Titre : Take me far away
Auteur :
biditochePairing : Sakumoto (Sakurai Sho x Matsumoto Jun)
Rating : R, NC-17
Genre : Au, fantasy, romance
Résumé : Voilà des années déjà que les hommes de la famille Sakurai meurent jeunes : 20-25-30 ans...ils succombent l'un après l'autre. Je suis le dernier, Sakurai Sho, bientôt 19 ans. Orphelin, sans attache ni famille, j'ai fait la connaissance d'une personne qui pourrait m'emmener loin, bien loin de tout ce que je connais déjà...Mais à quel prix ?
Je me sens bizarrement vide. Mais comblé. Vide et comblé, n’est-ce pas étrange ? Voilà déjà quelques minutes que nous avons fini de faire l’amour - notre toute première fois - et nous sommes couchés dans les bras de l’autre, nos corps parfaitement emboîtés. Nous nous embrassons doucement, niveau deux, tout en nous offrant de l’attention et des câlins, nous berçant de mots doux et d’amour. J’aime. J’aime ce que j’ai fait, ce que je fais, ce que je suis…tellement différent d’avant ! Peut-être que ça n’a aucun rapport mais je me sens bizarrement plus…homme. Je ne suis plus vierge et je sais que je l’ai fait avec la bonne personne.
Malheureusement le soir va tomber et avec lui mon couvre-feu. Je n’ai tellement pas envie de partir, de quitter ses bras ! C’est comme une torture. Pourtant il le faut bien…Je me relève, résigné, mais il m’attrape par le bras et m’attire contre lui.
« Reste. »
« Mais…je dois retourner au pensionnat, tu le sais bien ! »
« Non, reste avec moi ce soir. Cette nuit. On s’en fout du pensionnat… »
« Pourtant… »
« Reste avec moi toute la nuit et toute la journée de demain. Et celle encore d’après, et d’après, et d’après… »
Tout en parlant, il dépose des baisers sur mon visage jusqu’à me faire capituler et me rallonger sur lui. Pas difficile, en même temps…
« Ne me quitte plus » murmure-t-il alors, me faisant doucement sourire.
« Je n’en ai pas l’intention. »
Il y a pourtant une lueur si triste dans ses yeux, comme de la détresse, que mon cœur se serre. A quoi pense-t-il ? Pourquoi a-t-il si peur que je m’en aille alors qu’il est plus qu’évident que je suis accro à lui, à sa présence ? J’arrête de sourire pour l’embrasser tendrement, espérant ainsi lui faire comprendre que je ne le quitterai jamais.
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J’ai passé la plus belle nuit de toute ma vie entière. Enfin, en 19 ans d’existence…Oh ! Tiens, hier j’ai eu 19 ans…je l’avais complètement oublié. Coïncidence ? Je fronce les sourcils et me tourne vers son visage endormi et paisible.
« Tu le savais hein… » murmuré-je tout bas.
Oui j’en suis sûr maintenant, hier il le savait - allez comprendre comment - et il m’a offert ce cadeau. Est-ce que son souhait de me voir rester en était une partie ? J’espère que non…Avoir 19 ans ne me fait absolument rien, ce n’est pas ça qui va changer ma vie ! Je ne l’ai peut-être pas fêté comme les autres mais qu’importe ? L’essentiel, c’est que j’ai apprécié. Vraiment apprécié. Le plus bel anniversaire que j’ai eu. Je me déplace comme je peux sur le futon trop petit pour deux personnes afin de ne pas le réveiller. C’est la première fois que je le vois comme ça. Très différent de ses petites méditations allongé dans l’herbe. On dirait presque qu’il est…
Il y a comme un étau autour de mon cœur qui se serre, me faisant suffoquer tellement j’ai du mal à inspirer et expirer convenablement. Je ressens de la peur, de l’angoisse, de la fureur et une tristesse sans nom, je ne sais pas d’où ça vient et pourquoi ça m’arrive. Mais j’ai peur. Me prends l’envie brutale de le secouer comme un prunier pour qu’il se réveille parce que l’image de lui endormi ainsi n’est plus du tout mignonne. Et s’il ne se réveillait pas…encore une fois ? J’ai de plus en plus de mal à respirer, l’angoisse me fait trembler et je finis par poser ma main sur son épaule pour qu’il rouvre les yeux, me rassure, calme cette réaction bizarre chez moi que je ne comprends pas. C’est stupide, il n’y a aucune raison pour qu’il meurt comme ça, en une nuit…alors pourquoi ? Pourquoi ???!!! Je n’arrive même pas à être soulagé lorsque ses yeux croisent les miens et je le vois paniquer autant que je panique.
