La ville enterrait les gens
Et assassinait leur souvenir.
"But if you believe in the world Im calling
And if you belong in the world I saw,
And if you believe in the world Im calling,
You'll be strong"
"Our Lady Peace?", se dit-il, l'esprit encore embrouillé par un sommeil profond et noir. Il savait que la voix n'était pas un rêve. Il ne rêvait jamais depuis qu'il était dans cette ville. Seul le noir du repos remplissait ses nuits. La voix lui avait parlé pendant son bref passage dans cet univers étrange entre le néant du sommeil et cette immuable réalité.
" Les choses changent, Francois."
Il se frotta les yeux. Il était toujours seul, mais la voix venait de lui murmurer à l'oreille. Il connaissait cette voix. Elle ressemblait beaucoup à la sienne, avec une douceur qu'il n'a jamais eu, même dans ses meilleurs moments de bonheur.
" Un autre mystère, Chef?", dit-il à voix haute.
Aucune réponse.
Il se leva. La pièce était beaucoup plus élégante qu'à son couché. Une grande pièce aux murs vers pistache avec un planché de bois flottant, meublée d'une grand lit à couvertures pourpres, d'un meuble portant un vieil ordinateur des années 80 et d'une table, où se trouvait ses quelques effets personnels. Ce matin, il possêdait un cellulaire, son porte-feuille et une boite de cigarios. Il connaissait cet endroit et il en reconnaissait l'odeur, un mélange de bois sec, de poussière, d'humidité. Il se sentait bien ici. Un peu de lumière filtrait à travers la fenêtre, mais la neige en masquait la majorité. Il était dans un sous-sol.
"Mmm, ça serait nice de me réveiller ici plus souvent," pensa-t'il.
Il se leva et ouvrit la porte. Elle donnait sur un couloir rempli d'enfant. Aux livres que la plupart portaient, il s'agissait d'écoliers. Le couloir s'étendant à l'infini apparament, était flanqué assez régulièrement.de porte et de palliers d'escaliers à gauche et à droite. La foule était presque dense et le bruit cacophonique. Les enfants, filles et garçons, passaient autour de lui, le contournant sans même signifier qu'il le voyait. Ils l'évitaient, mais il avait l'impression qu'ils ne le voyaient pas, ou l'ignorait.
Puis il entendit les rires.
Sortit directement des abysses de ses oublies, un souvenir qu'il détestait prenait vie devant lui... Il reconnu quelques uns des gamins. Un jeune garçon, pas très grand et plutôt maigre accrocha son regards. Grosses lunettes, coupe champignon et quelques livres "Dont vous êtes le Héro". Il aurait été nostalgique à sa vue, mais pas dans ses cisconstances. Autour du gamin, quelques autres jeunes, mais plus grands, ou gros, et laids, le bousculaient, le poussaient, tentaient de le faire trébucher ou voler ses livres. Il sentait la colère bouillir dans le coeur du gamin. La haine et la honte d'être le souffre douleur de ses jeunes imbéciles... La même haine qui brulait en lui.
" Peu de cruauté dépasse celle des enfants ".
La même voix qui lui avait parlé ce matin. Et il connaissait la signification des mots. Des mots qu'il avait observé et dit lui-même voilà bien longtemps. Il se retourna pour tenter de voir le porteur de la voix, mais il ne voyait que le torrent de gamins courant et bourdonnant et ricannant comme autant de goblins et vermines sortis d'enfer. Et les rires des brutes bousculant le petit lecteur de livres fantastiques redoublèrent. Le garçon était maintant par terre, lunettes dans les mains, un verre brisé. Une des brutes avaient impressionné ses amis en le frappant au visage. Un peu de sang coulait du nez du jeune, qui serrait les temps de toutes ses forces pour retenir ses larmes.
Et il ne pouvait rien faire... À quoi bon se battre contre ses visions... Mais la bile remontait dans le fond de sa gorge, donnant un goût acide à sa colère. Puis il aperçu quelqu'un avançant vers le groupe de brutes. Il était grand, adulte de toute évidence, et très élégant. Il ressemblait de façon frappante à l'homme qu'il avait vu voilà peu de temps dans les escaliers. Celui qui s'était fait bruler la cervelle. Mais il était différent d'une certaine manière... Plus vieux un peu... le regard plus doux, paisible. Il s'avançait d'un pas sûr et lent. Il portait un costume noir et une cravate blanche, complété avec des cheveux longs et dressés sur la tête en pointes.
