Titre : Du Désordre aux Enfers
Fandom : Bible/Mythologie chrétienne/Angel!verse de
modocanisPersonnages : Les Archanges, Lucifer, des démons, quelques anges et des Saint(e)s qui traînent...
Couples : Lucifer/Michael, Raphaël/Asmodée, Michael/Raphaël si vous regardez bien.
Disclaimer : Rien à moi !
Note : Ça doit bien faire depuis au moins 2014 que j'ai cette idée de fanfiction, inspirée des commentaires des fanfictions de
modocanis, avec rien d'autre pendant trois ans que d'écrire des petits extraits, et voilà enfin que je poste le premier chapitre ! Comme quoi, il ne faut jamais désesperer, même si ça prend du temps xD Cette fanfic est dédiée à
modocanis, puisque j'ai repris sa version de l'univers et des personnages, et parce ses histoires sur les emplumés ont toujours été pour moi une véritable source de divertissement, de réconfort et d'inspiration :) D'ailleurs, il n'est pas impossible que cette fanfic s'inspire par moments d'histoires de
modocanis. Je préviendrais lorsque ce sera le cas, si jamais j'ai des lecteurs/trices qui sont moins familiers, ou qui ont besoin de se remémorer 2-3 petites choses (comme pour ce chapitre, mini inspiration du drabble "Ami"). Sinon, j'ai au moins deux chapitres écrits, avec le troisième chapitre bien planifié, cependant j'ignore encore combien de chapitres cette fanfic va compter, d'autant plus que je n'ai pas planifié toute la fic, puisque des idées peuvent me venir à l'esprit sans prévenir ^^
Sur ce, bonne lecture !
Chapitre 1 - L'inconvénient de la modernité.
Uriel s'affairait dans la salle de réunion des Archanges, veilla à ce que les rétro-projecteurs soient fonctionnels, les papiers et crayons pour les prises de notes bien en place. Il plaça chaque chaise, pourtant déjà bien placées, bien droitement et contre la grande table, vérifia que toutes ses affaires étaient bel et bien présentes alors qu'il avait déjà vérifié plusieurs fois avant de partir à son bureau s'il avait tout emporté, et rangea de façon méticuleuse les pages du dossier posé sur la table. Il ne fallait pas qu'il n'y ait ne serait-ce qu'une page de travers !
Uriel tenait à ce que tout soit en ordre pour la réunion semestrielle des Archanges.
Il appelait ça « semestrielle » bien qu'en réalité, les réunions parvenaient à se dérouler dans une ambiance relativement normale que très, trop même, rarement. La difficulté n'était pas tant de préparer les dites réunions, mais de convaincre ses trois collègues de venir (venir, pas participer. Uriel avait depuis longtemps finit d'espérer que ses collègues Archanges manifestent un réel intérêt pour ses réunions), ce qui relevait souvent du miracle.
Et aujourd'hui n'échappait pas à la règle. Uriel s'impatientait seul dans la salle de réunion lorsque sa patience eut raison de lui et qu'il ne décide de partir à la recherche de ses incorrigibles collègues.
Il repéra bien assez vite Gabriel. L'archange était d'ailleurs plus difficile à éviter qu'à trouver.
Celui-ci avait, par on ne sait quel miracle, réussi à aménager des nuages en forme de toboggan sur lesquels il s'amusait à faire de longues glissées en poussant des « Yooooooouhouuuuuu » et « Yeeeeaaaaaaahhhhh » sonores et enthousiastes.
- Gabriel ! appela Uriel en haussant la voix pour se faire entendre.
- Oh Riri ! Comment ça va ? le salua Gabriel sans se départir de son enthousiasme.
- Gabriel, tu as conscience de ce que tu es en train de faire ?
- Je fais du toboggan sur les nuages ! Viens jouer avec moi, tu verras c'est rigolo !
- Sans façon, j'ai autre chose chose à faire… et toi aussi d'ailleurs ! Il y a réunion des Archanges aujourd'hui !
- Quoi ?
- Gabriel, cesse de faire des glissades et descends ! Il y a réunion aujourd'hui !
