Suite de la scène.
- Oh la vache ! gémit Jyou en fermant les yeux.
Taichi serra les lèvres, se retenant de cracher. Il faisait des petits bonds comme pour éviter de se mettre à courir. Koushiro croquait son bonbon avec lenteur, une expression d’intense souffrance sur le visage. Lorsque Hikari le tapota à l’épaule, ce fut comme s’il ne l’avait pas remarquée. Daisuke avait plaqué une main contre ses lèvres et trépignait. Ken n’avait pas supporté et était reparti le jeter dans une poubelle.
- Ah, déjà un abandon, fit Hikari, déçue que ce soit Ken.
Yamato s’était assis et avait croisé les bras pour contenir une violente toux qui le secouait. Son front et ses joues étaient brûlants.
- Yamato, ça va ? demanda Sora, commençant à s’inquiéter.
- Miyako, c’est de la triche ! s’exclama Iori en voyant son amie attraper son jus d’orange pour le vider d’une longue gorgée.
- Disqualification ! fit Takeru d’une voix impitoyable.
- C’est… C’est fort ! Mais y a quoi dedans ? C’est quoi ce truc ?
- Et ils le vendent à des enfants, parvint à ajouter Taichi d’une voix hachée.
Jyou avait les larmes aux yeux, tout comme Daisuke qui laissa pendre sa langue hors de sa bouche.
- ‘A ‘uuule !
- Qu’est-ce qu’il dit ?
- Je crois qu’il dit que ça brûle.
- Sans blague.
- Bon, ça fait deux joueurs en moins. On recommence !
Koushiro leva les yeux au ciel. Taichi lui fit un sourire. Il avait le visage rouge et humide de sueur.
- Pas mal, pas mal, admit Yamato en se remettant debout.
- La prochaine fois, tu seras par terre, répliqua Taichi goguenard.
- A trois !
Jyou abandonna après ce tour. Il se voûta subitement et recrachant le bonbon dans ses mains courut jusqu’aux toilettes sous les rires de ses amis. Koushiro resta immobile, ayant encore plus l’air de souffrir que la première fois, murmurant des « Je ne sens rien, je ne sens rien, je ne sens rien, je ne sens rien » d’une voix éteinte.
- Plus je regarde Koushiro, plus j’ai l’impression qu’il est tombé en Enfer, fit Miyako, songeuse.
- Il résiste bien, ajouta Hikari. C’est assez surprenant.
Daisuke jurait à chaque fois qu’il mâchait, ce qui valut une tape de Taichi qui, tout chancelant, le rata à deux reprises. Quand Yamato se moqua de lui, il fit un mouvement de bras tellement lent qu’il s’arrêta à mi-chemin, incapable de frapper son meilleur ami. Lorsqu’ils finirent, ils étaient dans un piteux état.
- Temps mort pour boire de l’eau ? gémit Daisuke.
- Non, sinon c’est trop facile, rétorqua Miyako, se vengeant comme elle pouvait.
Yamato avait la respiration sifflante.
- Envie d’abandonner ? fit sournoisement Taichi.
- Ferme-la.
Hikari avait finalement cessé de s’intéresser au jeu, lisant la page des horoscopes.
- A trois ! grimaça Daisuke.
Cependant, à peine avait-il croqué qu’il recrachait le tout par terre, le visage écarlate.
- Beeuh, c’est dégoûtant Daisuke ! lança Sora, écœurée.
- Tu baves en plus, ricana Takeru.
Très embarrassé, Daisuke s’agenouilla pour ramasser les restes de son bonbon, évitant de croiser le regard de ses amis. Koushiro avait fermé les yeux et tentait comme pour les fois précédentes de rester impassible. Son corps avait un mouvement régulier, comme s’il se trouvait sur un bateau en pleine tempête.
- Koushiro ? fit Miyako, à la fois amusée et inquiète.
- On dirait qu’il est en transe.
- Au moins, il est calme, pas comme les deux autres débiles là-bas, dit Hikari en pointant du doigt son frère et Yamato non loin d’elle.
- Déclare forfait, tu tiendras pas ! explosa Taichi, exaspéré, les yeux rouges à force de pleurer.
Yamato tenta de répondre mais eut une crise de toux qui le força à s’appuyer contre son frère. Taichi, sentant la victoire toute proche, fit un grand sourire malgré la souffrance qui se peignait sur son visage.
- Vas-y, dis que tu abandonnes, et je me ficherai pas trop de toi, ajouta-t-il.
