Prison Break - Pénélope

Mar 30, 2007 18:47

Titre : Pénélope
Auteur : karine-itml
Spoilers : Saison 2, épisode 10
Public : Tout public
Challenge : n°0 pour french_fanfics
Fandom : Prison Break
Table : 1
Prompt : 017 Changement
Notes : Cette fanfic est chronologiquement postérieure à Vous revoir mais a été écrite (et plus ou moins conçue pour être lue) entre et Vous revoir - Writer's Cut. Donc, logiquement, je la poste avant Writer's Cut ^^


« Salut. »

-=-
Elle sait qu’il déteste ça, mais... oh, depuis le temps qu’ils ne se sont pas vus, elle a peut-être oublié qu’il détestait ça. Ca expliquerait pourquoi elle attend dans la chambre, tranquillement assise dans un fauteuil, les jambes élégamment croisées, le nez plongé dans le bouquin qu’elle a récupéré sur la table de chevet.

Qu’elle ait oublié est fort improbable, toutefois : il a de façon claire et répétée exprimé ses sentiments sur la question. Et il sait avec certitude qu’elle n’est pas sujette aux pertes de mémoire. Elle a même une excellente mémoire, puisqu’après tous ces mois, elle a su retrouver le chemin pour venir jusqu’ici, désactiver l’alarme, traverser la maison et l’attendre dans sa chambre.

Elle relève la tête quand il sort de la salle de bains, elle lui sourit, « Salut. » et juste comme ça, elle est de retour. Enjouée, flegmatique, détendue.

Il accroche les mains à sa serviette de bain. Non par pudeur mais parce que c’est une question de pouvoir, et c’est assez simple, pour l’instant, il ne l’a pas : jean, bottes à talon et veste (et Dieu sait quoi dans l’inévitable holster sous la veste) égale pouvoir ; serviette de bain égale...

« Salut, Jane. » et il s’arrêtera là, il ne lui rappellera pas qu’il déteste qu’elle s’introduise comme ça chez lui car elle le sait très bien et le lui redire ne servira à rien. Sinon peut-être à l’inciter à recommencer parce qu’elle a cet esprit de contradiction. Il attrape un pantalon et une chemise et retourne dans la salle de bains pour s’habiller ; ce n’est pas comme si c’était quelque chose qu’elle n’a jamais vu, mais ça reste quelque chose qu’elle n’a pas vu depuis un certain temps.

Lorsqu’il revient dans la chambre, elle est en train d’examiner les lieux du regard et il a une assez bonne idée de ce qu’elle cherche.

« Pas de Mme Burrows, en ce moment ? » conclut-elle devant l’absence de marques de présence féminine.

Il secoue la tête, Mme Burrows est partie. La dernière fois que Jane s’est introduite chez lui, il a fini par divorcer. Et la fois d’avant aussi, d’ailleurs. « Tu devrais essayer la fidélité, Lincoln, » lui a suggéré Sara, tandis que son avocat était en train de relire les termes de la séparation avec Debbie. Relire les termes de la séparation était surtout le fait de son avocat. Pour sa part, il y a l’argent d’Aldo, et celui de l’arrangement avec le ministère de la justice, et tant qu’il a de quoi vivre confortablement avec un job qui lui plaît, c’est bien assez. C’est bien plus que ce qu’il aurait pu espérer.

Ce jour-là, il a failli dire à Sara qu’elle devrait essayer l’infidélité. Etant donné qu’elle avait épousé quelqu’un d’assez fade pour ne pas prendre de risque, tout en n’attendant pas (elle lui a suffisamment fait la leçon à ce propos) un type enfermé pour une douzaine d’années au minimum dans une prison à l’autre bout du pays. Mais il n’a rien dit et en a été quitte pour une riposte perdue parce que le type qu’elle n’attendait pas était Michael, et c’était une époque où ni elle ni lui n’évoquaient Michael de leur plein gré.

Pour sa part, il n’a jamais été très doué pour la fidélité - ce genre de fidélité en tout cas - et il se dit parfois qu’après la façon dont les choses ont tourné avec Lisa et Veronica, il n’était de toute façon pas du genre à se marier. Il a cru vouloir se marier mais le fait que cela se soit systématiquement terminé par un divorce prouve bien que c’était autant d’erreurs d’appréciation de sa part. Il est assez honnête pour ne pas exclure complètement la possibilité que Jane ait constitué un prétexte et non une réelle cause.