- Ah bon ?
- C'est inscrit sur le planning que je t'ai donné hier à peine.
- Oh ? Le papier avec des dates et plein de couleurs ? J'ai fait un origami avec ! Tu veux le voir ?
Sans attendre la réponse d'Uriel, Gabriel descendit de son toboggan, fouilla dans sa poche et en sorti tout un tas d'objets tous les plus insolites les uns que les autres - une banane rouge, un tournevis, un chapeau de fête, des lunettes de piscine - avant de s'emparer du planning en question qu'il montra fièrement à Uriel.
Le magnifique planning bien détaillé qu'Uriel avait crée avec soin était à présent un origami en forme de dragon.
- Il est beau hein ? C'est Raphaël qui m'a appris !
Uriel gémit presque, dépité. Presque.
*
Le prochain qu'il parvint à trouver fut Raphaël, ce qui fut un immense soulagement pour Uriel. Il était généralement assez difficile de trouver Raphaël lorsque celui-ci voulait glaner en solitaire dans un coin du Paradis dont lui seul connaissait l'existence.
L'archange guérisseur était confortablement installé sur un nuage en train de remplir ce qui ressemblait furieusement à des mots croisés.
Uriel vint se tenir devant lui, mécontent, sa silhouette projetant de l'ombre sur Raphaël et son magazine.
Raphaël ne tint compte de sa présence que lorsque, exaspéré, Uriel finit par se racler lourdement la gorge.
- Tiens, Uriel, quelle surprise, fit Raphaël sans la moindre once de surprise dans sa voix.
- La surprise c'est de te trouver ici alors que tu devrais être à la réunion des Archanges, lui répondit Uriel sur le ton du reproche.
- Oh ? On avait une réunion des Archanges ?
- Oui, c'était inscrit sur ton planning.
- Mon planning ? Oh, tu sais que je ne regarde ce genre de choses…
- Pourtant tu devrais ! J'en ai assez de devoir vous rappeler à tous les trois les tâches à accomplir, vous n'imaginez pas l'importance capitale de -
- Tu n'es pas venu ici pour me faire la morale quand même ? le coupa Raphaël, peu désireux de recevoir un énième sermon d'Uriel qu'il n'écouterait pas mais qui gâcherait sa concentration pour faire ses mots croisés.
Uriel le fusilla du regard, mais ne poursuivit pas ses réprimandes. Il finit par soupirer.
- Bon, puisque je t'ai sous la main, j'ai un service à te demander - , commença Uriel.
- Non, répondit automatiquement Raphaël.
- Allons, ne fais pas ton Michael. Tu as bien deux minutes à m'accorder ?
- Non, réitéra Raphaël, sans lever les yeux de son magazine.
- Tu n'as pas l'air de faire quelque chose de productif, lui reprocha Uriel en désignant le magazine de mots croisés que Raphaël était en train de remplir.
- Rien de productif… tout de suite les grands mots. Tu sais du temps et de la réflexion qu'il faut pour les remplir, ces mots croisés ?
- Il n'empêche que « remplir des mots croisés » ce n'est pas dans le cadre de tes fonctions, et n'essaye pas de changer de sujet ! J'ai besoin de toi pour retrouver Michael.
Raphaël soupira, puis ferma son magazine qu'il posa à côté de lui. Ce n'est pas dans de telles conditions qu'il parviendrait à terminer ses mots croisés.
- Pourquoi moi ? il soupira, geignant presque.
- Vous êtes toujours collés ensembles non ? Alors tu dois bien avoir une idée où le trouver. C'est ton ami !
- Ami n'est pas exactement le mot que j'emploierai pour décrire notre relation. Disons que nous avons certains centres d'intérêts qui nous rapprochent.
- Comme me faire tourner en bourrique ? Toujours remettre à la Saint Glinglin votre travail ? L'irrespect des lois les plus élémentaires du Paradis ? Causer le chaos au Paradis quand ça vous chante ?
- Voyons Uriel, ne raconte pas n'importe quoi… on ne les connaît même pas, les lois du Paradis.
