Fic de l'Avent ? -5

Dec 16, 2010 10:07



Chapitre 10 : Installations, questions, préparations
Septembre 2029

Severus, sa nature pessimiste aidant, s’était attendu sinon au pire du moins à de nombreuses difficultés. Les choses - et par les choses, il fallait comprendre la mise et place et l’annonce au monde de sa nouvelle relation avec Albus Severus Potter - se déroulèrent plus facilement qu’il ne l’avait prévu.

Concernant l’occupation immédiate de ses douillets appartements par son jeune, et bien, amant, Severus se retrouva simplement devant le fait accompli. Heureusement, le jeune amant en question se révéla facile à vivre, n’imposant que quelques changements ici et là à sa routine bien établie : un duvet supplémentaire pour affronter le froid contre lequel il n’était pas immunisé, une armoire magiquement agrandie pour ajouter ses affaires, une pièce personnelle où il pouvait, à l’instar de Severus et de son bureau de Directeur, s’isoler quand il le désirait. Severus fut un peu surpris de constater le peu d’affaires personnelles que transportait le jeune homme : une bonne trentaine de livres excellents, ses vêtements, bien entendu, mais seulement trois ou quatre bibelots qui n’encombrèrent pas trop ses étagères et son manteau de cheminée. Quand il lui en parla, Al haussa les épaules.

- J’ai quelques affaires chez mes parents et ce n’était pas facile de voyager avec beaucoup de souvenirs.

C’était un petit peu triste et Severus se retrouva à réfléchir distraitement au premier cadeau qu’il pourrait lui offrir à Noël. Erk. Pire qu’une adolescente amourachée, se reprit-il.

La propension de son nouveau colocataire à laisser traîner ses affaires absolument partout était inversement proportionnelle au nombre des affaires en question, mais Severus, en contemplant un matin le corps endormi et très dénudé d’Al, dans leur lit, décida qu’il se ferait une raison.

Il s’était décidé pour une annonce progressive à ses collègues mais le jeune homme lui coupa l’herbe sous le pied le lendemain de leur accord. (Severus ne pouvait se résoudre à employer les mots « confessions mutuelles ». Il fallait reconnaître que l’instant avait manqué du romantisme dégoulinant ordinairement associé à l’expression.)

- Dans quel coin du château as-tu été installé ? avait demandé Londubat au petit déjeuner.

- Oh, avec le professeur Snape, avait répondu le morveux entre deux bouchées d’œufs. Maintenant que nous sommes en couple, c’est quand même normal.

Le Severus en question avait apprécié en connaisseur les expressions stupéfaites de son équipe. Il avait été davantage surpris par les félicitations timides et souvent détournées qu’ils lui adressèrent au cours de la journée.

Le reste du clan Potter le prit nettement moins bien.

- Espèce de sale pédophile, hurla James Potter en faisant irruption dans son bureau le lendemain.

Ce à quoi, tandis que Severus le regardait avec des yeux ronds, Al se leva de son fauteuil et colla posément un pain à son frère aîné. La conversation qui suivit fut houleuse, Severus apprécia de ne pas être palpable et de voir James plier et déplier nerveusement ses doigts avec frustration, et les deux Potter finirent par partir terminer la conversation en privé.

- Vous auriez pu lui coller un méchant sort, même sans votre baguette, observa Al en revenant une demi-heure plus tard.

- C’est votre frère, répondit simplement Severus, ce qui lui gagna un sourire surpris mais reconnaissant.

Harry Potter fut plus réservé. Severus le soupçonnait de s’être résigné à laisser Al n’en faire qu’à sa tête. Par contre, un défilé de têtes rousses inquiètes pour la santé mentale de leur neveu et cousin commença rapidement.

- Non, Oncle George, arrête de pleurer s’il te plaît… (Al, agenouillé devant la cheminée de leur chambre, jeta un regard suppliant à Severus qui lisait dans son fauteuil.) Non, il ne m’a pas menacé… Je ne pense pas qu’Oncle Ron puisse vraiment lui casser la figure. C’est un fantôme, tu sais… Non, ça ne me dérange pas… Pour l’instant oui… Oui, j’ai eu Mamy Molly…

Il y avait, comme toujours, quelques Weasley à Poudlard, notamment les quadruplés engendrés par George Weasley après un mariage tardif. Les petits démons - deux filles, deux garçons - s’étaient retrouvés distribués entre les quatre maisons. Severus aurait préféré simplement ignorer leur existence mais les retrouvait trop souvent dans son bureau pour cela.

