Note: Merde, un mois et demi... J'ai honte. Du délai, et un peu du chapitre. Enjoy ^^'?
Chapitre troisième : Où l'on retourne à Poudlard, où l'on joue au Quidditch, et où l'histoire prend un tour inattendu.
Depuis un des compartiments du Poudlard Express, je contemplai mes parents qui couvraient de leurs effusions leurs enfants chéris. Le père de Rose n’était pas là, mais son frère George amenait pour la première fois le fruit de ses « amours » avec Angelina - je douterai de leurs sentiments jusqu’à la fin de mes jours, ils ressemblaient à un ménage à trois avec un fantôme. Je n'aivais jamais connu mon oncle Fred, mais chacun des gestes de son frère jumeau était emprunt de son absence. Le jeune Romuald finirait sans doute à Poufsouffle tant il était conciliant, mais tant que ce n’était pas Serpentard hein…Il était sympathique mais trop mou à mon goût. De plus, c’était un grand admirateur de James devant l’Éternel. Il ne tarderait pas à me mépriser comme mon frère le faisait, mais sans doute jamais ouvertement. À force d’explosions dans le laboratoire de son père, il était devenu craintif. On aurait dit Neville Londubat, un ami de mes parents qu’ils prenaient un peu en pitié et qu'ils invitaient dans le but de se moquer doucement de lui et son épouse Luna.
Le train s’ébranla bientôt. Je fus rapidement rejoint par Perseus Robinson et sa tête de martyr. Ce métisse noir-asiatique né de parents moldus avait en effet des yeux dont les coins externes tiraient vers le bas, lui donnant un air perpétuellement triste, sans quoi il aurait été plutôt mignon. Il le restait, si on en croyait sa petite amie, Rose Weasley. La Serdaigle cachait plutôt bien à son père à quel point elle « détestait » les Serpents. Elle montrait tellement bien sa haine que la langue de la vipère était présentement enfoncée profondément dans la bouche de ma cousine, ses cheveux roux cascadant sur les épaules musclées de mon ami. Rose m’appréciait moyennement mais nous avions des intérêts communs : je lui rendais souvent visite pour parler avec sa mère, à qui mes parents reprochaient encore d’avoir quitté Ron, et en échange, je lui faisais suivre le courrier de son petit ami. Je l’avais cependant avertie de trouver un autre moyen l’été prochain, car mes parents semblaient presque prêts à envahir mon intimité plus en avant pour surveiller mes faits et gestes ; mon courrier ne serait bientôt plus sûr, du moins tant que Perseus n’aurait pas l’autorisation de pratiquer des sortilèges en dehors de Poudlard pour câcher notre correspondance aux regards indiscrets.
Je me concentrai sur mon livre consacré aux sortilèges de protection de la vie privée. Si Ted m’avait rapidement enseigné le charme d’intimité, j’étais encore à la recherche d’une méthode efficace de tromper mon entourage. J’avais une grande envie de faire apparaître des plans de conquête du monde ou des scènes de sexe sadomasochiste, en lieu et place de mes pensées secrêtes, aux yeux malvenus de mes parents ou de mes camarades de chambre. Je pourrais ainsi envoyer les dix-huit tomes de mes rêveries les plus intimes chez moi plutôt que de les porter en permanence rétrécies sous la forme d’un pendentif qui commençait à se faire lourd autour de mon cou et qui de plus manquait d’élégance. Mes camarades me traitaient gentiment de Serdaigle, pour porter un collier de livres autour de mon cou, et j’étais suffisamment fier de ma maison pour que cela me dérange, un peu. De plus, on pouvait perdre un pendentif...
