Un dîner avec Drago Malfoy
Astoria referma son tube de rouge à lèvre et se regarda à nouveau dans le miroir. Elle se trouvait vraiment très belle dans cette tenue. Une longue robe bleu pâle qui descendait jusqu’à ses genoux et laissait voir ses fines jambes. Elle grimaça, se souvenant avec qui elle devait dîner. Ce soir, elle avait rendez vous avec le plus arrogant, snob et orgueilleux jeune sorcier au sang-pur qui puisse exister. Drago Malfoy. Elle ne l’avait pas vu depuis longtemps mais elle se souvenait très bien de lui adolescent. Quand ils étaient encore tous les deux à Poudlard, il était fier, prétentieux, isolant et teigneux et d’après les rumeurs qui courraient dans le monde sorcier, ou du moins dans son cercle d’amis, il n’avait absolument pas changé.
Elle lâcha échapper un soupir. Elle aimait beaucoup son père mais accepter cette invitation serait la dernière chose qu’elle ferait pour lui. Déjà, elle ne supportait pas ce … gamin… oui c’était ce qu’il devait encore être. De plus, ce n’était pas qu’un repas, c’était presque comme si elle acceptait d’épouser cet imbécile. D’ailleurs elle ne comprenait pas pourquoi il voulait dîner avec elle. Certes, elle était belle, intelligente et fille d’un noble sans-pur mais à chaque fois qu’elle l’avait croisé à Poudlard, il s’était moqué d’elle. C’était sans doute encore pour cette raison qu’il l’avait convié à ce repas. Depuis la fin de sa scolarité, elle avait tout fait pour l’éviter, mais cette fois elle n’avait pas pu dire non. Son père lui avait demandé, pour ne pas dire ordonné, de lui laisser le bénéfice du doute et de penser qu’il avait grandi.
Elle soupira à nouveau, promit à son reflet dans le miroir que ça serait vraiment la dernière fois qu’elle acceptait ce genre de dîner arrangé et se mit en route.
Quand elle entra dans le restaurant, il était déjà arrivé, assis à une table. Il eut tout de même la politesse de se lever quand elle s’approcha. Elle lui adressa un petit sourire : elle devait quand même essayer de lui faire croire qu’elle était intéressée par lui dans l’optique de l’épouser. Elle faisait un effort, comme elle l’avait promis à son père. Mais elle n’avait pas réussi à se convaincre elle-même qu’elle avait pu se composer un visage affichant son bonheur d’être ici. Il lui fit signe de s’asseoir et elle s’exécuta alors qu’il prenait déjà le menu. De derrière le livret, elle entendit un murmure.
- Qu’est-ce qu’on ne ferrait pas pour faire plaisir à son père …
Elle se redressa. S’était bien pour se moquer d’elle qu’il l’avait fait venir ! Comment osait-il la provoquer ainsi ? Elle n’avait pas l’intention de le laisser faire, déjà assez énervée d’être obligée d’être là et se rappelant les blagues vraiment pas drôles, limites odieuses du Drago adolescent.
- Pardon ?
Le visage du sorcier blond apparut et la regarda un peu surpris et même décontenancé. Sa voix devait avoir une intonation un peu plus agressive que ce qu’elle avait voulu y mettre. Elle n’était sans doute pas censée avoir entendu, mais elle n’en pensait pas moins. Elle voyait qu’il cherchait une façon de se justifier et elle se sentait de plus en plus énervée.
- Je disais … que … Je n’ai accepté de dîner avec toi que pour faire plaisir à mes parents …
Etait-il vraiment dans le même cas qu’elle ou alors faisait-il semblant pour se tirer de l’embarras dans lequel l’avait mis son murmure ? Elle voulait tellement que ça soit la vérité, qu’un peu rassurée, elle esquissa un sourire compréhensif. Il du mal l’interpréter car il ajouta :
- Je n’ai rien contre toi, Astoria, je ne te connais même pas …
Il disait ne pas la connaître ! Elle ne pouvait pas croire ça. Ne l’avait-il pas reconnu ou faisait-il semblant maintenant qu’elle n’était plus une petite fille incapable de se défendre ? Elle serra le haut de sa jupe dans sa main pour ne pas exploser de colère. Pendant des années, d’accord, peut-être que deux ou trois, il s’était moqué d’elle, devant sa sœur, devant ses amis, il l’avait faite pleurer plus d’une fois et il ne s’en souvenait pas ? Comment pouvait-on être aussi … sans cœur ?
Son attention revint sur les paroles de Drago qui lui expliquait calmement, ne semblant pas avoir remarqué sa colère, qu’il aurait préféré être ailleurs :
- Mais mes parents me cherchent une femme alors que moi ben … je veux juste … comment dire ça à une jeune-fille … je veux juste … passer du bon temps…
Elle était bien embêtée maintenant. Elle devait s’énerver et se montrer vexée dans son honneur, mais elle était plutôt … soulagée. S’il disait la vérité, il n’était pas question de mariage pour lui, du moins pour le moment, et d’ici qu’il veuille se préoccuper de ça, elle aurait trouvé quelqu’un d’autre. Mais c’était peut-être un test qu’il voulait lui faire passer. Elle ne trouva rien à répliquer, laissant sa colère quitter lentement son corps. Ce fut lui qui coupa ce silence un peu gênant.