-- Donc maintenant vous êtes notre cousin ? demanda Pollux, le Gryffondor, un beau matin.

Severus interrompit son sermon sur l’utilisation des composés hallucinogènes en cours de Soins au Créatures Magiques et regarda les quatre petits visages innocents levés vers lui. C’était vrai. Il faisait partie, par alliance, de la famille Weasley, et Harry Potter était devenu son beau-père.

Il hésita le reste de la journée entre s’en amuser ou partir se cacher dans le plus profond cachot pour les dix années à venir.

-- Au moins, vous échapperez au repas de Noël, observa Al quand il lui en parla, avec une lueur d’envie dans le regard.

Ils avaient conservé l’habitude de se vouvoyer. D’abord, parce que des années d’usage ne s’effacent pas d’un coup de baguette, ou d’une seule déclaration. Ensuite, parce que c’était plus facile ainsi, plus simple de conserver une certaine distance et de ne pas se demander, continuellement, ce que serait que toucher Al, l’embrasser, goûter sa peau en murmurant son nom.

Le jeune homme ne l’appelait que rarement par son prénom, jamais en public, jamais autre part que dans leur chambre, quelques nuits par semaine.

Il s’était déroulé de nombreuses premières fois en quelques semaines. La première fois qu’Al avait dormi dans ses appartements, le soir de la rentrée. L’agitation de la journée, les dernier préparatifs, la révélation qui lui rendait encore le cœur tout léger étaient parvenus à le lasser, lui, un fantôme, et Al semblait positivement épuisé. Le jeune homme s’était sans façon débarrassé de la plupart de ses vêtements avant de se glisser sous la couette. Severus, hypnotisé par toute cette peau pâle et la notion incongrue de quelqu’un chez lui, mit un moment avant de réaliser qu’il le fixait avec impatience.

-- Alors ? demanda son compagnon.

Il n’enfouit son visage dans l’oreiller avec un grognement satisfait que quand Severus s’installa finalement à côté de lui.

Le premier matin où Al se réveilla, son regard embrumé qui se posa sur la silhouette transparente installée dans un fauteuil près du lit, ses lèvres légèrement incurvées, son soupir heureux avant qu’il ne s’enfouisse sous les draps.

Severus découvrit rapidement que le morveux mettait toujours un temps fou à se lever.

Leur première soirée ensemble, leur première promenade paisible ensemble ; la première fois où Potter, paniqué, le chercha frénétiquement après s’être réveillé sans le voir à côté de lui.

-- J’ai cru que vous étiez parti, marmonna-t-il quand Severus, un peu moqueur et tranquillement installé dans le salon, lui demanda ce qui lui arrivait.

Severus comprit que le mot « parti » incluait une absence définitive qu’Al redoutait. Il veilla à rester à proximité quand le soleil se levait.

Il y avait une autre première fois dont Severus se souviendrait toujours. Celle où, quelques jours après la rentrée, Al l’invita à venir dans la chambre, le fit asseoir en face du lit et commença à se déshabiller. Severus avait toujours pensé qu’une relation avec un vivant ne pourrait être que platonique, mais il manquait clairement d’imagination. Pas Al.

Il fut stupéfait de l’effet qu’il pouvait avoir sur le jeune homme simplement en le regardant et en lui parlant. Les mains de celui-ci tremblaient tandis qu’il déboutonnait sa chemise. Severus se gorgea de la vue des muscles fins, des tétons sombres, du léger duvet qui lui couvrait le ventre et disparaissait sous sa ceinture. Le regard vert attentif brillait et ses narines se dilataient délicatement.

-- Non, gronda Al comme Severus se penchait vers lui.

Il y avait un certain désespoir dans sa voix et Severus obéit, joua le jeu comme si c’était un choix de rester à distance et de le laisser se toucher et se montrer à lui.

Un jeu auquel il n’était pas difficile de se laisser prendre, par ailleurs.

Les jambes d’Al étaient interminables et son sexe déjà dressé quand il ôta ses derniers vêtements. Il y avait trente-et-un ans qu’il était un fantôme, pensa Severus, peut-être trente-cinq qu’il n’avait pas partagé de moments d’intimité avec qui que ce soit. Il n’avait pourtant pas le souvenir d’avoir ressenti une telle intensité de son vivant. Ses poumons - absents - refusaient de fonctionner et son cœur - absent - battait à tout rompre et il était injuste que d’autres parties de son anatomie refusent de revenir à la vie.

-- Dites-moi ce que vous voulez que je fasse, dit Al, sa voix un ronronnement sourd qui fit frémir Severus de haut en bas, revenant ou pas.

