Essai - Dorcas Meadowes

Jun 12, 2011 13:34

Titre : What a beautiful night
Auteur : perlab

Personnages : Dorcas Meadowes
Catégorie : Essai
Rating : K
Note de l’auteur : Musique d'inspiration : Rubik's Cube - Athlete

La neige virevoltait autour d’elle, les flocons s’engouffraient entre son écharpe et son cou, se posaient sur ses cheveux noirs, sur son nez, ses joues, ses cils. La neige semblait danser dans le ciel d’un noir d’encre, une sorte de ballet dont la chorégraphie était laissée libre aux danseurs, qui ensuite se laissaient tomber sur le sol pour le recouvrir d’un épais manteau blanc. Elle avait les yeux plissés, la détermination y était lisible. Ses pas formaient un chemin sur le sol brillant. Quelle belle nuit.

Elle marchait à vive allure, comme si elle tentait de fuir la tempête. Le froid engourdissait ses membres, les flocons ne fondaient plus lorsqu’ils entraient en contact avec sa peau tant celle-ci était gelée. Une rafale glaciale la fit accélérer son pas. Elle jetait souvent des coups d’œil derrière son épaule, observait l’air inquiet les alentours. Et si elle avait été suivie ? Et s’il s’agissait d’un piège ? Et si …

Elle souffla longuement par la bouche, essayant de se calmer et de mettre de côté la petite voix dans sa tête qui lui assurait qu’elle se jetait dans la gueule du loup. Un instant, elle esquissa un sourire, car cette voix lui rappelait étrangement celle de Fol’œil. Vigilance constante. Mais l’information qu’elle allait avoir semblait si importante qu’elle n’avait pas pu résister. Elle avait promis à son rendez-vous qu’elle viendrait seule, et Dorcas Meadows était une femme de parole. Vigilance constante, lui souffla à nouveau la voix dans sa tête.

Elle ralentit. Le débat qui l’animait depuis plusieurs jours reprit de plus belle. Un piège, voilà ce qu’était son rendez-vous. Aucun Mangemort ne serait assez sot, assez inconscient, assez suicidaire, pour donner des informations à l’Ordre sans en attendre les conséquences. Le mage noir était soupçonné de pratiquer la legilimancie, il lui serait aisément possible de découvrir d’où venait la trahison. Et il ne punissait jamais d’une simple tape derrière la tête, comme le faisait son supérieur du bureau des Aurors.
Pourtant, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser, d’après ce que Lily lui avait raconté, que Severus n’était pas si mauvais. Dorcas ne l’avait jamais apprécié, il avait cette part d’ombre qui l’intimidait, il parlait de la magie noire comme d’une magnifique fleur, et n’avait pas cherché à fuir le mage noir lorsqu’il lui avait ouvert sa porte. Mais qui aurait pu lui tourner le dos ? Volde … Il cherchait à convertir à sa cause tous les sorciers susceptibles de lui causer des problèmes, comme il l’avait fait avec Alice, Frank, Lily et James, ou même avec elle-même. Si aucun d’entre eux n’avait accepté, ils avaient combattu corps et âme pour échapper à la colère du mage noir. Pour échapper à la mort.

Peut-être Severus n’avait-il pas eu le choix, peut-être avait-il eu peur de mourir et n’avait pas eu le courage de dire non aux promesses susurrées avec tant de douceur. Ou peut-être était-il tout simplement d’accord avec les idées de pureté du sang, entendit-elle dans sa tête.

Dorcas chassa son inquiétude en accélérant encore, pressée de rentrer chez elle pour enfin se blottir dans les bras de Sirius et dormir. Penser à son petit-ami la fit sourire comme une adolescente qu’elle n’était plus depuis tellement longtemps.

