Inception - Un rêve à demi effacé - Meurtre
Titre : Un rêve à demi effacé
Auteur : neo_mirage
Thème : Meurtre
Fandom : Inception
Personnages : Saito, Dom
Rating : PG
Disclaimer : Tout à Christopher Nolan
Un rêve à demi effacé
Saito se retourna dans son lit une fois, deux fois, trois fois, puis se réveilla brutalement, les yeux grands ouverts et le front luisant de sueur. C’était un vieux cauchemar, toujours le même. Il était dans ce taxi - ou était-ce une chambre d’hôtel ? - il y avait des cris et tout tournait beaucoup trop vite, et quelqu’un lui tirait dessus et pour une raison qui lui échappait ça n’aurait pas dû l’être mais cela était extrêmement grave et soudain il neigeait et soudain tout explosait et soudain il était mort.
Il était devenu trop âgé pour craindre la mort désormais, et cette course contre le temps, cette chose futile dont il n’arrivait pas à se rappeler et qu’il avait tenté d’accomplir des millions de vies auparavant n’avait plus aucune espèce d’importance. Plus rien ne tournait rond ces dernières années, et il ne se passait pas un jour sans qu’un tremblement de terre ne secoue la ville, sans qu’un ouragan ne la balaye, sans que l’océan ne l’engloutisse.
Une poignée de ses hommes avait elle aussi été avalée par l’océan quelques mois plus tôt, comme une offense personnelle, et peut-être bien que ces foutus écologistes avaient raison tout compte fait, peut-être bien que c’était la fin du monde et que l’océan emportait tout ce qu’il pouvait parce qu’il l’avait compris bien avant eux.
Et puis un jour, l’un de ces jours calmes qu’il avait appris à craindre plus que les autres, l’océan avait recraché un homme.
L’océan prenait souvent mais ne donnait jamais, et Saito sentit le vague pincement de la curiosité qui l’avait abandonné depuis des décennies de vie sans surprise picoter l’arrière de son crâne d’une manière autrefois familière.
Il y avait quelque chose de singulier chez l’étranger, quelque chose de décalé et de grotesque. La gravité semblait avoir plus d’emprise sur lui, son regard possédait un relief différent - une profondeur qui manquait à Saito et que le poids des années aurait dû lui accorder depuis longtemps - et sa peau, ses vêtements, étaient d’une couleur plus vive que les tentures rouge sang dont il avait fait recouvrir les murs de sa villa dans l’espoir vain que la vie affluerait avec elles.
Mais tout ça n’était rien comparé à la toupie. C’était un petit objet tout abîmé que l’étranger avait apporté et Saito perçut tout au fond de lui qu’il était en train de se passer quelque chose d’important.
La toupie était plus dangereuse que le pistolet qu’on avait déposé à ses côtés, et il l’entendait encore tomber sur le carrelage blanc d’une autre vie, ting ting ting, il revoyait ses cheveux noirs d’alors, son sourire trop fier et son assurance idiote.
« Vous venez pour me tuer ? » demanda Saito et c’était une question dont il connaissait déjà la réponse, dont il espérait la réponse.
L’étranger le regarda et n’en fut soudain plus vraiment un. Mais bien sûr, il n’en avait jamais été un.
Après tout, Saito l’attendait depuis des heures, des années, une éternité.