Titre : Au fil des saisons
Fandom : Harry Potter
Personnages : Severus, Hermione
Thème : # 3 Maladie, crosspost
30_baisers Type : Romance, Tragédie
Disclaimer : Les personnages et l'univers d'Harry Potter appartiennent à JK ROwling
Ratibg : K+
Chapitre 2 : Que j’aime le premier frisson d’hiver !
1 C'était un de ces repas de Noël à Poudlard où la plupart des élèves étaient retournés chez leurs parents pour les vacances. Seule, une petite dizaine de jeunes adolescents continuaient à vaquer dans le château. La table des professeurs avait été modifié afin de permettre aux élèves de profiter, en compagnie de leurs enseignants, de l’exquise cuisine des Elfes de maison.
A son grand regret, Severus était séparé de sa collègue préférée par une dizaine de têtes qui l’empêchait de profiter de la moindre conversation convenable. Il était entouré par Miss Trelawney et une élève timide de Gryffondor qui, terrorisée par son professeur de potion, n'osait pas lever la tête de son assiette . Il ne pouvait s’empêcher d’observer Hermione avec une insistance qui aurait pu prêter à suspicion si l'un des convives n'avait été trop occupé à profiter du repas pour l'observer.
Toute son attention était porté sur le voisin d'Hermione, le professeur de soins aux créatures magiques qui remplaçait Hagrid, parti en voyage de noce avec Madame Maxime. Il le voyait se pencher sur son amie, lui dire quelques mots à voix basse auxquels elle réagissait par un éclat de rire cristallin. Cette scène l'insupportait, tant le démon de la jalousie lui chuchotait des pensées mesquines envers ce dragonnier de pacotille de Weasley.
Oui, parce qu'il avait bien dû se l’avouer à lui même au cours de ces deux dernières années, ce qu'il avait pris au début pour une amitié avait commencé à se muer en un sentiment plus profond. Severus était épris d'une femme de vingt ans sa cadette, qui travaillait avec lui et qu'il avait connu comme élève. Elle savait, par expérience à quel point il pouvait être un personnage odieux et partial. Une parfaite carte de visite pour commencer une relation, songea avec ironie Severus qui ne se faisait guère d'illusions sur ses chances de conquérir son aimée. Il se contentait d'être son ami et son confident, l'aidant à surmonter peu à peu le chagrin de la mort de son fiancé. Il avait bien cru que son séjour à Brighton ne fût de la moindre efficacité pour faire revenir Hermione dans le monde des vivants.
Lorsque le repas prit fin, Hermione se dirigea en souriant vers Severus pour le prendre en aparté. Elle lui annonça que Charlie lui avait donné des nouvelles des petits Weasley, et transmis l'invitation de sa mère à réveillonner chez eux la veille de Noël.
Severus garda le silence. Ce serait le deuxième Noël qu'il passerait sans sa présence. La première fois elle était retournée chez ses parents pour bénéficier de leur cocon protecteur et aimant. L'an dernier elle avait profité de retrouvailles avec des amis d'enfance pour faire un séjour au ski à cette période. Elle était revenue bronzée avec une attèle au poignet et un regard brillant.
Hermione vit une ombre passer sur son visage. Elle avait appris à le connaître et savait qu'il ne répondrait pas à une question posée dont la réponse pourrait le mettre dans une situation délicate. Quand il lui souhaita un bon réveillon et se retourna brusquement en un mouvement caractéristique, elle sut qu'il avait été blessé par l'un de ses propos. Elle chercha quelques instants et comprit : Severus et elle devait passer le réveillon ensemble au Pré-au-Lard, dans un petit restaurant. Elle le rattrapa en courant, maugréant sur ses longues jambes et l'arrêta. Essoufflée, elle attendit que sa respiration devienne calme, sous le regard impatient de Severus qui ne souhaitait qu'une chose pouvoir morfondre son amertume en compagnie d'une quelconque boisson alcoolisée.
« Je peux venir accompagné. Charlie me l'a même conseillé, tant il craint que les envies de Molly à me faire rentrer dans la famille ne l'incite à me pousser dans ses bras ou ceux de Percy qui prétend avoir trouvé en une certaine Audrey, une femme extrêmement charmante, mais dont nul membre de la famille n'a fait encore connaissance.
