FIC - LES ANGES - DU DÉSORDRE AUX ENFERS (CHP.4) - PARTIE 2

Feb 08, 2019 17:17


Titre : Du Désordre aux Enfers
Fandom : Bible/Mythologie chrétienne/Angel!verse de modocanis
Personnages : Les Archanges, Lucifer, des démons, quelques anges et des Saint(e)s qui traînent...
Couples : Lucifer/Michael, Raphaël/Asmodée, Michael/Raphaël si vous regardez bien.
Disclaimer : Rien à moi !


Il était rare de voir désertes les étroites ruelles de Pandémonium, tant celle-ci était le cœur de l'Enfer, avec ses habitations, ses monuments, ses commerces. Pourtant, rares étaient les démons que l'on pouvait apercevoir dans les rues de la capitale, ces derniers étant encore occupés à se plaindre auprès de l'administration infernale du palais de Lucifer. Il restait pourtant un groupe de démons vêtus des habits de la garde infernale, en pleine conversation.

- Bon les gars, vous vous souvenez bien des ordres du patron ? demanda le chef de la bande. Je propose que, pour notre mission, nous tirions à la courte-paille pour choisir celui qui se chargera de leur annoncer la nouvelle !

- Comme pour désigner celui qui va se faire bouffer ? Sûrement pas ! répondit son collègue de droite.

- Ils ne vont rien faire… Lucifer a bien dit dans sa note qu'ils allaient se tenir tranquilles…, répondit le chef.

- Il a écrit que « peut-être » ils se tiendront tranquille ! fit remarquer le collègue de gauche.

- Et on peut s'attendre à tout de la part du psychopathe, renchérit un autre démon.

- Bon ça suffit, bande de portions ! On tire à la courte-paille un point c'est tout ! Et celui qui a la courte paille sera sera désigné pour aller leur parler.

- Et pourquoi tu es exclu de la courte-paille d'abord ?

- Parce que je suis le chef de cette misérable bande et que c'est moi qui ait eu l'idée, voilà pourquoi !

- Bah c'est pas juste, le chef doit savoir se sacrifier !

- Hé oh, c'est les Enfers ici. La notion de sacrifice, c'est bon pour les emplumés.

- Ouais mais il s'agit d'emplumés là, donc moi je dis qu'en cas de force majeure, tout le monde doit participer.

- Celui qui se désiste, il s'en prend une et il sera désigné d'office !

- Et pourquoi c'est toujours toi qui donne les ordres ? Laisse un peu aux autres le droit de diriger !

- C'est vrai ça ! C'est toujours les mêmes qui commandent et les autres qui trinquent !

- Et puis d'abord, qui c'est qui t'a désigné chef ?

- Eh bien c'est… euh… c'est… euh… tu sais quoi ? Puisque c'est comme ça, tu es désigné d'office !

- Chef, je demande une mutation !

- Ta mutation, tu peux te la mettre dans le -

Non loin d'eux, un cratère cracha de la fumée dans un bruit assourdissant.

*

L'entourage de Raphaël s'accordait à dire que ce dernier n'avait pas le sens de l'orientation. En toute modestie, le principal intéressé aurait répondu qu'en effet, son sens de l'orientation causait parfois quelques légers soucis, et que cela lui avait causé de manquer de « petits événements sans grand intérêt ». Si l'on interrogeait Uriel, celui-ci qualifierait le-dit sens de l'orientation comme « terrible », « absolument catastrophique » et « à s'en arracher les plumes », tout en raillant sur la formidable capacité de Raphaël à réussir à trouver les plus beaux endroits pour se réfugier, dans le but d'échapper à son devoir, et qu'il doutait fortement que la prise de Jérusalem par les Templiers lors des Croisades ou encore la chute de l'empire d’Égypte étaient des « petits événements sans grand intérêt ».

Mais Uriel était loin, et en cet instant Raphaël était plutôt soulagé de ne pas l'avoir à ses côtés. Il aurait encore trouvé à chipoter sur le fait que, même en Enfer, Raphaël arrivait à se perdre.

Pour sa défense, là où le Paradis n'était qu'ordre et harmonie avec ses bâtiments droits et ses amphithéâtres de lumière, les Enfers n'étaient pas organisés de façon logique. Beaucoup de routes menaient à un cul de sac ou un gouffre de feu, et la plupart des escaliers ne menait nulle part ou conduisait à l'étage quand on croyait descendre, ou s'arrêtaient face à un mur, ou le vide complet.

