Bonjour à tous !
Ce texte est un OS basé sur le prompt du défi
Sex Is Not The Enemy qui m'a été attribué (image que vous trouverez
ici (NSFW)). Il fait partie de mon cycle d'originaux basés sur Émilie, Faë et Alisshia.
Pour comprendre ce texte, il est utile mais absolument pas indispensable d'avoir lu Ardeur et Le café à la fée, les deux OS qui le précèdent. Ce texte est basé sur Émilie.
Warnings : MA/NC-17, femslash/yuri, masturbation, pseudo-voyeurisme.
Bonne lecture !
LA FILLE QUI N'EN AIMAIT QU'UNE
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Émilie jeta son sac à main sur la table, s'écroulant dans le lit de sa petite chambre d'étudiante avec un bruit mou. La journée n'avait pourtant pas été si éprouvante... Enfin, pas jusqu'à ce qu'elle ne rentre dans cette saleté de café et ne décide, par ennui, d'interrompre le jeu de séduction tronqué auquel jouaient deux étudiantes de son université.
Elle ne s'était pas attendue à ce que l'une d'entre elles, puisqu'elles étaient à ses yeux des inconnues, ne la reconnaisse. Pas attendue du tout. Et encore moins à ce que cette blondinette ne remonte dans sa mémoire, retrouvant un visage, un souvenir, et un nom.
Ma fée verte.
L'été dans sa chevelure de paille flottante, l'hiver dans ses yeux absinthe.
Six ans. Six ans s'étaient écoulés depuis ce... cours de judo si spécial. La jolie blonde l'avait attirée, charmée, embrassée, et avait disparu avec la même grâce. Elle en avait gardé un souvenir assez personnel : la coupe sauvage de ses cheveux secs, ses yeux verts brillants, la forme de sa bouche, le goût de ses baisers, l'odeur de sa peau, l'élégance de sa silhouette tout en courbes. Et ce surnom, né de l'impression d'irréalité qu'elle avait tiré de leur échange et de la beauté de sa compagne, qui s'était si vite volatilisée, comme enfuie à tire-d'ailes.
Et réapparue à présent. Mais comment croire, comment assimiler ? Faë était... Blonde aussi, oui, quoique un peu moins, les mêmes yeux pétillants, la même provocation... Cependant, elle ne pourrait jamais oublier la fragrance de framboise, la chaleur, la saveur.
Alors, admettre que son elfe et Faë étaient la même personne ? Elle ne pouvait s'y résoudre. La jeune femme mystérieuse mais distillant ses phéromones n'avait plus rien à voir avec la créature fantastique qu'elle avait la chance de croiser une fois dans sa vie. Elles étaient désormais... trop différentes. Bien entendu, Émilie ne pensait pas une seconde que l'autre ait menti - elle avait été assez évocatrice pour ne pas laisser de doutes sur le sujet. Simplement, Faë avait connu la même chose qu'elle.
Elle avait grandi.
Elle avait perdu son innocence vague, renoncé à cette impression de mysticisme qu'elle donnait, sans doute inconsciemment. Émilie, elle, s'était aigrie après quelques mauvaises expériences, avait pris une confiance en elle-même certaine qui l'avait menée à acquérir une certaine dose d'humour. Elle n'avait pas de mal à retracer comment six années pouvaient avoir métamorphosé Faë. Cependant, si la jeune femme était un être humain en évolution, possédant des souvenirs et un avenir, son elfe était une image hors du temps qu'elle ne souhaitait pas, à aucun prix, entacher.
Donc acte. Séparation, Faë d'une part, sa fée verte de l'autre.
L'étudiante soupira, à demi de soulagement d'être parvenue à une conclusion qui lui convienne, et à moitié agacée d'en être résolue à préserver ses fantasmes.
« Allez, je prends une douche, je mange un bout et au lit ! » marmonna-t-elle pour elle-même.
Aussitôt, elle se leva pour ôter ses vêtements qu'elle empila dans le sac « linge sale à laver » et se diriger vers la salle de bain, où elle s'engouffra sous le jet brûlant de la douche. En tentant d'ignorant les échos que sa réflexion avaient engendré en elle. Malgré elle, ce qu'elle nommait fantasme revenait invariablement vers elle.
Sa fée verte la hantait comme elle l'avait toujours fait. Elle avait été surprise, au fil du temps, de découvrir que les corps féminin ne l'intéressaient absolument pas, et que seul celui de son elfe avait su réveiller quelque chose en elle. Cela lui remémorait l'on-dit douloureux qui prétendait qu'il existait toujours au moins une personne qui vous faisait douter de votre sexualité... Eh bien, dans on cas, c'était encore plus ridicule, puisque pis qu'une personne, c'était un souvenir qui la harcelait.
