Roman slash - "Les mauvais anges" d'Eric jourdan

Apr 20, 2010 18:32


Titre: "les mauvais anges"
Auteur: Eric jourdan
Editeur: La Musardine
Où le trouver: rayons spécialisés ou Amazon - format poche

Résumé: dans les années 50, Pierre et Gérard sont deux cousins germains de 17 ans, qui vivent sous le même toit, depuis la mort de leurs mères. Ils passent un été à la campagne avec leurs pères, juste avant l'année du bac à venir. Leur relation, complexe, entre amitié et fascination franchit un cap décisif au cours de ces deux mois de vacances...

Ce livre a été écrit dans les années 50, par un adolescent de 16 ans. A sa publication, il a subi les foudres de la censure, ce n'est que dans les années 70 qu'il a pu être réédité. Alors que dire... le livre est scindé en deux parties, la première est racontée du point de vue de Pierre et la seconde de celui de Gérard. Ce qui frappe de prime abord, c'est le style. On a du mal à imaginer que c'est un ado qui a écrit ce texte tellement le niveau est élevé. Néanmoins, c'en est presque trop tant parfois, le style devient ampoulé et rappelle les grandes envolées lyriques du style romantique, avec des phrases souvent très longues, et dépourvues de virgules salvatrices. Les mots employés sont forts, parfois excessifs. Oui, on est dans l'excès en quasi permanence, du moins pour la partie de Pierre, celle de Gérard étant empreinte d'un peu plus de... pragmatisme.

Au fil de la lecture cependant, on se rend compte que le style est en totale adéquation avec la violence qui empreint chacun des sentiments décrits par les protagonistes. En effet, l'amour qu'ils se dévoilent mutuellement est à ce point entier qu'il est exclusif et par la même, conduit les deux garçons aux pires extrêmes. Ils s'aiment et pourtant se font mal. Ce qui n'est qu'un jeu se mue le plus souvent en des bagarres où Pierre cherche à avoir le dessus en permanence. Ils sont beaux, ils s'admirent, refusent jusqu'à l'idée que qui ou quoi que ce soit se mettent entre eux. Gérard est un réservoir de violence rentrée, et pourtant c'est lui qui le plus souvent se soumet. L'adjonction de son point de vue à l'histoire explique et décortique un peu plus ce que Pierre laisse entendre. l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre est à la fois leur plus grand bonheur et leur plus grande torture.

Bien évidemment arrive le moment où les pères se rendent compte que quelque chose ne tourne pas rond, en cela bien aidés par le voisinage bourgeois et bien pensant. Et l'été touche à son terme. Doivent-ils accepter l'idée d'être séparés? Non. Le futur n'est qu'un élément vague et sans consistance. c'est le présent qu'ils veulent vivre. A jamais.

Le style m'a parfois gênée dans ma lecture, ayant du mal avec les flamboiements exacerbés des sentiments rendus jusqu'à la lie. cependant, l'histoire d'amour entre ces deux adolescents est fascinante du fait qu'elle est parfois dérangeante dans ses excès. Les descriptions des décors et des paysages sont superbes, certains moments d'intimité sont également bien rendus. A noter que du fait que le livre a été écrit dans les années 50, il ne faut pas se leurrer: tout cela reste globalement sage (par rapport à ce que la littérature gay d'aujourd'hui peut nous "offrir", parfois), mais on conçoit sans difficulté qu'il ait fait un tollé à sa sortie.

Un livre à lire, je pense, ne serait ce que pour l'époque, la beauté globale du texte, et le traitement à l'extrême des sentiments. 

romance, roman

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