Titre : Des pirates et des hommes
Auteur : Mélie
Fandom : Pirates des Caraïbes
Couple : Sparrington
Rating : Allez, PG-13…
Pour
modocanis… vu que j'ai loupé l'anniversaire, ben… Joyeuses Pâques ? Non, loupé aussi. Joyeux Premier Avril ? Itoo. Suis vraiment pas douée >.<
… joyeux bientôt-mois-de-mai-ou-pas-mais-c'est-pas-grave, na !
Honteusement pompé à partir d'un des rêves de cette chère
modocanis, d'ailleurs.
Tout commença sur une île déserte au milieu de la mer des Caraïbes.
Ou tout du moins, tout près d'une île déserte au milieu de la mer des Caraïbes
***
Le Commodore James Norrington poussa un long soupir. Certes, ces derniers jours avaient été loin d'être aisés. Ils avaient dû faire face à plusieurs tempêtes, et le HMS Dauntless n'en avait réchappé que de justesse. Et pendant tout ce temps, le Black Pearl les avait nargués. Comme d'habitude.
Il était donc normal que ses hommes soient quelque peu lassés de cette aventure. Et il lui fallait à tout prix éviter une mutinerie.
"Très bien, très bien, abandonna-t-il en levant les mains. J'irai seul."
Des regards plus qu'ahuris convergèrent vers lui. Quelques protestations s'élevèrent, mais se turent rapidement. Personne ne tenait à l'accompagner. Pourtant, l'île n'avait pas l'air bien plus hostile que les précédentes.
Norrington se résigna donc à s'y rendre seul. C'était peut-être mieux ainsi. Plus discret, déjà.
Ce qu'il ferait, face à Sparrow et son équipage de mécréants ? Il n'en avait aucune idée. Mais s'il contournait l'île, ils ne le verraient probablement pas arriver. Il n'aurait alors qu'à repérer leur campement et leurs intentions, puis revenir avec des renforts. En espérant que son propre équipage comprendrait le signal.
***
Le capitaine Jack Sparrow eût un sourire presque nerveux. Oh, certes, les derniers jours n'avaient pas été les meilleurs de son commandement. Ils avaient eu affaire à plusieurs tempêtes, et si le Black Pearl s'en était sorti sans aucun dommage - le contraire n'était de toute en aucun cas envisageable -, la bande de flemmards à son bord n'avait plus désormais qu'un seul mot à la bouche : "repos".
S'il ne prenait pas une décision immédiatement, cela pourrait mal tourner.
"Très bien, très bien, abandonna-t-il en faisant de grands mouvements avec ses bras. J'irai donc seul."
Il y eu quelques regards surpris, mais personne ne protesta. Tiens donc, pas pressés d'accompagner leur capitaine sur une île inconnue ? Il avait une carte, pourtant, cette fois… et son fameux compas.
"Mais je tiens à ce que le Black Pearl soit impeccable à mon retour ! Est-ce compris, Monsieur Gibbs ?"
***
Norrington s'empressa de camoufler sa barque parmi les arbres. Le Black Pearl ne prendrait certainement pas la peine de faire le tour de l'île, et de toute manière Sparrow ne pouvait qu'être au courant de la présence du HMS Dauntless non loin, mais avec un peu de chance il réussirait à ne pas se faire repérer.
Et si Sparrow réussissait à s'échapper des geôles de la Royal Navy même gardées par des soldats autres que Murtogg et Mullroy, James devrait pouvoir s'échapper de la cale où il risquait fort d'être enfermé et "emprunter" une barque. S'il ne se faisait pas tuer sur le coup, certes. Mais Sparrow préférerait probablement l'humilier d'abord.
Le Commodore vérifia tout de même la présence de son sabre à son côté. On n'était jamais sûr de rien, avec les pirates… malgré leurs prétendus codes d'honneur, ils n'étaient que de viles malotrus… et Sparrow n'échappait pas à la règle.
Norrington marcha longuement à travers la forêt. L'île avait l'avantage de ne pas être bien grande. Il l'aurait traversée en moins de deux heures. Une fois parvenu à la plage, si Sparrow et ses hommes l'avaient déjà quittée, il n'aurait qu'à suivre leurs traces. Et il savait par expérience que les hommes du pirates n'étaient pas plus discrets que les siens en la matière…
***
Jack Sparrow avait une carte, certes. Et certes, il savait la déchiffrer. Il ne pouvait pas être perdu. Pas avec une carte qu'il savait déchiffrer.
Non. C'était juste le paysage qui ne s'accordait pas avec la carte.
Et le compas qui avait un peu de mal à suivre.
