[Fic Originale] [Langaret] Ces liens que nous partageons

May 24, 2010 17:18

Écrit le 22 juin 2008 pour marathon_prompt
Thème lancé par hitto_sama : Problème d’accent

Ces liens que nous partageons

Marc ouvrit la porte de son bureau avec fracas, dérapa plus qu’il ne courut dans le couloir qui menait au salon et à l’entrée de la maison dans laquelle ils vivaient.
« Ils sont là ? J’ai entendu sonner, non ? »
Adrien tourna une page de son livre. À sa gauche, un dictionnaire d’anglais l’aidait lorsqu’il rencontrait un mot qu’il ne connaissait pas ou dont il doutait du sens.
« Non, pas encore. Tu as dû rêver. »
Déçu, Marc vint s’asseoir à ses côtés. Adrien ravala un soupir. Son petit ami (enfin, son fiancé à présent) était intenable depuis plus semaine. Pour être précis, depuis que son petit frère Nicolas avait téléphoné pour annoncer que son copain et lui projetaient de leur rendre visite. Marc était extatique. Le jeune homme se montrait souvent enthousiaste mais là, il était surtout fatiguant.
Marc adorait ses jeunes frères, en particulier les jumeaux, les bébés de la famille. Dès l’âge de dix ans, Marc avait commencé à partir en vadrouille (Adrien imaginait sans peine la peur qu’avaient dû ressenti les parents les premières fois : c’était Adrien qui avait enseigné à Marc la nécessité d’au minimum laisser des mots lorsqu’il s’absentait plus de vingt-quatre heures, avec destination et durée de séjour approximatives et moyen de le contacter). En grandissant, Marc avait pris l’habitude de partir plus loin, plus longtemps. Dès son bac en poche, il avait quitté le domicile familial pour poursuivre ailleurs ses études. Plusieurs années séparaient Marc des benjamins de la famille, et affectueux comme Marc pouvait l’être, cela n’avait rien d’étonnant à ce qu’il se réjouisse de chaque occasion de voir ses petits frères. Sans aller jusqu’à prétendre que Marc avait un préféré, Adrien se demandait s’il n’éprouvait pas une affection particulière pour Nicolas. Ce dernier avait hérité de la même nature baroudeuse. Cela faisait un fort point commun quand un tel écart d’âge vous séparait de votre fratrie.
Ça, et le fait que tous deux sortaient avec des garçons…
Ils allaient, enfin, Marc allait être le premier Langaret à faire la connaissance de Jonathan. Adrien n’aurait pas pu jurer que ce choix de la part de Nicolas n’était dû qu’à une pure logique compte tenu de la distance géographique. Lui-même appréhendait quelque peu : il avait tout plaqué pour le suivre de l’autre côté de l’Atlantique, ils s’étaient fiancés, et Marc ne lui avait encore jamais présenté un membre de sa famille. Pourtant, il en parlait si souvent qu’Adrien avait la sensation de les connaître.
C’est pourquoi aujourd’hui, il désirait vraiment faire bonne impression.
En même temps, il devait veiller à ce que Marc se tienne correctement face au petit ami de son frère… Tout irait bien, il avait un tube d’aspirine dans la poche.

Nicolas et Jonathan arrivèrent dans l’heure suivante. Nicolas ressemblait énormément à son aîné tout en paraissant plus normal et structuré mentalement. Un garçon sain, avec les pieds sur terre. (Avec le contraste, il se demandait vraiment ce qu’il avait pu faire au ciel pour écoper de quelqu’un comme Marc. Sûrement, il n’avait pas mérité ça…) Jonathan était au moins aussi nerveux que lui et visiblement tout aussi désireux de recevoir une approbation quelconque. Marc, quant à lui, était le Marc des grands jours. Débordant de joie de voir Nicolas et très grand frère face à Jonathan, qui n’en menait pas bien large. Heureusement, Nicolas était de taille à tenir tête pour deux, comme il le leur prouva en embarquant sans tarder Marc pour avoir une petite conversation privée avec lui dans la cuisine.
Laissé seul avec Jonathan, la nervosité le reprit. Adrien restait souvent silencieux en société, il n’osait pas prendre la parole en public. Les mots ne lui venaient pas, il les prononçait mal, faisait des phrases biscornues alors qu’il n’éprouvait pas tant de difficulté à l’écrit. Si ses interlocuteurs ne discutaient pas trop vite et s’ils n’avaient pas d’accent à couper au couteau, Adrien suivait sans peine les conversations, mais il y prenait rarement part.
De toute manière, Marc le faisait pour deux.
C’était différent avec ses élèves. D’une part, il leur parlait majoritairement en français (il était là pour ça, après tout), d’autre part, ceux-ci parlaient encore moins bien sa langue maternelle qui lui la leur. Il se sentait sur un pied d’égalité. Mais devant de vrais Américains…
Jonathan lui sourit puis se racla la gorge.
« Tu aimes les Etats-Unis ? » demanda-t-il, les u en ou, les syllabes hachurées, la voix hésitante.
L’usage du français le surpris, il se mit à rire.
« I do. I like living here very much. »
Et c’était vrai, même s’il était content que Marc ne fut pas là pour l’entendre.

Fin

Autre information :
+ Retrouvez ici le post récapitulatif et explicatif de l'univers des Langaret.
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