- Merveilleux, je suis ravi pour toi et quel est le pauvre énergumène qui sera bénéficiaire de cette charmante invitation, demanda sarcastiquement le maître de potion
- Oh, une personne fort aimable, toujours d'humeur joyeuse. »
Severus passa mentalement les différentes personnes pouvant se conformer à ce portrait. Et à part Hagrid ou Flitwick il ne voyait personne qui puisse convenir. Il remarqua enfin son sourire narquois.
« Vu que cette personne idéale n'existe pas, je me contenterais de son charmant opposé qui se trouve par le plus grand des hasards en face de moi, déclara-t-elle avec une once d’appréhension dans le regard.
- Et bien, je ne sais si je dois être flatté ou pas de correspondre au portrait inverse de l'homme idéal. Mais je crois que je vais agréer cette charmante demande, répondit-il avec une pointe de sarcasme dans la voix »
Hermione sourit et lui annonça qu'elle viendrait le chercher, demain soir, pour qu'ils se rendent ensemble au Terrier.
En cette matinée de veillée de Noël, Severus se tenait bien droit devant ce qui lui servait de penderie, il regardait perplexe sa garde-robe en se demandant ce qu'il pourrait bien porter ce soir. Il ne cédait pas à un quelconque attrait pour la coquetterie mais il se devait de paraître à son avantage.
Elle lui avait bien affirmé que Molly tentait par tous les moyens de la faire rentrer dans sa famille.
Il fouilla dans sa garde-robe, toujours avec une dominante de noir à l'exception de deux robes qu'il mettait pour encourager sa maison lors de matchs de Quidditch. Il trouva enfin, bien enfoui en boule au fond de son armoire, une vieille robe noire brodé avec un liseré de fils argentés et dorés mais dont les ourlets étaient défaits et la manche déchirée. Pourtant, il ne souvenait pas un seul moment que cette tenue ait eu le moindre accroc avant qu'il ne la mette dans son armoire.
Cette robe était parfaite, Severus décida d'aller sur le Chemin de Traverse pour faire raccommoder sa robe avant ce soir. Il songea aussi que, comme c'était le jour de Noël, il serait bien obligé d'offrir un présent pour toute la marmaille Weasley.
Combien pouvait-il être, une bonne quinzaine si ce n'est plus, il devrait prévoir large. Que pouvait-il leur offrir ? Du jambon ? Ça conviendrait parfaitement pour cette future bande de cornichon et au moins ça les nourrirait.
Des livres de potions ? Hum il doutait que cela leur soit d'une quelconque utilité, la plupart finirait Gryffondor et leurs capacités en ce domaine sont assez limités, Hermione n'étant que l'exception qui confirme la règle.
Des sucreries ? Oui, ça serait une bonne idée, en plus le vendeur de Ambrosius Flume, lui devait une faveur pour une potion qu'il avait concoctée pour des problèmes intimes et embarrassants.
Severus sortit de ses appartements, bien décidé à accomplir ses projets avant le repas fatidique. Il ne fit pas attention à une ombre tapie dans le couloir qui se glissa subrepticement dans son antre pour accomplir une fouille approfondie sans la présence du Maître de potion.
Peu avant 19h00, Hermione frappa à la porte des appartements de Severus. Elle était vêtue d'une robe de sorcier bleu simple mais de bonne coupe, cintrée à la taille. Seul la pique de son chignon argenté et ciselé de motifs celtiques, ornés de pierres précieuses donnait un air de fête à sa tenue.