Je souris en trouvant enfin le sort qui permettrait à mon faux bijou en platine de ne montrer que des scènes de sexe torride et violent si on cherchait à lui faire reprendre sa forme originelle. Je ne garderais sur moi que mon dernier tome, en toutes circonstances, et si on me le dérobait, je pourrai rien qu’à sa tête choquée deviner lidentité du coupable. Peu m’importait de passer pour un pervers, je me sentirais bien plus mal à l’idée que quelqu’un sût tout de moi et c’était la raison pour laquelle je ne me confiais qu’à cet assemblage de parchemins. Et qui savait ? Le jour où je deviendrais célèbre, je pourrais peut-être en tirer un bon prix.
Je jubilais encore de mes idées machiavéliques quand la porte du compartiment coulissa avec fracas pour laisser place à Scorpius Malefoy.
Le grand - plus que moi en tout cas - jeune homme blond était rouge de colère et sa respiration soulevait sa poitrine par saccades. Il me fixa droit dans les yeux et commença à hurler. Je profitai de son monologue incompréhensible pour l’étudier distraitement, notant au passage le badge de préfet épinglé à sa robe. Là était donc la raison de sa venue : me traîner jusqu’au compartiment des préfets en me torturant au passage, si possible, afin de commencer la réunion. On n’attendait plus que moi, semblait-il, McGonagall était dans tous ses états et il en avait plus qu’assez de me chercher, puisque comme par hasard j’étais dans le wagon le plus éloigné du compartiment des préfets.
Je lui demandai ce qui lui faisait croire que j’allais le suivre. Cela le stoppa net.
Ses yeux bleu-mer s’écarquillèrent sous le coup de l’ébahissement, et sa bouche se ferma en un claquement presqu'insonore sous l’influence d’un réflexe digne. L’arrivée de la Directrice McGonagall le sortit de sa stupeur. Elle grommelait qu’elle n’aurait pas dû être là, qu’il était exceptionnel qu’un Directeur participât au voyage, et qu’on osait la faire attendre ! Je devinai qu’elle n’était venue que parce que c’était moi, après tout un Potter méritait qu’on se déplaçât, n’est-ce pas ? Dieux, que je méprisais ces attitudes !
Je la regardai d’un air presque sincèrement étonné. Pourquoi diable avait-on besoin de moi à une réunion de préfet ? Tut tut tut, pas de « mais vous êtes préfet » ma chère, n’avait-elle pas reçu par retour de courrier mon refus d'adopter cette fonction ? Si ? Comment ça, pas une option ? Il était scandaleux, tout de même, qu’on puisse forcer des enfants d’âge scolaire à patrouiller la nuit, à jouer un rôle qui devrait incomber aux surveillants, aux professeurs, au concierge ou, au pire, aux Aurors ! N’interdisait-on pas le travail des enfants ? Ah mais si, les points étaient une rémunération ! Et tout travail mérite salaire. Que j’eusse cité sans la moindre hésitation le règlement pour appuyer mon argumentaire sur les préfets, « élèves volontaires et soucieux de faire respecter l’ordre et la discipline dans l’enceinte de l’école » « prêts à porter la responsabilité de la sécurité de tous et de l’ordre de l’établissement » « modèles pour les étudiants et fiertés de la société », la fit presque tomber en syncope.
Rose me regarda d’un drôle d’air. Elle aurait bien aimé être préfète, elle, et j’aurais pour une fois pu rendre mes parents fiers de moi. Pour Perseus, je ratais une occasion en or de faire punir mon frère ou ma sœur ou les autres. Je conclus avec McGonagall, lui disant que je tenais à ma tranquillité et à me concentre - entre autres - sur mes études.
Faire enrager mes parents méritait bien tous ces sacrifices.
Il n’y aurait jamais de préfet dans la famille, c’était trop tard pour James et Lily était un peu trop souvent vue avec des garçons à donner des démonstrations publiques d’affection pour qu’on lui propose le rôle, elle était trop dévergondée pour représenter Serdaigle, aux yeux d’un professeur en tout cas. La popularité de mes frères et sœurs ne les aiderait pas cette fois.