Il marcha longtemps dans Pandémonium, se disant qu'il aurait bien pris un café pour faire passer le temps lorsque son errance fut perturbée par des cris abominables. Ce qui, en soi, n'était pas considéré comme une chose anormale au sein des Enfers. Mais si Raphaël n'avait eu que fort peu l'occasion de se retrouver sur le sol impur des Enfers, il avait cependant eu l'occasion de se retrouver maintes fois en compagnie de Michael, notamment lorsque celui-ci guerroyait, pour savoir reconnaître quand un démon était martyrisé par son collègue.

Machinalement, Raphaël suivit la source des hurlements en se disant que plus il s'en rapprocherait, plus ses chances de retrouver Michael seraient hautes.

Les cris s'étaient vite tus, mais pas avant que Raphaël puisse retrouver son chemin et de découvrir Michael, avec l'air de quelqu'un ayant défoulé toute sa colère et commençant tout juste à se calmer.

- Bonjour Michael ! salua prudemment Raphaël.

Si Michael avait l'air d'être relativement calme, il n'y avait aucun tord à faire preuve de prudence, et de faire attention à ne pas réveiller le dragon qui dormait.

- Hum, se contenta de répondre l'Archange.

Raphaël ne fit pas attention à l'énorme trou en forme de dragon se trouvant au plafond, et s'intéressa plutôt à la forme complètement amochée et gémissante se trouvant sous les bottes de Michael.

- Qu'est-ce que tu fabriques ?

- Je sociabilise.

- Sociabilise... Michael, c'est un démon sous tes bottes ?

- Ça se pourrait.

- Tiens, c'est drôle, je croyais que Lucifer avait dit qu'on ne devait pas toucher à ses démons et vice-versa.

- Oui, il a peut-être mentionné ça…

- Qu'est-ce que tu lui voulais d'ailleurs, à ce démon ?

- Hum ?

- On tabasse pas un démon comme ça sans raison Michael, surtout quand on est chez eux. Tu devais bien avoir quelque chose à lui demander ?

- Ah, fit Michael, semblant réfléchir. Ah oui… !

Il descendit du démon, non sans avoir essuyé ses bottes dessus et, le prenant par la peau du cou, le souleva de quelques centimètres pour lui demander :

- C'est où pour boire un verre ? Quelque chose de fort.

*

- Allez Appius, encore un verre ! Après, je te jure on s'en va !

- Allez quoi, sois chic ! Fais pas l'emplumé !

Un peu plus loin dans Pandémonium, Appius n'était pas à prendre avec des pincettes. Il se demandait parfois ce qui lui avait pris de choisir la profession de barman infernal alors qu'il aurait pu devenir cuisinier des enfers chargé de faire rôtir les damnés ou tout simplement de les gaver, ou alors bourreau dans une des nombreuses salles de tortures que comptaient les enfers pour faire souffrir les damnés ou les démons sado-masochistes voulant pimenter leurs soirées.

Là tout de suite, torturer les damnés se présentait comme beaucoup plus alléchant que de devoir chasser des clients ivrognes de son bar.

- N'insistez pas je vous dis ! Vous avez assez bu comme ça !

Ce n'était pas qu'il s'inquiétait tant de la santé de ses congénères. C'est qu'à un stade d'ébriété avancée, ils n'étaient plus en mesure de le payer ou n'avaient plus de quoi payer, ce qui était très mauvais pour les affaires.

- Allez ! On te paiera à crédit ! insista un des démons.

- Hé ho, c'est pas écrit « incrédule » sur mon front, lui fit remarquer Appius.

Tout occupé qu'il était avec ses deux insistants clients, il ne remarqua l'arrivée de deux individus à son bar que lorsque l'un d'eux demanda un verre d'un ton sec et sans rappel.

- Un verre. Le truc le plus fort que vous ayez.

Visiblement irrités d'avoir été interrompus dans leurs supplications, les deux démons se retournèrent, grognons.

- Hé ho, voyez pas qu'on est occupés avec le patron ?!

- Ouais, renchérit son voisin, attendez vot' tou -

Le fin de sa phrase se perdit dans un son étrangement comique d'étranglement lorsqu'il identifia qui exactement il avait en face de lui. À ses côtés, son voisin n'en menait pas large et laissa échapper un couinement qui n'avait rien de diabolique.

- Le psychopathe ! vint le murmure d'effroi. Comment est-ce possible ?

L'expression de Michael ne laissait aucun doute sur les sentiments que les deux démons lui inspirait.

- Je suis en train d'user de toute ma force mentale pour ne pas vous frapper là maintenant, mais ça ne va pas durer. Je vous conseille de déguerpir au plus vite.

- Il ne plaisante pas, crut bon d'ajouter Raphaël à ses côtés.