« Sho ! Que t’arrive-t-il ?? »
« Je…Jun… »
Je me mets à pleurer comme un enfant, de grosses larmes coulent sur mes joues alors qu’il me prend dans ses bras, me protège de ces sentiments incompréhensibles. Je m’accroche à lui, pleure sur sa peau tout en extériorisant ma peine.
« J’ai cru que t’étais mort…j’ai eu peur !!! J’ai cru que t’étais mort et je ne sais pas pourquoi !!! Je ne sais pas pourquoi…je réagis comme ça mais…j’veux pas que tu meurs Jun, tu ne dois pas. »
Il n’y a rien de plus stupide que mes propos à cet instant, je le sais pertinemment. Ça ne m’empêche pas de répéter cette phrase pendant les cinq minutes qui suivent son réveil. J’ai eu peur qu’il soit mort…
« Calme-toi, ça va aller. Je suis là, tu n’as plus à t’en faire. »
« C’était effrayant » fais-je en reniflant. « J’ai vu ton visage endormi et automatiquement, je me suis imaginé que tu ne vivais plus…comme si c’était déjà arrivé. Comme si je savais que de te voir ainsi signifiait que tu étais…que tu étais… »
Je refais une crise de larme incontrôlée. Je n’y peux rien, c’est bien au-dessus de moi. Jun ne répond pas et se contente de me frotter le dos, les bras et de baiser mon visage, tentant de me calmer le plus vite possible. Son attention et le fait de le voir bien en vie et réel aident à m’apaiser et enfin, je termine par des petits hoquets. J’ai gâché les premières minutes de notre première matinée à deux, je suis un boulet. Je m’en veux terriblement pour avoir réagi comme ça…mais il ne me fait pas de reproches, bien au contraire. Je vois même qu’il semble inquiet et il me garde longtemps entre ses bras. Il a un air indéchiffrable et encore une fois, je me demande ce à quoi il pense. Je nous sépare, honteux, ne sachant pas quoi dire.
« Sho, tu as peur de la mort ? »
J’affiche un air surpris face à cette question et même si je n’en comprends pas le but, j’y réponds avec sincérité.
« J’imagine…que oui. Après tout, quand on y pense, tous les hommes de ma famille sont morts assez jeunes. Mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon père…Il ne reste plus que moi des Sakurai, ça fait réfléchir, non ? »
« Tu penses que tu vas mourir jeune, toi aussi ? »
« Je ne sais pas…mais j’en ai juste assez que les autres partent autour de moi. C’est peut-être pour ça que quand je t’ai vu, j’ai paniqué. C’est irrationnel mais…je ne suis pas un génie du cerveau humain donc bon ! »
Je hausse les épaules comme pour plaisanter mais son air grave qu’il cache derrière un faux sourire m’interpelle.
« Et toi ? »
« Moi ? Tu sais, ça fait bien longtemps que je n’en ai plus peur, de la mort… »
Il parle encore bizarrement, ça devient de plus en plus fréquent en ce moment ! Je détourne le regard, n’aimant pas ce silence qui s’installe entre nous. Un silence pesant que nous n’avons jamais connu. Jun attrape son pantalon et grimace.
« Il est encore tout mouillé…les tiennes doivent l’être aussi. Je vais aller tout faire sécher. »
Il se lève et sort du futon, me donnant une magnifique vue sur son corps dénudé que j’ai eu pleinement le temps de voir et de toucher hier soir - et cette nuit. Je rougis cependant, peu habitué. En voyant mon regard troublé, il sourit et se met à quatre pattes devant moi pour venir m’embrasser tendrement, n’omettant pas quelques coups de dents au passage. Il se couvre avec un drap puis sort avec nos affaires. Moi, je reste dans le futon du cabanon à me demander quelle va être la suite de cette journée.