Severus ouvrit la porte, impatient de la voir. Le regard appréciateur qu'il porta sur elle, fut un peu trop appuyé pour qu'elle ne le remarque pas. Severus prit le grand sac qui était posé sur la table et agrippant le bras d'Hermione, ils transplanèrent devant le terrier. Ils étaient à seulement une centaine de mètres de la maison quand Hermione, lui demanda curieuse :
" Pourquoi avoir pris un si grand sac ? Vous savez il existe des sacs moins imposants pour mettre votre nécessaire de beauté
- Je vois que me fréquenter a sensiblement augmenter votre don du sarcasme. Faites attention vous risqueriez de ne trouver qu'une seule compagnie plaisante, la vôtre
- Oui, j'ai un bon Maître en la matière mais je serais curieuse de savoir ce que contient ce sac
- Des présents pour tous les enfants Weasley, une quinzaine d'assortiments de friandises
- Severus, vous savez, il n'y a que quatre enfants, répondit-elle en riant"
Sur le seuil de la porte, Molly les attendaient. Elle semblait surprise de voir Severus, jamais elle n'aurait pensé que le cavalier d'Hermione fusse lui. Elle leur sourit et les accueillit avec la chaleur caractéristique de sa maison.
Après les salutations d'usage, Severus donna tous ses petits paquets et par un heureux hasard, chacun put avoir sa petite boîte de friandise. Molly le remercia d'avoir pensé aussi à Percy, qui n'avait pu se joindre à eux cette année. A cela, Severus répondit que c'était bien normal avec un petit sourire.
Hermione sentit qu'un fou-rire la prenait mais elle le cacha sous une quinte de toux.
Au milieu de la pièce principale, la grande table en chêne, croulait sous les différents mets préparés avec soin par Molly. La maîtresse de maison voulut placer ses convives, elle demanda à Hermione de se mettre près d'elle et appela Charlie pour qu'il prenne place près d'Hermione, mais Severus se posa sur cette chaise. Charlie se plaça à la gauche d'Hermione, la séparant ainsi de sa mère, avec un léger sourire moqueur aux lèvres quand il regardait le professeur Rogue.
Pour Hermione, ce repas était à la fois une source de contentement et de souvenirs moins plaisants, plus douloureux.
Elle n'était pas retournée au Terrier depuis la mort de Ron, elle avait toujours décliné les invitations de Molly sous divers prétextes fallacieux. Comment pouvait-elle se mouvoir dans un lieu chargé de souvenirs : la première fois qu'il lui avait pris la main dans la cuisine pour la lâcher quelques instants plus tard, le visage légèrement cramoisi, le premier baiser dans sa maison maternelle juste devant sa chambre et les nombreux fous-rires de leurs adolescences.
Trois années lui avaient été nécessaire pour pouvoir enfin revenir en ces lieux. Son regard balayait la pièce et chaque objet, chaque meuble, chaque éraflure lui rappelait ce qu'elle avait perdue. Près de trois années à faire le deuil de son amour d'enfance, à accepter sa mort, à apprendre à vivre sans lui.
Elle avait demandé à Severus de l'accompagner, car sans lui, sans sa présence elle n'aurait pu remonter la pente. Elle avait appris à le connaître et à l'apprécier. C'était un collègue fort aimable quand il voulait bien se donner la peine de laisser sa misanthropie de côté. Elle n'avait jamais compris ce qui l'avait poussé à l'aider ce soir là mais ce séjour à Brighton lui avait permis d'extérioriser sa colère et de faire enfin ce travail de deuil.
Il lui arrivait parfois de frissonner en apercevant la tâche sombre sur son avant-bras, le dessin s'était tellement estompé que l'on ne voyait rien mais elle savait que celui qui avait tué Ron portait la marque. Elle avait confiance en Severus parce qu'elle croyait en lui.
Le repas se passa dans la bonne humeur, chaque membre de la famille Weasley semblait heureux de voir Hermione dans leur maison, comme le retour de l'enfant prodigue. Molly avait bien tenté de rapprocher Charlie, son dernier fils officiellement célibataire d'Hermione, mais elle voyait bien que la complicité entre les deux était purement amicale. Elle avait appris à aimer et apprécier Hermione, la petite adolescente curieuse, la jeune femme qui aimait son fils cadet. Pour elle, Hermione faisait partie de sa famille, mais inconsciemment elle voulait que ce fait là puisse être entériné par un lien formel et elle ne pouvait pas l'adopter.
