Titre : Vous revoir : Writer's cut (9/9)
Auteur :
clair-de-luneSpoilers : ---
Public : Tout public
Disclaimer : Pas à moi. Je les emprunte pour quelques lignes et les rends juste après.
Notes : Cette fanfiction est supposée faire partie d'un
"ensemble" de fics. Merci à
niennanou pour la beta-lecture.
Chapitres précédents Bonus
Elle ne sait pas exactement comme c’est arrivé. La fatigue, sans doute, ils devraient être au lit depuis longtemps ; elle veut dire par là qu’elle devrait être au lit depuis longtemps et qu’il devrait être au lit depuis longtemps - pas dans le même lit, pas dans la même chambre, mais... oh et puis merde ! Ils étaient en train de parler (non, sérieusement... ils étaient en train de parler, avec des vrais mots et des vraies phrases) et soudain, il a dit quelque chose qui a touché un petit nerf, elle ne se souvient même plus quoi. Mais au lieu de faire taire le petit nerf titillé, elle l’a laissé se tortiller. Elle a senti sa colère et ses griefs remonter à la surface. Onze ans de colère et de griefs.
Et avant de réaliser ce qu’il se passe, elle est debout au milieu de la bibliothèque, ses chaussures posées sur le bureau, la veste de costume de Michael tombée par terre, et elle laisse sortir les onze ans de colère et de griefs. Plus quelques uns qui ne lui sont dictés que par l’urgence du moment.
Elle sait que ce n’est pas beau à entendre, elle se doute que ça ne doit pas être beau à voir, elle imagine qu’elle va regretter dans quelques heures une partie de ce qu’elle est en train d’éructer. Mais elle réalise que ça ne pourra pas aller plus loin, ça ne pourra aller nulle part, tant qu’elle n’aura pas déballé ce qu’elle a sur le coeur.
La surprise, c’est qu’il se met également à déballer ce qu’il a sur le coeur. Elle ne pensait pas qu’il aurait le cran de faire ça, le cran ou l’absence de scrupules ou l’absence de délicatesse. Mais elle suppose que certaines des choses qu’elle a dites ont également titillé un petit nerf chez lui parce qu’en quelques minutes, ils sont tous les deux debout au milieu de la bibliothèque en train de crier. Et elle ne va pas forcément l’emporter, du moins du point de vue des décibels. Elle pense au discours qu’elle doit prononcer après-demain et envisage déjà les façons de justifier une voix inhabituellement rauque sans laisser suspecter une gueule de bois suite au mariage du fils de son vieil ami.
Jerry entrouvre la porte avec inquiétude, passe prudemment la tête à l’intérieur et, évaluant la situation, estime que madame le Sénateur n’a pas besoin de lui.
Puis les choses dégénèrent. Elles dégénèrent vraiment : il lui reproche d’avoir profité de son absence pour s’approprier Lincoln, de lui avoir piqué son grand frère, et elle relève la tête d’un air outré. L’accusation (et le titre de propriété de Lincoln) n’est pas le noeud du problème, elle en est seulement la manifestation la plus évidente, la preuve tangible de ce qu’ils ont construit tant bien quel mal, de ce qu’ils ont perdu et laisser filer au cours des dernières années. L’inversion de leurs niveaux de familiarité comme indicateurs de leurs erreurs et de leur obstination.
La gifle qu’elle retenait depuis onze ans part. Avec vigueur. Il y a un monstrueux claquement dans la pièce, qui semble ricocher entre les étagères de livres, suivi d’un silence tout aussi monstrueux, et elle regarde la trace rouge nettement dessinée sur sa joue. Sans remords et avec une satisfaction non dissimulée.
-=-
Ca brûle. Ca brûle terriblement. Il a reçu un certain nombre de coups dans son existence mais ils ont rarement été aussi douloureux que celui-ci. Et il compte dans le lot les quelques raclées que Linc lui a passées quand il était encore gamin et menait la vie dure à son frère.
Ca brûle mais il ne dit rien et ne réagit pas car ils ont tous deux - tous trois - contribué à construire leur petit désastre personnel et il est mal placé pour lui reprocher sa part dans l’affaire. Mais quand elle retourne sa main et vise l’autre côté, il recule parce qu’il y a une ligne, qu’il n’est pas prêt à franchir, entre reconnaître ses torts et tendre l’autre joue. Déséquilibrée, interrompue dans son élan, elle part en avant et il la rattrape au vol avant qu’elle n’aille se crasher sur le petit guéridon hors de prix situé à proximité. Elle lui jette un regard par-dessus son épaule et lance « Tu trouves ça intelligent ? ». Il juge la question tout petit peu déplacée dans la situation actuelle, jusqu’au moment où il se rend compte qu’il sourit. Peut-être parce qu’elle a arrêté de crier, peut-être parce qu’elle est de nouveau contre lui ou peut-être parce qu’ils ont finalement eu la discussion qu’ils étaient censés avoir bien plus tôt dans la journée. Hier en réalité. Et qu’ils peuvent passer à autre chose.
Elle se redresse et, aussi dignement que possible, rajuste les bretelles de sa robe.
« Je suis désolé, Sara. Réellement, » dit-il. Il ne parle pas seulement de ce qui vient juste de se passer, et elle hausse les épaules. « On peut reprendre notre discussion ? »
Elle reste silencieuse pendant quelques secondes, puis elle sourit, un petit sourire en coin et... « Laquelle ? Celle qu’on était en train d’avoir ou celle d’hier après-midi ? »
-THAT’S (REALLY) ALL, FOLKS : FIN-
28 janvier-18 février, 22-24 février 2007
Post scriptum : Pour
anna-tarawiel qui craignait que les retrouvailles de Michael et Sara ne tournent, je cite, à la guerre et aimait autant s’être trompée. Faut pas me donner des idées pareilles *grin*