Sa langue passa rapidement sur ses lèvres, sa gorge palpitait et ses courtes boucles sombres soulignaient son visage concentré.

Après quelques secondes d’hésitation, Severus lui dit exactement ce qu’il voulait qu’il fasse, prenant petit à petit de l’assurance. Quand Al se laissa finalement aller au milieu des draps froissés, tout en bras et en jambes et en cheveux collés par la sueur et la chaleur, Severus l’entendit prononcer son prénom pour la première fois.

Il veilla à l’entendre à de nombreuses autres reprises, de préférence prononcé d’une voix haletante, tendre, passionnée et toujours, toujours intense.

Et puis, découvrit-il, le fait de ne pouvoir le toucher lui-même n’empêchait pas de le toucher avec d’autres choses. Des années de correspondance lui conféraient une certaine habileté avec un plume, par exemple. Et il avait toujours été doué avec les cordes et les nœuds. La torture des Moldus, peut-être.

Les nuits où il était moins inspiré, il se contentait de faire jouir Al avec sa voix. Parfois sans que le jeune homme ne se touche.

Il ne se sentait pas frustré, du moins au sens physique du terme. Pousser Al dans ses derniers retranchements, le dépouiller de son calme et de sa nonchalance coutumière jusqu’à lui faire balbutier des paroles sans queue ni tête lui procurait une satisfaction et un sentiment de possession qu’il n’avait jamais connus jusque là. Al était têtu, intelligent et déterminé et chaque occasion, comme chaque conversation ou chaque recherche commune, était un challenge.

Mais parfois, il se surprenait à imaginer ce que serait de s’endormir à son côté.

#

-- Bon, annonça Al quelques jours après un réveillon du Jour de l’An particulièrement réussi. (Severus était à peu près certain que personne ne soupçonnait ne serait-ce qu’une fraction de ce que le fils d’Harry Potter et lui-même fricotaient.) Parlons sérieusement. Je vous ai dit en septembre que j’avais une piste. Voici les détails.

Il colla sous le nez de son amant un épais dossier de parchemins jaunis, d’imprimés moldus et de quelques épaisseurs qui ressemblaient à du cuir de gobelin. Severus feuilleta rapidement les premières pages et ne fut pas surpris de ce qu’il trouva.

-- Vous voulez me ressusciter, constata-t-il d’une voix neutre.

-- C’est l’idée. (Al se laissa tomber avec grâce en face de lui et planta ses yeux dans les siens.) C’est le moment de me dire si vous avez un doute. (Il fit un geste nonchalant.) Je ne vous en voudrais pas d’avoir passé cinq années de ma vie à faire toutes ces recherches, c’était intéressant. Mais je vous en voudrais de me donner de faux espoirs.

Il eut un sourire ironique à ces paroles, derrière lequel Severus entrevit toute l’affection - qui trompait-il ? toute la tendresse qu’il lui portait.

-- Donnez-moi deux jours de réflexion, répondit-il calmement.

Al hocha la tête. C’était une demande raisonnable.

La question, ou plutôt les deux questions - était-il possible de le faire revenir parmi les vivants et en avait-il réellement le désir ? - n’étaient pas compliquées mais difficiles. Al avait fait tout son possible pour répondre à la première : en consultant ses notes, Severus retrouva quelques uns des secrets les mieux gardés de la Magie Noire et en découvrit deux fois plus. Les pistes proposées par l’ancien Auror étaient surprenantes, intrigantes et géniales. Après une journée de lecture, l’âme de chercheur de Severus était convaincue et voulait définitivement tenter l’expérience.

Son esprit était plus partagé. Si l’expérience manquait et qu’il disparaissait pour de bon ? Et d’ailleurs, n’était-ce pas ce qu’il avait au départ souhaité en découvrant sa nouvelle condition ? N’était-ce pas la chose naturelle à faire ? Il s’éloigna petit à petit du sujet pour se demander si Potter aurait le cœur brisé. Si Potter serait vraiment capable de passer sa vie avec un fantôme. Avec lui. Et s’il redevenait vivant, mais pas entièrement ? S’il devenait une sorte de monstre entre les deux mondes ? Si, si, si… ?

-- Vous compliquez trop le problème, lui rétorqua sans pitié Irène quand il lui demanda son avis. D’abord, vous n’avez aucune obligation naturelle de rester ou de partir. Et même si vous en aviez une, vous n’êtes pas du genre à laisser ce genre de choses vous ennuyer. C’est à vous de voir si vous voulez partir, rester sous forme de fantôme ou rester sous forme de vivant.

