ses sentiments qui donne à mon poing la bonne trajectoire et je lui donne un uppercut qui le fait tomber en arrière. J’en suis moi-même choqué alors que je vois un léger filet de sang couler au coin de sa bouche. Dans un réflexe je vais m’enquérir de son état, inquiet, mais il se relève aussitôt et me fait une prise d’art martial qui me fait tomber au sol, avant de lever à nouveau la main sur moi. Je me décale à temps sur le côté pour ne pas voir le côté droit de mon visage broyé et je roule jusqu’à me relever, un peu étourdi. Il attaque derechef et ses coups se font toujours plus rapides, si bien que j’ai du mal à les suivre. Je recule, recule et recule encore jusqu’à voir la cloison en bois approcher de mon dos. Si je me retrouve coincé, je suis mort. Je le laisse alors me frapper une fois pour qu’il baisse une seule seconde sa garde et, à mon tour, je le frappe si fort qu’il recule en arrière. J’ai le temps de me dégager et de courir en sens inverse. J’ai l’impression de fuir mais la sensation de mes phalanges douloureuses m’est désagréable et me donne envie de pleurer. Je ne veux pas faire ça, je ne veux pas… ! Mais les marques sur mes mains et mon visage prouvent que je le fais quand même, que je ne suis qu’un toutou. Un jouet. Un deal. J’entends un cri derrière moi et je me retourne juste à temps pour voir Samuel courir vers moi. Il m’attrape par la taille tel un boxeur et me plaque à terre, prenant le dessus sur moi. Et comme avec ce mec dans la rue, il commence à me frapper si fort que j’en ai du mal à reprendre ma respiration. La douleur est atroce et je cherche à me défendre. J’en viens même à le supplier…
« Sho, je t’en prie…arrête !!! C’est moi, Jun…Sho, je t’aime, tu le sais !! Arrête !!! Tu me fais mal !!! »
J’espère y changer quelque chose mais les secondes suivantes sont semblables. Et soudainement, je sens une faille. Minuscule. Son regard a changé pendant un millième de seconde, sa main a faibli et, d’un coup de rein, j’ai échangé nos places.
En le voyant commencer à se débattre comme un diable, je fais tout pour le maîtriser mais il est fort alors…à mon tour, je le frappe. Juste pour le calmer, me dis-je, mais je suis obligé de recommencer peu après et ce plusieurs fois. Les larmes coulent sur mon visage et tombent sur le sien, amoché. Il n’arrête pas de se débattre pour autant, si seulement il pouvait arrêter !!!! Je vais être obligé de le tuer et je ne veux pas…pas comme ça, pas avec mes mains…
« Tue-le !!! Tue-le !!! TUE-LE !!!! » crient les quelques personnes dans les gradins.
Je relève juste une seconde le visage vers Satan dont le sourire amusé me retourne les tripes. Non, je ne lui donnerai pas ce plaisir !!! Jamais ! Ce n’est pas moi ça…mais qu’est-ce que j’ai fait ????!!!! Je regarde sous moi le visage ensanglanté de Samuel qui respire moins bien mais il est encore tenace. Je me baisse alors vers lui et les larmes coulant toujours sur mes joues, je l’embrasse avec passion et fermeté. Il résiste au début mais je ne lâche pas et bientôt, je le sens me céder. Ses lèvres se mettent à bouger contre les miennes alors que nos deux sangs se mêlent. Au risque que ce ne soit qu’une ruse de sa part et que je perde, je lâche ma prise pour prendre son visage entre mes mains et l’embrasser toujours plus profondément, y mettant tout l’amour que je peux avoir pour lui. Et j’ai l’impression qu’il me répond, je l’espère. En sentant ses mains se poser sur ma taille, j’ai un instant peur que ce soit pour me repousser ou me faire du mal mais elles ne font que s’y accrocher, rien d’autre.
Dans les gradins, c’est le scandale. Personne ne comprend et nos mères sont furieuses. Ça ne devait probablement pas se passer comme ça, j’aurai dû le tuer. Le Bien aurait dû vaincre contre le Mal…et devenir Mal lui-même. Mikael serait devenu Samuel. Jun et Samuel…non, je refuse d’être ça.
Je me sens soudainement tiré en arrière et, bizarrement, n’arrive pas à résister à la force pourtant faible de ma mère.
« As-tu perdu la tête ???!!!! Tu devais le tuer !! »
« Ton fils n’est qu’un faiblard, Sayako ! »
« Tu as vu le tien ?! Il ne ressemble à rien !!!! »
« Mesdames, mesdames ! » fait Satan du haut de l’estrade « ce n’est pas un combat de coq. Nous avons affaire à une situation somme toute intéressante… »
Pour lui peut-être. Moi je veux juste retourner vers Sho et prendre soin de lui, réparer toutes ces blessures que je lui ai faite. Et malgré les paroles du Diable, les deux sœurs ont continué à se disputer. Profitant du manque d’attention de ma mère, je me glisse vers mon frère qui reprend peu à peu ses esprits.