- Maintenant que tout est clair entre nous, je suis là pour faire plaisir à mes parents et pour rien d’autre, choisis un plat et mangeons …
Si tout était clair, elle n’avait plus besoin de faire semblant. Elle se détendit et se contenta de répondre d’un petit merci, à peine articulé avant de plonger le nez dans le livret du menu et de commander. Ensuite, elle avala une grande gorgée du verre de vin que Drago lui avait fait servir. Comme il la regardait sans rien dire, elle respira un grand coup et décida que c’était cette fois à elle de rompre le silence gênant qui revenait. Elle se lança :
- Alors tu es pour qui ? les Harpies de Holyhead ou pour les tornades de Tutshill ?
Drago sembla surpris qu’elle parle Quidditch mais sans attendre il répondit. Tout d’un coup Il avait l’air plus détendu. Elle ne doutait pas que pour lui aussi c’était bien plus facile de parler de sport que de mariage.
oOoOoOoOo
Astoria passait finalement une bonne soirée. Drago était certes arrogant et très fier de lui, mais il était aussi drôle et gentil ; ou alors le vin délicieux qu’ils avaient bu l’avait rendu plus séduisant. Ils étaient encore là à rire alors que leurs assiettes à dessert avait été desservies depuis déjà longtemps. Astoria était sûre qu’ils auraient continué encore des heures si le serveur ne les avait pas priés de payer et d’aller terminer la soirée ailleurs.
La jeune sorcière alla l’attendre devant la porte, pour prendre un peu l’air frais, respirer un grand coup et retrouver ses esprits. Elle devait se rappeler la manière de terminer ce rendez-vous de façon à faire honneur à son père. Mais quand elle vit le jeune Malfoy revenir, ses jolis yeux gris brillants dans la nuit, elle en oublia sa famille, les bonnes manières et le mal que cet imbécile lui avait fait plus jeune. Elle ferait exactement ce que tout l’alcool qu’elle avait bu lui suggérait.
- Bon, j’ai été content de dîner avec toi … je … tu rentres comment ?
- Et si on prenait un peu de bon temps tous les deux ?
Astoria ne comprenait pas trop comment elle avait fait pour prononcer cette phrase. Surtout après celle que le jeune Malfoy avait commencée. Elle n’était pas une fille timide, mais elle n’était pas non plus aussi directe d’habitude. Cette boisson devait être un peu plus alcoolisée que ce qu’elle croyait. Mais au lieu de s’excuser pour ces paroles, ce qu’elle savait qu’elle aurait du faire, elle sourit en rougissant et en attendant la réponse de Drago.
- Astoria … je ne pense pas que ça soit possible …
- Pourquoi, je ne te plais vraiment pas ?
Le cerveau embrouillé de la jeune femme ne comprenait pas tout. Elle avait l’impression qu’il avait passé une bonne soirée en sa compagnie. Elle était vraiment vexée et elle sentait à nouveau sa colère revenir. Elle pressentait qu’elle n’allait pas rester longtemps maîtresse d’elle-même. Il avait tout fait pour la séduire, des mots gentils, des petits sourires, des sous-entendus et maintenant il la repoussait.
- Si … c’était une merveilleuse soirée … mais, tu es peut-être … ma future femme …
Au lieu de voir le compliment dans ses mots, Astoria ne ressentit que la gifle qu’était pour elle ce refus.
- Et alors ? … justement …
- Bah ma future femme est censée être … une jeune fille pure …
Astoria ricana, parce qu’en plus, il avait l’air d’être tellement sérieux quand il disait ça. Ne savait-il pas que de nos jours, ça n’existait plus ce genre de fille ? Où avait-il donc été élevé pour penser encore ça ? Au pôle-nord ? Parce que s’il avait été à Poudlard, il saurait … comme elle le savait.
- Ca fait des années que je ne suis plus une jeune-fille pure …
Quand ses mots arrivèrent à ses propres oreilles, elle s’en voulu vraiment d’avoir laissé échapper cette phrase. Même si c’était la vérité, elle ne pouvait pas, en tant que fille de riche sang-pur, avouer ce genre de chose et surtout, surtout pas à un futur mari potentiel. Elle avait trop bu mais pas au point de ne pas réaliser son erreur. Alors qu’elle monta sa main à son visage, comme pour empêcher cet aveu dérangeant de se propager, Drago attrapa cette main, puis l’autre, se rapprocha d’elle et glissa à son oreille :
- J’adore ta franchise. C’est une qualité que peu de filles ont de nos jours.
Mais Astoria s’en fichait des autres filles, du passé et du présent, de la franchise ou des mensonges, elle n’en n’avait rien à faire non plus que ça soit pour une soirée ou pour la vie, pour une simple aventure ou pour un prochain mariage, Drago Malfoy l’embrassait ; et elle était heureuse.