Jun revient plus ou moins rapidement et en sentant le vent frais s’engouffrer alors qu’il referme la porte derrière lui, je ne peux m’empêcher de lui demander :
« Tu n’as pas froid ??? Je gèlerai à ta place… »
Ma question semble le bloquer et il finit par me sourire, quittant le drap pour se réfugier sous le futon et enfin, contre moi dont le dos se tient au mur pour me donner une position assise.
« Mais tu vas me réchauffer, ne ? »
Ses lèvres frôlent honteusement les miennes alors qu’il me monte dessus, s’asseyant sur mes jambes à moitié repliées. Je frissonne encore plus en sentant sa peau froide sur la mienne et il fait semblant de venir m’embrasser avant de se reculer en souriant, ce plusieurs fois. C’est moi qui finis par aller chercher ce baiser, en ayant assez de devoir attendre ainsi. Mes mains se saisissent fermement de ses hanches alors que mon dos quitte le mur pour se rapprocher de lui. Jun passe ses bras autour de mon cou et je me relève un peu sur mes genoux tout en le portant. Puis, comme une suite logique des choses, je le dépose sur le futon…
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Un sourire étire mes lèvres lorsque je sors du cabanon. Le soleil finit sa course dans le ciel, qui a prit des teintes violettes et orangées, comme si l’horizon brûlait. Jun est debout près du rebord, les bras croisés sur sa poitrine. Je ne sais pas ce qu’il regarde mais il est étrangement sérieux et concentré. Il porte ma chemise dont les pans volent en suivant la petite brise de soirée. Je m’approche de lui par derrière et doucement, dépose l’unique couverture du cabanon sur ses épaules pour ne pas qu’il prenne froid. Il ne bouge pas mais ses bras se délient et l’un pointe en direction du ciel enflammé devant nous.
« C’est beau, non ? »
« Oui. »
Je profite de replacer la couverture pour passer mes bras autour de sa taille et poser mon menton sur son épaule. Ses mains viennent se saisir des miennes et il dévie légèrement l’angle de sa tête pour coller sa joue à la mienne. La glace et le feu, c’est la sensation que j’éprouve à ce moment-là. Je suis brûlant alors qu’il est aussi froid qu’un…cadavre.
« Tu pars bientôt ? » me demande-t-il d’une toute petite voix.
« Quand le soleil sera couché, je m’en irai. »
« J’aimerai que ce moment dure toujours. »
« Moi aussi… »
Je regarde le paysage des buildings et des immeubles qui disparaissent peu à peu, avalés par le gros demi-cercle orange. Les quelques nuages forment des stries violacés dans le ciel, c’est magnifique. Je sens alors quelque chose de mouillé couler sur ma joue et je tourne mon visage vers le sien. Il pleure doucement, sans un bruit.
« Jun ? »
« Promets-moi…que tu resteras avec moi, promets-moi…que tu ne m’oublieras jamais. »
« Jamais. »
« Serre-moi fort. »
Je fais même mieux, le retourne et referme la couverture sur nous deux, nous collant l’un à l’autre. Je ne l’ai jamais vu aussi triste et l’image du garçon enjoué qui m’a entraîné dans le parc ce jour d’école me revient en mémoire. Je sais qu’il est là, noyé par les autres sentiments. Je ne veux pas qu’il pleure mais je crois savoir pourquoi il le fait. J’ai peur, moi aussi, que tout ça ne devienne que passé et souvenir. Encore une fois…
Il fait nuit noire quand je repars, nous avons partagé notre dernier baiser de la journée. Ou simplement…le dernier.
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L’école n’est vraiment plus pareille, s’y concentrer est difficile. Ou peut-être que c’est moi qui ai trop changé entre temps ? Je ne sais pas, mais je retrouve ma place au fond de la salle comme si personne n’avait vu que je l’avais quitté pendant deux jours. Je m’ennuie à mourir mais j’apprends tout ce qu’on me dit d’apprendre comme un parfait automate. Les jours suivant également et ils se succèdent ainsi pour une bonne semaine où je ne revois pas Jun, à mon plus grand regret. C’était toujours lui qui venait me chercher pour m’emmener quelque part, peut-être que cette fois c’est moi qui devrais faire ça ? Et malgré cette pensée, je continue de l’attendre toute la journée.
