Titre : Des temps qui changent
Auteur : Solhaken
Type : Fanfiction
Fandom : Original - La fin d’un monde
Personnage/Couple : Taëlyk - Cëndre
Défi : Ennemis jurés
Rating : PG
Disclaimer : à moi
La Station était fermée, une chaine de plastique rouge et blanc en interdisait l’entrée et les rideaux d’acier étaient baissés. Son regard erra sur le bâtiment et son visage se crispa, c’était la troisième Station qu’il croisait ce jour là, et les deux autres étaient également fermées. Il fronça les sourcils et traversa la rue, un écriteau expliquaient indiquait sobrement « fermée pour cause de rupture ». Il laissa échapper un rire amer. Voilà, on y était arrivé, autours de lui des gens maugréaient, pestant contre le trajet supplémentaire qu’ils devraient parcourir, mais au fond, ils ne se rendaient pas encore compte de ce qu’il se passait réellement. Il inspira profondément et poursuivit son chemin, mais désormais, tout était différent et il le savait. Il croisa le regard perdu d’une jeune femme, et à la frayeur qu’il lu dans ses yeux il sut qu’elle avait comprit elle aussi, qu’elle avait prit conscience du basculement que vivait leur monde. Il eut envie d’aller vers elle, de la rassurer, de lui assurer qu’elle se trompait et que tout irait bien, mais il n’en n’était rien et ses paroles ne seraient que mensonges... Il secoua la tête et poursuivit son chemin, il ne pourrait pas aider ces gens, ou seulement de manière très ponctuelle. Il ne le pourrait pas, et il ne le souhaitait pas réellement. Mais parfois, au détour d’une rue, en croisant par erreur un regard, il percevait une vie, et il regrettait de la savoir condamnée.
Peu de véhicules circulaient dans les rues, mais cela n’avait rien d’étonnant. Deux semaines plus tôt le Gouvernement avait annoncé des mesures de rationnement des énergies, faisant naître une certaine angoisse au sein de la population. Rien de grave cependant, après tout, ce n’était pas la première fois que le Gouvernement prenait de telles mesures, et jamais jusque là ces dernières n’avaient réellement eut de conséquences fâcheuses. On les supportait donc, comme on supporte la pluie ou les embouteillages sur le périph, sans y réfléchir, sans chercher à en comprendre les causes. Il passa une main dans sa chevelure argentée qui, en ces temps modernes n’éveillait plus la moindre surprise chez qui que ce soit. Après tout, il existait désormais des couleurs bien plus étonnantes. Son regard erra sur l’avenue, en vérité, les seuls véhicules qu’il voyait ne roulaient plus. Ces derniers, en pannes de carburants appartenaient sans doute à quelques imprévoyant qui avaient pensé trouver une Station ouverte, ou à un malchanceux qui avait besoin de se rendre urgemment quelque part, et qui n’y était sans doute pas arrivé. Ce spectacle était courant lors des périodes de rationnement d’énergie, mais cette fois il lui vint à l’esprit que ces véhicules abandonnés ne redémarreraient peut-être pas. Les Stations étaient en rupture, et cette pénurie qui se généralisait était une nouveauté.
Un véhicule militaire solitaire remonta l’avenue à une vitesse parfaitement inconvenante dans de telles circonstances. Sa gorge se serra et il étouffa un grondement sourd. Le gouvernement déployait ses troupe, il devenait évident que des troubles étaient attendus, et les hommes qu’il venait de voir passer étaient lourdement équipés et armés. Avec une expression de dégout il prit une rue sur sa droite et se dirigea vers son appartement, là-bas au moins il ne verrait aucun de ces foutus uniformes qu’il haïssait tant.
Il su que quelque chose n’allait pas à l’instant même où il passa la porte, cette dernière était intact, mais quelqu’un était entré, quelqu’un qui était encore là. Il porta machinalement la main à la garde du poignard qu’il dissimulait dans son dos malgré la législation. Ses pensées s’égarèrent un instant sur cette loi éminemment stupide voté dix ans plus tôt.
- Oui, moi aussi j’ai toujours trouvé stupide de laisser les gamins acheter des armes à feu tout en leur interdisant de posséder un canif... Sans doute l'une des rares questions sur laquelle nous sommes du même avis.
La voix lancinante et ironique provenait de son canapé. Son visiteur sirotait l’une de ses bières et le fixait avec amusement. Il verrouilla son esprit avec fureur mais se garda bien de montrer le moindre signe d’agressivité, il ne connaissait que trop bien celui qui lui faisait face. Ce dernier se releva dans un mouvement fluide et rapide et il du prendre sur lui pour ne pas reculer d’un pas, conscient qu’il ne devait en aucun cas montrer le plus petit signe de crainte.
- Qu’est ce que tu fous chez moi Taëlyk ? demanda-t-il en dissimulant son inquiétude derrière sa mauvaise humeur.
