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31_jours ^_^
Titre : Les étagères
Auteur: Mélie, a.k.a.
gribouilleJour/Thème: 2 juillet / Conquête
Fandom: Phenomena (Original)
Personnage/Couple: Harmonie et Franz Sillice.
Rating: G
Warnings éventuels: Choupinesse extrême ?
Disclaimer: A moiiii ^____^
Cette fic est dédiée à l'équipe de Matsuri ^____^
Franz Sillice aimait travailler tard dans sa bibliothèque. En vérité, le travail n'était qu'un prétexte pour être seul avec ses livres. Ses livres, ses étagères, son monde. Elegance faisait ses devoirs, Evy l'y aidait - si tant est que la petite avait besoin d'aide - et Franz, lui, se retirait dans son sanctuaire.
Mais peu à peu, les choses avaient changé.
Au début, Harmonie ne savait pas encore lire, aussi elle n'y venait que pour jouer, avec une ou deux poupées ou autres accessoires. C'était une enfant très discrète, pour ainsi dire silencieuse, aussi Franz l'avait-il accepté. Et lorsque sa cadette se fatiguait, il la laissait reposer contre ses jambes, et restait immobile, son seul mouvement consistant à tourner les pages, jusqu'à ce qu'il soit venu l'heure, pour lui aussi, de se coucher. Il déposait Harmonie dans son lit et la bordait gentiment avant de rejoindre le sien.
Puis il y avait eu les livres d'images qu'elle amenait avec elle. Elle aurait aussi bien pu les consulter dans sa chambre, mais il semblait que, malgré son très jeune âge, la petite fille avait compris ce qu'il y avait de sacré dans la bibliothèque. Jamais elle ne prononçait un mot, pas même pour demander le sens des images - là où Elegance avait besoin de s'exprimer pour assimiler, Harmonie le faisait d'elle-même, de peur de déranger, peut-être. Un jour, Franz avait fait un peu de rangement dans les étagères du bas, et le lendemain la cadette des filles Sillice avait retrouvé ses livres d'images tout en bas de la bibliothèque, pile à sa portée.
Progressivement, Harmonie avait appris à lire.
Elle s'était alors lancée, silencieusement, dans la conquête de la bibliothèque.
Elle avait commencé par les livres que ses petites mains pouvaient attraper. Puis Franz avait laissé traîner un tabouret. Enfin, il avait appris à garder un œil sur sa fille, et à se lever sans même qu'elle ait besoin de demander - ce qu'elle n'aurait probablement pas osé, étant donné sa timidité extrême.
Lorsqu'elle se fatiguait, il la laissait s'endormir, la tête posée sur ses genoux, et finissait lui-même son livre, avant de la réveiller gentiment pour lui faire rejoindre son lit.
Peu à peu, les étagères s'étaient laissées faire. Franz les réorganisait de temps en temps, de façon à ce que sa fille y trouvât des choses qui lui plairaient, et qui l'instruiraient dans le même mouvement.
Enfin arriva un jour où Harmonie ouvrit un livre qu'elle ne pouvait comprendre.
Derrière ses lunettes rondes, Franz Sillice observa sa fille, passer la main sur les caractères inconnus, lever la tête, chercher des éditions bilingues dans les étagères. Le professeur de littérature sourit.
"Si tu veux lire Platon dans le texte, il va te falloir apprendre le grec ancien."
Les grands yeux verts le regardèrent avec envie.
"A moins que..."
Il prit gentiment le livre et le reposa à sa place, pour en prendre un autre.
"... le latin... oui, le latin serait peut-être plus à ta portée. Qu'en dis-tu, Harmonie ?
- ... je... je ne sais pas. Est-ce que… tu pourrais apprendre les deux ? S'il-te-plaît ?
- Evidemment."
Les joues de sa fille se colorèrent sous l'effet du plaisir.
Et ainsi, il l'aida dans sa conquête des étagères de la bibliothèque. Jusqu'au jour où elle put reprendre le Platon qui l'avait tentée la première fois.
Alors Harmonie s'installa, la tête calée contre les jambes de son père, une main posée sur un dictionnaire, l'autre tenant le précieux ouvrage.
Et Franz la regardait de temps en temps, tout en finissant son propre livre.
Jusqu'à ce que les yeux verts de sa fille quittent La République quelques instants, qu'elle tourne la tête et lui sourit timidement. Elle n'eut pas besoin d'en dire plus, et il n'eut pas besoin de se pencher pour voir où elle en était.
Là, au beau milieu de sa conquête de la bibliothèque, parmi quelques caractères grecs, Harmonie venait de découvrir l'origine de son propre prénom.
FIN.