Semaine de la Fic #2 : Dimanche et extra

Sep 13, 2010 12:00



Chapitre 7 : … la tempête.
Septembre 2022

Une des parties de la réponse s’imposa à ses yeux quand Potter 3.bis revint pour sa Sixième année, quelques semaines après ses seize ans.

L’adolescent avait commencé une tardive mais prodigieuse poussé de croissance vers le mois de mai ; quand il franchit le seuil du bureau de Severus, tard après les festivités de la rentrée, ce dernier eut à peine à baisser les yeux pour le regarder.

Instinctivement, il se suréleva de quelques centimètres au-dessus du sol.

Les lèvres de Potter s’incurvèrent légèrement.

-- Vous avez passé de bonnes vacances ? demanda-t-il d’un ton dont Severus remarqua à peine l’amabilité parce que Potter ne parlait plus, il grondait.

Sensuellement, et agréablement, mais il grondait. Severus se remémora sa propre mue maladroite et décida que la vie était injuste.

Terriblement injuste, corrigea-t-il après avoir fait signe à Potter de s’asseoir, quand l’éclat brillant d’un insigne de préfet flambant neuf attira son attention sur un col entrouvert et le spectacle entraperçu d’une clavicule que Michel-Ange aurait sculptée en pleurant.

Oh. Les fantômes pouvaient saliver.

Par bonheur Al parlait tout seul et ans lui prêter attention, comme il le faisait souvent, et sa voix roulait et rappelait un torrent de montagne sur des pierres ombragées par de grands arbres silencieux…

Severus ne croyait pas au coup de foudre mais il admit immédiatement qu’il était mal barré. Deux yeux d’un vert profond, terriblement froids et intelligents le fixaient et il réalisa que Potter s’était tu.

-- Je vous demande pardon, dit-il d’une voix neutre. Des ennuis de dernière minute plutôt agaçants.

‘Agaçant’ remporta la partie. Même Potter ne pouvait nier que Severus Snape était facilement agacé.

-- Je peux repasser plus tard, proposa-t-il.

S’il le mettait à la porte maintenant, Severus savait qu’il commencerait à éviter le garçon et que celui-ci s’en rendrait très rapidement compte.

-- Non, restez. Alors. Votre frère est-il parvenu à s’abstenir de mettre une pauvre malheureuse enceinte ?

La remarque était cruelle et l’expression de Potter balança entre le rire et l’indignation mais elle eut le mérite de relancer la discussion. Ils bavardèrent deux heures avant que Potter décidât de regagner les quartiers de Serpentard et se levât, frottant d’une façon négligente et insupportable la marque de son nouveau pouvoir. Il était maigre comme un clou, se consola Severus en l’observant s’éloigner vers la porte. Mais il se tenait toujours aussi droit, nullement gêné par sa nouvelle stature.

-- Bonne soirée, lança-t-il avec un dernier sourire avant de disparaître.

‘Gnnfm’, songea Severus en retour.

Il était temps de revoir quelqu’un qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps.

###

-- C’est formidable, Severus, s’exclama joyeusement Tesla dont le reste de cheveux était à présent d’un blanc éclatant.

-- Vous n’avez absolument rien écouté. Je vous parle d’un béguin, pour un élève, pour un Potter, et votre seule réaction est de vous mettre à piailler d’excitation maladive. Qu’est-ce qui ne va pas avec vous, Isidore ?

-- Là, là, prononça sagement le petit Moldu comme s’il cherchait à calmer un animal blessé ou à tendances homicides. Je comprends que le choc ait été rude. Mais vous l’avez dit vous-même, vous avez beaucoup d’affection pour le jeune homme -

-- Gamin. Enfant.

-- … qui sera majeur dans moins d’un an et semble capable de vous opposer un challenge intellectuel conséquent, observa finement le psychologue.

Oh, la concentration dans les yeux de Potter.

-- De plus, il semblerait que son orientation sexuelle joue en votre faveur.

-- Que suggérez-vous ? Que je séduise le gamin ? demanda Severus avec colère.

Tesla haussa les épaules.

-- Simplement d’attendre de voir ce qui va se passer. Après tout, ça pourrait en effet n’être qu’un béguin. D’après Irène, c’était quelque chose qui arrivait couramment à son père, même après son décès.