- Tu… Tu crois vraiment que je vais…
Yamato se tut, reprit son souffle. Lentement, il sourit à son tour.
- Tu peux toujours rêver.
- Eh les gars, je vous rappelle que Koushiro participe lui aussi, dit Ken.
- Et lui, il fait pas autant de cinéma que vous, ajouta Daisuke.
- Toi, nettoie tes saletés et ensuite tu pourras parler, répliqua Taichi sans même lui accorder un regard.
- Bon, on est plus que trois, dit doucement Koushiro, parlant enfin depuis le début du jeu.
- Tu sais, tu peux très bien arrêter si tu trouves ça idiot, dit Taichi en posant une main amicale sur l’épaule de son ami.
- Continue à influencer les autres pour gagner, Taichi, et je te disqualifie, lança froidement sa sœur.
- T’es vraiment pas drôle, sœurette.
- Tiens, j’ai une idée, proposa soudainement Jyou qui était enfin revenu des toilettes. Comme vous n’êtes plus que trois, vous ne mangerez pas un mais deux bonbons.
Taichi lança un rapide coup d’œil à Yamato puis Koushiro, évaluant ses chances.
- Okay, ça marche. Deux d’un coup.
- Vous êtes fous, soupira Sora.
Koushiro serra les lèvres, mais ne sembla pas refuser la nouvelle condition. Yamato fixait avec un air d’envie la bouteille d’eau à moitié vide de son meilleur ami. Ils prirent deux bâtonnets dans le sac de Sora, les regardant avec un mélange de défi et de dégoût.
- Je mangerai plus jamais de ce truc après ça, promit Taichi.
- Pareil pour moi, fit Koushiro.
- A trois !
Le souffle coupé, Iori observait intensément ses amis, crispant ses doigts sur son calepin. Yamato fut le premier à avaler les deux bâtonnets. Son visage s’empourpra et son corps se tendit sous l’afflux d’une violente toux. Il ferma une main en un poing et se frappa la poitrine, littéralement en train de s’étouffer. Taichi, pris d’un fou rire, se détourna pour ne le plus regarder. Il sautait sur place en émettant des sifflements ridicules.
- Ils me font honte, dit Hikari, médusée.
Koushiro ne bougea pas, mais son visage avait à présent une teinte proche de la couleur de ses cheveux. Une main sur la bouche, il eut un brusque haut-le-corps avant de se redresser. Des larmes brûlantes coulaient sur ses joues.
- J’dis que Taichi craque le premier, dit précipitamment Daisuke à Iori.
- Moi, Yamato, ajouta Takeru.
- Takeru, c’est ton frère, quand même !
- Justement, sourit Takeru.
Et, comme pour confirmer ses propos, Yamato fit un bruit étranglé et serrant les dents courut aux toilettes sous les applaudissements moqueurs de Jyou. Satisfait, Takeru fit un geste vers le calepin de Iori. Daisuke, écœuré, s’éloigna de lui. A cet instant, Taichi poussa un juron et attrapa sa bouteille d’eau qu’il vida en deux longues gorgées.
- Ah, Taichi a perdu, finalement.
- Ca veut dire que…
- Wow, Koushiro ! Tu as réussi ! s’émerveilla Miyako. Et dire que tu pensais ne pas y arriver !
Lentement, Koushiro se retourna. Il semblait en état de choc.
- J’ai… soif, croassa-t-il.
- Ko ? fit Jyou, commençant à s’inquiéter.
Il enfonça son index dans son épaule. Koushiro leva à peine la tête pour regarder son ami. Son visage était si rouge qu’on pouvait presque sentir de la chaleur en émaner. Il avait un regard hagard, comme s’il revenait d’un long voyage. Inquiète, Sora lui tendit une autre cannette de jus de fruits qu’elle était partie acheter. Koushiro la but avec une avidité qui était presque comique. Il avait l’air de ne même pas se rendre compte qu’il avait gagné.
- Tu pourrais avoir l’air un peu plus content, tu sais, dit sèchement Taichi, furieux d’avoir perdu.
- La vache, on dirait que ça l’a cassé en deux, ce truc, ajouta Daisuke.
Il échangea un regard entendu avec Ken et sourit.
- C’est trop bien !
Peu à peu, les couleurs sur les joues de Koushiro s’estompèrent et quand il se remit à parler, sa voix était rauque, comme engourdie.
- Je… Je… ferai plus jamais… ça…
Ce fut tellement soudain que les autres Digisauveurs éclatèrent de rire. Taichi prit Koushiro par l’épaule, ayant déjà oublié sa défaite.
