Fic de l'Avent ou pas -3

Dec 18, 2010 09:05

Hello à tous !
Toutes mes excuses mais je vais devoir vous faire attendre quelques jours pour les trois derniers chapitres de la partie 2. Ce sera donc un cadeau de fin d’année au lieu d’un cadeau de Noël.
Allez, une petite résurrection en attendant la suite. Bonnes fêtes !



Chapitre 12 : Le Solstice, 36 ans plus tard
Juin 2031

-- Le chaudron, la potion, des vêtements de rechange, récapitula Al planté devant le tas de matériel. Il faut juste passer déterrer vos restes respectables et on peut y aller.

On était le 21 juin, il était dix heures du soir, personne n’était venu leur annoncer la fin de Poudlard et Severus commençait à penser que, cette fois, ils allaient sans doute pouvoir aller jusqu’au bout.

-- Et pour le sang et la chair ?

Al tapota la besace qui pendait à son côté.

-- Ne vous inquiétez pas.

Bien sûr qu’il s’inquiétait. Il allait essayer de ressusciter.

Ils quittèrent discrètement le château, leurs affaires lévitant derrière eux, et gagnèrent le tertre en bordure de la Forêt où les trois tombes de dressaient, blanches sous la lueur de la lune. La scène semblait sortir tout droit d’un de ces films d’horreur moldus, songea Severus tandis que Al creusait énergiquement. Il ne manquait que la pluie et les éclairs.

Il aida le jeune homme à faire flotter le cercueil - son cercueil - en dehors du trou. Al tenta de dévisser magiquement le couvercle puis se résolut à le faire sauter avec un pied de biche. Il gloussa avant de l’écarter.

-- C’est comme un paquet surprise. Aucune idée de ce qui nous attend.

Et bien, se dit Severus avec philosophie en contemplant ce qui restait de son enveloppe corporelle, il n’était certainement pas plus beau qu’auparavant. Il n’avait pas pourri mais s’était plutôt momifié. Peut-être une conséquence du venin qui l’avait tué. Son regard se posa sur ses mains - ses anciennes mains. Comme il se faisait traditionnellement, il avait été enterré avec sa baguette. Il se pencha et la saisit avec une aisance surprenante entre ses doigts inconsistants.

Ce fut comme si toute la faible magie qu’il était parvenu à maîtriser sous forme spectrale se précipitait vers le morceau de bois. Il la sentit tourbillonner dans ses membres et ses organes absents, se concentrer dans la baguette, avant de lui revenir multipliée, renforcée, étourdissante. Il se sut brusquement détenteur d’autant de pouvoir qu’avant sa mort et peut-être plus encore. C’était une sensation à la fois bouleversante et exaltante.

-- Mgn. (Al, de l’autre côté du cercueil, le contemplait d’un drôle d’air.) Vous avez l’air tellement sexy, déclara-t-il d’un ton sérieux.

Severus, sa confiance gonflée à bloc et son ego satisfait, se redressa.

-- Allons-y.

Ils crapahutèrent dans les bois jusqu’à la clairière qu’ils avaient sélectionnée et entreprirent de dresser le décor de la cérémonie.

-- Potter, prononça Severus tout en traçant au sol les signes runiques, il est temps de me détailler la provenance des deux derniers ingrédients que vous avez réunis.

-- C’est vraiment nécessaire ? demanda Al en versant le contenu de la potion, d’un noir d’encre, dans le chaudron.

-- Oui, dit-il d’un ton sans réplique.

Son compagnon se redressa avec un soupir et un air ennuyé.

-- Le sang provient de quelques personnes qui ont accepté de m’en donner sans poser de questions, expliqua-t-il en sortant une bouteille de son sac. Contrairement à Voldemort qui a utilisé le sang de son ennemi, vous aurez droit au sang de vos amis. Bon, de vos connaissances qui vous aiment bien, ajouta-t-il avec honnêteté devant l’air ironique de Severus. Et puis il y a le mien.

-- Quelles personnes exactement ? insista Severus sans pitié.

Al se tortilla légèrement.

-- Je n’ai demandé qu’à des personnes qui ont un vrai rapport avec vous. Irène, qui me l’a donné quand je lui ai parlé de mon projet. Le docteur Tesla qui est aussi au courant. Neville et Scorpius qui doivent se douter de quelque chose. Les autres ne savent pas mais m’ont fait confiance : Papa, Maman, Oncle Ron et Tante Hermione, Kingsley, Grand-Père et Grand-Mère, Bill, Charlie, Percy, George, humJameshum, Lily, j’ai un peu volé celui de Draco Malfoy, et puis ça doit être tout.