Le fait qu’elle ait constitué un prétexte à de multiples reprises, dans de multiples endroits (et pour tout dire, très très souvent... le plus souvent... alors que la nécessité d’un prétexte était en fait inexistante) est à prendre en considération. Ce n’est pas, cependant, une raison suffisante pour qu’elle disparaisse sans prévenir à intervalles plus ou moins réguliers et réapparaisse en lui demandant s’il a attendu comme une putain de version masculine de Pénélope.

Elle lui dit « Oh, on s’est mis à la lecture, récemment ? » et il se rend compte qu’il a fait cette remarque à voix haute. Elle ne lui laisse pas le temps ou l’opportunité de répondre car elle ajoute : « Je suis désolée d’avoir raté le mariage de LJ.

- Ouais, eh bien, moins que lui. » Est-ce qu’il ne ressemblerait pas à un vieux type aigri quand il emploie ce ton, par hasard ? Parce qu’elle sourit, là, alors qu’il sait qu’elle est bel et bien désolée de n’avoir pas été présente.

Il a quelques cheveux gris (enfin, « argentés, » lui dit complaisamment Sara, et « pas vraiment de toute façon » étant donné qu’il continue de se raser le crâne), une maison, des amis presque normaux, un travail qui lui plaît, un compte en banque décemment approvisionné, et le frère prodigue est enfin revenu. Partant de là, il ne sait pas trop ce qu’il veut pour la suite et ça lui convient tout à fait.

Michael a quelques cheveux gris... argentés, peu importe, aux tempes (et étant donné qu’il ne se rase plus le crâne...), un petit cabinet d’architectes et des toiles exposées dans quelques galeries. Il planifie - ça, ça n’a pas changé, il planifie, planifie, planifie ad nauseam - de se mettre à la sculpture. Il essaye de convaincre Lincoln de tenter le saut à l’élastique avec lui, mais Lincoln n’est pas aussi stupide que son frère l’imagine : il n’a pas échappé à la chaise électrique et survécu à une conspiration gouvernementale pour finir écrasé sous le tablier d’un pont quelconque.

Sara a un diamant taille émeraude au doigt (Michael fait rarement deux fois la même erreur et cette fois, il l’a, il la garde), constamment une (ré)élection à venir ou un projet à défendre, et elle fait montre d’un curieux idéalisme pour quelqu’un qui clame son cynisme à qui veut l’entendre. Sara a accepté de sauter à l’élastique, elle, elle a juste refusé de le faire au-dessus d’un cours d’eau. Il suppose que Sara a pile l’absence de bon sens qu’il faut pour apprécier de vivre au quotidien avec Michael.

Sucre a un club de plongée sur la côte ouest (avec une carte de membre VIP à vie pour Michael), et Lincoln saisit sans peine l’ironie de la chose.

Même LJ ressemble à un adulte, avec un boulot dans un journal de Washington et une femme qui hante les bureaux du Capitole pour le compte de Sara. Si dix ans plus tôt quelqu’un avait dit à Linc que sa belle-fille et sa bientôt-belle-soeur bosseraient dans l’antre de l’ennemi, il aurait... il n’arrive même pas à imaginer ce qu’il aurait fait.

Jane, elle, n’a pas changé et... OK, ce n’est pas tout à fait exact : elle est plus bronzée que la dernière fois qu’il l’a vue, ce qui remonte déjà à un certain nombre de mois. C’est là toute l’étendue du changement chez Jane, d’ailleurs, l’intensité de son bronzage est fonction des pays dans lesquels elle séjourne et de la durée du séjour. Elle travaille pour une compagnie d’assurances. Elle dit qu’elle travaille pour une compagnie d’assurances mais à ce jour, Lincoln n’est toujours pas parvenu à obtenir ne serait-ce que le nom de la compagnie. Et il peut pourtant être persuasif ; sans vouloir se vanter, quand on en vient à Jane, il dispose de moyens de pression variés et originaux. Mais elle a la tête dure et « Moins que toi, et ne nous aventurons pas sur cet terrain, » lui rétorque-t-elle systématiquement quand il lui en fait la remarque. Elle prétend qu’elle a gardé une cicatrice à la lèvre et il sait que c’est faux parce que... il sait que c’est faux.