- Ça, j'ai aucun de mal à vous croire !
Raphaël leva comiquement les yeux au ciel, et ce fut tout ce qu'il fit. Uriel attendait (et espérait) en vain que celui-ci se lève pour aller chercher Michael.
- Alors, tu vas le trouver oui ou non ?
Raphaël lâcha un long soupir.
- C'est qu'il peut être n'importe où. Il y a énormément d'endroits sur Terre comme au Paradis, ça fait beaucoup de lieux à fouiller… beaucoup de temps à chercher…
- Je remarque que ton flegme est toujours aussi actif, lui fit remarquer Uriel, sec.
- Ce que je remarque, c'est que tu nous donnes des tâches, sans jamais t'y coller, contre-attaqua Raphaël.
Uriel fut un instant prit de court, ne sachant pas tout de suite quoi répondre.
- C'est que… c'est que j'ai déjà d'énormes responsabilités ici, je ne peux pas me permettre de faire du travail sur le terrain, bredouilla Uriel, remettant dans un geste nerveux ses lunettes bien en place sur son nez. Et il ne serait pas sage d'envoyer Gabriel en ce moment. Tu te souviens de sa dernière excursion sur Terre ?
- Quand il a changé en rose toute la ville de Toulouse ? Oui je m'en rappelle, c'était amusant !
« Amusant » n'était pas le mot qu'Uriel aurait choisi pour décrire la chose, plutôt « catastrophique » et « stressant ». Il se souvenait encore de la migraine qu'il avait eu en tentant d'expliquer à Gabriel que ce n'était pas parce que Toulouse s’appelait la ville rose que les humains avaient oublié de la mettre en peinture et qu'il fallait rectifier cela en changeant toute la ville, dont ses habitants, en rose.
- Non, pas amusant.
- Oh. Avoue quand même que ça ne manquait pas d'originalité !
- C'était une véritable catastrophe, les humains étaient dans tous leurs états. Ils étaient déjà suffisamment sur les nerfs à cause de leur élection présidentielle.
Raphaël lâcha un léger rire, qui fut vite calmé lorsque Uriel lui rappela sa mission.
- Tu n'oublieras pas d'aller chercher Michael !
Raphaël souffla, se sentant déjà découragé avant même de s'être levé de son nuage.
Péniblement, il se leva et il ressemblait à quelqu'un se préparant à partir au combat, la mort dans l'âme.
- Puisqu'il le faut…, se résigna-t-il.
Il commença à s'éloigner lorsque Uriel l'interpella.
- Où comptes-tu aller ?
- Je vais d'abord aller voir sur Terre, avec un peu de chance il est là quelque part à combattre du démon.
- Avant de sortir, tu penseras à te créer un ticket de sortie ainsi qu'un ticket d'entrée pour pouvoir revenir, lui répondit Uriel.
- Des tickets d'entrée et de sortie ? C'est nouveau ça ? s'étonna Raphaël.
- Oui, dorénavant il y a des machines à l'entrée et à la sortie du Paradis qui créent ces tickets. C'est plus rapide que des formulaires administratifs et c'est plus aisé pour mieux contrôler les entrées et sorties au Paradis. Le Paradis, ce n'est pas un moulin, on n'y entre plus comme on veut maintenant.
- Je pensais que tu n'aimais pas la technologie, fit remarquer Raphaël, haussant des sourcils.
Les lèvres d'Uriel s'étirèrent en la grimace qu'il portait lorsqu'il était contraint d'accepter quelque chose qui ne lui plaisait pas.
- Non, mais le Paradis ne peut pas rester à la traîne, finit-il par dire. Il n'est plus convenable d'utiliser des machines à écrire, désormais les ordinateurs et les machines sont à la mode. Ça nous fait une économie de papier et nous permet de gagner du temps.
- Je vois… dois-je en conclure que nous avons tous des ordinateurs modernes et ultra performants ? demanda Raphaël avec un brin de curiosité.
