Essai - Blaise Zabini

Jun 12, 2011 13:56

Titre : Cause Life's just not a fairytale
Auteur : perlab

Personnages : Blaise Zabini
Catégorie : Essai
Rating : K

« Tout peut être écrit, raconté, et expliqué, même les sentiments, il suffit juste d’utiliser les bons mots. Si je raconte mon histoire, c’est sûrement pour me faire pardonner, ou peut-être pour oublier. J’ai besoin de me confier sans recevoir d’avis, peut-être me sentirai-je moins coupable, peut-être arriverai-je à passer outre mes sentiments les plus forts, les enterrer pour ne plus jamais les laisser me submerger. Ne plus jamais laisser la souffrance me détruire. »

Tout cela, je le savais. Le vieil homme parlait, et parlait encore, semblant incapable de s’arrêter. Mais je le savais, je n’avais pas besoin de ce vieillard pour me rappeler ce qu’il s’était passé. Je bougeai légèrement sur ma chaise, en faisant craquer le bois, et les regards derrière moi se firent plus froids encore qu’ils ne l’étaient auparavant. Je les ignorai tant bien que mal, je soupirai. Bientôt, le vieux aurait fini son discours, et un seul mot de ma part me permettrait de ne pas perdre ma vie entière.

Ma vie. J’en rirais presque, si elle n’était la mienne. Je suis né le cinq février mille neuf-cent quatre-vingt à Liverpool. Ma mère, Beth, m’a toujours beaucoup aimé, je n’en doute pas. Cette vie qu’elle m’a offerte, pourtant, était loin de celle qu’une mère choisirait pour son enfant. Au contraire, elle fait partie de ces vies que les gens des petits villages dans lesquels nous emménagions tous les ans, adoraient critiquer lorsqu’ils pensaient que nous n’entendions pas. Souvent, je me promenais en ville, j’avais cinq ans, peut-être sept, et je les entendais parler, et ils se moquaient ouvertement de nous. Bien sûr, ce que tous les adultes pensent, et qui pourtant est très loin de la vérité, c’est que les enfants ne comprennent pas ce qu’ils disent. Peut-être les mots m’échappaient-ils, effectivement. Mais je savais qu’ils ne faisaient que nous tourner en ridicule, leurs sourires si cruels ne m’échappaient pas, eux.

Ma mère me disait souvent de ne pas me formaliser, elle m’aimait, et c’était tout ce qui devait compter. Mais pouvais-je vraiment passer outre ces moqueries ?

Lors de l’année de mes dix ans, encore une fois, nous emménagions dans un nouveau village, et cette fois, les habitants ne souriaient plus. La légende de Beth avait fait son chemin, et la veuve noire, autant par la couleur de sa peau que par celle de son âme, était célèbre partout. Elle a pourtant trouvé son douzième mari. Richard était persuadé que ce que ma mère lui disait était vrai, qu’elle était victime d’une malédiction. Les hommes qui ne l’aimaient pas sincèrement mouraient tous dans des circonstances malheureuses, une maladie, une crise cardiaque. Des meurtres, j’en étais conscient. Mais les meurtres de ma mère. De cette femme si forte qui m’avait élevé depuis ma naissance, qui m’avait aimé. Je ne pouvais l’abandonner.

J’entrai l’année suivante à Poudlard. Ah Poudlard, la liberté, je n’avais plus à supporter Richard et ses sautes d’humeur, je n’avais plus à regarder ma mère lui passer ses caprices sans rien dire, elle qui était pourtant si imposante.

Et puis, au milieu de l’année, je reçus une lettre d’elle, m’apprenant la mort de Richard. Il avait malencontreusement trébuché dans l’escalier et s’était rompu le cou sur le sol, vingt-huit marches plus bas. Mes camarades m’avaient fait part, certes avec la froideur caractéristique de notre maison, de leurs condoléances, et je ne pouvais que paraître accablé par cette mort.

A la fin de ma première année à l’Ecole des Sorciers, je rentrai dans une maison qui m’était inconnue, dans un nouveau village écossais, et ma mère, rayonnante, se trouvait au bras d’un grand homme aux cheveux blonds, qui me sourit. Son visage paraissait serein, calme, pourtant, je trouvai la lueur de ses yeux étrangement cruelle, froide.