Le capitaine du Black Pearl ne fit pas demi-tour pour autant. Tout d'abord, il n'avait aucune idée d'où il se retrouverait s'il devait faire demi-tour. Et puis, il était hors de question d'abandonner. Pas si près du but.
Il trancha une branche d'un coup de sabre. Non pas parce qu'elle le gênait particulièrement dans son avancée. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment, tout simplement.
Le soleil commençait à perdre de l'altitude lorsqu'il finit par trouver une clairière. Forcément la bonne. Il n'y avait pas trente six mille clairières sur cette île, après tout.
Le tout était à présent de trouver la tête de singe. Là-dessus, la carte n'était pas très précise. Le dessin ressemblait relativement à un rocher, mais il pouvait très bien s'agir d'un gros arbre.
"Dites-moi, Commodore, si vous n'êtes pas trop occupé bien sûr… ça vous ennuierait de m'aider ?"
***
Norrington ne voulait même pas savoir comment Jack l'avait repéré. Mais bien évidemment, le pirate n'allait pas se priver de lui en donner la réponse tandis qu'il sortait des buissons pour venir se planter face à lui.
"Le bleu vous va si bien…
- Sparrow, vous êtes…
- En état d'arrestation, je sais, je sais, soupira le pirate en secouant la main. Et c'est capitaine. Capitaine Jack Sparrow. Mais bon, en attendant, pourriez-vous me dire si ce dessin, là… pour vous, c'est un arbre ou un rocher ?"
Et voilà qu'il lui collait une carte sous le nez. Norrington prit malgré lui le parchemin du bout des doigts et commença à l'observer, tout en gardant un œil sur son… prisonnier ? Dont les doigts sales indiquaient une figure plutôt mal dessinée.
"Un rocher, répondit machinalement le Commodore.
- Je vous remercie, enchaîna l'autre en reprenant la carte. A présent, si vous voulez m'excuser, j'ai dû me tromper de clairière…
- Sparrow !"
Le cri fut suivit d'un grondement de tonnerre. Le ciel s'était couvert de nuages depuis quelques minutes. La tempête n'allait pas tarder… fort heureusement, la barque était à l'abri.
Le pirate se retourna avec un mine agacée.
"Capitaine !
- Vous êtes…"
Nouveau grondement de tonnerre. La pluie commença à tomber.
Sans accorder un seul regard au sabre que Norrington venait de sortir, sans même faire mine de tirer sa propre arme, Sparrow hocha la tête.
"Je crois qu'il va falloir attendre demain pour rejoindre le HMS Dauntless. Et si j'étais vous, je…"
Il fit un signe vers la forêt.
"… me mettrais à l'abri. Et vite."
Avant de disparaître.
Ravalant un juron, Norrington courut à sa poursuite.
***
"Vous pouvez me lâcher, Commodore, siffla Jack d'un air faussement indigné. Je ne risque pas d'aller loin, avec un temps pareil."
L'autre ignora sa remarque, persistant à lui tenir la manche. Le pirate leva les yeux au ciel.
"A votre guise."
Ils s'étaient réfugiés sous un arbre dont les larges branches avaient au moins l'avantage de les protéger de la pluie. Depuis leur arrivée là, le Commodore n'avait pas dit un mot, se contentant d'agripper le bras de Jack et de scruter le ciel dans l'attente d'une accalmie.
"De toute façon, continua nonchalamment Jack, nous avons tout notre temps. Le HMS Dauntless comme le Black Pearl se sera probablement éloigné. Et votre barque…
- Est à l'abri."
Oh. Enfin, un peu de civilisation.
"Mmh, ça, j'en doute, James.
- C'est "Commodore" pour vous, Sparrow.
- Capitaine. James. Et votre barque n'est certainement pas suffisamment à l'abri.
- Et pourquoi cela, Sparrow ?
- Capitaine. Vous ne connaissez pas cette île, James.
- Parce que vous, vous la connaissez… Sparrow ?"
Outre le "capitaine" de rigueur, Jack n'offrit pas plus de réponse qu'un sourire énigmatique. Norrington leva les yeux au ciel.
Qui commençait à s'éclaircir.
***
"Vous disiez ?"
Pas facile, de rechercher une barque tout en gardant un œil sur un pirate. Pourtant, Jack n'avait pas l'air de faire mine de s'enfuir. Il semblait parfois à Norrington qu'il ne s'enfuyait que lorsque le commodore était accompagné. Encore une bizarrerie de pirates. Ou une bizarrerie de Sparrow.
Quoiqu'il en soit, les faits étaient là : la barque manquait à l'appel. Il était pourtant persuadé de l'avoir mise à l'abri…
Norrington sortit son sabre et le pointa brusquement vers la gorge de Sparrow.
"Qu'est-ce que vous avez encore mijoté ?
