Titre : A propos d'un baiser
Auteur :
anadyomedeThème : Un baiser
Fandom : Sherlock BBC
Personnages : Molly
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à Mark Gatiss et Steven Moffat.
Un baiser, enfant, c’était tout ce que Molly désirait. Un baiser d’amour, un baiser d’amitié, ce n’était pas bien compliqué. Un petit geste tout contre elle qu’elle aurait pu garder serré, des lèvres contre les siens, même de quelqu’un qui ne l’aimait pas pour de vrai. Ce n’était pas tellement bête de le rêver, et puis c’était de son âge quand elle jouait encore à la poupée. Partout autours d’elle les autres s’embrassaient et on disait qu’ils heureux alors, qu’ils n’étaient plus seuls à devoir se protéger.
Un baiser, adolescente, voilà à quoi Molly songeait. Prisonnière de ses habits trop grands qui la cachaient des hommes, elle se refusait à découvrir ses formes tant le changement la terrorisait. Elle regardait ces filles autours d’elle, tellement plus belles, tellement plus sûres d’elles, qui recevaient des baisers des cachés dans un coin de l’école, et qui joyeusement l’ignoraient. Alors Molly trainait son petit corps de femme le long des couloirs, et elle attendait. Elle se disait qu’à force d’attendre, son baiser à elle allait l’émerveiller. Il détrônerait cette saleté qu’on collait aux lèvres des filles faciles, il serait beau, il serait vrai.
Elle se trompait.
Son premier baiser, à quinze ans, fut lors d’une soirée où sa robe la serrait. C’était sa mère qui l’avait forcée à l’acheter, arguant qu’à force de paraître si laide, elle finirait seule au monde - alors tu enfiles ça et tu ne discutes pas ; c’est très bien si on devine correctement tes seins. Molly était alors arrivée les bras croisés, c’était la fin de l’année et des garçons avaient mélangé une si petite quantité d’alcool aux jus qu’il fallait en boire des litres pour s’apercevoir des effets. Mais il y avait lui, là-bas contre le mur. Et au fil que les heures passaient, chacun collé de leur côté, ils avaient fini par s’apercevoir, puis se sourire, puis se parler. Et juste avant que la fête ne se termine, sans qu’elle n’ait eu le temps de réaliser, il avait fourré sa langue dans sa bouche et c’était mauvais, c’était fade, vulgaire, désespéré.
Elle n’en avait plus jamais entendu parler.
Alors, pendant toutes les autres années, Molly n’avait plus accordé la moindre importance aux baisers. Les hommes n’avaient qu’à être gentils avec elle pour qu’elle les laisse s’approcher mais tout au fond, en silence, en secret, elle avait juste envie de pleurer.
Et puis elle avait vu Jim. Il n’était pas tellement du genre à l’attirer mais elle, paraissait-il, était plutôt le sien alors quand il s’était dirigé droit à sa table, quand il lui avait invité un café, elle s’était laissée embarquer un petit sourire au coin des lèvres. C’est que, de l’autre côté, il y avait Sherlock qui n’était pas même capable de la regarder. Et un baiser de cet homme, elle n’était même pas sûre que sa propre mère en ait un jour reçu. Alors cette lamentable médecin légiste qui mettait son rouge de travers sur les lèvres et qui était juste bonne à lui servir des cafés, elle pouvait toujours rêver.
Mais les baisers de Jim étaient amers, ils lui laissaient une drôle de sensation sur les lèvres. Et ce ne fut que bien plus tard qu’elle réalisa qu’au fond, quand ils s’embrassaient, ils songeaient tout deux au même homme.