Avec toutes ces histoires, le train entra en gare de Pré-au-Lard bien plus rapidement que je m’y attendais. La réunion des préfets avait été écourtée, McGonagall leur avait laissé les instructions pour la fin du banquet de rentrée, et attendait de résoudre mon problème. Je reçu une beuglante de mes parents dès le lendemain, l’écoutai sans sourciller, et laissai la place de préfet à Perseus. Après tout, il était presque aussi bon que moi en cours, et sans doute moins retord, même si il méritait sa place parmi les élèves en vert.
J’écrivis une longue lettre à mes parents pour justifier mon choix. Je ne me sentais pas prêt à assumer un tel rôle sans chuter de la tête de ma première place au classement de l’école. Je ne leur dis pas que je relevais le défi de Hermione - battre son score et ainsi surpasser les notes de Dumbledore. Je savais qu’il n’y avait pas que les cours dans la vie, ajoutai-je, mais je voulais préparer mon avenir correctement, et depuis que James était le capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor, ses notes avaient tant baissé qu’il avait failli se faire retirer son badge. Le professeur Vector, directrice de sa maison, ne concevait pas laisser un élève atteignant le P comme piètre ou le T comme Troll. En deux semaines de cours à peine, il avait récolté ces deux notes à ses devoirs de vacances et au contrôle de rentrée de son enseignement, et elle ne le laisserait continuer que s’il décrochait au moins Acceptable dans toutes les matières. Ce serait un progrès par rapport à ses notes habituelles de toute façon. Et oui, écrivais-je, je savais que si on avait proposé le rôle à Lily elle aurait accepté, alors qu’elle était soi-disant meilleure que moi, mais on ne lui proposerait pas, affirmai-je. Et non, ce n’était pas le fait que Vector haïsse les Potter qui empêchait Lily de dépasser mes moyennes générales. Elle n’était simplement pas bonne en métamorphose, ce n’était pas une tare ! Si Vector détestait ma famille, je serais mauvais, et James ne serait pas dans l’équipe de Quidditch. Lily n’était simplement pas aussi bonne que ce que mes parents espéraient. Elle n'était pas aussi bonne que moi. Pas meilleure.
Ce fut la dernière lettre que j’envoyai à mes parents cette année civile. Ils comprirent qu’il était inutile de me forcer à faire ce que je ne voulais pas, et au fond ils n’avaient même pas envie d’essayer. Je les décourageais.
Peu avant Octobre, Gryffondor organisa des sélections pour trouver un poursuiveur et un gardien. Rose laissait passer si peu de buts que c’était tout un challenge de former une équipe capable de surclasser Serdaigle, depuis deux ans qu'elle était gardiene. James tentait tant bien que mal de limiter les dégâts en attrapant le vif d’or le plus vite possible, mais sachant les buts imprenables, l’équipe de Serdaigle était audacieuse, les batteurs concentrés sur mon frère et les poursuiveurs étaient si agressifs que le précédent gardien avait tout bêtement abandonné, dégoûté d’être moins bon qu’une fille. Qu’Oncle Ron était fier les jours de match !
Si je parle de cet évènement alors que j’ai toujours évité de me retrouver dans les gradins les jours de match, c’est qu’il se passa quelque chose… Oh, c’était énorme !
Scorpius Malefoy, le nouveau préfet, se présenta aux sélections de l’équipe.
Je traînais dans le parc ce jour là, et les rumeurs ne mentaient pas. Il était réellement surdoué sur un balai. Je n’ai jamais vu quelqu’un voler comme ça, pas même ma mère sur les quelques enregistrements de ses matchs en équipe nationale. Sa carrière fut courte, mais on la disait la plus douée depuis des années. Mais la grâce de Malefoy surpassait même celle de Viktor Krum, l’actuel petit ami de Tante Hermione, qui fut pourtant élu meilleur joueur du vingtième siècle.