Jamais la brute n'aperçut l'homme s'avançant vers lui. Debout et fier de lui, fier de brutaliser pour une enième fois le même gamin, il se tenait devant lui et le menaçait. Comme si la destruction de ses verres et la blessure n'étaient pas suffisante. Il apparaissait fort et cruel devant la pathétique garçon, toujours à genou, tentant de ramasser ses livres.
Jamais la brute n'entendit le sabre sortir de son fourreau.
L'homme derrière lui avait sortir un sabre japonais du sabre dissimuler dans son dos. Personne ne semblait remarquer se qui allait se passer. Personne, sauf le gamin. Il releva les yeux et regarda par delà son bourreau et aperçu l'homme s'avancer. La stupéfaction le pétrifia une seconde.
Puis le coup siffla, fendit l'air avec une précision experte. Deux coups se fit entendre. Deux cruels coupures derrière les genous du repoussant bourreau le força a tomber à genous. La surprise et la douleur tordirent son visage en une grimace aux allures porcines. Il tomba devant le gamin, qui se releva...
Puis un troisième sifflement. La lame découpa le cou du porc avec une aisance presque surnaturelle, comme si les cellules de peau s'écartait devant la lame pour la laisser passer. Les veines et artères s'éventrèrent, relâchant les flots d'hémoglobines pousser par les battements terrorisés du coeur de la brute. La colonne vertébrale ne donna qu'un minimum de résistance et se trancha avec un bruit sourd, le genre de bruit commun chez le boucher, puis la lame resortit, avec presque aucun marque de sang, de l'autre côté. Le visage du tueur était tout aussi calme, presque soulagé, comme s'il venait d'aider quelqu'un à se relever d'une mauvaise chute.
Le sang éclaboussa tous les gamins aux alentours. Autant les brutes que la foule des jeunes cruels qui riaient, autant que les murs et le planché, autant que le jeune gamins. Tous étaient horrifiés, tous sauf trois.
Tout au long, il avait regardé. Étrangement, il sentit une grande satisfaction l'envahir à l'instant où le sang avait commencé à couler. La même joie se dessinait sur le visage du gamins. Le sang lui coulant du visage et le large sourire étonnée lui donnaient un air perturbant.
Le temps semblait s'être arrêté, ralentit. Des goutes de sang tombaient en pluie à une vitesse impossiblement lente. Tous étaient ralentit, les bruits aussi, tordant les cris d'horreur en une plainte grave et sordide. Seul lui et le tueur semblaient échappé au ralentissement. Il s'avança de quelques pas, s'étonnant une seconde de l'effet du sang que sa chemise absorbait au passage. Le tueur n'avait pas une tache sur lui. Son sabre avait disparut.
" He had it coming.", dit-il, avec un accent francophone assez prononcé.
" Je sais ", sa réponse l'étonnait lui-même.
" Croirais-tu à un monde sans ses souvenirs douloureux?".
Et déjà, suivant ses mots, la scêne commençait à s'effacer. Les gamins étaient disparuent, les bruits s'évanouissaient lentement. Et il avait déjà oublié le nom du décapité qu'il connaissait comme "Alexy" quelques secondes plus tard. Il combattit avec sa mémoire quelques secondes, mais sans effet. Tout était partit maintenant.
Et une étrange légèreté remplaçait se qu'il ressentait voilà quelques instant.
" Un regret de moins. Une honte enterré. "
Il secoua la tête... Il comprenait à peine se qui venait de se passer. Il comprenait une chose. Une partit de lui venait de mourir. Un vide avait remplacé un de ses souvenirs.
" Qu'as-tu fais ? ", lui cria-t'il.
" Je t'ai libéré d'une douleur inutile. ", répondit le tueur. Puis il n'était plus là. Simplement disparut.
Il était seul, dans un couloir d'école. D'énormes tâches brunes ressemblant à du sang sêché, recouvrait le sol, les murs et certains endroits au plafond. Quelques enfants sortaient des classes et des couloirs et passaient autour de lui. Il remarqua à travers la foule un gamin plutôt maigre, avec des grosses lunettes, une coupe champignon et quelques livres de fantaisies dans ses mains. Un gros sourire illuminait son visage. Les autres enfants étaient gentils avec lui, lui souriait, le saluait. Il passa devant lui et lui envoya la main sans s'arrêter. Une parfaite journée calme dans un couloir d'école qu'il avait déjà vu... Et étrangement, cette perfection lui semblait fausse.
" Car les enfants sont souvent cruels ", murmura-t'il pour lui-même...