Ceci est un post provisoire.
Ici seront rassemblés les courts textes autour de l'univers de "Laurence & Irvine" (fic sans titre fixe et non écrite).
Écrit le 23 mai 2007 pour Luna sur le prompt dont la fic tire son titre.
Il croit d’abord devenir fou. Cette sensation, il la connaît bien, oh combien il ne la connaît que trop ! Son esprit lui dit que c’est impossible, pourtant, il n’a rien fait, ne peut plus rien faire, n’ose rien tenter. Mais sur ce qu’il ressent, là, au creux de son ventre, il ne peut se tromper : c’est ce qu’il a toujours connu, ce qu’il a toujours été. Sa seule raison d’exister, vraiment.
Il a envie de vomir, soudain, et de pleurer. Peut-être le ferait-il si ce ne serait gâcher l’eau.
Il a envie de crier, ce n’est pas moi ! ce n’est pas moi, je n’ai rien fait !, mais la seule personne qui pourrait l’entendre se moque de tout. Enfin, il a envie de se tendre - non, il ne doit pas -, de répondre à l’appel - d’ordinaire, c’est le contraire -, et de repousser - il ne peut pas, même ça il ne peut pas -, car ce qui arrive ici, qu’il sent arriver est blasphématoire. Cela va à l’encontre de ce qu’on lui a enseigné, de ce qu’il est… a été. Il n’y a rien, ici, rien d’autre que de l’herbe, tendre et verte, sous lui et tout autour, rien d’autre que des arbres au feuillage vibrant, des bosquets touffus et d’autres choses encore dont il ignore même le nom mais qui le rendent malade, lui donnent la nausée. C’est l’humidité, jusque dans la terre sous ses pieds, cette presque insupportable mollesse du sol, tout ce qu’il n’y a pas, là-bas. Cela va au-delà du gâchis, de l’inconvenance. C’est de la folie distillée en goutte et qui s’infiltre, de la torture pure et simple, encore, pour lui, et une injure pour les autres. S’ils savaient, là-bas, s’ils voyaient ce que lui a sous les yeux et coincé dans la gorge…
Le grondement enfle en lui, est encore loin mais se rapproche, est tout proche, le brûle et l’assèche par avance et de nouveau il a envie de pleurer, de se recroqueviller et de mourir. Il sait déjà ce qui va se passer, où et quand, pour combien de temps et à quelle intensité, il sait déjà qu’ils seront en dessous et cela lui est insupportable. Il refuse, cela lui est étranger alors que c’était lui, avant, il ne peut pas en être au centre et ne pas y être au cœur ! Il sent déjà le fluide s’écouler hors de lui, a un haut-le-cœur pour le retenir, s’étonne de ne rien voir sur ses bras, il avait cru saigner, mais il n’y a plus que boue et immondice, c’est ce qu’il est aujourd’hui, un torrent d’horreur putride là où il était presque Tari. S’il pleurait, pleurait-il de la boue, aussi ? Ou bien de la cendre ? Il a envie de sortir tout ça hors de lui, d’y mettre un terme, de se sentir de nouveau presque à vide mais il ne sait pas comment faire lorsque la seule chose qui pourrait le soulager lui est refusée.
Alors il se tourne vers l’homme qui a détruit ce qu’il était et d’une voix blanche, aride, lui dit : « Il va pleuvoir. »
Et sois maudit.