Quand ju rappatrie ses petits.

Sep 15, 2010 11:31

Par un concours de circonstance, ce texte avait disparut du net. Comme je l'aime, le revoilà.^^ Et pi, ça va vous habituer un peu à Augusta, vu la tonne de texte que j'ai en cours avec la dame, mouhahaha.

Pour ceux qui auraient peur d'être largué, aucun rapport avec Papotus. L'intrigue se passe il y a fort longtemps, quand Bonne Maman Augusta était une jeune femme encore fraiche… ou presque.

Titre : Des enfants par milliers
Personnage: Lady Augusta et son époux que nous appellerons Edgard
Rating : G
Disclaimer : Ils appartiennent à JKR.
Note : Merci à rebecca_vonbird pour le beta.



******

Elle entre dans la pièce, comme une furie, une énorme boite à chapeau à la main, au moment où j'allais me changer pour le souper. Elle jette sa cape en bas du lit, et se dirige vers son boudoir. Ses talons claquent à un rythme vif sur le plancher de la chambre. Puis leur musique est étouffée par l'épaisse moquette du boudoir. Je me place dans l'encadrement de la porte pour l'observer.

- Je suis allée chez la modiste prendre le chapeau que j'avais commandé, celui qui doit aller avec ma robe bleu nuit, mais cette sotte n'a rien écouté de ce que je lui avais dit ! Je ne sais pas pourquoi je continue à me rendre chez elle. Elle doit être daltonienne, c'est certain. Elle devrait prendre cette potion dont ils parlaient il y a quelques jours dans la gazette ! Parce que si ce n'est pas un souci de perception des couleurs, c'est qu'elle n'a vraiment aucun goût. Vert sapin! Elle m'a mis des plumes vert sapin. Non mais tu te rends compte, pour aller avec du bleu nuit. Ridicule! Elle doit m'en vouloir. Je ne peux pas porter ça, j'aurais l'air d'une folle. Et le ruban couleur olive ! Le comble de la bêtise. J'avais dit vert amande ! Pas sapin, ni olive. Il va falloir que je passe une heure à tout ré-harmoniser. Et encore, je ne suis pas certaine que les sorts arrivent à rattraper un tel désastre.

La tirade se déroule pendant qu'elle sort le chapeau de la boite, s’assied à sa coiffeuse et l'essaye. Une fois qu'elle l'a ajusté, elle se tourne vers moi :

- Tu vois ! Ridicule ! En fait, elle n'est pas daltonienne, elle est aveugle ! Regarde les fleurs qu'elle a ajoutées. Si je n'en enlève pas au moins la moitié, on va penser que j'ai une liaison torride avec notre elfe jardinier. En plus, il est trop petit. Je vais devoir me faire un chignon bas pour pourvoir le mettre correctement. Un chignon bas, pour une soirée ! Et dans mon état ! Je te dis qu'elle m'en veut !

Je me contente d'acquiescer par un signe de tête. De toute façon, je ne pourrais pas placer le moindre mot tant que sa colère n'aura pas repris des proportions acceptables. Et j'avoue avoir un peu de mal à saisir les nuances entre les multiples verts et les différentes hauteurs de chignon.
Elle continue encore quelques minutes à accabler la modiste. Je retourne dans la chambre pour me changer pour le souper, lançant un "c'est certain!" de temps en temps. Je suis en train de mettre ma chemise quand j'entends à nouveau les talons sur le parquet.

- J'ai mal partout!

Et elle se laisse tomber sur notre lit en poussant un long soupir. Son ventre rond, énorme et magnifique, se soulève au rythme de sa respiration. Je m'approche, et entreprend de délacer ses bottines. Elle ne l'avouera pas mais je l'ai vu peiner à les attacher ce matin. Désagrément de femme enceinte auquel elle refuse de céder. Puis je grimpe à mon tour sur le lit. Je déboutonne le devant de ses robes pour accéder à la peau chaude de son ventre, et dire bonjour à mon fils. Je pose ma joue près du nombril si tendu qu'on le dirait prêt à s'ouvrir. Presque aussitôt je sens un minuscule pied - ou est-ce une menotte me repousser. Et la main d'Augusta vient jouer avec mes cheveux.

- Après celui-ci nous auront encore des milliers d'enfants. Autant qu'il y a de chambres dans cette maison immense. Ils courront partout, rendront ta mère folle, ton père gâteux, et ils te ressembleront tous.

Sa voix a perdu toute colère, mais n'en reste pas moins déterminée. Je relève les yeux pour la regarder. Les yeux mi-clos, l'air bien décidé qu'elle affiche pour tout ce qui lui tient à cœur, elle rêve déjà aux mille petits pieds qui viendront parcourir le manoir.

- Tu es folle, mon cœur ! dis-je en riant
- Promets-le ! Des Milliers! exige-t-elle, impatiente.
- Des Milliers, je te le promets.