Des problèmes se posaient cependant. Déjà, James ne voulait pas d’un Malefoy dans l’équipe. Son mépris pour ce « fils de mangemort » était légendaire, et il ne l’avait laissé passer les sélections que dans l’espoir de le voir se ridiculiser. Si l’équipe changea immédiatement d’avis en le voyant voler, des murmures retentirent quand ils commencèrent à réaliser. Si doué soit-il, le cinquième année était incapable d’arrêter des balles. Il était rapide, mais ne savait pas rattraper un Souaffle, aussi aisée que soit la passe. Il s’avéra rapidement qu’il lui était impossible de jouer en groupe, l’excluant du poste de poursuiveur et, éventuellement, de celui de batteur.
James recommençait à sourire, moqueur, quand un murmure se fit entendre dans les gradins. Quitte à ne pas laisser Scorpius jouer, on voulait le voir voler encore, un petit peu. Une voix anonyme lança l’idée d’un défi. James contre Scorpius. Potter contre Malefoy, dans un duel d’attrapeurs. L’équipe poussa son capitaine à accepter, pour renoncer en paix à l’extraordinaire préfet volant. Le sourire de James s’élargit.
Quelques minutes plus tard, Scorpius s’emparait victorieusement de la petite balle ailée sous le nez de l’attrapeur officiel de l’équipe. Fou de rage, James se contint, déclarant sèchement à Scorpius de retenter sa chance l’année suivante, le poste étant pourvu.
Il fut convoqué par le professeur Vector deux jours plus tard. Un peu embarrassée, elle lui annonça que Scorpius entrait dans l’équipe comme titulaire. Il était meilleur attrapeur, et Gryffondor devait vraiment gagner la coupe. On n’avait jamais vu un remplaçant capitaine, alors James fut destitué de son rôle, au profit de Tarek Wahbi, son second, poursuiveur de sixième année.
Tout recours à McGonagall fut inutile. Seul le directeur de maison pouvait décider de la composition de l’équipe, et la seule exception à la règle était un refus des joueurs, si l'un d'entre eux menaçait l'entente sur le terrain. James reprit espoir à ces mots.
La chute n’en fut que plus dure.
Dans l’équipe, en fait, peu de gens appréciaient James. Il était frimeur, trop conscient de sa valeur, et les tyrannisait. Sous le prétexte monomaniaque de vaincre Rose, il les avait entraînés jusque tard le soir, alors qu’ils n’étaient rentrés que depuis trois semaines, et que leur prochain match était fin octobre ! On comprenait qu’en tant que nouveau capitaine il veuille faire ses preuves, mais c’était trop ! James était trop désagréable, trop méprisant, trop imbu de sa personne, alors qu’il n’était même pas le meilleur attrapeur de Gryffondor. On ne voulait plus de lui dans l’équipe. C'était définitif
Fulminant, il démissionna de son poste de remplaçant, et écrivit à nos parents pour se plaindre. Hurler au mangemort et à la tricherie dans le bureau de la Directrice ne permit pas à Harry de la convaincre. Lorsqu’il su que Scorpius avait battu James avec le vieux Nimbus 2001 de son père alors que l’ex-capitaine fendait l’air sur l’Astéroïde Fulgurant qu’il lui avait offert pour son anniversaire, quand Harry Potter vit Scorpius voler, il regarda son fils d’un air résigné, tendit sa main vers le ciel où évoluait l’attrapeur blond et lui avoua qu’il ne pouvait rien faire contre ça. Ça quoi ? hurlait James. Rien ni personne ne pouvait vaincre Harry Potter ! Si. Le grand Harry Potter ne pouvait rien faire contre ce qui donnait des ailes à Scorpius.
Le Talent. Le Talent à l'état pur, avec un grand "T" et tellement d'emphase que seul un ancien joueur de Quidditch pouvait prononcer ce mot sans se ridiculiser, enfin pas trop - pour ma part je trouvais ça risible, mais il n'avait pas tellement tort.