Severus aurait pu se mettre en colère - James Potter, vraiment - mais il était trop occupé à constater que, s’il s’agissait pour la plupart de membres de l’Ordre du Phénix, c’était des membres de la deuxième génération. Albus, Minerva et ces abrutis de Black et de Lupin, Lucius et Narcissa Malfoy, les Lestrange, même Fudge avaient davantage marqué sa vie mais n’était plus là. Il se demanda avec effroi s’il allait vraiment trouver sa place une fois… à nouveau là.

-- Vous êtes en train de paniquer, non ? demanda Al en fronçant les sourcils.

-- Complètement, admit-il.

-- Ca arrangerait les choses si je vous disais que la chair que je compte utiliser, c’est mon cœur ?

C’était sans doute la déclaration la plus stupide et inconcevable que l’on puisse faire mais, curieusement, elle arrangea en effet les choses.

-- Potter, votre sens du timing est désolant, vous êtes stupide et irréfléchi et je crois que je suis amoureux de vous, lui annonça-t-il.

-- Je sais, lui répondit avec un large sourire l’être insupportable qui l’avait entraîné dans tout ça. Ca va mieux ?

-- Mmh-mmh. (Il croisa les bras et haussa un sourcil.) Un échange de cœurs, M. Potter ?

D’après ce qu’il avait entendu dire, il s’agissait d’un sortilège extrêmement puissant qui n’avait pas été recréé depuis l’époque où un sorcier, en se levant de mauvaise humeur le matin, pouvait décider de dominer le monde ce jour-là sans que l’idée paraisse complètement absurde. Il constituait en engagement important où, grosso modo, les deux personnes concernées échangeaient une partie de leur vie et demeuraient liées à jamais.

De son vivant, Severus serait sans doute parti en courant. Mais mourir fait relativiser certaines choses comme la notion de la vie, sa non-éternité et l’importance de savoir saisir les opportunités qu’elle présente. Comme par exemple celle de pouvoir s’attacher pour longtemps la présence d’un jeune homme intelligent et doué au lit qui vous trouve sexy.

-- Si vous voulez du mien, bien entendu, répondit Al en examinant le flacon vide avec un intérêt particulier.

Severus songea qu’ils possédaient leur propre définition du romantisme.

-- Allons-y, lança-t-il en dissimulant un sourire.

Les épaules du jeune homme se détendirent et il le suivit en direction du chaudron.

Severus s’y installa, en jetant un regard résigné à la bouillie noirâtre dans laquelle il allait bientôt physiquement tremper. (Du moins, il l’espérait.) Al aligna au sol, à côté des restes qu’ils avaient déterrés, trois petites bouteilles remplies d’un liquide sombre et un couteau qui n’était ni argenté ni couvert d’inscriptions étranges mais semblait assez affuté pour trancher dans la pierre. Sans plus de commentaires, ils commencèrent à réciter les paroles de la cérémonie.

Severus s’était attendu à ce que la concentration de magie en formation provoque quelques éléments spectaculaires, un orage, le rassemblement de créatures étranges, ou même un tremblement de terre, mais rien de ce type ne se passa. Au contraire, les derniers nuages noirs qui voilaient la lune et les étoiles semblèrent disparaître et les bruits de la forêt se turent peu à peu. Il se retrouva rapidement à psalmodier dans un silence cotonneux tandis que les signes, à terre, s’allumaient les uns après les autres. Potter l’imitait, concentré, mais en observant avec attention tout ce qui se passait autour d’eux.

Sa baguette serrée entre ses doigts, il sentit le liquide à ses pieds se mettre à bouillonner. Il fit signe à Al qui, sans s’arrêter de chanter, souleva tant bien que mal son corps et le tassa dans le chaudron. La mixture noire le recouvrit rapidement et commença à pâlir. Ils échangèrent un regard rapide. Bien. Tout semblait se dérouler comme prévu.

Le sang des trois flacons rejoignit le contenu du récipient et la potion devint d’un gris clair légèrement argenté qui frémissait paisiblement. Le reste du monde semblait s’être arrêté de respirer.

Severus contempla Al se saisir du couteau et, entremêlant les paroles du sortilège à des mots plus anciens, plus vibrants, le plonger sans hésiter dans sa poitrine. La lame tailla dans la chair et les os comme dans du beurre et le jeune homme trifouilla un instant avant de le retirer et d’enfoncer sa main à sa place.

Il ne cessa pas de réciter mais son visage prit une expression indignée. « Bordel, ça fait quand même mal ! » y lut Severus et il retint un gloussement nerveux.