« Sho… »
« Tu aurais dû me tuer Jun, c’était comme ça que ça devait se passer »dit-il d’une toute petite voix.
« Pourquoi ?! »
« L’un de nous devait tuer. Il était clair que je ne pouvais pas. J’ai essayé mais…je t’aime trop. Et Samuel…il ne peut pas te faire de mal. Il veut te protéger, pas te tuer. Je me suis dit…que te faire croire que j’avais menti…ça te donnerait envie de te venger. Que tu n’aurais aucune pitié. Je voulais que tu me tues, j’aurais pas pu vivre en l’ayant fait. »
« Je suis tellement désolé… »
« Je t’aime Jun. »
« Je suis désolé…je t’aime aussi, je ne sais pas ce qui m’a pris…il faut croire que je ne suis pas aussi bon que Mikael. »
« Je m’en fous de ça. »
« Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ? »
Il ne semble pas plus savoir que moi et nous nous retournons tous les deux pour entendre les cris de plus en plus stridents des deux sœurs. Elles se lancent des regards chargés de haine et de rancœur, se menacent du doigt et…DU COUTEAU ???
« Tu étais une erreur Sayako, j’aurai dû être fille unique !!!! Tu ne devrais même pas exister, il n’y a que moi, il n’y aura jamais QUE moi !!! S’il ne te tue pas, alors je le ferai ! »
Avaient été les dernières paroles d’Erika avant de planter sa dague dans le cœur de sa cadette, encore trop surprise pour se défendre. J’ai regardé la lame transpercer ses vêtements et sa peau, le sang a commencé à couler de plus en plus vite et elle est tombée. Alors j’ai laissé Sho et j’ai couru vers ma mère. J’ai trébuché vers la fin et me suis étalé à ses côtés, me sentant sur le point de défaillir. Je n’étais pas d’accord avec ce qu’elle avait fait mais…c’était ma mère. Ma mère mourante. Ma mère morte dans mes bras sans que je n’ai rien pu dire ou faire pour changer les choses. Les larmes ont recommencées alors à couler sur mes joues sans s’arrêter, la colère et la peine sont revenues. Je n’arrivais pas à me rendre compte qu’elle était partie, cette femme qui m’avait compté la même histoire pendant quatre années d’affilées, qui m’avait donné la vie pour la mettre en jeu ensuite. Elle était le Bien, non ? N’était-ce pas à lui de triompher ??? Si j’avais tué Sho, ça ne serait pas arrivé…pourquoi aurais-je dû choisir entre les deux ???!!! Maintenant elle est morte…
« Je suis désolé maman…tellement désolé… »
Pleurais-je sur son corps inerte quand j’ai entendu un ricanement. Cette femme. La mort de sa sœur ne l’a même pas attristé, elle se permet encore de rire ! Sa propre sœur ! J’ai envie de lui dire tout ce que je pense mais je préfère me concentrer sur ma mère. Je baisse ses paupières et commence à prier pour elle quand j’entends un cri déchirant.
« JUUUUUN !!!!! »
C’est Sho. C’est sa voix. Alerté, je me retourne vers lui et c’est là que je la vois. Juste au-dessus de moi, la dague encore couverte du sang de ma mère. Cette femme veut me tuer, c’est mon tour. Bizarrement, je ne fais rien. Je ne bouge pas. Sho n’aura pas à m’enlever la vie, elle va le faire pour lui et il sera sauf. C’est plutôt comme ça que ça devrait marcher, non ? Mais alors que je croise son regard rongé par la folie et que son bras commence à s’abaisser, je vois une tête apparaître derrière son épaule, deux yeux furieux et haineux ainsi que deux mains qui se saisissent de la tête d’Erika, avant de la tourner d’un coup sec à 90°. La main lâche le couteau alors que le corps tombe et j’écarquille les yeux, estomaqué.
Il vient de tuer sa propre mère.
Pour moi.
Ce sont les yeux de Samuel, c’est peut-être lui qui a fait cet acte meurtrier mais c’est tout aussi bien Sho que je vois derrière. Il l’a voulu, cette fois. Il l’a fait pour me protéger. Je n’arrive pas à dire si je dois être soulagé ou non. Je ne voulais pas qu’il tue, pas sa mère !!!! C’est un acte horrible, c’était ce que Satan voulait de nous…mais…je les regarde tour à tour, mortes à côté de moi et une pensée me vient : la haine a disparue. Elle est partie avec elles, avec ces deux femmes qui ne se supportaient pas, qui ne s’aimaient pas. Le regard de mon frère redevint plus doux et il me tend la main, m’aidant à me relever. Je ne sais pas quoi dire, pas « merci ». Pas après ça. Je suis encore sous le choc de cette scène. Il l’a tué de ses propres mains, de sang-froid. Comme il aurait tué cet homme pour m’avoir fait du mal. Je le vois regarder vers l’estrade et à mon tour je lève les yeux vers notre père, qui est resté assis sur sa chaise. Je n’arrive pas à saisir son expression mais je vois bien le défi dans les yeux de Sho.