Les deux démons ne se firent pas prier et s'enfuirent sans demander leur reste.

En face des archanges, Appius était resté figé dans sa position, un verre à la main qu'il avait commencé à astiquer. La présence de deux archanges blonds et immaculés faisait tâche dans le paysage infernal, mais, après réflexion, Appius décida que pour sa survie, il valait mieux pour lui de ne pas s'arrêter à ce détail.

Et puis, un client restait un client.

- Salut cousins, tenta-t-il avec prudence. Qu'est-ce que je vous sers ?

- Un alcool. Quelque chose de fort, vint la réponse brève.

- Et un martini ! ajouta Raphaël.

- Et qu'est-ce que vos compagnons prendront ? demanda Appius en jetant un œil par-dessus les archanges.

Ils se retournèrent pour voir un petit groupe de démons en uniforme, collés les uns contre les autres, à quelques mètres d'eux. Hésitants, ils chuchotaient entre eux tout en jetant des regards nerveux aux archanges.

- Vas-y toi !

- Non, on avait tiré Balius à la courte-paille !

- On en a déjà discuté ! Y'a eu de la triche, c'est Trinchailles qui doit y aller !

- Ah non ! Moi j'ai cédé trente âmes et ma plus belle collection de chaînes pour être dispensé !

- Vous n'êtes qu'une bande de lopettes…

Finalement, l'un d'eux en poussa un autre hors de leur cercle, qui fut vivement encouragé par le restant du groupe.

- Allez-y chef, on croit en vous !

- Ouais, on vous soutiendra moralement de loin !

- Bande de dégonflés, marmonna le chef, ça se paiera…

Il fit quelques pas en direction des anges et s'arrêta à une distance qu'il estima raisonnablement assez loin de la portée des poings de Michael, et se racla la gorge.

- Je suis Appolyon, chef de la garde du palais de Lucifer qui nous a chargé de veiller sur vous en ce jo -

- Surveiller ? Il nous prend pour qui ? Pour des gosses ? J'espère qu'il ne va pas recommencer à faire son insupportable comme avant, quand il était mon supérieur hiérarchique ! feula Michael.

- Pour toute complainte, vous êtes libres de vous adresser à Lucifer lui-même, proposa prudemment Appolyon.

- Ça lui ferait trop plaisir, grommela Michael.

Il prit le verre qu'Appius lui tendait et l'avala d'un coup sec en reposant lourdement le verre sur le comptoir.

- C'est quoi cet alcool pourri ?! il râla en examinant son verre. Et vous, qu'est-ce que vous faîtes encore là ? gueula-t-il en direction du groupe de démons.

- C'est que nous avons des ordres et -

- Disparaissez hors de ma vue !

Le ton de Michael était si glacial qu'il aurait pu geler les Enfers.

- … On va… s'installer plus loin… pour ne pas vous déranger, répondit faiblement Appolyon, devenu très pâle.

Et il s'en alla rejoindre ses compagnons qui l'encouragèrent (« Bravo, patron ! Z'êtes revenus sains et saufs ! Faudra fêter ça ! »).

- C'est tout ce que vous avez comme alcool fort ? pesta Michael. Ça titille même pas la langue !

- Bah… j'ai bien le spécial mais je n'en sers qu'aux démons les plus hardis, répondit Appius. C'est pas à la portée du premier cornu venu.

- Rapportez-le.

- Ah mais c'est que…

- J'ai dit : Rapportez-le.

Devant l'expression peu engageante de Michael, le barman se fit par prier et posa bientôt devant l'Archange un verre à la substance douteuse qui laissait encore échapper un lourd fumet.

- Voilà le spécial. Ciguë, essence, acide nitrique, kérosène et un soupçon de mangue.

Michael prit le verre et l'avala d'un coup. Le barman attendit sa réaction avec une certaine appréhension.

Michael se lécha le palais, testant le goût de la boisson, tout en reposant son verre.

- Passable, se contenta de répondre Michael.

*

- Il y a un démon qui n'arrête pas de me fixer, dit soudainement Raphaël.

Quelques spéciaux plus tard, l'attitude de Michael avait à peine changée. Il semblait s'ennuyer encore plus qu'avant, entouré de plusieurs verres vides, certains renversés dont quelques gouttes de liquide s'échappèrent du verre et firent fondre le vernis du comptoir. À ses côtés, Raphaël faisait tourner la boisson dans son verre d'un air distrait tout en observant les clients du bar.

Michael releva à peine les yeux de son verre.

- ... Lequel ?

- Le cornu là-bas, au fond.