Al extirpa son poing serré et entrouvrit ses doigts. Son cœur palpitant était l’une des plus jolies choses que Severus ait jamais vues. Puis le jeune homme le jeta dans le chaudron et Severus poussa un hoquet douloureux.

Le mélange, d’un blanc étincelant, remontait le long de ses jambes, les remplissait et Severus pouvait les sentir à nouveau, sentir les muscles qui le tiraient et les articulations qui le maintenait et le sang qui commençait à monter, monter vers ses cuisses, son bassin, former et remplir son ventre - il fut brutalement pris d’un haut-le-cœur - puis sa poitrine - respirer faisait mal - et ses épaules et commençait à redescendre le long de ses bras, gagnait ses coudes, ses poignets, faisait picoter le bout de ses doigts et grimpait enfin dans son cou, ses joues, son crâne, remplissait son cerveau d’un milliard de connexions et finissait en un chatouillis sur son cuir chevelu.

Il était vivant, songea-t-il avant de poser les yeux sur un Al au visage ravi mais qui lui faisait de grands gestes impatients.

Oh.

Il introduisit sa main dans sa poitrine encore tendre, encore en formation, et lui rendit la politesse. Al enfonça l’organe dans sa propre poitrine avec un peu de frénésie. L’efficacité était parfois préférable au style, admit Severus qui sentait son cœur définitif, celui d’Al, se reformer à la place de l’ancien.

Cette formalité réglée, il baissa les yeux et observa son corps finir de reprendre vie.

La potion disparaissait avec un dernier scintillement, révélant une peau pâle qu’il connaissait bien. Une peau pâle sans cicatrice, constata-t-il, et surtout qui ne portait pas la Marque. Ah. Sans doute une preuve métaphorique qu’il venait de renaître pur et blanc ou quelque chose comme ça. Il n’en fut pas vraiment touché, en grande partie parce qu’il avait mal. Partout.

Il avait mal aux poumons, l’air qui se glissait dans ses narines et son œsophage le brûlait. Son estomac bataillait ferme pour lui faire rendre un repas qu’il avait pris trente-trois ans auparavant. Ses pieds brûlaient - peut-être les restes de la potion en train de se désagréger - son dos le tuait, son nouveau cœur résonnait férocement dans sa poitrine, et son cher cerveau enfin retrouvé l’élançait violemment. Sa langue était en carton, ses yeux pleuraient sous la lumière faible, ses oreilles bourdonnaient.

-- Gueule de bois ? demanda une voix amusée à ses côtés.

-- … mourir… prononça-t-il dans un râle pitoyable.

-- Mais non.

Deux mains se posèrent sur lui et l’aidèrent à sortir du chaudron, puis Al l’enveloppa dans la cape chaude qu’ils avaient emmenée. Chaud. C’était cette sensation agréable, confortable, qu’il avait oubliée et qu’il prenait un immense plaisir à redécouvrir.

-- Venez, il faut rentrer au château, continua doucement la voix.

Severus, luttant pour comprendre toutes les sensations qui l’assaillaient, se laissa entraîner.

Une chose à la fois, décida-t-il en laissant ses pieds s’occuper de leurs petites affaires. Voir. Il n’avait pas cessé de voir pendant ces années. Aucune raison d’être pris de court à ce niveau. Il se força à fixer les arbres devant lui. C’étaient bien des arbres. Toujours de la même couleur. Mais ça faisait mal.

-- Clignez des yeux.

Severus obéit, trois ou quatre fois. Oui, ça allait mieux. Il tourna la tête - ouch, ouch, ouch - vers la personne qui le soutenait. Al lui rendit un regard étincelant. Il n’affichait pas encore son habituelle expression d’autosatisfaction, remarqua une petite partie de son esprit. Seulement du bonheur et de l’adoration. Severus soupira - aïe ! - en pensant qu’il n’était pas vraiment en état d’en profiter.

-- Vous savez, croassa-t-il, quand je vous ai dis que j’étais amoureux de vous…

-- Oui ? demanda Potter et malgré son corps douloureux, Severus le sentit se crisper contre lui.

-- C’est vrai.

-- Oh, dit le jeune homme et Severus songea avec un peu d’amusement que malgré son assurance un quart d’heure plus tôt - ou une éternité, c’était selon - il n’avait pas été aussi certain qu’il le prétendait. (Trois secondes passèrent et l’insupportable, insupportable morveux répondit d’une voix pensive :) Est-ce que c’est le moment où je suis censé vous déclamer mon amour éternel et comparer vos yeux à la plus profonde des nuits veloutées ?