Mon fils scelle la promesse d'un nouveau coup de pied contre ma joue.

*****

J'arpente le salon en long et en large depuis plus de trois heures. Cette idée selon laquelle je dois rester ici avec mon père à boire du Firewhisky et fumer des cigares est complètement ridicule. Et ma mère et ses sorts "anti-messieurs" apposés sur la porte de notre chambre tout autant. J'ai eu beau m'escrimer en multiples contre-sorts, rien n'y a fait. Je suis condamner à user les tapis du salon sans rien savoir de ce qui ce trame. Et j'enrage.

Mon père, par l'effet du trop plein de whisky, ou par la joie d'être grand père, affiche le sourire le plus large que je lui ai jamais vu. Son épaisse moustache n'arrive même pas à le cacher. Il se moque de moi, et rit franchement à chacune des mes tirades colériques. Il dit que ma femme et moi nous sommes bien trouvés, aussi râleurs l'un que l'autre, que le petit qui arrive risque fort d'avoir un sacré caractère. Et il se ressert une lampée d'alcool ambré, en riant de plus belle.

Soudain la porte du salon s'ouvre sur ma mère. Elle aussi sourit, mais ses yeux sont étrangement durs. Elle s'approche de moi et me tend le petit paquet qui encombre ses bras. Enrobé d'une couverture blanche, un poupon aux joues rondes et roses tète tranquillement un minuscule pouce. Quand je l'attrape, son pouce sort de sa bouche et il se met à couiner. L'entendre pleurer, c'est à la fois merveilleux et affolant. Un vertige envoûtant. Puis il retrouve son doigt et l'aspire sans autre cérémonie.

J'entends le rire immense de mon père derrière moi et en écho plus léger celui de ma mère juste là. Je soulève la couverture pour mieux le voir.

- Dix doigts, dix orteils, et quatre bons kilos. Un petit homme en parfaite santé ! me précise ma mère.

Je quitte des yeux la petite merveille qui pèse dans mes bras, et trouve son regard. Elle sourit toujours, mais ses yeux, eux, ne mentent pas. Cette fois, le vertige qui me prend n'a rien de merveilleux.

- Qu'est ce qu'il y a? Pourquoi est-ce que ce n'est pas Augusta qui me présente mon fils? Pourquoi?

J'ai crié, et mon père a ravalé dans un hoquet surpris son dernier éclat de rire. Ma mère pose sa main sur mon bras, et baisse les yeux.

- Calme toi, tu vas faire peur à ton enfant. Regarde comme il est beau.

Cette fois, ma voix est presque inaudible, comme morte dans ma bouche.

- Non, non … Qu'est-ce qu'il y a?

- Augusta… Ca ira. Le médicomage est là… Ca ira!

Et elle nous laisse là, avec comme seule branche à laquelle se raccrocher ces mots qu'elle a prononcés d'une voix tremblante que je ne lui connaissais pas. Mon père me dit de m'asseoir. Il me propose de prendre le bébé. Il me tend un verre. Je refuse tout. Il s'agite.
Moi, j'ai l'impression de mourir. Au creux de la couverture, mon fils me regarde. Il a des yeux immenses. Les yeux d'Augusta.

*****

Une heure a passé, plus lentement qu'une éternité. Ma mère est revenue. Elle a dit que tout allait bien, que je ne devais plus m'inquiéter. J'ai tellement tremblé à ce moment là qu'elle m'a pris l'enfant des bras.

-Je vais le porter à sa mère. Tu dois parler au médicomage.

*****

-Il y a eu des complications. Nous avons évité le pire. Mais il n'y aura pas d'autres enfants, Monsieur Londubat. Je suis navré.

Cet homme a une voix sans âme. Les mots sortent de sa bouche sans la moindre intonation. J'ai envie de le frapper.

*****

Il fait sombre dans la chambre. Quelqu'un a tiré les rideaux. Je la cherche dans le lit, je la trouve debout près du berceau.
Je m'approche. Elle est si tendue, si raide, si pâle qu'elle ressemble à une statue de marbre. Sa voix est ferme et blanche. Plus tranchante qu'une lame.

- Il n'y en aura pas d'autres. Celui-ci est parfait. Pourquoi en vouloir des milliers quand le premier est l'être le plus parfait qui existe. Il n'y en aura pas d'autres. Je n'en veux pas d'autre. Il est parfait. Parfait.

J'enroule mes bras autour de sa taille, et je glisse mon menton sur son épaule.

- Tu as raison. Je n'ai besoin que de lui et de toi pour être heureux. Vous êtes parfaits.

Soudain, tout son corps se détend. Elle pèse sur mes jambes qui flagellent, et nous nous retrouvons assis sur le parquet. Son visage disparait contre mon torse.
Et je me rends compte que c'est la première fois que je la vois pleurer.

***** FIN *****

Demain, je vous refais le coup de la "confiture", et promis juré craché, après vous aurez un texte tout neuf.

augusta, fic

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