Irène Ganimard, nouvelle Directrice de BeauxBâtons, qui sous le prétexte de nouveaux échanges interculturels fut à Poudlard deux jours après avoir appris la nouvelle.

-- Il est très appétissant, apprécia-t-elle en reluquant le nouveau Préfet de Serpentard au dîner ce soir-là.

-- Quelle âge avez-vous à présent ? demanda amicalement Severus. Cinquante-quatre ? Cinquante-cinq?

Irène lui planta férocement sa fourchette au travers de la main. Severus ne doutait pas qu’elle aurait fait de même s’il avait été vivant.

Il avait eu raison. Le lendemain, dix minutes après avoir engagé une conversation sur les sortilèges antiques gréco-romains, la Directrice de la plus grande Ecole française de Magie et le jeune Préfet de Serpentard semblaient avoir élevé les cochons ensemble. Il les observa glousser et ricaner et se demanda s’ils se moquaient de lui. Voilà qu’il redevenait paranoïaque.

-- C’est vrai qu’en fait vous connaissez la raison qui vous a maintenu ici ? demanda Potter lors de sa visite suivante.

Irène allait mourir.

-- Oui, répondit-il laconiquement. Mais vous n’en saurez pas davantage, Potter, ajouta-t-il rapidement alors que l’adolescent ouvrait à nouveau la bouche.

-- C’est un secret honteux, alors, murmura ce dernier avec une expression spéculative. Une promesse embarrassante que Dumbledore vous aurait arrachée, ou une affection cachée pour quelqu’un d’encore vivant…

-- J’ai toujours eu envie de me taper votre père, dit sèchement Severus.

Il eut la satisfaction de voir son jeune visiteur recracher sa gorgée de thé. Malheureusement, il n’était pas du genre à rester longtemps confus.

-- Est-ce que deux fantômes peuvent avoir des relations sexuelles ? demanda-t-il sérieusement.

-- Non.

-- Est-ce que vous avez seulement envie d’avoir des relations sexuelles ?

-- Pas physiquement, non, et cette conversation est terminée.

-- Je demandais simplement parce que les recherches d’Irène son passionnantes, ajouta Potter. Visiblement, certains de ses collègues commencent à s’y intéresser, notamment les historiens. Ils pensent que ce serait possible, si nous parvenions à mieux communiquer avec les fantômes, de récupérer des sortilèges très anciens oubliés depuis l’époque de leur vivant.

-- Et tout ceci a un rapport avec la sexualité de votre Directeur d’Ecole ?

Al roula des yeux. ‘Ne soyez pas ridicule’, lancèrent ses yeux.

-- Non, j’étais juste curieux.

Severus, dont l’attirance ne diminuait pas, commença à s’interroger sur la façon dont Albus Potter le percevait. Une sorte de figure paternelle ? Un mentor ? Un ami ?

Un vieux fantôme intéressant ?

Il observa tout au long de l’année l’adolescent s’étoffer et acquérir les dernières miettes d’une assurance insupportable. Les cours de karaté du professeur Inami devinrent soudainement un spectacle intéressant. Potter, bien trop sexy dans son kimono largement entrouvert, avait dépassé son frère en taille et le mettait désormais à terre avec une facilité délicieuse.

Severus faisait de son mieux pour dissimuler son intérêt et pensait s’en sortir plutôt bien quand un soir ce fut James Potter qui frappa à sa porte. Severus guetta avec intérêt les premiers mots de sa jeune Némésis : déclaration de guerre ou proposition de trêve ?

-- Je n’arrive pas à comprendre ce qu’Al vous trouve, dit finalement le jeune homme après beaucoup d’hésitation.

Ses paroles étaient presque… civiles. Si on mettait de côté l’insulte sous-entendue.

-- Le sentiment est réciproque, M. Potter, répondit calmement Severus. Maintenant sortez, j’ai du travail.

Peut-être James Sirius Potter avait-il exactement compris ce qu’il voulait dire par là. Dans tous les cas, si Severus et lui continuèrent de se sauter à la gorge sur de nombreux sujets, ce ne fut jamais à propos de son jeune frère. En juin, il valida ses NEWTs et quitta Poudlard sans plus d’histoires.

Et c’était comme si Severus était libéré de toute surveillance. Oh, il restait bien une demi-douzaine de Weasley pour veiller sur la vertu du jeune Al - qui semblait très bien s’en sortir seul, d’ailleurs - mais plus de copie carbone de son père et son grand-père.