Il s'était, en effet, souvent intéressé aux inventions des humains et plus particulièrement ce qui touchait à la technologie. Il aimait particulièrement travailler, mais surtout glaner, sur son ordinateur portable, ou sur une tablette tactile dont il se séparait rarement.
- Bien-sûr, tous programmés sous Windows 97. Les imprimantes font un bruit de locomotive et prennent deux heures pour imprimer, mais on s'habitue à force.
Raphaël leva comiquement les yeux au ciel.
*
Raphaël repéra bien vite la machine en question. Située non loin des grilles dorées du Paradis, elle était grande, bleue avec des rebords dorés, et un écran tactile.
Il s'en approcha avec curiosité et l'examina. La machine comportait quelques boutons de couleurs différentes, ainsi que d'un micro. L'écran d'accueil montrait un message de bienvenue et invitait l'utilisateur à toucher l'écran. Raphaël s'exécuta, et sursauta presque lorsqu'une voix sonore parvint de la machine.
- Bonjour. Veuillez choisir l'option « Ticket d'entrée » ou « Ticket de sortie ». Si vous avez des difficultés, veuillez appuyer sur le bouton « urgence » ou choisir l'option « Authentification vocale ».
Raphaël se pencha vers l'écran et appuya sur « Ticket de sortie ». La voix de la machine retentit à nouveau :
- Veuillez vous authentifier, et divulguer votre motif de sortie.
Raphaël haussa des sourcils, puis se pencha vers le micro.
- Archange Raphaël. Tenter de trouver mon collègue, l'Archange Michael.
La machine enregistra puis analysa les données vocales. Raphaël put voir l'écran se teinter ensuite de vert avec en mots blancs « CONFIRMATION »
- Bienvenue Archange Raphaël. Veuillez prendre votre ticket.
Au moment où la machine s'était arrêté de parler, un ticket blanc sortit d'une fente prévue à cet effet. Raphaël l'examina avec curiosité : « TICKET DE SORTIE. NOM : ARCHANGE RAPHAËL. MOTIF : TENTER DE TROUVER ARCH. MICHAEL » avec la date et l'heure, ainsi que le logo du Paradis (les grilles du Paradis avec deux angelots sur chaque côté soufflant dans une trompette, et l'inscription : The holiest place on the world). Au moment même où Raphaël s'empara du ticket, les immenses portes du Paradis s'ouvrirent dans un bruit grinçant.
Sans un mot, Raphaël rangea le ticket dans sa poche et réitéra l'expérience pour deux tickets d'entrée pour lui et Michael. Il alla franchir les portes puis s'envola sur Terre.
*
Sur Terre, la vie poursuivait son cours, inconsciente des tensions qui naissaient dans les cieux. Dans une campagne de l'Artois, la nature rayonnait de tout son être. Sous un ciel bleu et un soleil printanier éclatant, les abeilles butinaient, les moutons broutaient, les oiseaux chantaient. Un petit vent frais faisait flancher l'herbe et les feuilles dans les arbres. Une belle après-midi s'annonçait, quand…
Le ciel sembla se déchirer en deux, comme si un orage brusque et sonore avait pris place. Les moutons brêlèrent de panique alors qu'une énorme masse tomba littéralement du ciel pour s'écraser sur le sol en un bruit sourd, faisant trembler la terre et fuir les moutons et les oiseaux.
Les humains alentours diront plus tard qu'une vieille bombe de la Première Guerre mondiale avait du exploser, celles-ci étant fréquentes dans les campagnes de cette partie du pays, et qu'il n'y avait pas de quoi s'affoler. La réalité était toute autre puisque la bombe en question se révélait être un dragon, ou du moins son cadavre, gisant, la gueule ouverte et encore fumante, une épée enflammée bien enfoncée dans le bas-ventre.
Quelques secondes plus tard, une silhouette ressemblant à un chevalier ailé descendit du ciel pour se poser sur le ventre du monstre. Il contempla le dragon pendant quelques secondes, semblant s'assurer qu'il était bel et bien mort, puis dégagea son épée ensanglantée du corps du géant.
