Maudits silmarils, livre II : La petite amie III (Ecthelion/Belin/Meleth, PG)
Suite du dernier chapitre publié...
Ecthelion était entré d'un pas presque guilleret dans la taverne à nouveau ouverte. Mais lorsqu'il vit Meleth derrière le comptoir, son visage pâlit d'un coup. Lui qui n'avait jamais peur de rien parut soudain pris d'une terreur extrême.
Il lâcha la porte, recula et disparut.
* * *
Il lui fallut plusieurs jours pour oser revenir. Il venait chaque soir, après avoir quitté la caserne de sa maison, ou le conservatoire. Et deux semaines après la venue de Meleth, il vit cette dernière poser sa main sur la sienne.
« Pourquoi nous regarde-t-il comme ça ? » s'interrogea la jeune fille.
« Je n'en sais rien... » répondit Belin, baissant les yeux. « Tu peux lui apporter sa commande ? »
Il lui montra le verre de vin qu'il venait de remplir. Meleth le prit et vint le poser sur la table du chevalier.
« Merci », dit Ecthelion.
Puis il la retint par le bras.
« Est-ce qu'il vous l'a dit ? »
« Dit quoi ? »
« Qu'il s'était marié ? »
Meleth ouvrit des yeux ronds.
« Comment ?! »
Belin s'approcha.
« Que se passe-t-il ? »
« Il a dit que tu étais marié... »
« N'importe quoi ! »
« Non, c'est vrai... Il s'est marié avec une femme qu'il a rencontré pendant un de nos voyages. »
« On ne se marie pas comme cela chez les humains ! » protesta Belin.
Meleth avait l'air confuse.
« Il n'a pas l'air marié... » dit-elle alors. « Cela ne se voit pas dans ses yeux. »
« Moi je n'ai jamais su le voir dans les yeux », bredouilla Ecthelion.
« Tu vois ! » s'exclama Belin.
On ne savait pas s'il s'adressait à Ecthelion ou Meleth. Il retourna derrière son comptoir, l'air vraiment en colère.
« C'est vrai ? » demanda Ecthelion à la jeune femme. « Ses yeux disent qu'il n'est pas marié ? »
« Oui », confirma Meleth. « Vous ne le voyez pas ? »
« Je ne sais pas lire dans les yeux des gens », avoua Ecthelion.
Meleth resta à le regarder sans rien dire. Puis elle s'éloigna lentement.
Les yeux de Belin ne disaient pas qu'il était marié. En revanche, ils montraient un lien profond avec celui envers lequel s'adressait sa colère, et la réciproque était aussi vraie.
(je ne sais pas si je vais garder le dernier paragraphe, je me demande si ce n'est pas trop explicatif?)