Ce n’était pas un béguin, admit-il un soir où Potter, vautré pieds-nus sur le tapis de son salon, dans ses appartements, feuilletait un vieux livre de Botanique en lançant de temps à autre un commentaire sarcastique de sa voix grave. Ses jambes étaient interminables et la courbe de son dos un supplice. C’était plus qu’un béguin. Enfin, il ne s’imaginait peut-être pas encore marié, dans une petite maison de campagne, avec un chien, quelques marmots et des gnomes dans le potager, mais il pouvait très bien voir Potter dans son lit, Potter se moquant de lui au petit-déjeuner, Potter se brossant les dents dans leur salle de bain…

Le garçon souffla distraitement sur une boucle de cheveux rebelle et Severus se rappela combien il était jeune et lui-même vieux. Beaucoup plus vieux.

-- Vous ne m’écoutez à nouveau pas, remarqua Al sans lever les yeux.

-- Mmh.

Sa réponse vague lui attira un regard vif sous des cils bien trop longs.

-- Une petite crise non-existentielle ?

-- Peut-être.

Al se redressa sur ses coudes, ferma posément son grimoire et se tourna à moitié, le menton posé sur une main.

-- Vous avez envie de partir ?

-- J’y pense parfois, répondit honnêtement Severus. Mais c’est de toute façon inenvisageable dans la situation présente.

-- Votre fameuse tâche à accomplir… Allez, dites-moi.

Severus lui jeta un regard imperturbable et Potter sourit légèrement.

-- S’il vous plaît ? demanda-t-il d’un ton séducteur.

-- Non. J’ai dit non, Potter, arrêtez de battre des paupières.

Al abandonna sans se vexer et revint au sujet précédent.

-- Vous pourriez toujours partir en guerre contre le Ministère, suggéra-t-il. Voyager serait intéressant, mais malheureusement impossible. Vous pourriez écrire vos mémoires. Reprendre quelques cours. Les modules de Magie Noire attirent de plus en plus d’étudiants, vous l’avez dit vous-même. Je sais que vous filtrez scrupuleusement les candidats, mais maîtriser un apprenti Seigneur des Ténèbres pourrait vous occuper.

La blague aurait été de mauvais goût, mais Severus savait que le jeune homme ne plaisantait qu’à moitié.

-- Ce n’est pas une situation que je souhaite revivre, murmura-t-il.

-- Ca arrivera un jour ou l’autre, vous savez, remarqua Al en reprenant sa lecture. L’apparition d’un nouveau sorcier à la puissance de dix dragons et la stabilité mentale d’un canard, précisa-t-il comme Severus l’observait sans rien dire. Vous n’allez pas y couper, surtout si vous restez là un bout de temps.

-- Je ne pense pas qu’il s’agira d’un homme seul, dit sérieusement Severus.

Al lui jeta un regard intrigué.

-- Un groupe de sorciers ? Avec des capacités sociales pareilles, ils risquent de s’entretuer.

-- Pas s’ils sont liés par le sang. On a vu des monstres infâmes montrer un respect et une confiance inébranlables pour leur propre famille.

-- Des frères meurtriers ? Des triplées diaboliques ?

-- Des rouquins de l’Enfer.

Albus riait rarement à gorge déployée mais Severus aurait été capable de beaucoup de choses pour un de ses sourires spontanés.

-- Sérieusement, réattaqua Potter quelques semaines plus tard, vous recevez au moins cinquante lettres par an pour intégrer la classe prépa de Poudlard. Vous pourriez en créer une deuxième.

Severus soupira théâtralement.

-- Potter, je comprends votre inquiétude quant à l’acceptation de votre candidature pour l’année à venir -

-- Quoi ? Oh, non, je ne compte pas rester là l’an prochain.

Severus resta la bouche ouverte.

-- Je pensais que vous vouliez étudier la Magie Noire.

-- Déjà fait, dit distraitement son élève en se dressant sur la pointe des pieds pour attraper un livre haut perché.

Severus fut un instant distrait par quelques centimètres carrés de hanches et de peau blanche, puis reprit ses esprits.

-- Que voulez-vous dire ?