L'Archange Michael avait beau être habitué à ce genre de combat depuis des siècles, c'était bien la première fois qu'on l'applaudissait.
Il se retourna en direction de la source du bruit, et le fusilla du regard.
- Impressionnant, commenta Raphaël qui était appuyé contre un arbre, les bras croisés. Tu devrais penser à faire des représentations devant un public au Paradis. Je suis sûr que tu ferais un malheur.
- … Je ne prendrais même pas la peine de commenter cette remarque stupide.
- Comme d'habitude, se contenta de répondre Raphaël. C'est difficile de plaisanter avec toi.
Un ange autre que Raphaël aurait pris cher cette remarque et cette façon familière et ironique de s'adresser à lui. Michael avait cassé la figure à des anges pour moins que ça. Il s’avérait cependant que Raphaël était un peu comme son médecin personnel et que, la plupart du temps, il en fallait peu pour émouvoir le flegmatique Raphaël, ce qui changeait beaucoup des emplumés dégoulinant de bonheur et d'amour qui pullulaient beaucoup au goût de Michael au Paradis. De ce fait, Raphaël était l'un des rares anges que Michael ne pouvait pas se permettre de martyriser.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- On ne s'est pas vu depuis longtemps, tu me manquais ~
- … Qu'est-ce que tu veux en vrai ?
- Uriel m'a demandé d'aller te chercher et te ramener au Paradis.
- Qu'est-ce qu'il veut encore celui-là ?
- Je ne sais plus très bien… une réunion je crois ?
- Et ça ne peut pas attendre ? Je suis occupé.
- Ta victime m'a l'air plus ou moins morte. Je pense donc pouvoir affirmer que ta mission ici s'est achevée.
- Non, j'ai encore d'autres démons à fouetter.
- Tu as toujours des démons à fouetter. Qu'est-ce que ça te coûte d'abandonner brièvement ton passe-temps préféré ?
- Pourquoi tu insistes autant ? Je ne te savais pas attaché aux réunions d'Uriel.
- Je ne le suis pas, mais ça fait la dixième réunion qu'on manque, il va finir par nous faire une dépression.
- Et c'est censé m'émouvoir ?
- Allez, tu peux bien venir au moins cinq minutes ?
Michael le fixa d'un air qui aurait fait fuir n'importe quel ange ou démon, mais obtempéra de mauvaise grâce.
Il rengaina son épée et descendit du ventre imposant du dragon.
- Cinq minutes, ok ? Pas plus !
Il s'éloigna, sans prendre la peine de vérifier que Raphaël le suivait, puis prit son envol. Raphaël lui emboîta le pas quelques secondes plus tard.
Une fois arrivés à destination, ils furent confrontés par l'imposante machine bleue devant les grilles dorées.
- … Qu'est-ce que ce truc fout là ?
- Ce truc, comme tu dis, est une machine qui permet de faire entrée et sortir ceux qui disposent d'un ticket. Uriel m'a un peu expliqué, je crois que les machines sont reliées avec les grilles par un système de -
- Tu sais comment ouvrir ou pas ? le coupa Michael, qui n'avait jamais été fan des longues explications.
Raphaël soupira mais ne poursuivit pas. Il ne savait que trop bien de ce qu'il risquait d'avoir s'il continuait de parler, quelque chose comme les poings ou l'épée du chef des Milices célestes. Il s'approcha de la machine et inséra d'abord son ticket. Ils observèrent en silence alors que la machine avala puis analysa le ticket en silence. Puis, au bout de quelques instants, une voix sonore provenant de la machine retentit :
- Votre ticket est invalide. L'accès au Paradis est refusé.
Raphaël arqua d'un sourcil, ne s'attendant pas à ce retournement de situation. Il se retourna vers Michael et lui proposa d'essayer avec le sien. Michael, de mauvaise grâce, imita les gestes de Raphaël, et attendit en silence, jusqu'à ce que...
- Votre ticket est invalide. L'accès au Paradis est refusé.
Michael se tourna vers Raphaël avec l'air de quelqu'un qui commençait à s'impatienter, semblant exiger des explications ou une solution.
