Écrit le 21 juin 2008 pour
marathon_prompt Prompt lancé par
mushoos : « Je veux des fleurs ! Un lit de pétales de rose ! De la musique ! Je veux du romantisme bordel ! »
Proposition indécente (1/3)
Adrien allait pour sortir de l’immeuble lorsque Marc l’arrêta, le temps de prendre son courrier.
« T’attends une lettre d’amour ou quoi ? » interrogea Adrien, mi-blagueur mi-sérieux. Cela faisait des jours que Marc passait son temps à faire des allers-retours entre chez lui et cette fichue boîte aux lettres.
Marc l’observa avec étonnement.
« Pourquoi est-ce que tu me mettrais une lettre d’amour dans la boîte aux lettres ? répliqua-t-il, sincèrement curieux.
- Laisse tomber… » maugréa Adrien. Vous pouviez toujours compter sur Marc pour interpréter les choses comme il voulait les entendre.
« Me la glisser sous l’oreiller serait bien plus pratique ! poursuivit néanmoins son petit ami. Ou sous mon assiette ! Ou encore…
- Laisse tomber, j’ai dit ! Je ne risque pas de t’écrire de lettre d’amour de toute façon. »
Philosophe mais souriant, Marc haussa les épaules.
« J’accepte aussi les messages sur répondeur. »
¤
Prompt lancé par
lunatanis : « Et t’avais l’intention de me le dire quand ? »
Proposition indécente (2/3)
« Ah ! s’exclama Marc, une grande enveloppe couleur paille à la main. Génial, les voilà enfin !
- Quoi donc ?
- Mes papiers de naturalisation.
- Tes quoi ? »
Tout sourire, Marc rejoignit Adrien à l’entrée de leur immeuble, le pas sautillant comme un gamin.
« À partir d’aujourd’hui, je suis officiellement Américain ! » se réjouit-il.
Adrien ouvrit la bouche puis la referma en un claquement sec. Voulait-il réellement poser la question ?
« C’est une nouvelle lubie ? T’en avais marre d’être Français ? »
La demande n’était pas entièrement rhétorique, vu le temps que Marc passait dans tous les autres pays du monde…
« Oh, je reste aussi Français mais j’avais besoin de ces papiers pour entrer à la NASA ! »
Cette fois, Adrien bafouilla :
« À la… quoi… attends… Quoi ? C’est quoi cette histoire, Marc ! Je savais que tu voulais devenir astronaute ou un truc comme ça mais… pourquoi la NASA ? Y’a pas d’école d’astronautes en France ?
- Y’a l’ESA, c’est grosso modo l’équivalent européen. C’est situé en Allemagne.
- Pourquoi aller en Amérique, alors ? L’Allemagne, c’est quand même moins loin !
- Pourquoi pas ?
- Mais enfin… »
Adrien ballotta de la tête. Il ne voulait pas le montrer mais la nouvelle l’avait sérieusement secoué.
« Quel besoin d’aller si loin ? Pense à… pense à ta famille, je sais pas, moi ! Partir en vadrouille comme tu le fais est une chose, se faire naturaliser Américain en est tout de même une autre ! Comment tu as fait, d’ailleurs, c’est pas atrocement difficile ?
- J’ai un pote, Peter, on s’est rencontrés y’a trois ans en Uruguay. Son père est sénateur et…
- Ça va, oublie ça, je ne veux rien savoir de tes magouilles. »
D’un pas qui se voulait ferme et non incertain, il s’engagea dans la rue. À ce rythme, ils ne l’achèteraient jamais, leur baguette de pain ! Mais la discussion avait trop d’importance et il connaissait à présent assez Marc pour savoir que pour obtenir des réponses, il fallait lui tirer les vers du nez. Son petit ami ne commettait plus les erreurs du début (comme partir deux semaines en Suède ou au Cambodge sans avertir par exemple) mais il continuait de croire que tout allait de soit.
Adrien, lui, avait besoin qu’on lui explique pour comprendre.
« Tu vas partir, alors ?
- Sans doute à la fin du mois. »
Ce fut dur mais Adrien réussit à ne pas fermer les yeux. L’épaule de Marc frôla la sienne.
« Tu pourrais partir avec moi. »
Adrien pila au beau milieu du trottoir. Il le dévisagea comme il ne l’avait plus fait depuis que Marc lui avait déclaré que le dîner qu’Adrien avait cru être entre voisins se trouvait en réalité être en tête à tête. (« Mais nous sommes voisins ! » lui avait alors sorti Marc, avec l’aplomb caractéristique qui le rendait aussi irritant qu’irrésistible.)
Le visage sérieux, les yeux rivés sur les siens comme s’il n’y avait plus rien d’autre autour, Marc répéta : « Tu pourrais venir avec moi. »
¤
Thème lancé par
tipitina : Vérité
Proposition indécente (3/3)
Figé au milieu de la rue, Adrien cilla.
« Non mais tu entends ce que tu dis ? » s’écria-t-il, un peu trop fort.
Il regarda autour de lui ; ils ne semblaient pas avoir attirés l’attention des passants. Déterminé, d’un pas rapide qui n’avait rien d’une fuite ni d’un gain de temps, Adrien se remit en marche vers la boulangerie.
« J’ai une vie, Marc, je te signale, je ne peux pas tout plaquer comme ça parce que tel est ton bon vouloir !
- Justement, je me disais… Je n’ai rien contre ce que tu fais et vraiment, ton métier n’a pas d’importance pour moi mais, Adrien, tu sais que tu ne vas pas pouvoir passer ta vie à livrer des pizzas… Un jour ou l’autre, il va bien falloir que tu changes de job. Ce pourrait être l’occasion.
- À des milliers de kilomètres d’ici ? » rétorqua Adrien. Il s’effaça pour laisser sortir une vieille dame et pénétra dans le magasin.
« Il faut bien le faire quelque part. Pourquoi moins là-bas qu’ici ?
- Une baguette s’il vous plaît, commanda-t-il à la vendeuse avant de se retourner vers Marc. Et j’y ferais quoi ? Je parle pas un mot d’anglais ! » Stupide, stupide Marc, vraiment, pourquoi ne pouvait-il réfléchir deux secondes avant de débiter de pareilles inepties ?
« T’apprendras. Tu pourrais enseigner le français. Tu ferais un très bon prof, assura Marc avec sa conviction des grands jours.
- N’importe quoi. » Il tendit un billet à la caissière. « Tu crois que tout peut se faire comme ça, parce que tu l’as décidé ? Ça marche peut-être pour toi mais redescends de tes étoiles, Marc. Tu es l’exception qui confirme la règle ! Enseigner en Amérique… Il doit falloir des diplômes et puis… oui, tiens, être Américain, aussi, tant qu’on y est !
- C’est rien, ça ! affirma Marc, sourire aux lèvres, les yeux brillants. Ricain, je le suis, moi, maintenant, alors tu n’as qu’à m’épouser ! »
Pour la seconde fois de la journée, Adrien se figea. Sa main resta suspendue en l’air, paume tendue pour recevoir la monnaie que la caissière, tout aussi clouée sur place que lui, n’avait pas lâchée.
Amoureux, Marc dit : « Je suis sérieux, tu sais ? On pourrait se marier. »
Fin.
Autre information :
+ Retrouvez ici le
post récapitulatif et explicatif de l'univers des Langaret.