L’avait-elle déjà été ? Les temps étaient durs, le monde perturbé, et avant même de s’en rendre compte elle avait mûri, était passée à côté de son enfance. Tant de gens avaient perdu des gens qui leur étaient chers, Dorcas n’avait pas été épargnée par la guerre. Vigilance constante, voilà ce qui l’avait rendue si vieille avant l’âge. Après tout, elle n’avait que vingt ans, même si parfois, il lui semblait en avoir au moins le double. Elle s’était souvent demandé quelle aurait été sa vie s’il n’avait pas existé, s’il n’avait pas semé la terreur. Mais la dure réalité revenait au galop et elle souffrait tellement en imaginant cette vie qu’elle avait décidé de ne plus y penser. Le souvenir de Gideon et Fabian était encore frais dans sa mémoire, elle voyait encore leurs corps qu’elle avait découvert deux mois plus tôt. Dorcas avait retenu ses larmes pendant la journée, et une fois chez elle, une fois les bras rassurant de Sirius autour de son corps, elle avait pleuré pendant des heures sans pouvoir s’en empêcher. Ils avaient toujours été si bons avec elle, Dorcas leur devait ses réflexes grâce aux heures qu’ils avaient passées à l’aider pour s’améliorer en défense contre les forces du mal. Ironiquement, cette matière était celle qui lui avait donné le plus de mal pendant les six premières années à Poudlard. Puis, le dernier été en tant qu’écolière, elle avait rejoint l’Ordre du Phoenix et ils l’avaient prise sous leur aile.

Molly n’était plus que l’ombre d’elle-même depuis qu’elle avait appris leur disparition, et n’aurait pas tenu aussi longtemps si elle n’avait pas eu ses enfants. Elle allait de l’avant, mais Dorcas savait à quel point il lui était difficile de sourire à Bill et Charlie lorsqu’ils lui parlaient.

Instinctivement, elle plaça ses deux mains sur son ventre. Penser aux deux enfants lui avait rappelé ce qu’elle avait appris deux jours plus tôt. Dorcas était enceinte d’un petit mois. La nouvelle l’avait d’abord réjouie. Après tout, elle avait toujours aimé les enfants, et s’était souvent prise à imaginer sa vie avec un mari et leurs enfants. Mais était-ce réellement le bon moment pour avoir un enfant ? Elle faisait partie d’une organisation secrète qui combattait un grand mage noir à l’âme impitoyable et cruelle, elle se battait contre des Mangemorts, et le père de l’enfant était tout aussi actif qu’elle.

Une grimace étira sa bouche glacée. Sirius n’était pas encore au courant, Dorcas n’avait pas encore eu l’occasion de le lui annoncer. La veille, ils avaient tous deux appris la disparition de Benjy Fenwick, personne ne l’avait vu depuis le début de sa mission. En repensant à Benjy et son sourire bonhomme, son cœur se serra. Peut-être était-il mort, sans qu’on ne le sache.

Se ressaisissant, Dorcas leva les yeux vers le ciel, observa un instant les flocons tourbillonner autour d’elle puis soupira et ferma les yeux.
Elle ouvrit brusquement les yeux, quand elle entendit la neige craquer derrière elle. Quelqu’un approchait. Elle sortit sa baguette et se retourna soudainement pour se retrouver face à une haute silhouette vêtue d’une cape noire qui le couvrait entièrement.

« Severus ? » chuchota-t-elle.

Son cœur battait la chamade, elle avait l’impression qu’il cherchait à sortir de son corps pour s’enfuir. Car elle le savait, Severus Rogue n’avait jamais été aussi grand. Il esquissa un mouvement, et la capuche qui recouvrait sa tête bougea légèrement. Deux yeux rouges l’observaient, deux yeux rouges aux pupilles verticales. Son cœur manqua un battement. Sa bouche devint sèche, elle avait l’impression que sa voix s’en était allée, car le cri qu’elle avait voulu pousser ne sortit pas de sa gorge serrée. Elle le vit lever une main blafarde vers elle et tendre sa baguette.

« Prote …
-Avada Kedavra ! »

La neige virevoltait autour d’elle, les flocons s’engouffraient entre son écharpe et son cou, se posaient sur ses cheveux noirs, sur son nez, ses joues, ses cils. La neige semblait danser dans le ciel d’un noir d’encre, une sorte de ballet dont la chorégraphie était laissée libre aux danseurs, qui finissaient leur course sur le sol blanc. Ses yeux étaient grands ouverts, la peur y était encore présente. Un liquide visqueux et épais s’échappait de l’arrière de son crâne et colorait le manteau brillant d’une couleur vermillon. Quelle belle nuit.

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