- T’es bourré de ressources, toi ! Qu’est-ce qu’on ferait bien sans toi, hein ? Alors, blondinet, t’as pas supporté le choc ? ajouta-t-il quand Yamato les rejoignit, les yeux encore brillants de larmes.
- Va te faire voir, répondit son meilleur ami. Bravo, Ko, tu t’es bien débrouillé.
- Oh, oh, je ne sais pas du tout comment j’ai fait.
- Le mental, c’est le mental, chantonna Miyako. Il faut un mental d’acier.
- Rah la poisse, j’ai perdu ! fit Ken.
Iori, très content de lui, referma son calepin qu’il remit dans son sac.
- Iori, tu peux faire preuve d’une honnêteté implacable mais quand il s’agit de jeux, tu perds tout contrôle, fit remarquer Sora, amusée.
- Mais qu’est-ce que dirait Wallace s’il te voyait à cet instant ? lança sournoisement Daisuke.
- Daisuke, t’es qu’un crétin.
Taichi s’était rassis, s’éventant avec le magazine de sa sœur. Yamato, silencieux, le regarda un instant avant de détourner les yeux. Sora ne remarqua rien, préoccupée par le sac de bonbons qu’elle tenait contre elle.
- Il n’en reste presque plus, qu’est-ce qu’on en fait ?
- Jette-les ! dirent Koushiro et Jyou d’une même voix.
- Pourquoi ? On pourrait en garder pour faire des blagues, proposa Daisuke, goguenard.
- Daisuke, si tu étais près de moi je t’aurai déjà frappé, lança Taichi d’une voix paresseuse. Bon, quand est-ce que Mimi arrive, je commence franchement à m’ennuyer ! Si j’avais su qu’elle serait en retard, je serai resté jusqu’au bout à mon entraînement.
- Arrête de te plaindre, sourit Yamato, plus amusé qu’agacé.
- Quelqu’un a un jeu de cartes ? demanda Ken.
Tout le monde répondit par la négative. Désespéré, Daisuke se vautra sur les jambes de Ken, croisant ses mains sous sa nuque. Koushiro avait rallumé son ordinateur portable et tentait de trouver des jeux sur Internet pour faire patienter les plus jeunes du groupe. Sora s’était assise près d’Hikari et avait arraché le magazine des mains de Taichi pour le lire. Vexé, ce dernier s’était levé, vagabondant dans les environs. L’air était plus lourd, moite des nouveaux arrivants, en masse compacte dans l’aérogare, se mélangeant dans un brouhaha de voix artificielles, d’exclamations exaspérées et du roulement des valises.
Yamato, ne pouvant plus supporter de rester à ne rien faire, rejoignit Taichi alors que ce dernier fixait d’un air morne la vitrine de la boutique de souvenirs à une centaine de mètres du reste du groupe.
- J’aurai préféré passer du temps à faire autre chose, moi aussi, dit-il par-dessus l’épaule de son meilleur ami.
Taichi eut un sourire, continuant toujours de regarder la petite tour de Tokyo dans la boule à neige.
- Qu’est-ce que c’est kitch, ricana-t-il. Je devrais en acheter une pour mon père avant de rentrer, il adore ce genre de trucs, surtout quand il y a des paill-
Il s’interrompit. Discrètement, Yamato avait attrapé son poignet entre ses doigts, dans une prise légère, attentive et ne bougeait plus, faisant mine de regarder les objets déposés en vitrine. Taichi fit un mouvement pour s’éloigner mais Yamato resserra doucement sa prise, pour ne pas le lâcher.
- Tu peux me dire ce que tu fabriques ? chuchota Taichi, la bouche sèche.
- Il faut vraiment te l’expliquer ? répliqua Yamato sur le même ton.
Taichi hésita un instant avant de répondre. Il sentit la nervosité envahir son corps comme une vague désagréable de chaleur et inspira profondément.
- Je…
Il regarda ailleurs. Le contact des doigts de Yamato lui faisait du bien, comme une présence dont il n’avait plus l’habitude, et il s’en voulut pour ça.
- Je, je veux dire, je croyais que tu n’aimais pas ce genre d’attitude en public, parvint-il enfin à bégayer.
Embarrassé, il se dégagea finalement de la prise de son meilleur ami d’un geste un peu brusque.
- Tu ne sais pas ce que tu veux, ajouta-t-il, soudain furieux.
- Toi non plus, Taichi.