C’était cruel et bien résumé.

Partir ? Il le pourrait, sentait-il confusément. Il suffirait de quelques temps passés avec Al pour se sentir pleinement comblé, pour ne rien regretter. Il fermerait les yeux un soir au coin du feu et quelques secondes plus tard, il ne serait plus là… Il se demanda si Al serait capable de venir le récupérer manu militari au fin fond des enfers. Probablement.

Rester comme fantôme ? Il vivrait des années et des années, veillant sur l’Ecole, Al vieillirait et mourrait ou partirait et il se retrouverait comme quelques années auparavant et le cycle recommencerait.

Revenir comme vivant ?

Il avait du mal à imaginer la dernière situation. Pendant trente années, il n’y avait même pas songé. Il avait du mal à se rappeler ce que c’était de toucher quelque chose, de sentir le vent sur ses joues, son corps qui protestait. Il allait sûrement recommencer à vieillir, survivre une centaine d’années en perdant petit à petit ses capacités. Il aurait faim, sommeil, il serait malade. Il pourrait toucher Al. Il pourrait se retrouver seul si ce dernier décidait de partir.

Toute la nuit précédant l’échéance de sa réflexion, il regarda le jeune homme. Il pourrait lui demander un délai. Il pourrait lui demander une année pour être certain, et pendant cette année Al ferait de son mieux pour ne pas s’attacher à lui, prendrait du recul et ne lui sourirait plus de la même façon. Il regarda le visage enfin paisible, les sourcils fins qui se fronçaient parfois dans son sommeil, les lèvres bien dessinées et les pommettes trop hautes. Il regarda la poitrine qui se soulevait et d’abaissait doucement. Il se demanda si, vivant, ce qu’il ressentait serait différent. Plus fort, plus faible ?

Finalement, sa fierté - sa fichue fierté - eut une fois de plus le dessus. Un Potter l’avait un jour traité de lâche. Il était mort en prouvant le contraire. Les choses n’allaient pas changer parce qu’il était plus vieux, plus heureux et moins vivant.

Deux secondes après cette réalisation, il se rendit compte qu’à présent, de toute façon, il serait incapable de partir sans éprouver le regret de ne pas avoir essayé. Le problème ne se posait donc plus vraiment.

Al ouvrit un œil.

-- Vous avez terminé de vous poser de grandes questions métaphysiques ?

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Leur première étape consista à se trouver un QG bien tranquille. Il était hors de question que quiconque tombe par hasard sur leurs petites expériences : leurs appartements et les laboratoires de Potions furent donc écartés. Al résolu le problème en dénichant enfin l’entrée de la Chambre des Secrets.

-- Ah, dit-il d’un ton satisfait tandis que le lavabo s’écartait. Je savais bien qu’elle se trouvait par là. Allez-y, je vous - Severus ?

-- Mf.

-- Qu’est-ce qui - oh, c’est parce que je parle Fourchelangue ? C’est de famille visiblement, un petit cadeau de Voldemort. Il n’y a pas non plus de quoi en faire tout un - quoi ?

Al le scruta attentivement et son sourire s’élargit.

-- Oooh, vous trouvez ça sexy. Je vais le garder en mémoire.

-- Mgn, dit Severus en s’engageant dans la descente.

La grande salle souterraine était suffisamment enterrée pour qu’une explosion n’ébranle même pas le château. Ils firent disparaître la carcasse à demi-momifiée du Basilic - Dumbledore avait-il échoué à pénétrer dans les lieux ou avait-il décidé de l’abandonner là ? - et apportèrent discrètement ce dont ils avaient besoin.

-- Concernant la date de notre petite sauterie, attaqua Al en étalant une liasse de papiers, je propose le solstice d’été. Jeu de mot à part, c’est une bonne nuit pour renaître au grand jour, comme Voldemort. J’avais pensé un moment à l’équinoxe de printemps - l’équilibre ombre/lumière, le renouveau, tout ça - mais en faisant les calculs j’ai constaté que le solstice tombe le jour du premier quartier lunaire et que c’est encore mieux. (Il tendit un parchemin couvert de gribouillis runiques à son aîné.) Voici la description des influences planétaires. Et puis, si vous devez vous retrouver tout nu au milieu de la forêt, autant que ce soit l’été.

Severus corrigea quelques approximations douteuses sous le regard boudeur du jeune homme et confirma son accord.

-- Ce sont sans doute les ingrédients qui vont nous poser le plus de problèmes, continua l’ancien Serpentard en lui tendant une autre page.

