Dec 27, 2006 20:54
***
« - Donc ! »
La poitrine de l’infirmière se gonfla dangereusement, et Marcus se demanda un instant si le bouton fermant la blouse blanche résisterait à cette pression. Peut-être qu’un petit sortilège de gavage ferait l’affaire ?
« - FLINT !! »
La main de Pomfresh s’abattit sur son pauvre crâne déjà pas mal endolori, le faisant grimacer de douleur. Vieille peau ! De l’autre côté de la pièce, Oliver ricana, ce qui lui valut un regard haineux de la part du Serpentard. Marcus observa son travail sur l’autre capitaine. Il était fier de lui. On aurait dit qu’un champignon violet venait de lui pousser sur la joue, ha ha.
« - Les professeurs McGonagall et Snape ne vont pas tarder à arriver. C’est la troisième fois du mois que vous vous retrouvez à l’infirmerie tous les deux ! » les rabroua Mme Pomfresh.
Marcus n’en avait cure. Il était prêt à endurer toutes les détentions du monde pour voir ce joli patchwork de couleurs sur la face de Wood. Au moins, le Gryffondor portait les couleurs de sa maison sur la gueule, ricana-t-il intérieurement. De son côté, il lui manquait une dent et son nez ne devait plus ressembler à rien, mais la satisfaction d’avoir fait payé à Wood sa perversion et sa débauche lui servait d’anesthésiant à la douleur.
Dommage que ça n’ait pas anesthésié la verve de Snape, se dit-il, grimaçant sous le déluge de mépris et de réprimandes qui lui tomba dessus peu après. McGonagall ne fut pas en reste.
« - Et on peut savoir les raisons de ce comportement barbare et immature ? » demanda la professeur de métamorphose, les ailes de son nez se blanchissant de colère.
- Hormis le fait que ce type est une brute épaisse sans cervelle ? lâcha Wood, pendant que Pomfresh lui appliquait une pommade orange sur les joues. Aucune idée !
- Venant d’un élève ayant reçu pour la quatrième fois de l’année un zéro en potions parce qu’il est incapable de faire la différence entre de la belladone et de la menthe, je m’abstiendrais du moindre commentaire sur la stupidité, Mr Wood, dit Snape d’une voix douce.
- Severus ! s’indigna la vieille chouette.
- Oui, Minerva ? »
Le ton onctueux de Snape ne trompait personne, et McGonagall poussa un petit soupir.
« - Nous sommes dans une école, pas dans une rixe de foire, fit-elle claquer sèchement, fusillant les deux capitaines du regard. J’attends de vous une conduite exemplaire, c’est bien entendu ?
- J’ai bien peur que ce soit trop demander à ces deux individus, » dit Snape.
Cette fois, il visait aussi bien Wood que lui. Dommage, Marcus aimait beaucoup regarder sa tête de maison rabaisser les Gryffondors.
« - J’enlève 20 points à Gryffondor pour ce comportement inadmissible, dit Snape, comme s’il lisait dans ses pensées.
- Et 20 à Serpentard pour ce même comportement, lâcha McGonagall, lançant un regard furieux à son cher collègue.
- Vous viendrez dans mon bureau en détention ce soir, Flint, dit Snape. 20h. Ne soyez pas en retard. »
Et sur ce, dans un claquement de robes, il s’en alla. Marcus se sentit seul, tout d’un coup. Si la vieille s’en allait elle aussi, l’air serait plus respirable, non ? Malheureusement, McGonagall ne l’entendit pas de cette oreille.
« - Je dois vous dire que je suis très déçue, Messieurs, dit-elle à nouveau, comme pour être sûre que les deux idiots qui lui faisaient face comprennent bien le message. Je vais devoir en parler au professeur Dumbledore, qui verra quelle sanction appliquer après cette énième bagarre.
- Professeur McGonagall, c’est ce taré qui a commencé ! J’ai--
- Silence ! »
Pauvre petit Wood, même pas apprécié par son professeur principal. S’il n’était pas sous le nez de ce même professeur, Marcus aurait bien rit. En attendant, narguer Wood dans le dos de McGonagall était aussi très satisfaisant.
« - Qu’avez-vous à dire pour votre défense, Mr Flint ? »
Marcus regarda tranquillement le professeur McGonagall et croisa ses bras sur sa poitrine.
« - Alors... Essayons de résumer… Pourquoi avoir frappé Wood ? C’est simple : il est borné, c’est un abruti, il est pitoyable, c’est un aimant à coups, il est pervers, c’est un incroyable fils de p--
- CA SUFFIT ! »
Il y avait quelque chose d’affolant de se faire fusiller du regard par une vieille chouette folle de rage… sans doute parce que cette même vieille chouette avait l’autorité nécessaire pour vous priver de Quidditch jusqu’à la fin de votre scolarité à Poudlard. Ha ha… Hum. Marcus était dans de sales draps.
« - J’étais tranquillement en train de parler à Cédric Diggory quand ce fou furieux s’est jeté sur moi, » dit Wood, prenant son air de fausse victime pathétique.
Ca eut le don d’éveiller chez Marcus une colère qu’il n’avait même pas conscience d’avoir.
« - Tranquillement en train de parler à Diggory ? Tu parles ! cracha-t-il, toujours aussi inexplicablement énervé. Qu’est ce que vous foutiez enfermés dans une salle vide, hein ? Sale pervers !
- Quoi ?
- Espèce de… pédophile !