Taichi se retourna pour lancer une réplique cinglante mais les mots moururent dans sa gorge quand il vit le regard blessé de Yamato, malgré les efforts de ce dernier pour le cacher. Il se figea, ne trouvant plus rien à dire. C’était lui qu’il voyait dans les yeux de Yamato, cet autre lui-même qui avait eu si peur des mois auparavant d’être rejeté, d’être tout seul pour avoir pris des risques. C’était son propre regard et il n’arrivait plus à le supporter. Il serra les lèvres, honteux, et légèrement, attrapa le poignet de Yamato entre ses doigts en une tentative muette de pardon.
« S’il te plaît, s’il te plaît… »
« Et ne me fais plus mal comme ça. »
Le regard de Yamato s’adoucit. Souriant légèrement, il s’éloigna de Taichi pour rejoindre le groupe. Jyou avait repris sa pancarte et la tendait bien haut, malgré sa gêne évidente.
- Ils viennent d’annoncer l’atterrissage de l’avion de Mimi, lança Sora à Taichi, ce dernier ayant finalement fini par acheter la boule de neige pour son père.
- Oh, enfin ! soupira-t-il.
Quand il croisa le regard de Yamato, il se sentit beaucoup mieux et alla aider Jyou en sifflotant pour lui-même un air de dessin animé.
- J’ai l’air ridicule, maugréa Jyou.
- Mais non, tu donnes juste l’impression d’être un amoureux transi, ou alors le président d’un fan-club, répondit sereinement Taichi.
- Tu as vraiment les mots qu’il faut pour remonter le moral des gens, toi.
Taichi ricana. Il sentait encore sur son poignet les doigts de Yamato et cette tiédeur qui s’estompait progressivement lui donnait l’impression qu’il serait capable de tout faire.
- Ah, je la vois ! fit Hikari, ravie.
- Oh, c’est vrai, murmura Takeru. Ce chapeau rose…
- Hello, guys ! cria Mimi, délaissant d’un coup son chariot à bagages pour courir aussi vite que le permettaient ses bottines à talons compensés.
Taichi eut à peine le temps de relâcher la pancarte que déjà Mimi sautait dans ses bras, plaquant une bise sonore sur sa joue. Il éclata de rire, emporté par l’énergie de son amie.
- C’est moi ou tu deviens de plus en plus légère, espèce de brindille ? plaisanta-t-il.
Mimi se contenta de lui faire une grimace avant d’embrasser Sora et Hikari qui commencèrent aussitôt à lui demander comment c’était passé le voyage. Jyou, dépité, regarda la pancarte qu’il tenait toujours.
- Et tout ça pour rien, soupira-t-il.
- Mais bien sûr que non, idiot, répliqua Mimi qui l’avait entendu. Tu crois que je ne l’ai pas vu ? C’est vraiment gentil, merci beaucoup !
Tout en riant, elle prit la pancarte qu’elle examina, tentant de cacher son ravissement en la montrant aux autres. Koushiro eut un sourire un peu gêné quand il avoua que c’était son idée. Yamato, hilare, le félicita d’une brève tape sur l’épaule.
- Je suis vraiment désolée que vous ayez autant attendu, dit finalement Mimi, repartant chercher son chariot à bagages. Il y a eu un problème au décollage, à cause de toutes les histoires qui se sont passées à New York.
Ses yeux s’assombrirent d’un coup. Elle eut un petit rire bref.
- Décidément, le Sable fait tout pour nous contrer.
- Wow, Mimi, tu as apporté combien de valises ? dit Miyako, impressionnée.
- Juste le…
- Strict nécessaire, répondit Taichi d’un ton mutin.
Mimi lui lança un regard faussement désapprobateur avant de s’éloigner superbement.
- Taichi, le jour où tu me comprendras sera celui où tu te retrouveras avec une poitrine.
Yamato eut un rictus.
- Eh, la blonde, je t’ai vu, lança son meilleur ami, vexé.
- Je demande qu’on change de sujet de conversation pour stopper toute image traumatisante concernant Taichi, dit Daisuke en levant une main.
- Je suis ! lança Takeru.
Mimi éclata de rire puis fit glisser le cordon de son chapeau de cow-boy pour le laisser retomber sur ses épaules. Trois ans avaient passé et pourtant il lui allait toujours aussi bien, peut-être un peu usé sur les bords, mais la couleur, d’un rose très doux, était restée la même, aussi inflexible que l’humeur de Mimi. Il sembla à Taichi qu’une atmosphère plus légère venait de s’installer dans leur groupe, ce sentiment d’union que seuls les Digisauveurs pouvaient comprendre. Ils étaient là, tous ensemble, enfin, et cette émotion les parcourut tous, semblable à la chaleur de leur Symbole gravé dans leur poitrine.