-- Allez vous faire foutre, Potter.

-- Je vous aime aussi, mais vous êtes trop fatigué pour ça ce soir. Attendez, la cape est en train de glisser…

Ils regagnèrent cahin-caha le château et se faufilèrent jusqu’à leurs appartements où Al laissa sans façon tomber sa moitié dans un fauteuil.

-- Excusez-moi, dit-il en portant la main à sa poche d’où s’échappait une vibration insistante.

Il en tira un de ces petits objets que les moldus utilisaient pour communiquer à distance. Entre deux prises de conscience - carrelage froid sous les pieds, velours doux et confortable - Severus se demanda comment le bidule pouvait fonctionner. On était à Poudlard et il était difficile de maintenir les objets électroniques en état de marche - ah, non, il parlait d’Al, la normalité ne s’appliquait pas.

Il se rappela brusquement le goût du bouillon. Il avait envie de bouillon.

-- Salut Papa. Non, rien de spécial. Non, ça va. Pourquoi ? Une alerte de Magie Noire ? Non, je ne vois pas. Il y a une demi-heure ? Hmmm… non, non. Au lit, avec Snape. On était peut-être un peu trop occupés pour regarder la cheminée. Hm. Où ça ? (L’expression désinvolte d’Al disparut.) Le bureau du Directeur ? Tu es certain ? Je vais voir. Non, je lèverai les barrières quand je saurai ce qui s’est passé. D’accord. A tout de suite.

Il referma l’objet avec un claquement et regarda très sérieusement Severus.

-- Notre petite fête est passée inaperçue mais quelqu’un s’est amusé dans votre bureau. Les barrières de Poudlard se sont automatiquement mises en place. Mon père est sur le pied de guerre avec une douzaine d’Aurors, ils attendent qu’on les laisse entrer.

-- Allons-y, dit Severus en se remettant péniblement debout.

-- Attendez. (Al disparut quelques instants dans leur chambre.) Autant j’apprécie la vue, dit-il en revenant avec quelques vêtements, autant il n’est pas utile de choquer qui que ce soit davantage.

Severus grommela, agita sa baguette, remit un revers en place et quitta la pièce sans regarder derrière lui. On ne pouvait même plus ressusciter en paix, songea-t-il avec énervement tandis qu’Al courait à sa suite.

-- Il faut que vous m’appreniez comment vous faites voler votre cape comme ça, haleta le jeune homme en le rattrapant. Vous réalisez que tout le monde va croire que l’utilisation de la Magie Noire dans votre bureau, c’était nous en train de vous ressusciter ?

-- Pas si nous parvenons à découvrir ce qui s’est passé dans mon bureau, répliqua Severus.

Marcher demandait la coopération d’une multitude de muscles qui protestaient contre un réveil trop énergique. Il soupira intérieurement en parvenant au pied d’un premier escalier et se lança. Oh. Non. Ca allait plutôt bien.

-- C’est descendre qui va faire mal, gloussa Al derrière lui.

Malgré les évènements, le jeune homme semblait irrémédiablement joyeux.

Finalement, il monta le dernier colimaçon jusqu’à son bureau et allait pousser la porte quand une main ferme sur son épaule le retint.

-- Vous n’êtes plus immortel, prononça posément Al en passant devant lui. Et je suis en meilleure forme que vous.

Ce n’était pas faux et Severus le laissa franchir la porte avant lui. Al fit deux pas à l’intérieur et s’arrêta. Severus regarda par-dessus son épaule.

Le bureau semblait désert et ordonné. Il lui fallut plusieurs secondes pour apercevoir le petit tas de plumes au centre du tapis. Puis Al agita la main en murmurant quelques mots et l’atmosphère autour d’eux se mit à scintiller.

Plus exactement, de longs filaments de magie courant d’un mur à l’autre et du sol au plafond apparurent, colorés d’une teinte argentée. La pièce semblait emplie d’une toile d’araignée gigantesque et complexe à laquelle pendaient ici et là des formes de plumes et de perles.

-- Un dead-catcher, murmura Al. Vous connaissez les attrape-rêves ? Même système, mais pour les êtres de l’au-delà. Un piège qui vous était destiné.

-- Il a fonctionné sur la mauvaise proie, répondit Severus avec un peu de tristesse.

-- Laissons-le en place, dit sobrement Al en reculant. Nous aurons besoin de preuves.

Ils quittèrent le bureau, abandonnant le petit corps malchanceux et définitivement inanimé de Pedro.

#

A suivre

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