Ce fut lors de ma quatorzième année que le drame se passa. Je rentrai pour Noël, retrouvai ma mère avec Rob, cet homme si faux, si violent.

Beth semblait fatiguée, lorsque je la regardai de plus près. Des cernes noirs, un sourire qui se fanait si rapidement lorsqu’elle pensait que je ne regardais pas, des cheveux d’ordinaire bien coiffés ramenés en un chignon strict, sans la classe et le chic dont j’avais l’habitude.
Et puis, le soir de Noël, je la pris à part, l’éloignant pour quelques minutes de Rob, qui semblait avoir établi une règle qui obligeait ma mère à ne pas le quitter. Elle me sourit, d’un sourire si faible qu’il me fit grimacer.

« Maman, fis-je alors de ma voix rauque. Qu’est-ce qu’il te fait ? Je vois que te n’es plus la même, pas la peine de chercher une excuse, rajoutai-je en la voyant prête à protester. »

Et alors, ma mère fit ce que jamais auparavant je ne l’avais vu faire. Elle détourna les yeux. Choqué, je ne réagis presque pas lorsqu’elle ouvrit la porte pour sortir. Je posai ma main sur son épaule pour la retenir, et fus une fois de plus surpris, mais cette fois par sa taille. Elle paraissait si petite, si faible, comme une poupée de porcelaine qu’on peut casser d’un simple souffle. Avait-elle toujours été si petite ? Je l’avais, toute ma vie, vue comme une grande femme, forte, avec la volonté d’une lionne. Cette sorcière que j’avais tant admiré me paraissait à présent aussi normale, banale, même, que n’importe quelle femme.

« Beth ! Hurla alors Rob. Où es-tu ? »

Ma mère se mordit la lèvre inférieure avant de sortir de la pièce, le visage déformé par la terreur. Mon sang ne fit qu’un tour, et quand elle s’écrasa par terre après qu’il l’eut frappée, je bondis hors de la pièce à mon tour et frappai cet homme avec la première chose qui me tombait sous la main, un vase antique que Beth avait ramené de son séjour en Asie.

« Blaise ! S’étrangla-t-elle en voyant son mari à terre, la tête ensanglantée. »

Elle sauta dans mes bras, pleurant comme jamais je ne l’avais vue pleurer.
Pendant un an, je ne dormis presque plus, mes rêves m’effrayaient. Je ne voyais que cet homme au crâne défoncé que j’avais enterré dans une forêt, loin de chez nous. Ma mère avait effacé toute trace de son passage chez nous, et encore une fois, nous avons déménagé.

Je me fermai alors, n’acceptant plus d’aide des autres. Je savais, tant grâce à mon habileté à manier la baguette, que grâce à ma force physique et ma grande taille, que je pouvais me débrouiller seul.
Blaise Zabini devint solitaire et cruel.

Lorsque Le Seigneur des Ténèbres revint d’entre les morts, je décidai de prendre son parti, sans toutefois rejoindre officiellement ses rangs. J’étais un Serpentard, Sang-Pur de surcroît, et ne pouvais me mettre à dos mes camarades sans que cela ne remonte jusqu’à lui. A ce moment-là, mon insolence était telle que je n’avais pas peur de mourir. Je voulais juste que ma mère s’en sorte vivante. Lorsqu’il s’était agi de terrifier les autres élèves, je m’étais porté volontaire. Malfoy avait disparu lors de ce qui était notre septième année, Goyle et Crabbe prenaient un malin plaisir à torturer les autres, jetant des Doloris à tout va. Je me contentai de suivre les ordres des Carrows, ni trop, ni trop peu.

«La souffrance est une salope qui s’attaque aux plus faibles, brisant leurs défenses petit à petit avant de s’insinuer dans chaque faille et de les détruire. Parfois lentement, parfois d’un seul coup. Une épée de Damoclès en somme, qui pèse au-dessus de chacun de nous, plus lourde chez certains, plus facile à supporter pour d’autres. Mais vient toujours le moment où elle tombe et nous coupe en deux, impitoyable, faisant fi de nos cris, de nos pleurs, de notre douleur. »

Lors des vacances d’hiver, ma mère me demanda de rester avec elle. Je ne sus jamais pour qui elle avait le plus peur, pour elle, ou pour moi. Je décidai de rester avec elle, n’ayant aucun lien me rattachant à Poudlard.
Plusieurs semaines, nous fûmes tranquilles. Un sortilège de Fidelitas posé sur la maison, dont j’étais le gardien du secret, nous assura la meilleure des cachettes. Nous nous trouvions en plein centre de Londres, nous voyions les Mangemorts passer devant notre porte et continuer leur chemin.