Mimi se tourna pour regarder Taichi et son sourire s’épanouit. Dans la lumière, ses cheveux avaient un reflet doré, fluide. Tout le monde se souvenait de ses précédentes teintures, passant du blond jusqu’au rose méché de l’année dernière. Finalement, Mimi était revenue à sa couleur naturelle, au grand soulagement de ses amis.
- Taichi a raison, dit alors Sora en prenant doucement le bras de Mimi entre ses doigts. Tu as maigri, je trouve.
Mimi faillit lui répondre que c’était également son cas mais après avoir jeté un bref coup d’œil à Yamato fit comme si elle n’avait pas entendu.
- Bon, on y va ? proposa Taichi, épuisé. Et je commence vraiment à avoir faim.
- Ah, oui, il est presque midi, tiens, fit Jyou, surpris.
- On a attendu aussi longtemps ? s’étonna Daisuke.
- Tu ne t’en es pas rendu compte, tu étais trop occupé à vomir tes bonbons de l’Enfer, répliqua Takeru, narquois.
Devant le regard interrogateur de Mimi, Sora lui montra le paquet de bonbons, lui expliquant l’idiotie du jeu qu’ils avaient mis en place pendant qu’ils attendaient.
- Wow, ça a l’air cool, j’ai bien envie d’en goûter un, si je peux cracher du-
- NON ! répliquèrent ses amis d’une même voix.
- Oh. Okay, répondit faiblement Mimi.
- Je me rappelle encore de ce goût, beuh, gémit Miyako, portant une main sur sa gorge par réflexe.
Taichi, écoutant d’une oreille distraite les commentaires moqueurs de Daisuke, se tourna vers Yamato qui lui sourit discrètement, comme s’il voulait dire quelque chose. Et, au moment où tous les autres sortaient de l’aéroport, portés par une énergie nouvelle, ses doigts touchèrent le bas du dos de son meilleur ami, en une pression légère qui disparut aussitôt.
- La lumière a disparu, souffla Agumon, abasourdi.
Quand il se redressa il retint un grognement sourd entre ses crocs. Une de ses pattes était blessée, engourdie.
- Agumon, repose-toi, lança Biyomon d’une voix suppliante.
- Nous devons tous nous reposer, ajouta Tentomon. Nous avons fait beaucoup d’efforts, beaucoup trop même.
Tailmon émit un bruit qui ressemblait à un sanglot. Recroquevillée contre Palmon, elle cachait aux autres la vue de ses deux pattes meurtries, aux cicatrices d’un rouge vif. Elle murmurait le nom d’Hikari inlassablement, perdant le contrôle dont elle avait toujours fait preuve.
- Oh, Tailmon, gémit Patamon, ému.
Dans un bruissement d’ailes, Hawkmon vint les rejoindre près du feu. Agumon qui s’était rassis se leva d’un bond, ignorant la douleur brûlante de sa patte.
- Alors, tu en as trouvé d’autres ?
Hawkmon secoua la tête, dépité.
- Il n’en reste pratiquement plus, et ils sont encore plus loin que ce que je croyais.
Furieux, Gabumon lança une brindille dans le feu qui se mourait déjà. Ses yeux se durcirent et sous la fourrure bleue, l’ombre de son véritable corps se dessina, puissante, sauvage.
- Comment on va faire pour les prévenir alors ? rugit-il, l’émotion s’emparant de lui brusquement. Comment on va faire si on peut seulement retarder ce qui va se passer de toute façon ?
- Gabumon, lança Wormmon d’une voix forte.
- Non, Wormmon, non ! Regardez dans quel état nous sommes ! Regardez Tailmon !
Lentement, à contrecœur, les Digimons se tournèrent vers le petit corps de Tailmon blotti contre les pattes fraîches de Palmon, pris de tremblements douloureux.
- Hikari, Hikari, Hikari, chuchota-t-elle. Oh, Hikari…
Gomamon ouvrit la bouche, réticent.
- Tailmon a été affectée car Hikari elle-même a un lien puissant avec le Sable. Et elle n’est pas la seule, ajouta-t-il en un souffle haché par la fatigue.
- Je sais, répondit abruptement. Je sais qu’elle n’est pas la seule.
Il y eut un silence pesant, à peine perturbé par le craquement du bois dans les flammes.
- Il en faut un autre, juste un autre, lança Gabumon d’une voix éteinte. Juste un autre.
A suivre...