La déception définitive de James fut sans commune mesure. On commença à le voir traîner comme un zombie dans les couloirs, à ricaner en regardant dans le vide ou à secouer la tête sans raison…Le voir me donnait souvent envie de pouffer de rire. Lui, archétype du joueur macho qui n'avait la tête pleine que de Quidditch, n’était plus que l’ombre de lui-même, alors qu’il m’avait tant moqué, auparavant, d’être incapable de briller sur un balai. Si j’avais su, j’aurais peut-être fait l’effort de l’écraser moi-même à l’occasion d’un match entre son équipe et celle de ma maison… Bah, ç’aurait été plus ennuyeux que de contempler ce spectacle à la chaleur des tribunes, et beaucoup plus inconfortable. Non mais franchement, chevaucher un balai, quelle idée...
Dans la semaine qui précédait Halloween eut lieu le premier match de Quidditch de la saison, oui, encore du sport, à ma plus grande horreur. Sept jours précisément avant ses 15 ans, Scorpius permit à l’équipe de Gryffondor de vaincre celle de Serdaigle pour la première fois depuis l’arrivée de Rose au poste de Gardien. Les Poursuiveurs en rouge ne marquèrent aucun but, incapables comme à leur habitude, mais l’Attrapeur brilla tant et si bien qu’il attrapa le Vif alors que l’équipe adverse ne menait que de dix points. Malgré son exploit, ce match entra dans l’Histoire pour une toute autre raison.
Ce jour là, comme ce n’était pas arrivé depuis deux siècles et demi, un élève mourut lors d’un match de Quidditch.
Oh, ce n’était pas un joueur, seulement un spectateur imbécile et rageur qui avait cherché à déconcentrer l’Attrapeur des Gryffondor avec des agitations de baguette ridicules. Ridicule, c’était le mot, puisqu’en ce jour d’automne, alors que Scorpius, concentré, mettait la main sur le Vif, le fils aîné de Harry Potter ne réussit qu’à perdre l’équilibre dans un mouvement de trop et à tomber dans le vide dans l’indifférence générale.
Scorpius qui s’était retourné pour le narguer fut le premier à le voir chuter. Affolé, il se précipita pour le retenir, à temps pour qu’il ne s’écrase pas au sol, mais trop tard pour éviter les dégâts faits à son cerveau déjà dépressif par la pression de l’air et la peur du vide.
Depuis ce vingt-six novembre, je n’avais plus de frère. Il ne fut pas enterré, mais son corps vide reposait à Sainte Mangouste. Ma famille espéra encore et encore qu’il se réveillât, quelle utopie.
La première fois que je dis à voix haute que James était décédé, ma mère me frappa tellement fort qu’elle se foula le poignet et me fêla le maxillaire. Je ne pus me résoudre à m’excuser de considérer un corps sans âme comme un cadavre, et je défiai mon père de dire le contraire, lui qui avait vu tat de cas similaires suite au passage de détraqueurs. Il était cependant inutile d’en discuter. Visiblement, être un Potter protégeait même de la mort.
Ce drame familial eut le bizarre mérite de me rapprocher de ma sœur. Lily était triste, Lily s’accrochait à Rose. Rose était triste, et se collait à son petit ami. Lily, abandonnée au profit de mon meilleur ami, s’écroulait dans mes bras. Étrange.
Je n’osai pas dire à ma sœur qu’elle me gênait, au fond, à rester à mes côtés en permanence, j'étais retenu par un reste certain de sentimentalisme hérité de nos parents, à qui la situation ne plut que moyennement. Au moins Lily n’était pas seule, même si c’était à moi qu’elle confiait sa peine. Je redeviendrais un paria un autre jour.