Michael tourna légèrement la tête de côté. Son regard tomba sur un démon cornu, au corps bien formé et légèrement vêtu qui les observait - ou plutôt Raphaël - avec insistance, à moitié dissimulé dans l'obscurité des lieux.

- ... Tu te fous de moi, c'est ça ?

- Non, pas en ce moment. Pourquoi ?

- Tu vas pas me dire que tu ne te rappelles pas d'Asmodée ?

Un silence, puis :

- ... Qui ?

- Asmodée, démon de la luxure, expliqua Michael.

Raphaël fronça des sourcils, comme s'il essayait de se rappeler. Michael soupira, exaspéré.

- ... Ton ancien secrétaire !

- J'avais un secrétaire ? Ça explique les cafés sur mon bureau et mes dossiers remplis, avant la chute…

Michael roula des yeux, non sans avoir jeté un regard glacial à Asmodée. Surpris par l'Archange, Asmodée s'éclipsa rapidement, jugeant que la retraite était la solution la plus sage.

Michael replongea dans son verre et Raphaël laissa échapper un soupir, avec l'air de quelqu'un qui commençait sérieusement à s'ennuyer. Même le contenu de son verre n'avait, pour lui, plus aucun attrait. Leur comportement contrastait de façon étonnante avec celui de leurs gardes, installés plus loin.

- A-GA-DOU DOU DOU ! POUSSE L'ANANAS ET MOUDS L'CAFÉ !

- TAPE LA POMME ! TAPE LA POIRE ! POUSSE L'ANANAS ET MOUDS L' CAFÉ !

- ALLEZ PATRON ! AVALEZ CUL SEC !

- EEEEET ENCORE UN VERRE !

Si Michael ne bougeait pas de son siège et avait le nez collé dans son verre, Raphaël voyait bien que l'attitude des démons l'agaçait au plus haut point, à en juger par la veine naissante sur son front et les tics d'irritation sur son visage. Michael n'avait pas l'habitude de voir des démons heureux. Ça devait le démanger.

- Au moins, il y en a qui ont l'air de s'amuser…, fit Raphaël sur le ton de la conversation.

À ses côtés, Michael ne prit même pas la peine de lui répondre. Raphaël soupira, se disant que ce n'était malheureusement pas auprès de Michael qu'il pourrait trouver des distractions.

- Et dire que j'ai oublié mon portable là-haut, se plaignit-il, je ne peux même pas profiter du WIFI.

- Y'a pas de WIFI en enfer, répondit le barman, qui était occupé à nettoyer ses verres, avait jugé bon d'intervenir.

- Comment ça, pas de WIFI ? répéta Raphaël, comme s'il espérait avoir mal compris.

- Il n'y a que Lucifer qui a un accès WIFI mais ça, personne n'a jamais réussi à le prouver !

Les yeux de Raphaël s'arrondirent, ne pouvant pas imaginer la perspective d'une absence de WIFI.

- Quel enfer, lâcha-t-il.

- Sûr que ce n'est pas l'Enfer pour rien, approuva le barman avant de retourner à ses occupations.

Raphaël laissa échapper un soupir à en fendre l'âme, puis il tira sa chaise en arrière.

- Il est hors de question que je reste moisir ici, il me faut une distraction ! Décréta-t-il.

- Et qu'est-ce que tu proposes de faire ? lui lança Michael.

- J'ai très envie d'aller visiter des lieux… Tu m'accompagnes ?

- Non, répondit Michael en se resservant un verre de spécial.

- Oh allez ! Visiter les enfers, ça sera toujours plus marrant à deux que tout seul… et puis, ça te ferait du bien. Tu es toujours sur les nerfs depuis quelques temps, et ce séjour en enfer ne va rien arranger si on ne te trouve pas des distractions.

- Je n'ai pas besoin de distractions.

- Ah oui ? Ces derniers temps, tu as balancé ses livres à Uriel et tu sais combien ils sont lourds, tu as terrorisé un groupe de Saints avec une cuillère à soupe, et tu as tabassé ce pauvre démon tout à l'heure parce qu'il avait eu le malheur de se trouver au même endroit que toi.

- Et alors ? Il a survécu, non ?

- Allons, fais un effort Michael ! Aucun ange n'est allé aussi loin ! Même lorsqu'on s'est infiltrés dans Pandémonium à Halloween, on a pas eu l'occasion de découvrir l'ensemble des Enfers. Tu n'es pas curieux ?

Une petite étincelle s'alluma dans les yeux de Michael, elle était discrète mais bel et bien présente, signifiant que, oui, une partie de lui ne pouvait pas s'empêcher d'être piqué par la curiosité.

Il désigna cependant d'un bref coup de tête le groupe de démons groupés à une table, en train de boire.