« Nous rompons le lien qui nous uni à toi, tu entends ??!! Nous ne sommes plus tes fils ! Laisse-nous tranquille ! On ne te doit absolument plus rien ! »
C’est terminé pour nous. Nous venons de lui prouver que nous ne nous tuerons pas l’un l’autre, surtout pas maintenant que nous n’avons plus de mères pour nous y pousser. Plus de raison de se haïr, nous sommes…
Libres ?
Je tire Sho avec moi et il finit par quitter son combat visuel avec Satan pour courir à ma suite. Dans les gradins, c’est le choc et l’euphorie à la fois. Ils ont eu leurs morts, non ??? Nous sortons de l’Arène presque sans difficulté - ce qui m’étonne - et courons encore pendant de longues minutes sans nous arrêter. Je ne sais pas où on va, ce qu’on va faire ou devenir - je sais simplement que nous resterons ensemble et qu’aucun de nous deux n’aura à tuer l’autre pour devenir un « fils parfait ».
« Qu’allons-nous devenir Sho ? » lui demandais-je le soir même, alors que nous marchons sans but sur la route, main dans la main.
« Je ne sais pas. Mais je serai heureux tant qu’on sera tous les deux. »
« Et pour Lui ? »
« Qu’il cherche à nous embêter…Après tout, réfléchis-y Jun. Nous avons été entraînés par les meilleurs. A nous deux nous le valons peut-être largement. Nous sommes comme…une seule et même personne. Avec toi, je me sens comblé et protégé. Qu’il essaye de venir m’enlever ça…ce n’est pas simplement deux sœurs idiotes qu’il aura en face de lui, mais deux fils prêts à se battre pour rester ensemble. Pas vrai ? »
« Hun. Je lui botterai le cul s’il ose te toucher ou essayer de nous séparer ! »
C’est vrai. Nous sommes ses ennemis à présent. Nous pourrions rejoindre un autre camp, contre Satan. On pourrait essayer de le faire tomber…ou alors on pourrait rester à l’écart de tout ça. Je ne sais pas mais ce qui est sûr, pour l’instant, c’est que la mort de ma mère n’a pas été vaine. J’ai pu récupérer ce qui comptait le plus à mes yeux et qui me couve du regard en ce moment-même, comme avant. Le lendemain sera peut-être difficile mais eh ! Nous sommes Samuel et Mikael, non ?
Dans l’Arène, un peu plus tôt
« Voulez-vous qu’on les ramène, Maître ? »
« Tsss, vous ne feriez pas le poids contre eux. Une armée entière n’en viendrait pas à bout. Non, laissez-les partir. »
« Mais… »
« Me suis-je mal fait comprendre ?! »
Satan tourna son regard glacial vers son subalterne qui recula et baissa la tête avant de s’en aller. Toujours confortablement assis sur sa chaise, ses longues jambes croisées devant lui, le Diable se frotta les lèvres du bout des doigts alors qu’un petit sourire y naissait.
« Bravo Sho, tu as été parfait. Tuer ta mère de tes propres mains, une personne de ton sang…c’était bien plus que ce que j’en demandais ! Mais sache que l’Amour ne te sauvera pas éternellement. Il n’est qu’éphémère…alors que ce Mal qui t’habite, lui, existera toujours. Chassez le naturel et il revient au grand galop, connais-tu ce dicton ? »
Il se leva et regarda au loin, son sourire s’épanouissant sur ses lèvres fines.
« Samuel, mon cher Fils, un jour tu te libéreras de tes chaînes…et je serai là pour t’accueillir. »
Note : ...Ne me tuez pas ?
XD Ok, je sais que je n'ai pas fait une fin super "happy" mais il me semblait impossible de faire ou tout bien, ou tout mal. L'histoire et les personnes ne sont ni tous blancs, ni tous noirs. C'était donc impossible pour moi de faire une fin de ce genre. En réalité, je pourrais faire 3 versions différentes de cette histoire : celle-ci, une du point de vue de Sho et une du point de vue de Satan - qui dirige tout quand même.
Mais je verrais bien une petite suite, peut-être...je n'en sais rien. Il faudrait que les idées soient là xD J'y réfléchirai si vous sentez que c'est "non terminé" xD
En tout cas, merci pour votre lecture/commentaires ♥ Ja ne~