Un jour, nous avions besoin de nourriture, la seule chose que nous ne pouvions faire apparaître par magie. Je me proposai pour sortir, braver la pluie torrentielle qui s’abattait sur la ville, mais ma mère me devança, et lorsque je me réveillai le matin, un mot se trouvait sur la cuisinière, et la maison était vide. Toute la journée, je m’inquiétai pour elle. Ma mère était une femme forte, elle était capable de se défendre, pourtant, une peur terrifiante s’insinuait en moi alors que le temps passait.

Elle rentra deux jours plus tard, m’expliquant avec une certaine fierté comment elle avait échappé aux Mangemorts qui l’avaient reconnue dans le supermarché moldu qu’elle avait choisi.
Tout se passait bien, du moins, aussi bien que le permettait la guerre qui se préparait au-dehors. Je ne sortais pas, et commençais à trouver le temps long.

Le premier mai mille neuf-cent quatre-vingt dix-huit, je reçus un message de Goyle, lorsque je sortis pour la première fois. La guerre avait éclaté à Poudlard, et il me demandait de m’y rendre pour aider le Seigneur des Ténèbres à vaincre Harry Potter. Sans attendre, je me rendis à Poudlard, d’abord pour constater que ce qu’il me disait était la vérité, et peut-être pour combattre. Je laissai un mot à ma mère qui dormait avant de partir, la suppliant de rester en sécurité. Mais ma mère n’était pas le genre de femme à rester sagement en sécurité lorsque son fils risquait sa vie. Elle rejoignit la Grande Bataille, tandis que je combattais, sans prendre en compte le camp de mon adversaire. En fait, je crois que je ne lançais des sorts que pour faire croire que je me battais. Pour sauver ma peau. Je ne retrouvai ma mère que plus tard, lorsque je vis un Mangemort partir en courant. Je pensais à faire demi-tour, quand je la vis. Le visage paisible, les yeux fermés, le corps couvert de la poussière du château qui s’écroulait presque, tant la bataille était sanglante. Mais elle semblait dormir, comme si elle n’avait quitté son lit. La seule chose qui me montrait qu’elle n’était plus était sa poitrine qui ne se soulevait plus au rythme de ses respirations, et peut-être cette douleur qui s’insinuait en moi telle une vague géante. Mon épée était tombée.

Un sentiment de vide s’empara de moi, je ne criai pas, ne versai aucune larme, ne cillai même pas. Je me contentai de prendre le même chemin que le Mangemort que je venais de voir partir, sans courir, vraiment calme. Plus rien ne comptait à présent. Je le retrouvai, se battant contre des aurores, des élèves, et je levai ma baguette. Vengeance serait faite, peu importe les innocents tués, il fallait qu’il paye la mort de ma mère. Plus rien ne comptait.

Le plafond s’effondra, sur lui, sur d’autres, des cris se firent entendre, des gens courraient, et je fus projeté contre un mur avant d’être pétrifié. Je ne me préoccupais pas de mourir, pour dire la vérité, j’aurais accueilli la mort avec le sourire. Ma mère était morte, et ce par ma faute. Je l’avais vengée, mais j’avais tué. Une fois encore. Et le sentiment de vide ne fit qu’accroître.

La voix du Seigneur des Ténèbres se fit entendre, il demandait qu’on livre Harry Potter. Une larme coula sur ma joue, traçant une ligne brune sur ma peau pleine de poussière. J’espérai que Saint Potter gagne la bataille, sans savoir pourquoi. Je voyais les étoiles, et quelque chose bougea à ma gauche, sans que je ne puisse regarder.

Je ne sais combien de temps passa, alors que je regardais les étoiles, quand la voix aigue du Mage Noir s’éleva et annonça la mort du Survivant. Je ne ressentis rien.

Et je sombrai finalement dans un sommeil partiel. