Je suis suis une fan inconditionnelle de Harry Potter, et en m'intéressant aux fanfics récemment, je me suis également intéressée à Charlie Weasley^^ Voici deux petits OS le concernant.
Crédits : l'univers sur lequel je me base appartient entièrement à J.K. Rowling.
Le premier, alors que Charlie joue l'oncle modèle avec sa nièce Lily :
Les deux gamins se précipitèrent vers la silhouette trapue, sombre sous le soleil, qui se profilait au loin. Le sourire de leur oncle s'élargissait à mesure qu'ils approchaient, et il éclata d'un grand rire lorsqu'il se jetèrent dans ses bras ; de multiples petites rides apparurent au coin de sa bouche et de ses yeux, tandis qu’il entourait ses neveux de ses bras musculeux et couverts de cicatrices. Il ébouriffa les cheveux de James et Albus, respectivement roux et châtains aux reflets cuivrés, puis releva la tête.
Il posa son regard sur les trois silhouettes qui se dirigeaient vers lui. Elles formaient un M masjucule, deux grandes encadrant une beaucoup plus petite. Lily avançait sagement, tenant la main de ses parents, les yeux un peu plissés en raison du soleil qui l’éblouissait. Arrivés devant Charlie, Ginny lui sourit intensément puis le serra dans ses bras, ou plutôt, dans son bras, puisque l’autre tenait toujours la main de Lily. Harry se contenta d’une poignée de main franche avec des yeux sereins, puis l’oncle s’accroupit pour se mettre à la hauteur de sa nièce.
« Ca va, Lily ? »
La fillette hocha la tête en signe d’assentiment.
« Tu me fais un bisou ? » demanda Charlie, en désignant sa joue gauche.
Elle le fixa quelques secondes, puis dit, en laissant trainer la dernière syllabe : « Pourquoi ? »
Son oncle sourit, se pencha et l’embrassa sur le front.
•••
Les Potter passaient du bon temps chez Charlie. Il habitait dans une maison tranquille, située dans un endroit retiré. Les espaces étaient grands et les enfants les mettaient à profit pour inventer toutes sortes d’histoires de moldus, de sorciers, de grands mages noirs, de potions qui explosent… De dragons.
« Lily veut voir les dragons de Tonton Charlie. » dit un jour la petite rousse.
Charlie la regarda, étonné, puis se tourna vers ses parents. Ginny soupira.
« Oui, elle parle toujours d’elle à la troisième personne, et des autres aussi, quand elle s’adresse à eux… »
Charlie resta interloqué un instant, n’ayant auparavant guère eu l’occasion d’entendre parler sa nièce, puis un rire s’échappa de sa gorge.
« Sacrée Lily ! En tout cas…Tu ne peux pas voir les dragons, Lily. Ils sont très dangereux, il faut être plus grand pour cela. »
Lily plongea son regard déçu dans sa soupe.
A la fin du repas, ils débarrassèrent la table et les enfants montèrent se coucher. Les adultes discutèrent jusqu’à une certaine heure, puis décidèrent qu’il était temps pour eux aussi de trouver le sommeil. Charlie souhaita bonne nuit à sa sœur et son mari, mais, au lieu de monter immédiatement, sortit dans le jardin pour contempler les étoiles. Cela lui arrivait, de temps en temps. Il les regardait arriver, au fur et à mesure, et souvent il regrettait de ne jamais avoir prêté attention en cours d’astronomie.
Il regardait le ciel depuis un petit moment, allongé sur le sol, quand il entendit un froissement dans l’herbe du soir. Tordant sa nuque vers l’arrière, il aperçut Lily qui s’avançait vers lui.
« Lily ? Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda-t-il.
« Lily avait envie de boire, et elle a vu Tonton Charlie… Et qu’est-ce qu’il fait, Tonton Charlie ? » interrogea-t-elle à son tour.
« Il regarde les étoiles. »
La petite fille s’allongea à côté de lui.
« C’est joli… » Murmura Lily. « Est-ce que Lily peut les toucher ?
- Ha ça… Non, tu ne peux pas, Lily.
- C’est pour les grands, ça aussi ? »
Charlie resta silencieux quelques secondes.
« Non… Les étoiles, ce n’est pour personne, Lily. »
La fillette soupira. Elle s’allongea et, comme son oncle, mit ses mains sous sa tête pour contempler les astres brillants de la voie lactée. Elle bailla.
« Lily… Au dodo !
- Non !
- Pas de discussion !
- Lily veut rester avec Tonton Charlie.
- On pourra discuter demain. »
Lily ne l’écoutait pas.
« Lily est amoureuse de Tonton Charlie. »
Son oncle ouvrit de grands yeux. Puis il éclata de rire.
« Sacrée Lily ! Ce n’est pas possible !
- Pourquoi ? » demanda la fillette, agacée que tout lui soit ainsi refusé.
« Parce que… Eh bien parce que je suis ton oncle. Tu es trop jeune, Lily.
- Non, Lily est pas trop jeune ! »
Charlie la regarda un instant, puis tourna à nouveau ses yeux vers les étoiles.
« Tu ne peux pas être ma femme ou mon amoureuse Lily… Alors que dirais-tu d’être ma princesse ?
- La princesse de Tonton Charlie ? C’est mieux qu’être son amoureuse ?
- Beaucoup mieux.
- Pourquoi ?
- Parce que le lien qui nous unit... » Il pointa son cœur du doigt, puis cela de la fillette. « … Ne peut pas se briser. »
Lily contemplait Tonton Charlie.
« Lily est la princesse de Tonton Charlie », souffla-t-elle aux étoiles.
•••
Les Potter devaient passer deux petites semaines chez Charlie Weasley. Ce jour-là, il était prévu de visiter la ville proche ; aucun ne connaissait la Roumanie, c’eût été l’occasion. Malheureusement, le ciel semblait en avoir décidé autrement. Dès le matin, des nuages gris se profilaient au loin ; vers midi, ils s’amoncelaient au-dessus de leurs têtes d’un air menaçant. La chaleur étouffante qui régnait sur le petit hameau laissait présager une averse prochaine, si ce ne fut un véritable déluge. Prudente, la petite famille préféra rester à la maison.
Les enfants poussaient de grands cris en se tuant à coup de baguettes magiques invisibles, lorsqu’un grondement se fit entendre. Il était dix-neuf heures, ils auraient pu aller en ville, finalement. Pour le moment cependant, seul comptait pour la mère inquiète de ramener ses petits à l’intérieur. Lily regardait les nuages noirs derrière les fenêtres de la maison. Lorsqu’un premier grondement s’était fait entendre, alors qu’elle jouait dehors en compagnie de ses frères, elle avait crié en courant et se bouchant les oreilles.
A présent, fascinée, elle contemplait.
« Lily, viens manger, dernière fois ! »
Il y eut un flash éblouissant. La jeune fille s’éloigna de la fenêtre pour passer à table. Après le dîner, elle voulut se coucher immédiatement. Elle se sentait mieux protégée dans son lit. Sa mère la changea, lui lut une histoire et lui fit un bisou avant d’éteindre la lumière. Au dehors, l’orage grondait toujours. Lily restait pelotonnée sous ses draps, bien qu’elle eût du mal à respirer à cause de la chaleur. Ses deux frères la rejoignirent bientôt. Ils se chamaillèrent un peu, répétant le quotidien qu’elle connaissait si bien, puis se couchèrent à leur tour.
La pluie tapait contre les carreaux comme autant de dagues lancées pour les transpercer. Lily entendait ses gouttes meurtrières qui tentaient de l’atteindre ; elle ne voulait pas les voir. Soudain, un grondement plus fort que les autres se fit entendre. La fillette commença alors à sangloter, doucement, avec des petits bruits d’animal blessé. Nouveau grondement. Les joues humides, Lily passa la tête avec hésitation en dehors de ses draps. Les volets n’étaient pas fermés. Elle repoussa le tissu qui la recouvrait d’un coup, sauta de son lit et sortit de la chambre en trottinant sur la pointe des pieds.
Le couloir était sombre, Lily cherchait la porte du fond. Elle tourna la poignée, entrouvrit le battant, puis resta figée quelques instants. Enfin, elle ferma la porte et s’approcha du lit. Elle tira sur sa manche.
« Tonton Charlie… Tonton Charlie… » Répétait-elle entre deux sanglots.
Son oncle grogna, ouvrit un œil, puis l’autre. Lorsqu’il la vit, à travers ses yeux endormis, il se redressa instantanément.
« Lily ! Qu’est-ce qu’il y a ?
- Lily a peur… » Gémit-elle.
Avec un soupir, il releva son drap.
« Viens-là. »
Elle grimpa et se blottit dans ses bras. Les volets de cette chambre n’étaient pas fermés non plus. La pluie la harcelait encore, contre les carreaux de la fenêtre. Nouveau grondement, à en faire frémir le plus grand des dragons.
« J’ai peur…
- Ne t’inquiète pas… » Chuchota son oncle en caressant ses cheveux.
Ils restèrent ainsi quelques instants, Lily s’apaisant peu à peu.
« Tu m’aimes, Tonton ?
- Oui, je t’aime. Comme un oncle.
- Et moi… » sembla-t-elle réfléchir. « Comme une princesse. »
•••
Le lendemain, le ciel semblait avoir retrouvé son humeur clémente des premiers jours.
« Lily est contente qu’il y ait plus d’orage, » dit la fillette à son papa.
« C’est effrayant ? » fit Harry.
« Le ciel, il est très en colère. Il fait peur quand il est en colère. Papa aussi il fait peur quand il est en colère. »
Harry lui caressa les cheveux.
« Tu as peur de papa ?
- Non. »
On toqua à la porte à ce moment-là. Charlie, installé dans le canapé à lire le journal, se leva pour ouvrir. Une femme d’une trentaine d’années environ se tenait sur le seuil.
« Charlie ! » s’exclama-t-elle. « Les dragons sont absolument dé-chaî-nés. C’est même un euphémisme quand je pense à Arristème et Roberta. Il faut que tu viennes. Je suis désolée de te déranger… »
Charlie semblait habitué à ce genre de situations.
« Je vais chercher mes affaires en haut, je reviens, Mélinda. »
La jeune femme acquiesça et décida de l’attendre dehors. Lily la suivit.
« Mélinda est l’amoureuse de Tonton Charlie ? »
La jeune femme la regarda, gênée.
« Ho non, pas du tout ! Juste une collègue de travail. »
Mais Lily n’écoutait pas.
« Lily est la princesse de Tonton Charlie. Et Tonton Charlie, il a dit que c’était beaucoup mieux qu’être sa femme. »
Un grand sourire s’étala sur son visage et, satisfaite, elle s’éloigna en sautillant vers ses deux frères qui s’amusaient un peu plus loin - à celui qui crierait et taperait le plus fort, visiblement.
Et le deuxième, écrit à l'occasion du concours sur HPF (voir lien sur la droite) ; il concerne le tout premier sortilège de Charlie :
Charlie Weasley contemplait les champs alentours qui s’étendaient sous un vaste manteau grisâtre. Le fin rideau de pluie atténuait les contours et les couleurs, dépeignant un paysage mélancolique et maussade, bien loin des jours ensoleillés du Terrier où tout paraissait briller. Il était de ces étouffants jours d’été où la pluie ne cessait de tomber et où chacun restait chez soi dans l’attente d’une éclaircie. Mais l’éclaircie ne venait pas. Et Charlie, comme le petit garçon de huit ans qu’il était, s’ennuyait profondément. Il s’était arrêté devant la fenêtre de sa chambre, alors qu’il errait telle une âme en peine dans la maison depuis des heures. Il avait regardé la pluie tomber, car il n’y avait rien d’autre à faire.
Un faible gémissement se fit entendre, le sortant de sa contemplation passive. Charlie décrocha son regard des arbres effeuillés pour le poser sur le berceau disposé contre le mur, à l’opposé de son propre lit. Il s’agissait d’un petit berceau orange, qui contrastait douloureusement avec le reste de la chambre couleur crème. Le petit garçon s’approcha du landau, passant sa tête par-dessus. Là, un nourrisson dormait, les yeux un peu fripés et les bras écartés de part à d’autre de sa tête, la bouche légèrement entrouverte. Si ce poupon avait ouvert les yeux, son spectateur eût soudainement été happé par deux naïves pupilles bleues ; d’un bleu très clair, envahissant.
Envahissant, c’était un peu ce qu’était Ronald Weasley. Il était tout petit, dormait dans un berceau minuscule et pourtant, il semblait prendre autant de place à lui tout seul que ces deux terreurs de jumeaux. Entre les hochets et peluches qui trainaient, les cris qui retentissaient, rebondissaient contre les murs, les soins que tous les adultes lui accordaient en priorité… Oui, Charlie était un peu jaloux. Mais il était également calme et attentif, alors son petit frère, il le laissait faire. Plus tard, il l’aimerait bien.
Il s’éloigna de cette bulle bienheureuse pour sortir en hâte de sa chambre et se jeter dans les escaliers zigzagants. Après avoir dévalé les marches à grand bruit, Charlie sauta la dernière à pieds joints et fit le tour du salon en courant, battant lentement des ailes comme le dragon dans le ciel. Bill était assis en tailleur sur un fauteuil, des figurines représentant des sorciers, des gobelins, des elfes et des centaures dans les mains. Apparemment, les centaures étaient très en colère car ils étaient en train d’écraser les sorciers qui réclamaient de l’aide aux gobelins, sans que ceux-ci ne daignent bouger le petit doigt. Percy, assis à même le sol, imitait les cris des elfes apeurés.
« Ha, non ! Quel garnement celui-là ! »
Charlie cessa ses tours de salon et tourna la tête vers la porte de la cuisine.
« Fred ! J’ai dit qu’on ne touchait pas aux framboises ! Allez, lâche-ça. Voilà… George ! Laisse ce paquet de sucre tranquille ! »
Les marmots entendirent leur mère souffler bruyamment, puis continuer de rouspéter contre ses fils infernaux. Intrigué, Charlie poussa la porte de l’office et regarda sa mère s’y affairer. Fred était à quatre pattes sur la table, George debout sur une chaise et tous deux semblaient s’être fixé pour objectif de réduire en purée le moindre ingrédient à leur portée.
« Non, Charlie, reste dans le salon, maman va faire le gâteau pour le repas de ce soir avec Tante Muriel. Va t’amuser avec Bill et Percy. »
Les concernés étaient cependant déjà là, derrière Charlie. On entendit alors un cri perçant déchirer le calme tout relatif du Terrier. Un concerto de pleurs et de gémissements particulièrement bruyants s’ensuivit : Ron était réveillé.
Molly Weasley soupira de plus belle.
« Je vais voir Ron. Bill, tu surveilles tes frères, d’accord ? »
Bill acquiesça et elle écarta ses gamins agglutinés dans l’encadrement de la porte pour s’engouffrer en toute hâte dans les escaliers.
Fred babillait en écrasant les framboises du plat de sa main et George le regardait faire en laissant échapper des cris de contentement.
« Fred, arrête… » Lui ordonna Bill. « Maman a dit de ne pas toucher la nourriture. »
Il tenta de soulever son frère dans ses bras mais celui-ci se mit à geindre et à se débattre pour rester sur la table ; Charlie voulut l’aider et prit George pour le descendre au sol, mais il eut la même réaction que son jumeau. Copies conformes.
Entre temps, Percy était monté à genoux sur une chaise et regardait avec un éclat malicieux les ingrédients qui s’étalaient sur la table - et qui semblaient voués à devenir bouillie. La Gazette du Sorcier s’y étalait également, ouverte à la rubrique « C’est du tout cuit ! » ; sur la page de gauche trônait la photo d’un magnifique framboisier surmonté d’une fontaine magique de coulis de framboise.
« Trop bon… » Fit Percy en ouvrant de grands yeux. « On fait ça, on fait ça ! »
Bill vint se placer à côté de lui et regarda le gâteau.
« Mais, maman a dit de…
- Elle a rien dit, maman, » le coupa Charlie. « Allez, allez ! »
Les pleurs de Ron s’étaient calmés, la paix revenue dans la petite cuisine encombrée.
« Etaler la confiture de framboises sur une plaque de génoise… » Lut dubitativement Bill.
« On en a là ! » s’exclama Perçy en pointant la purée que les jumeaux avait faite des framboises initiales.
Il prit une petite cuillère et recueillit ladite purée avant de l’étaler sur la génoise que Bill avait sortie de son sachet. Il n’y en avait pas assez, aussi Charlie alla-t-il fouiller dans le frigo pour enfin trouver de la véritable confiture. Perçy plongea sa cuillère dans le pot de grand-mère avant de la porter à sa bouche. Il grogna de plaisir.
« Faut en mettre sur la pâte, Percy ! » Le gronda Bill, mécontent.
Le petit garçon sourit et reprit une cuillère… Alors, sans qu’il s’en fût servie comme d’une catapulte, la confiture qu’elle contenait alla s’écraser sur la joue de Charlie. Bill, malgré le rôle que lui avait assigné sa mère, ne put s’empêcher de rire. Charlie, lui, sentit son cœur se ratatiner au fond de sa poitrine, tandis qu’il frottait son œil larmoyant atteint par la gélatine. Percy faisait déjà de la magie. Lui, non.
Sans plus s’intéresser à la scène qui venait de se jouer, Percy sortit tous les ingrédients de la recette, selon les directives de Capitaine Bill. Directives qu’il ne se priva pas de contourner en passant directement aux étapes suivantes. Ne sachant lire, l’improvisation lui sembla la meilleure des idées et il s’empressa de mélanger le coulis de framboise à la crème fleurette dans un saladier en verre, brassant avec frénésie.