-- Je ne suis pas resté les bras croisés pendant sept ans. Oh, allez. J’ai craqué les protections de la Section Interdite en Quatrième Année. J’en sais davantage que les redoublants de la Huitième, l’informa-t-il sans fausse modestie.

Severus n’en doutait pas, mais il avait toujours pensé que Potter resterait pour ne serait-ce que valider ses compétences.

-- Qu’allez-vous faire, alors ? s’enquit-il d’une voix qu’il s’efforça de maintenir indifférente.

-- Un tour du monde, pour commencer. (Il lui jeta un regard malicieux.) Je vous enverrai des cartes postales.

Oh.

Il commença même avant la fin des cours. La première lettre que reçut Severus pendant les vacances de Pâques venait des Canaries, était légèrement moqueuse, et il aurait pu s’en fâcher si elle n’avait pas fait dix feuillets d’épaisseur et contenu un nombre important de descriptions de potions locales méconnues.

-- Pour vous, dit Potter en déposant un petit sachet sur le bureau. Du sable volcanique. Est-ce que je peux au moins participer aux TP du dernier trimestre de Magie Noire ?

Encore deux mois et il serait parti. Pour la seconde fois depuis sa mort, le cœur absent de Severus se déchira douloureusement. Il but pratiquement des yeux le jeune homme pendant les dernières semaines. Il se gorgea de sa longue silhouette, de sa nuque délectable, de sa peau pâle, de ses boucles sombres qu’il aurait aimait, s’il avait été vivant et dans d’autres circonstances, empoigner à pleines mains pour sentir leur douceur. Seules ses lèvres le laissaient froid, peut-être parce que Potter avait parfois la langue trop assassine, peut-être parce qu’il n’arrivait plus à imaginer ce que serait de l’embrasser.

Potter ne chercha pas à le voir plus souvent pendant cette période. Il continua ses deux ou trois visites hebdomadaires, ne changea rien à son comportement, étudia vaguement pour ses NEWTs. Severus se demanda comment il allait bien pouvoir supporter à nouveau ses longues soirées solitaires.

Brusquement, brutalement, ce fut la dernière semaine de cours.

L’avant-dernier jour, l’annonce des résultats des examens - et Potter remporta un nouveau record - et le dernier dîner avant le départ, le lendemain.

Potter vint lui rendre visite une dernière fois, sans paraître perturbé. Il lui souhaita au revoir et ne lui fit, Merlin soit loué, pas de cadeau ridicule pour toutes ces années écoulées. Puis il disparut.

Severus resta seul avec un canard zombie.

Fin de la première partie.



Interlude : Pedro le canard Zombie
Mai 2024

Les jours s‘écoulaient bien plus calmement depuis que James l’Affreux avait quitté son Ecole. Severus ne pouvait nier un certain sentiment d’ennui qui l’accablait parfois en fin d’après-midi, entre deux remplissages de paperasse et une visite d’Al, mais l’un dans l’autre la disparition du risque de tomber sur la sale face de J.S.P. au détour d’un couloir valait toutes les minutes d’ennui du monde.

Il savourait donc pleinement une Ecole à peu près paisible et sauve. Sa libido spectrale suffisait à l’occuper quand il le fallait.

Il déambulait ce jour-là dans ses couloirs favoris, arrachant de petits cris de souris aux Premières Années qui couraient de-ci de-là, quand son instinct durement acquis lui botta violemment le derrière. Quelque chose n’allait pas, réalisa-t-il. Une catastrophe guettait le moment opportun de montrer le bout de son nez.

En réalité, c’était un bec, comme Severus allait le découvrir.

-- Pro… professeur Snape.

L’élève de Troisième Année qui se tenait devant lui - Gustave Finkle-Smith, Lancaster, parents sorciers, lui fournit sa mémoire - était pâle comme un linge et devait avoir été le témoin d’un spectacle particulièrement horrible pour surmonter la peur de lui adresser la parole. Le garçon tendit un doigt tremblant en direction du cloître et Severus s’éloigna prestement.

Au centre de l’esplanade carrée, un attroupement s’était formé. Severus s’avança et la mer d’élèves s’ouvrit devant lui, une astuce qu’il avait apprise au bout de quelques années de hante : un souffle glacial sur la nuque suffisait généralement à faire déguerpir n’importe qui.

Il se retrouva au centre du cercle.