-
Son interlocuteur sourit doucement et il se demanda un instant s’il n’avait pas été percé à jour malgré ses précautions. A moins que l’assurance de Taëlyk ne soit simplement due à la manière dont s’était terminée leur dernière rencontre. Il chassa ce douloureux souvenir de son esprit, juste au cas où son indésirable visiteur parviendrait encore à entrer dans son esprit.
- Une bière ? offrit Taëlyk ave son habituelle insolence.
- Personne ne t’a encore apprit les bonnes manières gamin ? grommela-t-il en prenant néanmoins la bouteille que lui tendait le jeune homme.
- Tu as en vain essayé si mes souvenirs ne me trahissent pas, répondit-il d’une voix légère.
Il grimaça mentalement et écarta la question d’un geste.
- Cela ne m’apprend pas pour quelle raison tu te crois autoriser à pénétrer chez moi !
Taëlyk redevint brutalement parfaitement sérieux, son regard se voila et prit les reflets métalliques caractéristiques de leur race et il ne pu cette fois réprimer un mouvement de recul instinctif. La dernière fois qu’il avait vu Taëlyk s’abandonner à sa nature sauvage cela lui avait couté deux semaines de convalescence.
- Je suis venu t’avertir, annonça gravement Taëlyk.
Ce dernier soupira et riva son regard dans le sien.
- Nos différents sont d’ordre personnel, ils ne concernent pas ceux que tu protèges, dit-il lentement, comme si cela lui coutait, ce qui le connaissant était sans doute le cas. Je ne suis pas borné au point de les mettre en danger simplement parce que je méprise tes positions.
Un frisson glacé le parcouru, il avait cru deviné la gravité de la situation, mais il semblait qu’il l’ai en vérité sous-estimée si Taëlyk lui-même avait prit le temps de venir le mettre en garde. Ce dernier hocha gravement la tête.
- Deux décades, trois au mieux... Cette fois les choses ne rentreront pas dans l’ordre Cëndre, il ne faut pas y compter et se préparer. Achetez toutes les fournitures que vous pourrez avant que le rationnement ne soit décrété, cela ne tardera plus.
Ces paroles pénétraient dans son esprit sans qu’il en ait complètement conscience, elles étaient très éloignées de ce qu’il aurait cru de Taëlyk. A dire vrai, il n’aurait même jamais cru que l’insolant combattant qui lui faisait face soit capable de mettre de côté leur antipathie mutuelle pour venir à lui le mettre en garde.
- Venir m’avertir est... un risque, dit-il d’une voix incertaine, incapable de dire merci mais animé par la volonté de lui signifier une certaine reconnaissance.
- Mes hommes font de même avec leur famille en ce moment même, dit-il calmement.
- Que fais-tu donc de...
Taëlyk le coupa d’un geste de la main.
- Ne te méprends pas Cëndre, le monde que nous connaissons voit son crépuscule arriver à grands pas et nous en voyons les dernières lueurs.
Il resta silencieux, surpris d’entendre ses propres mots dans la bouche de son ennemi. Ce dernier lui sourit avec ironie.
- « Et quand vient la nuit, on ne peut compter que sur les siens pour survivre. » Je méprise ta position sur notre race, pas ta sagesse ou ton expérience Cëndre.
D’un geste rapide il lui jeta un radio à chargement solaire et eut un ricanement de dérision. Cëndre attrapa l’appareil d’un geste vif et le plastique lui sembla brulant entre ses doigts. Il aurait aimé le lui rendre et pouvoir affirmer qu’’il n’en n’aurait jamais l’usage, mais si son jeune rival avait été capable de prendre sur lui pour le lui donner, ne pouvait-il lui-même faire l’effort de l’accepter de bonne grâce ?
- Je te souhaite de pouvoir continuer à vivre sans avoir à t’en servir, lança Taëlyk d’une voix cynique.
Il hocha lentement la tête.
- Je le souhaite également, mais j’espère ne jamais être arrogant au point de mettre les miens en danger seulement pour garder la tête haute.
Taëlyk eut un sourire froid, il posa la bière vide sur la table basse et quitta les lieux sans un mot de plus.
Quand la porte se referma il ne pu retenir un soupir de soulagement avant de se laisser tomber dans son canapé. Son regard s’égara sur les meubles confortables et les affaires qu’il avait finalement accumulées en ces lieux. L’intrusion de Taëlyk dans cet univers familier plus que tout le reste suffisait à lui faire comprendre combien la situation était devenue instable. Il but une longue gorgée de bière en songeant que d’ici peu ce luxe ne serait plus qu’un souvenir. Il se demanda avec ironie si ses différents, si l’on pouvait qualifier ainsi la parfaite opposition qui l’opposait actuellement à Taëlyk, se conterait bientôt également au nombre des souvenirs appartenant à une époque révolue.