- Doucement, James, doucement…
- Où est ma barque ?
- Je n'en ai pas la moindre idée, répondit le pirate en haussant les épaules. Mais je parierais sur les cannibales.
- Je vous demande pardon ?
- Des cannibales. Il y a toujours des cannibales. Pourquoi vous croyez que je reste près de vous ? Entre un contre cent et deux contre cent… y a toujours une chance qu'ils vous attrapent avant moi."
C'était d'une logique…
"Dans ce cas, comment comptez-vous nous… vous en sortir ?
- Il reste toujours ma barque.
- Votre barque. Evidemment. Très bien cachée, je suppose.
- Mieux que la vôtre, en tout cas, James.
- Et je suppose, Sparrow, que vous allez m'obliger à traverser toute l'île en me faisant miroiter l'espoir de prendre le large dans votre barque, puis m'abandonner lâchement sur la plage ?
- Capitaine. En gros, c'est cela, oui. A un ou deux détails près."
Norrington en eût presque un rire nerveux.
"Merci, Sparrow, mais j'aime mieux rester ici, dans ce cas.
- Capitaine. A votre guise, James, mais… il me semble que je suis toujours en état d'arrestation ?"
Voilà qui était plutôt inattendu.
"… oui, répondit-il d'un air méfiant.
- Donc, continua Jack, mon geôlier doit m'accompagner où que j'aille.
- …
- Et je ne vois pas d'autre geôlier ici que vous, James.
- … qu'est-ce que vous voulez, Sparrow ?
- Capitaine. Et je ne veux rien, absolument rien."
Norrington croisa les bras et attendit, soutenant le regard du pirate. Mieux valait regarder ses yeux que son sourire. Quoique.
"… bien sûr, s'il advient que je parviens à trouver ma clairière, vous pourrez toujours m'aider à creuser."
Et voilà.
"Laissez-moi récapituler, Sparrow…
- Capitaine.
- Je vous suis, je vous aide à trouver votre trésor…
- Qui a parlé de trésor ?
- … je creuse à votre place…
- Si c'est si gentiment proposé… je ne peux refuser…
- … je vous aide à combattre des cannibales…
- Oh, si ça se trouve, ils sont végétariens.
- … et vous m'abandonnez sur la plage ?
- Après tout ce que vous aurez fait pour moi, ce serait cruel…
- Mais digne de vous.
- Voyons, James…
- Epargnez-moi vos sourires, Sparrow."
Le pirate soupira.
"James, James, James… alors, on y va ?"
***
Bien sûr, ce cher Commodore avait décidé que Jack marcherait devant. Pour mieux lui coller son sabre dans le dos. Comme s'il n'avait pas envie d'avancer !
"Vous savez, James, vous devriez enlever votre perruque. Il doit faire une chaleur, là-dessous !"
Pas de réponse.
"Dîtes, James, pourrait-on faire une pause ? J'ai besoin de consulter ma carte. Et mon compas"
Un soupir. La pression dans son dos se fit moins insistante. Jack se retourna avec un grand sourire.
"Je vous remercie, mon cher…"
Aucune expression manifeste ne traversa le visage du Commodore. Bon.
Ce fut loin d'être aisé. Il tenta bien de tourner autour de Norrington, discrètement. Mais le Commodore refusait de le quitter des yeux une seule seconde.
"Puis-je savoir à quoi vous jouez, Sparrow ?"
Il haussa les épaules et fit mine de reculer.
"Mais rien, James, rien du tout, je regardais juste… le paysage… derrière vous…"
Le regard insistant de Norrington lui prouva qu'il n'en croyait pas une parole. Tant pis…
Il essaya une autre tactique.
"Mmh… pourriez-vous vous retourner ? Il faut que je consulte mon compas.
- Faîtes donc.
- C'est un compas magique. Cela m'ennuierait que vous…
- Sparrow.
- Capitaine. Très bien…"
Il ne prit pas la peine de sortir le compas. Il savait parfaitement ce qu'il indiquerait.
A la place, Jack trébucha.
Lorsqu'il se releva, il l'avait. Il se dépêcha de faire quelques sauts en arrière, tandis qu'un Commodore aux longs cheveux bruns ébouriffés, pour le moins interloqué, se relevait avec un temps de retard.
Norrington passa la main dans ses cheveux, sembla sur le point de dire quelque chose, préféra se raviser et lever les yeux au ciel.
"Très bien. Gardez la. Elle doit déjà être pleine de puces…"
Jack sourit.
Le Commodore ne cilla même pas lorsqu'il accrocha la perruque à un bâton et la leva, tel un trophée, tandis qu'ils marchaient l'un derrière l'autre.
To be continued…