- QUOI ? FLINT SALE CAFARD PUANT ! COMMENT - »
Avant qu’ils ne puissent avoir une de ces discussions « d’homme à homme » comme ils en avaient l’habitude, McGonagall les avait attaché à leur lit respectif d’un simple coup de baguette, l’air profondément blasé. Marcus était fou de rage. Il allait buter Wood-Wood et en faire de la compote pour Troll.
« - Je pensais avoir affaire à des personnes civilisées mais je me suis lourdement trompée, dit McGonagall. Mr Flint, vous viendrez en détention demain soir dans mon bureau, 18h. Mr Wood, ce soir, 20h. Le professeur Dumbledore sera mis au courant de cet accident. En attendant, réfléchissez à vos actions et méditez sur la signification du mot ‘maturité’. Sur ce, messieurs… »
Sur un dernier regard appuyé, la sorcière s’en alla. Laissant derrière elle deux bêtes en furie, n’ayant qu’une seule volonté : en découdre. Pendant de longues minutes, ils s’échinèrent chacun de leur côté sur les épaisses cordes qui les entravaient, sans grand succès. En dépit de cause, ils durent abandonner mais ce ne fut pas sans rancœur. S’échanger des regards de haine quand on avait la tête à moitié enfouie dans un oreiller faisait perdre beaucoup de charme à la chose.
« - Je te vois venir, dit Oliver entre ses dents serrés. Oh oui… Qu’est-ce que t’essaye de lui faire, à Diggory ? Abruti !
- Qu’est ce que TOI t’essaye de lui faire… Petit con !
- Ne joue pas à ce jeu avec moi. Encore un plan pour tricher au prochain match ? Troll puant !
- Si tu crois que je ne vois pas cette lueur lubrique dans tes yeux, Wood ! Blatte à poils longs !
- Quoi ?
- Ne mens pas !
- Lueur lubrique ? »
La voix de Wood venait de monter d’une octave, et Marcus se serait frotté l’oreille s’il n’était pas attaché.
« - C’est toi qui a une lueur lubrique ! cria Wood, l’air horrifié. Oh… OH ! J’ai compris maintenant ! Flint ! Qu’est ce que tu lui veux à Diggory, pauvre demeuré !?
- Qu’est ce que tu lui veux TOI, crétin dégénéré ! »
Il venait de hurler ces mots de toutes ses forces, et se sentait un peu étourdi, maintenant. Quelque part dans sa loge, Mme Pomfresh avait jeté un sort de Silence dans leur coin de l’infirmerie dès que les premiers cris s’étaient élevés. Personne ne faisait attention à eux.
Wood semblait réfléchir intensément, et l’expression sur son visage boursouflé ne disait rien qui vaille. Quelque chose entre la stupéfaction et le dégoût, passant par une certaine forme de détermination butée.
« - Ok, dit finalement Oliver. Je crois que j’ai compris. Je ne veux absolument pas savoir ce que tu veux faire à Diggory. Je ne veux même pas savoir que tu es de l’autre côté de la barrière. Mais laisse moi te dire un truc : ne l’approche pas. Voila. Garde tes pensées perverses pour toi et… et va te faire cuire une bouse de dragon. Laisse le tranquille. »
Marcus lui jeta un coup d’œil. Wood avait maintenant l’air de quelqu’un qui avait rassemblé tout son courage pour faire une bonne action et qui venait de soulager sa conscience grâce à elle. L’abruti hocha de la tête et eut un faible sourire. Salazar. Le poing de Marcus le démangeait, c’était insoutenable.
« - Si tu insinues que je suis gay, commença-t-il lentement, tu as tort. Complètement et irrémédiablement tort. Maintenant, lâcha-t-il plus durement, c’est toi qui va le laisser tranquille, pauvre imbécile.
- Hey, y a pas de mal à l’être, hein, marmonna Wood, sans grande conviction. Reste juste éloigné de moi, ok ? »
Marcus lui dédia une grimace dégoûtée.
« - Si tu crois que je veux te toucher… Pouah ! »
L’air soulagé de Wood avait quelque chose de vexant, mais aussi d’incroyablement réconfortant. Vu sous ce nouvel angle, ça voulait dire que ce niais de Poufsouffle ne risquait rien en sa compagnie. Ah, Marcus était vraiment trop bon de veiller sur l’innocence de son cadet - en même temps, il n’oubliait pas qu’il avait une discussion sérieuse à avoir avec lui, et c’était irritant d’être coincé à l’infirmerie alors qu’une telle urgence attendait qu’on s’occupe d’elle ; il avait vraiment, vraiment besoin de parler à Cédric. Et il accentuait sur le ‘vraiment’.
A la seconde même où les pulsions meurtrières des deux garçons s’étaient éteintes, les cordes qui les entravaient disparurent dans une légère fumée. Ils ne dirent rien quand ils se relevèrent, chacun dans son coin de l’infirmerie. Marcus vérifia qu’il était bien en un seul morceau et fit craquer sa nuque. Ok. Prochaine étape, traquer Diggory. Il sortit de l’infirmerie, sans dédier le moindre regard à Wood, qui ne méritait même pas sa considération, tout bien réfléchi. Il aurait tout le temps de trouver une nouvelle collection d’insultes à lui sortir la prochaine fois qu’il le verrait.
Oliver regarda Marcus partir sans un mot. Il ne voulait absolument pas savoir ce qu’il comptait faire, ni qui il comptait aller voir. Erk. L’image mentale était plus que dérangeante. Merlin, il allait devoir demander à Mme Pomfresh une potion de sommeil s’il ne voulait pas cauchemarder cette nuit… Et peut-être qu’il devrait en commander une pour Diggory aussi. Ha ha.
marcus/cedric,
fic,
harry potter,
etrange melodie