Enfin, il est revenu. Je soupire de soulagement en le voyant dans la Cour, pensif et l’air préoccupé. Il ne sourit pas quand il me voit mais au moins répond-il à mon baiser. Que se passe-t-il ? Ai-je envie de lui demander. Mais je sais qu’il ne répondra pas vraiment, il ne le fait jamais. Il est doué pour concentrer mon attention ailleurs que sur ses problèmes. Je l’aime tellement alors pourquoi, parfois, m’éloigne-t-il comme ça ?
« On va quelque part aujourd’hui ?? » demandé-je avec enthousiasme, ayant hâte d’enlever cette horrible cravate.
Mais son regard me dit que non, nous n’irons nulle part.
« Jun, qu’est-ce qui ne va pas ? »
Je prends ses deux mains dans les miennes mais son regard est porté sur un point derrière moi. Alors je me retourne. Cinq élèves se tiennent dans mon dos, les bras croisés sur leur poitrine et l’air suspicieux.
« Bah alors l’Orphelin, on parle tout seul ? »
Ça ricane mais je ne les comprends pas. Instinctivement, je me place à côté de Jun et face à eux pour le protéger, mon bras autour de sa taille.
« Qu’est-ce que vous nous voulez ? »
« Nous ? Te, plutôt. Tu as un comportement vraiment bizarre qui ne plaît pas vraiment à cette école. Nous en avons parlé avec les professeurs et les autres élèves, nous pensons que tu n’as pas ta place ici. »
« Ah oui, et pourquoi donc ? » fais-je, agacé même si l’idée de partir d’ici me plaît.
« Tu ne t’intègres pas, tu sèches quasiment tous les jours et maintenant, tu parles tout seul dans la Cour comme un…comme un aliéné ! »
« N’importe quoi, je ne parle pas tout seul ! Nettoie tes lunettes mon pauvre…Non mais tu l’as entendu cet idiot, Jun ? Il est tellement prétentieux qu’il fait exprès de t’ignorer. »
Je le serre contre moi et sourit d’un air moqueur en le regardant. Mais Jun ne répond pas, son regard reste fixé sur le sol devant lui, comme inerte.
« Jun ? »
« Ah, il recommence avec son ami imaginaire !!! Orphelin et Fou, c’était ce qu’il fallait à cette école pour se distinguer ! Ah, bien sûr c’est ironique… »
« Arrête de faire ça !!! Je ne suis pas fou du tout, il est là avec moi ! C’est…c’est toi qui es stupide et aveugle ! Je suis sûr que si Jun te mettait une bonne trempe, tu le verrais là ! »
« Pour ça faudrait-il seulement qu’il EXISTE. »
J’ai envie de lui sauter à la gorge et de le frapper mais Jun pose sa main sur mon bras et me regarde enfin.
« Ne fais pas ça. »
« Mais pourquoi ? Il se moque ouvertement de nous ! De toi, de moi ! »
« Et il recommence… » soupire l’un des élèves.
« Allons ailleurs Sho, il faut que je te parle. En tête à tête. »
« Ok… »
« Quoi ‘ok’ ?? »
« Oh, vous la ferme !!! » leur crié-je.
« On te prévient l’Orphelin, c’est tout. Le renvoi te pend au nez ! »
Jun me prend par la main et me tire à sa suite. Nous nous dirigeons sans mot vers le parc, moi hébété et complètement à l’ouest, lui préoccupé. Arrivés au même endroit que là où il m’avait emmené à notre première sortie, il me lâche et se tourne vers moi. Il a un air triste et désolé à la fois, un air qui dit « ce que tu vas apprendre ne va pas te plaire ». Je ne veux soudainement pas entendre ce que c’est. Je veux rester dans ma bulle de bonheur avec lui, c’est tout…pourquoi tout tourne-t-il toujours de travers quand il s’agit de ma vie personnelle ? J’ai la sensation que je vais le perdre, et comment je le sais ? Parce que perdre les gens, c’est la seule chose qui m’arrive dans la vie…Après mes parents, ma sœur et mon frère, est-ce que ça va être son tour ? Je ne sais pas si j’y survivrai cette fois…
« Je n’existe pas. »
To be continued...
Note : Allez, je vous laisse à vos commentaires - ou pas hein xD Plus que deux parties et c'est terminé :) Merci de me lire !