- Et t'as pensé à eux, génie ? Ils ne nous laisseront pas partir d'ici, même pour visiter leur bled pourri !

- Oh, eux ? Raphaël balaya la réponse de Michael d'un geste de la main. Comme si la présence d'un démon t'avais déjà empêché de faire quoique ce soit ! Et puis, ils sont trop bourrés pour s'apercevoir de quoi que ce soit.

Un chant rauque provenant de la table des démons s'éleva plus fort, comme pour confirmer les dires de Raphaël :

- JE VEUX DES POOOOOOMMEUH, DES POOOOIIIIIREUH ET DES SCOUBIDOUS DIHOUS - EUH DIDOUS - EH MERDE, BIDOUS - hip !

Raphaël se tourna vers Michael avec un large sourire, comme pour lui dire "Tu vois ?"

Michael soupira, mais suivit Raphaël lorsqu'il se faufila vers la sortie.

Sur le chemin vers la sortie, ils entendirent des brides de conversation :

- Envoyez le Beaubeuil ! Euh, le Bourregueule !

- Le Bourgueil.

- Ouais, la bouteille, quoi ! Mais eeeh ! On devrait pas les surveiller, lààà, hips, euh là, les emplu... les emplumés de service ?

- Les emplu - quoi ? Hips !

- Baah eux-là... Bah, où ils sont passés ? ... oh noooon les gars, ils sont partis. On va encore se faire déman... démin... hips, démonter par le Boss.

- On s'en fout, c'est toi qui les a... hips... qui les a vu le dernier, c'est pour ta pomme !

- DES POMMEEEEEUH, DES POIIIIIIREUH ET DES SCOUBIDOU BIDOUUUUUUS !

*

- Ça va mal se passer… Marquez mes mots ! Tout ça va mal finir, je le sens !

S'imaginer des démons installés à une table en train de prendre le thé était une situation improbable, pour ne pas dire grotesque. C'était pourtant autour d'une table avec plusieurs tasses que les démons Bélial, Astaroth et Belzébuth se trouvaient, sauf que le thé en question avait une couleur indescriptible et qui sifflait comme une cocotte-minute.

- Tu crois qu'on a rien de mieux à faire que de retenir toutes les bêtises que tu racontes ? lui lança Belzébuth. Détends-toi… Adramalech nous a dit que Lucifer avait envoyé ses gardes pour les surveiller.

- Peuh ! Comme si une malheureuse poignée de gardes allait empêcher à Michael et Raphaël de faire ce qui leur chante…, répondit Bélial.

- C'est scandaleux ! s'insurgea Astaroth. Nous sommes en Enfer, que diable ! Il est hors de question qu'on se laisse faire sur notre propre territoire !

- Bah… Lucifer a fait passer un mot expliquant que les deux emplumés ne feraient rien si on ne leur faisait rien.

- Parce que tu crois que les emplumés comme certains démons vont obéir sagement ? Bravo l'incrédulité, railla Astaroth. Tu as oublié qu'on était en Enfer ici, pas chez les emplumés.

- Surtout que Paymon ne laissera pas passer une occasion pareille, souligna Belzébuth.

- Alors ça, c'est un problème entre Paymon et Lucifer…

- En attendant, on va devoir subir une nouvelle lubie du patron. Comme si le déménagement d'Apophis dans les cercles infernaux était pas déjà suffisant… marmonna Bélial en buvant une gorgée de son « thé »

- Et qui c'est qui va devoir nettoyer les dégâts après le passage des deux emplumés ? Sûrement pas lui !

- Mais le patron doit avoir un moyen de pression pour avoir réussi à les faire descendre ici ! Jamais ils ne seraient descendus de leur plein gré…

- Tu penses que ce moyen de pression sera suffisant pour qu'ils se tiennent tranquilles ? demanda Astaroth, dubitatif.

- Peut-être. Je sais pas. Espérons, répondit Bélial.

Ils se replongèrent dans le silence, méditant sur ce qui avait été dit. Seul le bruit des tasses en porcelaine tintant contre leurs soucoupes et le bruit des mouches de Belzébuth rompirent le silence. Jusqu'à ce que des cris au loin se firent entendre, dans les rues de Pandémonium:

- Les Archanges ont échappé à notre surveillance ! C'est une catastrophe !!

- Bande de blaireaux ! J'vous avais dit qu'il fallait pas picoler pendant le service !!

Bélial, Astaroth et Belzébuth échangèrent un regard.

- … ça commence bien, maugréa Belzébuth.

fanfic, fandom : bible/mythologie chrétienne, un jour j'écrirais enfin quelque chose, angel!verse de modocanis

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