jessayais de trouver le sommeil, quand je pensais aux éventuelles réponses que mon message précédent pourrait susciter. Ça m'a fait pensé à plusieurs réponses qui m'ont déjà été données, surtout par d'autres francophones, ici, qui ont fui le Québec.
Et ça m'a fait pensé à quelque chose que je me trouve bête de n'avoir jamais pensé avant.
Le principal argument qui m'a souvent été donné contre le nationalisme québécois est que c'est un nationalisme fermé, replié sur le passé. On en prend à témoin le complexe d'infériorité relié aux conscécutives défaites, l'importance de l'histoire au Québec, et surtout... la devise du Québec, Je me souviens. À cause de tout ça, on ne peut assurément pas selon eux accéder à cette modernité, qui exigerait donc de ne pas dévier son regard du futur.
Quand j'explique diverses raisons historiques qui auraient été suffisantes pour n'importe quel autre pays de devenir indépendant, on me répond toujours que c'est du passé, tout ça, qu'il faut bâtir au contraire sur des valeurs telles que l'harmonie et l'accord entre les peuples (note à part: l'harmonie entre les peuples, ça se négocie d'égal à égal, de nation à nation -- comme tente de le faire le gouvernement québécois avec les autochtones, au contraire du gouvernement canadien qui les traite comme une faction de la canadiennicité -- de nation à nation donc, et non pas de 25% à 75%, comme ce qui se passe à Ottawa). Toujours rebâtir à nouveau, donc. Parce que selon la mentalité, ici, c'est constamment un nouveau visage qu'arbore le Canada; pourquoi baser un sentiment de répulsion à cause d'un quelconque scandale de commandites vieux d'une décennie? C'est du passé, tout ça. Le référendum de 95 acheté et magouillé? pff c'est encore plus lointain! La signature d'une constitution sans l'un des deux «peuples fondateurs»? personne se souvient de ça, pourquoi en faire un cas!? Conscription?! De quessé?? hors de ma vue, fantôme du Noël passé!
Le fait est qu'au Canada, le rejet du projet indépandantiste est quasiment uniquement fondé sur le déni de l'historicité, et donc de la légitimité, de la colère des Québécois. On fait semblant qu'il ne s'est jamais rien passé, et si on finit par admettre qu'il s'est passé quelque chose, eh bien ça ne doit pas compter, car ça voudrait dire que les Québécois sont trop enclins sur le passé.
En instance de divorce, on appelle ça la période de déni. Peu importe ce que les Québécois décideront, ce ne pourra être que faux. De là également cette mentalité qui les pousse à croire que le Québec ne peut pas survivre sans le Canada, ce qui est. logiquement, un point de vue fondé sur l'émotivité du débat, qui déplace le nombril du groupe en deux endroits distincts et qui enlève la légitimité des vues impérialistes du Canada sur le Québec.
D'ailleurs, j'ai beau éplucher les livres de politique canadienne dans les deux langues, force est de constater qu'au Canada, il s'agit surtout d'un débat de prudes éffarouchés où prime l'émotivité - ce qu'on reproche d'ailleurs souvent à la souveraineté, de ce côté-ci de l'Outaouais; pour contrer cette vision, la stratégie de la souveraineté, depuis 1980, a donc été centrée sur les chiffres, sur l'écononmie, puisque le manque de détails techniques était ce qu'on reprochait au projet. Résultat: tous les chiffres, même ceux du côté du NON, démontre la faisabilité - et même (surtout) les avantages de la souveraineté.
Et qu'est-ce que les fédéralistes ont répondu?
Ben oui, que le débat sur la souveraineté n'était que centré sur des chiffres.
Tout ça pour dire donc que le fédéralisme, bien qu'il tente de démonter le nationalisme québécois en affirmant qu'il est tourné vers le passé et une émotivité déraisonnable, affirme tout aussi bien qu'il est illégitime puisque fondé uniquement sur des chiffres et sur des débats économiques, tandis que lui-même n'est fondé que sur une tentative ultra-conservatrice de conserver des privilèges impériaux et de conserver la politique absurde ambiante.
Fédéralisme en putréfaction. Qu'on tente de nous servir dans un emballage de modernité. On dirait du Mcdo.