Molly observa Hermione, elle semblait en bonne santé. Son regard, parfois se voilait de tristesse quand elle balayait la pièce et se focalisait sur un endroit précis, mais elle faisait bonne figure en abhorrant un petit sourire. Elle remarqua qu'Hermione cherchait le contact visuel avec Severus, ce qui l'étonna. Severus n'était pas une personne dont on cherchait la compagnie et en portant son attention sur lui, elle remarqua les brefs regards qu'il jetait sur elle, et Molly n’avait aucun doute sur ses sentiments à l'égard de la jeune fille.
Comment se pouvait-il que Severus soit tombé amoureux d'Hermione ? Et comment Hermione pouvait-elle éprouver quelque chose pour un tel homme, après avoir connu son fils ? Molly était partagé entre son désir de voir Hermione heureuse et cette envie qu'elle n'oublie jamais son fils, qu'elle n'épouse ou n'aime personne d'autre.
Le carillon de leur vieille pendule sonna dix heures, heure tardive pour les quatre enfants qui se trouvaient là et montèrent accompagné de leurs parents pour faire un somme bien mérité. Les adultes restants entamèrent la bûche de Noël, accompagné de pied de poule et bavardèrent gaiement de tout et de rien dans une ambiance sereine. La soirée s'acheva trois heures après et Hermione et Severus prirent congé.
Severus voulut être le guide pour le transplanage mais Hermione refusa et prit fermement son bras. Ils n'étaient pas devant la grille de Poudlard mais sur une plage d'Angleterre que Severus reconnu aisément à cause de cette carcasse de monument calciné, qui était l'une des attractions de cette ville. Il interrogea Hermione, lui demandant pourquoi elle avait transplané ici et elle lui répondit :
" Peut-être parce que j'avais envie de connaitre cette plage et cette ville recouverte d'un manteau neigeux. Peut-être que j'ai envie de la connaitre sous les couleurs de chaque saison. Peut-être parce que je me sens attaché à elle pour une raison que je ne voudrais avouer"
Severus ne répondit rien, il se contenta de poser un regard fuyant sur l'eau. Ces quelques mots le troublaient. Est-ce qu'il y avait un sens caché derrière ces paroles, était-il possible que...Non il devait cesser cette obsession de poursuite de chimère.
Mais, il ne voulait pas que son silence fut mal interprété alors il engagea la conversation.
" Brigthon correspond-t-il à tes attentes en cette saison ?
- Je ne sais pas, le vent marin frappe mon visage, c'est à la fois désagréable et en même temps revigorant. Je crois que je suis un peu déçu par la mer.
- Pourquoi ? Tu ne la trouve pas belle éclairée par la lune. C'est comme cela que je la préfère. J'aime quand la lumière est diffuse et froide comme là. Le soleil, je l'ai toujours trouvé trop abrupt, trop voyant, c'est peut-être pour cela que j'aime mes cachots, le soleil entre avec parcimonie, je n'ai pas l'impression de me brûler sous ses rayons.
- C'est étrange, moi j'ai toujours aimé le soleil, il a toujours pour moi était synonyme de vacances, d'escapades familiales, tout du moins jusqu'à ce que j'aille à Poudlard. Mais en même temps, c'était l'été, le moment de la séparation avec le monde de la magie , de mes amis, de Ron. Je crois que j'aimais un peu moins le soleil à cause de cela. De Ron.
- Il te manque ? Je n'aurai pas dû. Nous devrions rentrer"
Severus commença à se lever, mais Hermione pris son bras et le tira pour qu'il s'accroupisse.
"Non, tu as raison, il me manque encore. Je n'ai plus ce sentiment d'être déchiré de l'intérieur comme quand j'ai appris son meurtre, mais j'ai toujours cette impression qu'il me manque quelque chose. J'ai perdu à la fois l'homme que j'aimais et mon meilleur ami. Est-ce que tu te rends compte que c'est l'une des plus cruelles pertes qui puissent exister ? Je n'avais personne à qui me raccrocher et..."