- Essaye l'activation par la reconnaissance de voix, suggéra Raphaël.
Michael se pencha en direction de la machine et énonça très distinctement et froidement :
- Je suis l'archange Michael, pourfendeur de dragons et vainqueur du Malin, et vous allez le regretter très vite si vous n'ouvrez pas cette fichue porte !
Au bout de quelques secondes, la machine répondit :
- Désolé, vous n'avez pas été authentifié. Veuillez réessayer ultérieurement.
- Le bouton d'urgence alors ? proposa Raphaël, voyant Michael prêt à dégainer son épée pour découper la machine en petits morceaux.
Michael lâcha un grognement, puis appuya avec force sur le bouton rouge destiné aux appels d'urgence, le cassant presque.
Ils entendirent un bruit de sonnerie de téléphone. L'appareil sonna plusieurs fois avant que la voix de la machine ne s'élève à nouveau :
- Votre correspondant est occupé ou absent. Veuillez réessayer ultérieurement.
Michael vit aussi rouge que le bouton, ce qui commença à inquiéter Raphaël qui s'éloigna de quelques centimètres, par pure précaution.
D'un geste violent, Michael appuya de nouveau sur le bouton d'urgence. La même sonnerie de téléphone, puis…
- Bonjour, vous êtes sur la messagerie du secrétariat céleste des urgences. Le secrétariat est actuellement fermé. Veuillez nous recontacter pendant les horaires d'ouvertures, du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 18h30.
Raphaël eut à peine le temps de remarquer qu'ils étaient justement en semaine, pendant les heures d'ouverture, que Michael, excédé, sortit son épée de son fourreau et défoula toute sa mauvaise humeur sur la machine qui continuait à émettre des « Veuillez réessayer ultérieurement » jusqu'à ce que mort s'en suive.
- Nous voilà bien avancés maintenant, fit Raphaël sur un ton léger alors qu'il contemplait la masse détruite qui fut, quelques secondes auparavant, une machine neuve et fonctionnelle.
- Je te conseille de ne pas la ramener, le prévint Michael en se tournant furieusement vers lui.
Raphaël leva les mains en signe d'apaisement.
- L'ennui, c'est qu'on ne peut plus rentrer et je ne sais pas combien de temps ça va durer…
- Ils finiront bien par s'apercevoir de notre absence ! pesta Michael.
- Oui je n'en doute pas, mais réfléchis un instant à ça : tu es souvent absent pour combattre des démons ou des dragons sur Terre, et j'aime m'installer dans un endroit tranquille pour ne pas être dérangé pendant plusieurs jours. C'est possible que cela prenne du temps avant qu'ils ne s’aperçoivent qu'on a disparu.
Michael lâcha un juron qui aurait fait pâlir même le plus irrespectueux des démons.
*
Dans la salle de réunion, Uriel faisait les cent pas.
Avec la promesse d'une glace à la barbe à papa, Gabriel avait promis de venir dans la salle de réunion et de se tenir tranquille. Pendant que Gabriel dégustait sa glace tout en tournant sur lui-même grâce à sa chaise tournante, Uriel attendait l'arrivée de Raphaël et de Michael.
Sous le coup de la nervosité, il ne pouvait s'empêcher de s'arrêter pour remettre en place une pile de feuille, pourtant méticuleusement en ordre, et pour placer bien en ordre, les uns à côté des autres, les stylos mis à disposition. Puis, ils continuait à faire les cent pas.
Il regarda l'heure et nota avec agacement que ses collègues étaient en retard, pour la énième fois consécutive.
- Je savais que je n'aurais jamais du compter sur Raphaël ! pesta Uriel. Parti chercher Michael sur Terre… il a du partir flemmarder ailleurs ! Ah, vraiment je ne suis pas aidé ! On ne peut jamais compter sur personne !
- J'ai fini ma glace ! lui parvint la voix de Gabriel derrière lui. J'peux en avoir une autre à la noix de coco ?
- … Vraiment pas aidé, marmonna Uriel sous sa barbe.