Visiblement, la promotion 2024 d’étudiants en Magie Noire était particulièrement douée, constata-t-il en contemplant les cinq petits animaux qui boitillaient en rond, poussant parfois des grognements pathétiques.

-- Monsieur, souffla une minuscule Première Année accrochée à la cape d’une de ses aînées, est-ce que ce sont des zombies ?

-- Il semblerait en effet que nous soyons en présence d’animaux morts-vivants, miss Smith.

-- Trop cool.

Severus regarda son visage extatique et songea qu’il ne comprendrait jamais les enfants.

A son grand soulagement sa réaction ne fut pas entièrement partagée.

-- C’est dégoûtant ! s’exclamèrent plusieurs spectateurs, tandis que quelques estomacs particulièrement fragiles s’éloignaient, une main devant la bouche.

-- Mais non, c’est mignon, babilla Smith. On dirait des créatures de Tim Burton !

-- Tim qui ?

-- Burton, le réalisateur de films !

Severus contempla les pauvres bêtes aux yeux vides et aux coutures plus ou moins réussies et se demanda de quelle façon les Moldus pouvaient bien élever leurs enfants. Il retint Smith qui s’avançait pour saisir un lapin à trois pattes.

-- Le spectacle est terminé, gronda-t-il. Je crois que vos cours reprennent dans dix minutes.

Les élèves s’éparpillèrent immédiatement.

Severus se pencha et observa les animaux attentivement. Ils semblaient relativement frais, et généralement d’une seule pièce. Sans doute les travaux pratiques de la veille qui s’étaient échappés. Il faudrait renforcer la sécurité du bâtiment de MN, pensa-t-il en e tournant vers l’allée qui menait à la grande bâtisse sombre.

Allée où accouraient quatre étudiants de prépa, une lueur légèrement paniquée dans les yeux. Potter suivait d’une foulée nonchalante. Petroff, une jeune moscovite à la cervelle bien faite, avisa les fuyards la première.

-- Oh, vous les avez retrouvés ! s’exclama-t-elle avec un soulagement évident. Je suis désolée professeur, nous ne pensions pas que Michel - c’est le singe - serait assez malin pour ouvrir les cages.

-- Des zombies en liberté dans l’Ecole ? demanda froidement Severus. Vous avez eu beaucoup de chance qu’ils n’aient pas eu le temps de causer de dégâts, miss Petroff.

-- Oh, ils ne sont pas dangereux, protesta-t-elle. Albus a eu l’idée de les ressusciter avec du sang d’animaux végétariens, ils ne s’acharnent que sur les légumes.

Severus se tourna vers le jeune homme qui, la tête penchée sur le côté, demeurait impassible. Il n’avait pas encore décidé si c’avait été une bonne idée de lui donner la permission de participer aux TP ou s’il avait déclenché la fin du monde.

-- Ramassez vos créatures, ordonna-t-il sèchement. Et veillez à ce que cela ne se reproduise plus. Et débarrassez-vous du singe.

Un autre élève, Sanchez, jeta un regard désolé au petit ouistiti perché sur son bras mais hocha la tête.

Potter n’avait pas bougé, mais un canard s’était dandiné jusqu’à ses pieds avant de s’immobiliser sagement. C’était un joli canard. Une sarcelle d’hiver, crut reconnaître Snape. Contrairement au singe, au lapin, au chat et au furet, sa peau n’avait pas commencé à peler. Des plumes. De la bonne kératine bien solide. Bon choix.

-- Viens, Pedro, ordonna Potter en suivant ses aînés.

Le canard lui emboîta le pas, sautillant toutes les trois ou quatre foulées.

###

Severus aurait dû savoir qu’il entendrait encore parler du canard. Potter était concerné par l’histoire, après tout.

Il lança cependant un regard sombre à Amalia Spring, professeur de Potions redouté et responsable du module de MN, quand ce soir-là Petroff et Potter pénétrèrent dans la Grande Salle avec le lapin et le canard sur leurs talons. Spring ne fut pas impressionnée. (Mais elle avait aussi mauvais caractère que lui, une des raisons pour lesquelles il l’avait engagée.)

-- Quoi ? aboya-t-elle. Si vous avez une critique à formuler, allez-y.

-- Des zombies, Amalia.