Hermione s'interrompit en croisant le regard de Severus, elle se rendit compte qu'elle avait été cruelle sans le vouloir dans ses propos. Elle avait totalement oublié Lily, elle semblait minimiser son importance dans le processus de sa guérison alors qu'elle le savait pertinemment, sans son appui, son caractère ombrageux et sa personnalité quelquefois difficile, jamais elle n'aurait pu remonter la pente. Elle posa sa main sur la sienne et lui dit :
"Nous avons tous les deux perdus l'être qui était le plus cher à notre cœur, mais dans mon malheur j'ai eu la chance d'être entouré, d'être aimé et surtout de t'avoir toi, comme ami pour me secouer, pour me donner un électrochoc, pour accepter de continuer à vivre. Je n'aurais jamais pensé dire cela un jour, mais tu es l'un de mes meilleurs amis avec Potter.
- Encore un Potter ! Je n'y échapperais jamais répliqua Severus avec un mélange de sarcasme et de regret.
- Idiot"
Hermione rit, d'un rire doux et clair qui se transforma en fou-rire quand elle posa son regard sur la mer. Voyant l'expression intriguée de son ami, elle lui expliqua que près de chez elle dans la banlieue de Londres, il y avait un petit lac qui chaque hiver sous l'effet du froid se mettait à geler et lorsque la couche de glace était assez épaisse, elle et son père allaient y patiner ensemble.
Quand pour la première fois, elle avait vu le Grand lac de Poudlard, elle avait attendu avec impatience que l'hiver arrive mais le lac jamais ne se pétrifia en une couche épaisse de glace. Et elle regrettait que les grands lacs et les mers ne gèlent jamais parce si c'était le cas, cela signifierait que les petites et les grandes choses, face aux éléments hostiles de l'hiver, seraient traités de la même façon. C'est complètement utopiste mais elle avait toujours rêvé de patiner sur la mer et elle était toujours un peu déçue, l'hiver quand elle voyait les vagues se succéder par rouleau, tout ces petits mouvements qui montraient que ce n'était qu'un rêve.
Severus se leva, s'approcha du bord de l'eau et murmura une incantation et pointa sa baguette en direction de la mer. Un rayon bleu sortit de l'instrument et frappa la surface de l'eau, la gelant sur place. Sur une surface de deux mètres cinquante de large un long corridor de glace s'était formé.
Hermione qui était à côté de lui, battait des mains comme une gamine découvrant un nouveau paquet de noël derrière le sapin. Elle se dépocha de jeter un sort de métamorphose à ses chaussures pour les doter de lames de patin et elle s'élança gaiement sur la piste. Il lui semblait que ce corridor n'avait pas de fin tant l'impression d'infini que l'on ressentait en voyant pour la première fois la mer et l'océan, elle le ressentait en ce moment précis. Hermione rebroussa chemin, peut-être parce qu'elle ne voulait pas voir la limite de cet enchantement, peut-être parce que le froid commencer à la faire frissonner ou peut-être parce qu'elle s'inquiétait de Severus resté sur la plage ou pour un mélange subtil de ces trois raisons.
Elle arriva au bord de la patinoire et se laissa tomber sur la neige avec délectation. Malgré le froid, le fait de patiner lui avait fait retrouver une partie de l'insouciance de sa jeunesse. Elle s'amusait. Elle appuya bien son dos sur le sol et avec ses bras et ses jambes, elle fit de larges mouvements, imprimant sur la neige le dessin d'un ange, sous le regard consterné de Severus. Elle se releva en riant et lui dit en le regardant droit dans les yeux.
"Il fallait bien que j'indique au monde la présence d'un ange dans ce lieu"
Severus haussa un sourcil, s'interrogeant sur le sens de cette phrase et sur ce que cela pourrait dire. Il la vit se diriger vers sa maison et la suivit.
Severus rentra dans la maison qui était déjà ouverte. Il marqua un temps d'arrêt sur le seuil, surpris par ce qu'il voyait devant lui. Dans le salon, un sapin de taille moyenne était recouvert de guirlandes, boules et sucres d'orge. Sur la table, un assortiment de desserts attendaient que l'on viennent les déguster et des coupes de champagne attendaient que l'on verse en elle le breuvage doré. Des paillettes sur la table, parsemées aussi le sol pour former un chemin de lumière jusqu'à l'antre de la cheminée.
Severus s'avança pour admirer l'ensemble. Il tourna son visage vers elle, suspicieux :
"Hermione ?