Les lèvres asséchées de sa fée contre les siennes, la langue vorace et habile qui fouillait sa bouche, les cheveux fins pressés contre sa joue, les yeux de jade luisants s'imposaient à elle alors même qu'elle tentait de penser à autre chose. À Louis, par exemple, son « premier » et le seul de ses hommes avec lequel elle avait vraiment accroché, à ses yeux chocolats et à son caractère si proche du sien... Pas comme son elfe dont elle ne savait rien, remarqua-t-elle, amusée, en enroulant ses cheveux autour du shampoing.
Mais même si elle n'en savait rien, c'était sa fée verte qui lui revenait sans arrêt à l'esprit. Cet objet est vert comme ses yeux ; il a des lèvres très soignées, pas comme les siennes ; ça sent la framboise, comme elle... Tous les sujets étaient bons pour se la remémorer.
Émilie s'assombrit en rinçant le savon qui courait sur sa peau. Il lui semblait bien qu'elle avait rompu avec Fabian, son premier copain, à cause précisément de son obsession pour la future Faë. Il lui avait dit avec calme qu'il ne pouvait rester en couple avec une fille qui en aimait un autre. Cela l'avait fait rire jaune. Aimer ? Mais elle n'était pas amoureuse de son elfe. Elle ne la connaissait pas, n'avait pas échangé plus d'une centaine de mots avec elle. Elle avait juste photographié son corps détail par détail jusqu'à en faire un objet de culte. C'était tout. Elle était obsédée par le physique de sa fée, sans considération aucune pour sa personnalité. Enfin, à par ce qu'elle en montrait.
« Bon sang, je suis encore en train de penser à elle ! » pesta Émilie en quittant la douche, attrapant vivement une serviette pour se recouvrir.
Heureusement, elle s'était calmée avec les années, et avait même sincèrement aimé Louis. Ce qui n'empêchait pas qu'aujourd'hui encore, c'était son elfe qui lui revenait invariablement en tête. Si elle l'avait idéalisée ? Bien entendu, et elle en était cruellement consciente, sachant également que son refus de l'équation « Faë = fée verte » venait de là.
Ça, mais aussi le fait que le flirt de la rouquine entretenait avec la blonde l'ait bien davantage dérangée par son aspect intrusif que sur le principe. Si l'idée qu'on perturbe sa tranquillité l'énervait, elle n'avait pas bronché à savoir la jolie blonde se faire draguer. Ce qui paraissait plutôt logique, à présent qu'Émilie avait accepté cette sécession entre sa fée et elle. Faë ne l'intéressait pas le moindre du monde physiquement.
Cela ne signifiait pas qu'elle était incapable de la reconnaître comme sacrément jolie, bien sûr. Seulement, si la rousse - comment se nommait-elle, déjà ? Alicia ? - la voulait, elle n'avait aucun argument à lui opposer, ni même d'émotions négatives à ce propos. Quelque part, eh bien, ça ne la concernait pas.
Émilie en arrivait à cette conclusion lorsqu'elle sortit de la pièce embuée, seulement vêtue d'une serviette, pour s'effondrer sur le lit. Elle jeta un regard au bureau, songeant à ses cours, à l'étude de documents qu'il lui fallait faire pour le surlendemain, avant d'enfiler un jean - elle aimait se balader torse nu et il faisait assez chaud dans l'appartement pour cela - et d'aller chercher dans le placard des pâtes qu'elle prépara en brossant intérieurement un portrait rapide et peu flatteur du couple.
Alisshia (c'était ça, son nom, elle s'en souvenait, maintenant) et Faë. Elles étaient devenues complices si vite que cela l'avait légèrement agacée. Mais ça ne la concernait pas. Elles voulaient se sauter dessus au bout de deux heures ? Grand bien leur fasse !
Ça ne va pas du tout, Émilie, songea-t-elle en plongeant sa fourchette dans le plat, tu es complètement et ridiculement jalouse.
La jeune fille soupira en abandonnant son assiette dans l'évier, avant de se jeter sur le lit et de déboutonner son pantalon.
Quel goût ont les baisers de Faë ? se demanda-t-elle incongrûment.
Il lui semblait que ceux de sa fée verte traînaient encore sur ses lèvres, la saveur si particulière de sa salive résidant dans sa bouche à elle. Il lui semblait - elle ferma les yeux - que sa fée l'embrassait à nouveau, dévorant sa bouche, ravageant, suçant, goûtant avec avidité. Il lui semblait que ses cheveux secs et blonds comme de la paille l'effleuraient, que l'absinthe fluorescente de ses yeux la fixait une nouvelle fois.