-- Une chose à la fois, Potter. Montrez-moi d’abord vos sources. Je veux savoir de quelle façon vous êtes arrivé à votre petit sortilège.

Relire tous les documents réunis par Potter leur prit plus d’un mois. Perdus au milieu de paragraphes sans intérêt, les renseignements précieux étaient souvent mal décrits et parfois incomplets. Al était parvenu à reconstituer les étapes de la cérémonie à partir de témoignages qui dataient de centaines d’années et provenaient du globe entier. Il avait extrapolé ici et là mais Severus, qui avait participé au renouveau du dernier Seigneur des Ténèbres, ne trouva rien à redire aux grandes lignes.

Il chicana cependant sur les détails.

-- Voldemort n’a pas ressuscité, il a récupéré son corps et son énergie. Il était déjà concret. Il faudra un peu plus que quelques gouttes de sang pour servir de catalyseur entre mon esprit et ce qui deviendra mon corps.

Il essaya de ne pas faire la grimace à l’idée des ingrédients infâmes qui allaient en l’occurrence remplir ce rôle.

-- Beaucoup de sang ? proposa très sérieusement Al en prenant des notes.

-- Ca, et un moyen de créer un lien plus solide. Mmh…

-- On pourrait s’inspirer d’une technique vaudoue et faire un sacrifice. Une vie pour une vie.

-- Si c’est une question d’équilibre, j’espère avoir plus de complexité qu’un poulet, répondit fraichement Severus. Et je me demande…

-- Quoi ?

-- Je me demande si ce serait possible de créer un processus qui n’aurait pas recours à la Magie Noire.

Al lui jeta un regard indéchiffrable.

-- Nous allons vous ressusciter. Avec du sang, des os et de la chair, remarqua-t-il.

-- Des os qui seront les miens et du sang et de la chair qui seront librement donnés. Enfin, je l’espère, ajouta Severus en fronçant les sourcils. Vous n’avez pas l’intention d’aller saigner quelques malheureux Cinquième Année ?

Al secoua la tête, peut-être un peu trop vite.

-- Donc… (Le jeune homme plissa les yeux.) Si on considère que le sang est un ingrédient, comme le sang de dragon, et non un symbole de la vie arrachée à quelqu’un…

-- Encore mieux, s’il est librement donné…

-- Oui… (Al commença à raturer rapidement sur sa feuille en tirant légèrement la langue.) Ca change pas mal de choses. Le protocole reste le même, mais les incantations vont être complètement différentes. Et il va falloir revoir la potion.

Vers Pâques, ils étaient plus ou moins d’accord et se lancèrent dans la recherche des éléments nécessaires à la mixture dans laquelle Severus devrait renaître. Par chance, Al avait gardé de nombreux contacts de ses années d’aventure et, même s’ils durent y mettre le prix, ils parvinrent à se procurer rapidement ce dont ils avaient besoin.

-- Je n’avais encore jamais vu de plume de quetzalcoatl, murmura Al en agitant doucement le phanère irisé.

-- Passionnant. Débita-la en filaments, s’il vous plaît.

Le jeune homme lui avait annoncé qu’il se chargeait des trois ingrédients finaux et Severus ne lui posa pas de questions. Les ossements viendraient de sa propre tombe, bien entendu. Le sang était une question plus délicate. Le sang était personnel. On ne va pas voir ses amis en leur demandant un ou deux litres de sang pour ressusciter un peu. Severus supposait qu’Al avait choisi d’utiliser le sien et se montait progressivement une réserve. Il en était embarrassé et ne dit rien, espérant qu’il n’y avait rien à dire et qu’Al comprenait déjà. Quant à la chair…

Pour ressusciter un humain, il faut de l’humain. Ils n’avaient heureusement pas besoin de 75 kilogrammes de chair humaine, ils n’avaient même pas besoin qu’elle provienne de quelqu’un de vivant, mais Severus avait du mal à imaginer Al s’introduire en douce dans la morgue de Ste-Mangouste pour subtiliser le foie d’un cadavre. Connaissant son amant, il s’attendait à quelque chose de nettement plus farfelu. Mais comme il fallait bien qu’il lui fasse confiance sur certains points, il repoussa soigneusement le sujet de son esprit et se concentra sur la réalisation de la potion, la plus complexe qu’il ait réalisée, bien plus encore que quarante années plus tôt pour son ancien maître.

Finalement, un mois avant la fin des cours, ils furent aussi prêts qu’ils pouvaient l’être.

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A suivre.

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