-- Et alors ? Ils ne sont pas dangereux, et le Ministère est d’accord pour que nous étudiions le sujet, non ? Le singe a été neutralisé, le furet et le chat n’ont pas tenu le coup, mais Potter et Petroff se sont bien débrouillés avec leurs bestioles et ils ont insisté pour les garder à l’œil. Je trouve que c’est une bonne idée. De toute façon, ils vont commencer à sentir mauvais d’ici quelques jours, on en reparlera à ce moment-là, conclut-elle en piochant dans son assiettée de tagliatelles.

Les deux bestioles, aussitôt promues mascottes par les élèves d’origine moldue, perdirent en effet de leur attrait au bout d’une semaine quand ils commencèrent à semer des asticots dans les couloirs. Severus ne possédait qu’un odorat très léger, tout comme sa capacité à toucher, mais dut reconnaître que leurs émanations avaient de quoi perturber.

-- Faites quelque chose, Potter, gronda-t-il un soir où Al, assit dans son fauteuil préféré devant le feu, relisait un devoir en caressant distraitement l’immondice qui ronronnait sur ses genoux.

-- Je ne peux tout de même pas mettre fin à sa vie, rétorqua-t-il d’un ton raisonnable qui hérissa le poil inexistant de Severus.

-- Trouvez une solution. Débrouillez-vous. Pourquoi votre canard frétille-t-il du bec ?

-- Je l’ai ressuscité avec du sang de lapin, répondit Potter comme s’il statuait une évidence.

-- Conscience de rongeur ou pas, faites quelque chose pour cette abomination.

Le jeune homme poussa un long soupir douloureux et martyrisé mais le lendemain, le canard ne sentait plus. Severus fut intrigué mais décida qu’il ne s’abaisserait pas à demander comment. Il le découvrit quinze jours plus tard en pénétrant inopinément dans le laboratoire de MN - il passait par là entièrement par hasard, et n’avait certainement pas vu Potter y entrer un quart d’heure plus tôt avec l’animal sur l’épaule - et en surprenant le jeune savant fou en train de fourrer sa créature avec de la paille.

-- Tant que le cerveau reste intact, qu’est-ce que ça change ? expliqua Potter. Vous pouvez me passer l’aile de poulet, là ? Pedro s’est pris la sienne dans une porte.

Vers la mi-juin, le lapin s’était finalement désagrégé et le canard ressemblait à un patchwork ambulant. Il exhibait à présent, en plus de son aile aviaire, une patte de pigeon, une queue de perroquet et un œil de canard souchet qui le rendait plus inquiétant que mignon. C’était dommage car la bestiole était affectueuse, réalisa Severus un soir où Pedro, se sentant seul, était venu s’installer au travers de ses genoux, nullement perturbé par son manque de tangibilité.

Ce fut comme ça que Potter les trouva quelques instants plus tard. Le jeune homme sourit avec amusement.

-- Ca tombe bien, observa-t-il.

-- Que voulez-vous dire ?

Al haussa les épaules.

-- Je ne vais pas pouvoir l’emmener avec moi. Je pensais vous le laisser, maman ne l’acceptera jamais à la maison.

Une fois de plus, Severus repoussa la douleur du départ imminent du jeune génie.

-- Vous pensez réellement que j’ai le temps de m’occuper d’un oiseau à moitié décomposé ? lança-t-il froidement.

-- Kwiiin, émit tristement Pedro.

-- Le professeur Spring m’a dit qu’elle continuerait de le maintenir en état. Vous aurez juste à lui lire une histoire le soir.

-- Une histoire ? Non, attendez, les zombies ne dorment pas, Potter.

-- Je ne vois pas le rapport. Les fantômes non plus. Il aime bien les histoires, c’est tout. (Al baissa le ton jusqu’à chuchoter.) Mais pas le Vilain Petit Canard. Ca le perturbe. C’est d’accord alors ? ajouta-t-il joyeusement.

La bête frotta sa tête contre sa main - enfin, elle essaya, et se frotta plutôt sur l’accoudoir - et Severus ne vit pas comment refuser.

Et puis, il aurait besoin d’un peu de compagnie quand Potter ne serait plus là.

A suivre dans le deuxième partie.

Voilà, la deuxième Semaine de la Fic est terminée ! Merci à tous les autres participants =D

Je posterai la suite de la fic d'ici une bonne semaine, le temps de reprendre un peu d'avance.
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