À ma plus grande surprise, je m’attachai définitivement à ma petite sœur. Je découvris qu’elle était capable de jugements aussi sarcastiques qu’intelligents à propos de notre environnement. Elle était tout à fait consciente de vivre comme une pute, même si ce n’étaient pas ses mots, et me balança au visage qu’il fallait qu’elle profite de sa jeunesse avant de devenir grosse et moche, comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Elle avait bien raison. Avec de pareils antécédents, elle faisait bien de prendre ses précautions, et puis fréquenter tant de garçons pouvait ouvrir bien d’autres portes que celles du plaisir…
Petite Lily, qu’elle faisait bien semblant ! À sa manière, elle jouait un meilleur jeu que le mien, à entuber son entourage avec sa figure angélique, sa grosse poitrine et ses bonnes notes. Elle m’épatait au fond. Mais qu’était grande ma surprise de découvrir que ma sœur était intelligente !
Cela me permit de trouver une personne de plus avec qui parler, pour compenser le départ de Ted. Je ne lui racontai pas tout de suite mes pensées les plus profondes, mais nous pouvions discuter, complices. Je recueillais ses quelques larmes à l’idée d’avoir un frère mort, et elle rigolait de mes commentaires sarcastiquement réalistes sur un peu tout le monde.
Ce fut Lily qui, la première, remarqua le manège de Scorpius Malefoy.
Avec toute l’agitation de la fin du mois d’octobre, la fête d’Halloween, la Toussaint et le jour des morts prenaient pour les élèves une connotation amère, sans compter Scorpius dont c’était la date de naissance. Contrairement à ses prévisions, il ne réalisa pas de fête dans le dortoir de sa maison et se coucha tôt, ce soir là. Ce fut ensuite son tour de jouer les ombres fuyantes dans les couloirs de Poudlard, à croire qu’il y avait une malédiction sur le poste d’Attrapeur.
Tandis que l’hiver approchait, cependant, il regagnait ses esprits, semblant les diriger vers Lily ou moi. Les autres matchs de l’année étant, à l’image de celui prévu en décembre, décalés de quelques semaines, il semblait avoir ses soirées libres et les passait à roder près de nous. Je finis par parier avec elle pour savoir auquel de nous deux il avait l’intention de faire une déclaration.
Étrangement ce fut un soir ou nous étions ensemble, ma sœur et moi, qu’il décida de nous approcher. En fait…
Perdu.
Il voulait s’excuser.
Malefoy semblait se tourmenter encore des évènements qui avaient mené à la chute de James. Il nous avoua, penaud, qu’il avait aimé le faire virer de l’équipe et se venger d’années de vexations, mais qu’il n’aurait voulu sa mort pour rien au monde. Il se déclara prêt, suivant nos désirs, à abandonner sa place si chèrement acquise dans l’équipe et à ne plus jamais chevaucher un balai jusqu'à ce que la mort l'emportât.
J’interrompis le flot sans fin de ses lamentations pour lui faire remarquer que James avait joué au con, et qu’il avait perdu. Qu’il restât dans l’équipe ! Je ne m’en portais pas plus mal. Enfilant ses gants de sainte et son sourire de vierge compatissante, Lily finit de l’apaiser en posant une main sur la sienne et en l’empêchant de trembler. Je surenchéris de réconfort en relevant le menton imberbe d’un doigt et en le caressant du pouce. Je n’eus pas besoin d’un coup d’œil à ma sœur pour savoir que notre pari venait de prendre un tout autre enjeu.
Elle avait l’avantage de la féminité pour déposer un baiser sur la joue du Gryffondor en perdition, je l’empêchai de vaciller en plaçant malencontreusement une main sur son postérieur ferme, puisqu’il était un peu trop grand pour que je le tienne par la taille. Je ne savais pas si j’étais plus animé de désir pour lui ou de désir de victoire, mais je n’avais absolument aucune idée de vengeance en plaçant une de ses mèches blondes derrière son oreille.
Nous surenchérîmes tant, si vite et si bien, ma chère sœur et moi, que je ne compris jamais comment notre étreinte finit en plan à trois.