- Oui, c'est bien moi qui ait un peu aménagé ton salon, je voulais que tu es un vrai Noël
- Comment as-tu fait pour rentrer, il y a bien sûr les sorts de protections mais je sais que tu es assez futé pour passer outre mais il faut aussi la clé, c'est la combinaison des deux qui rend cet endroit infranchissable..."
Hermione mit la main dans la poche intérieure de sa veste et sortit ladite clé en esquissant un sourire
"J'espère que Madame Guipure n'a pas eu trop de mal à raccommoder cette robe ? »
- C'est toi qui... Serpentard !
- Eh, N'insulte pas une Gryffondor !"
Il s'approcha d'elle et lui murmura "dans ma bouche c'est un grand compliment".
Elle s'éloigna un peu de lui et resta pendant de longues secondes, figée au milieu de la pièce regardant avec insistance Severus qui se demandait bien pourquoi elle restait ainsi. Il la vit lever les yeux avec insistance et comme lorsqu'une personne montre du doigt la lune, il leva ses yeux vers le ciel. Une discrète boule de gui était suspendu au
Severus sourit et s'approcha d'Hermione.
"Il me semble que vous attendez que je perpétue encore une de vos traditions de fin d'années ?
- Votre perspicacité est surprenante pour un... Serpentard"
Severus sourit et se pencha vers elle pour poser un délicat baiser sur son front.
Hermione, pendant une poignée de secondes ne dit rien, puis elle le saisit par un bout de sa robe, le rapprocha d'elle et prononça ses mots "Si tu crois que je me suis amusée à refaire la décoration de cette pièce pour ce genre de baiser" tout en montant sur la pointe de ses pieds pour poser ses lèvres sur les siennes.
Severus resta tétanisé par son geste. Il ne réagit pas. Le contact de ses lèvres lui semblaient si irréel, si fantasmagorique, si improbable.
Hermione reposa doucement son talon sur le sol. Il n'avait pas réagit. Elle devait s'être trompée, avoir mal interprété les signes, elle se sentait stupide comme une adolescente ayant le béguin pour son professeur. Elle esquissa un sourire, marmonna quelques mots inintelligibles mais d'un ton pseudo-joyeux, et détourna la tête pour qu'il ne remarque pas la brillance de ses yeux.
Severus était un espion remarquable, un maître de potion excellent, mais un novice en relation et comportement amoureux. Comment devait-il réagir ? La femme dont il était épris venait de l'embrasser, elle venait de faire le premier pas, alors qu'il avait renoncé à accomplir parce qu'il avait peur d'un rejet ou de ne pas savoir aimer et lui s'était transformé en mannequin de cire.
Il devait lui parler, trouver les mots, exprimer ses sentiments.
"Hermione, je..." Elle ne tourna pas son visage vers lui, elle attendait que le couperet tombe. Alors Severus, décida que jamais il ne trouverait les bons mots. La dernière fois qu'il avait tenté d'exprimer un tel sentiment, la porte de la Maison de Gryffondor s'était irrémédiablement fermée sur son amour de jeunesse.
Il prit son visage entre ses mains, et posa avec une certaine violence ses lèvres sur les siennes. Il la dévorait, avide d'elle, voulant la posséder, qu'elle soit sienne. Comme un homme dans le désert qui découvrirait une oasis, il la savourait. Il se désaltérait d'elle. Ce petit soupir de contentement qu'elle émit lui donna des ailles, lui fit devenir plus entreprenant. De sa langue, avec une douceur qui surpris Hermione après ce baiser, il demanda le passage pour approfondir leur baiser. Le côté dominateur du baiser n'était plus. Severus et Hermione s'embrassaient et laissaient les émotions et sensations envahir leurs corps.
" Pourquoi moi, Hermione?
- Parce que tu m'as appris à vouloir continuer de vivre et qu'aujourd'hui je veux vivre ma vie pleinement
- Je..
- Tais-toi, tu es plus doué pour les sarcasmes que pour exprimer tes sentiments. Embrasse-moi, pour les questions et le reste, nous avons tout notre temps"
1Un emprunt à Alfred de Musset : Que j’aime le premier frisson d’hiver