« Percy ! » s’exclama Charlie, se rendant compte de son manège, alors que lui et Bill suivaient la recette avec application.
« Arrête ça ! » s’écria Capitaine Bill.
« Humgnya ! »
BLING ! Un saladier à terre. Des échos semblèrent suivre le bruit du verre brisé, rompant brusquement la sérénité de la pièce. La main de George restait en suspend, laissant à ses grands frères le loisir d’appréhender sa bêtise et ses conséquences, qu’ils ne sauraient réparer. Ahuris, ils ne remarquèrent pas tout de suite la dangereuse avancée de Fred en direction de leurs travaux… Jusqu’à ce qu’il plongeât à plat ventre sur les tranches de biscuit.
Ils entendirent alors comme un éboulement dans les escaliers et, peu après, leur mère apparaissait dans l’encadrement de la porte, les cheveux en bataille.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé, ici ? » s’écria-t-elle en constatant les dégâts.
« Oh, rien ! » criaient les yeux de Charlie. Mais il ne pouvait faire disparaître son petit frère couché sur ce qui, à une époque, avait été un biscuit à la confiture de framboise, bouillie rose d’ailleurs retrouvée sur les mains des deux jumeaux ; son autre frère pour qui la situation n’empêchait pas de se mettre de la confiture un peu partout sur la figure, jusqu’à d’improbables endroits - et de la manger, tant qu’on y était - ; son aîné, tirant la tête du coupable pris en flagrant délit ; ses propres doigts roses d’avoir essuyé sa joue ; enfin, le liquide aux trainées rouges et blanches qui entamait lentement son œuvre de recoloration du carrelage.
« Tout le monde dehors ! » Hurla leur mère. « Bill, je t’avais dit de les surveiller, pas de les aider ! On ne joue pas avec la nourriture ! »
Peut-être avait-elle crié trop fort, peut-être le sommeil l’avait-il déserté, Ron choisit en tout cas ce moment précis pour se remettre à pleurer. Excédée, Molly Weasley jeta un dernier regard menaçant à ses enfants - leur ôtant ainsi l’envie de réitérer leurs expériences culinaires -, avant de monter à nouveau s’occuper du plus jeune.
Bill fut le premier à se ressaisir. Il prit le pot de confiture des mains de Percy, le ferma, le rangea dans le frigo, puis entraîna son frère dehors. Charlie l’entendit dire : « Viens, on va jouer avec les gobelins et les elfes… » Fred semblait s’amuser comme un fou à glisser sur la purée de biscuit et babillait de rire avec son jumeau.
Charlie, lui, ne ressentait aucune joie. Dehors, il pleuvait toujours. Il ne pouvait toujours pas sortir, et il avait déçu sa mère. Terriblement. Sa mère qui restait toujours à s’occuper de Ron et des jumeaux. C’était Bill qui aurait dû se sentir le plus honteux, c’était à lui que revenait la charge de ses frères. Pourtant, Charlie sentait qu'il avait hérité du rôle le plus ingrat : celui de l’encombrant fautif.
Il baissa la tête, fixant le mélange de coulis et de crème qui commençait à atteindre ses orteils. Sa vue se brouilla. Il était inutile. Bill était sage et responsable, Perçy imaginatif et touchant, les jumeaux détonants de par leur ressemblance et leur vivacité, Ron était le nouveau-né. Et lui, Charlie, qui était-il ? L’enfant que l’on oubliait, si facilement, trop facilement.
Il sentit les larmes couler le long de ses joues. Sans fermer les yeux, il restait là, les mains crispées, la lèvre tremblante, le cœur en deux et le visage noyé ; quelques gouttes salées iraient rejoindre les eaux ensanglantées de sa déception, de sa désillusion.
« Charlie, tu viens av… »
La voix de son frère resta bloquée dans sa gorge.
« Comment t’as fait ça ? »
Charlie se retourna et regarda Bill, de son visage décomposé. Ne comprenant pas l’expression ébahie de son frère, il suivit son regard. Se figea, bouche-bée.
« Trop boon, » fit Percy, qui les avait rejoints.
Un infime rayon de soleil filtrait à travers la fenêtre, éclairant les visages intrigués des jumeaux ; entre eux deux venait d’apparaître un magnifique framboisier surmonté d’une fontaine de coulis de framboise. Comme par magie.
Charlie Weasley fait partie de la famille sorcière la plus proche de Harry mais, étant le frère le moins développé dans les livres, il a tendance à passer à la trappe dans les fics. Si, comme moi, vous êtes fan des Weasley, remédiez à cela !