« Je suis vraiment désolée pour le mariage de LJ, insiste-t-elle.

- Je suis sûr qu’il a bien compris que récupérer un Picasso volé par un nabab indonésien ne pouvait pas attendre.

- C’était un Manet tombé aux mains d’un millionnaire sud-africain, mais bref. »

Il apprécie le souci qu’elle accorde aux détails afin de prouver la véracité de ses dires. Bien sûr, cela peut aussi simplement signifier qu’elle a élaboré son histoire avec soin. Une part de lui ne peut s’empêcher de trouver flatteur qu’elle se donne ce genre de peine pour lui ; une autre part de lui ne peut s’empêcher de s’inquiéter de trouver ça flatteur.

« Tu veux aller manger quelque chose, Ulysse ? » La formulation lui tire un petit sourire en coin, et elle se lève en arrangeant les pans de sa veste. « Chinois, libanais, italien ? propose-t-il. Mexicain ?

- Pourquoi pas une côte de boeuf ? »

Evidemment. Une côte de boeuf est sans doute ce qui est le plus exotique à ses yeux.

Il sort de la chambre et avance dans le couloir sans s’inquiéter de savoir si elle suit. Elle connaît le chemin.

« Eh Lincoln ! » le rappelle-t-elle. Il se retourne et attend la suite. Elle est debout dans l’encadrement de la porte, les mains dans les poches de sa veste. « A propos de Pénélope...

- Quoi, à propos de Pénélope ? fait-il en enfilant la paire de chaussures qui se trouve dans l’entrée.

- Elle attendait qu’Ulysse ait achevé sa quête. » Le parallèle lui échappe et il commence à regretter la métaphore. Il a eu dix ans pour se plonger dans la monstrueuse bibliothèque que Sara a héritée de son père mais franchement... "métaphore" n’est pas en temps habituel un mot faisant partie de son vocabulaire de base et il se sent un peu hors de son élément, à présent. Il empoche les clefs de la voiture. « Il y a différentes sortes d’odyssées, et il y a différentes façons de faire et défaire sa tapisserie, laisse-t-elle tomber. Et je mangerais bien grec, réflexion faite.

- Oui ?

- Oui. Mais plus tard. »

Bon. Il repose les clefs de la voiture, dans ces conditions.

-=-
« Ce qu’elle voulait dire, lui explique Michael quelques jours plus tard en tournant autour du bloc de marbre posé au milieu de son atelier, c’est que celui qui est par monts et par vaux n’est pas forcément Ulysse et que Pénélope n’est pas obligatoirement la personne qui reste en place. Du point de vue géographique. » Il tapote le bloc du bout des doigts et ajoute crûment, cruellement, inutilement : « En d’autres termes, celui qui fait mariner l’autre n’est peut-être pas celui que l’on croit. »

OK ! Seigneur... Il a compris, il n’est pas tout à fait idiot non plus.

Il se laisse tomber sur le vieux canapé posé le long du mur et attend. Il est curieux de savoir ce que son frère compte faire de ce bloc de marbre.

« Où est-ce qu’elle est, maintenant ? » reprend Mike.

Il hoche la tête d’un air entendu. Il faut reconnaître ça : les (pseudo ?) missions qui lui assigne la (prétendue ?) compagnie d’assurances ne manquent pas d’originalité.

« Pénélope est partie faire et défaire sa tapisserie quelque part au Moyen Orient. Une histoire d’oeuf de Fabergé. Me demande pas. »

Il est raisonnablement sûr qu’elle est bel et bien au Moyen Orient. A quelques milliers de kilomètres près.

-=-
« Salut. »

-FIN-

27 janvier 2007

Post scriptum : Merci infiniment à Nanou (niennanou) et Pim, qui m’ont évité une boulette *soupire de soulagement* Au détour d'une phrase malencontreusement tournée, j'avais... j'avais... de façon bien involontaire marié et fait divorcer Linc et Sara :-/ Oui, ensemble. Tous les deux. L'un avec l'autre.

fanfic, fic: point de chute, pairing: lincoln/jane, fic: one shot, comm: french_fanfics, fandom: prison break

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