Émilie effleura son sein droit, reproduisant son geste du côté gauche, sans ouvrir ses paupières. Si seulement... Elle aurait voulu que son elfe ne la quitte pas si rapidement ce jour-là, qu'elle lui donne un moyen de la contacter, qu'elle reste avec elle, qu'elle l'embrasse encore... Que sa langue fouille sa cavité buccale une fois de plus, rien qu'une ! Qu'elle dérive sur son cou, caresse la courbe de sa nuque, joue de sa langue contre elle - l'étudiante effleura sa peau à l'endroit mentionné. Qu'elle descende encore, retrace ses clavicules, frôle sa poitrine, aille peut-être jusqu'à la parcourir consciencieusement, de ses doigts ou de ses lèvres.
L'étudiante pinça son téton droit, le malmenant sans regrets, sa seconde main plongeant plus bas pour chatouiller les poils bruns menant à son intimité. Sa jolie fée relèverait alors la tête pour lui sourire et l'embrasser encore, puis- Ça n'allait pas. Sa fée n'était pas comme ça. Faë, oui, peut-être. Dans sa tête, sa projection gagna quelque années, changea légèrement avant de replonger vers sa poitrine, les doigts de Faë joignant les siens pour palper et flatter les chairs sensibles...
Ça n'allait toujours pas. Elle ne voulait pas de Faë, et doutait que Faë soit intéressée par sa personne. Par la rousse, oui, mais pas par elle. Le fantasme s'orna donc d'une Alisshia dénudée, sur laquelle Faë pivota aussitôt.
Émilie frotta doucement les lèvres de son sexe, observant les deux filles s'embrasser avec passion, se frictionnant durement l'une contre l'autre tandis que la rousse prenait l'un des mamelon de Faë en bouche pour le suçoter alors même que la blonde poussait des soupirs d'une indécence totale. Bizarrement, alors qu'elle avait plutôt songé sa fée verte prendre l'initiative, il lui paraissait naturel que ce soit Alisshia qui invite celle-ci à la débauche.
Elle pétrit doucement son clitoris, invitant la cyprine à envahir le bout de ses ongles, à engloutir son désir si présent. Son intimité pulsante lui paraissait aussi chaude et accueillante qu'Alisshia n'avait l'air de trouver celle de Faë, ses lèvres humides prêtes à accueillir qui de droit.
La brunette introduisit délicatement deux doigts dans son entrecuisse gluante, imaginant la rousse reproduire ce geste sur Faë qui, écho à ses propres grognements, gémissait divinement. Alisshia glissa sa tête entre les jambes de la blonde pour venir frôler, effleurer, lécher sa part gardée secrète jusqu'alors ; et Émilie se crut presque venir à cette image, sa main se glissant lourdement dans les chairs palpitantes, gonflées par le désir.
La rousse n'hésita, dans son rêve éveillé, pas une seconde avant de n'infliger à sa compagne le traitement qu'Émilie s'offrait ; il lui sembla, un moment, que rien ne pourrait jamais également la vision d'Alisshia taquinant, jouant, pénétrant l'intimité de celle qui avait été sa fée verte.
Il lui fallut néanmoins encore quelques caresses habiles de ses doigts pour jouir, se retrouvant le visage rouge et la peau en feu - recouverte d'une pellicule de sueur, de fait - sur le dessus-de-lit blanc. Lorsqu'elle tourna la tête, elle songea vaguement à la similitude entre sa posture et celle qu'aurait prit une prostituée pour aguicher son client, alanguie, les cuisses grandes ouvertes. À la différence, ajouta-t-elle avec un filet de vitriol à sa propre destination, qu'elle avait déjà dépassé et l'acte sexuel et la jouissance.
C'était ridicule, obsessionnel et malsain d'utiliser un souvenir qui la hantait à ce point, en passant par les figures de deux femmes rencontrées le jour même, afin de se mener soi-même à l'orgasme (enfin, d'essayer). C'était hélas aussi cruel de la part de sa fée verte de la chambouler à ce point et de continuer, malgré les années, à occuper ses pensées. Et ça faisait mal, définitivement mal, de se dire que ni sa fée verte - une simple illusion qu'elle s'était elle-même, stupide, oh, stupide, créée - ni Faë ne lui étaient destinées.
Émilie se renfonça dans les oreillers, étudiant les deux options tentantes de déverser tout ce qu'elle pouvait émettre de larmes dans l'un des deux ou bien de se lever pour noyer ses émotions douloureuses dans une tasse de chocolat chaud.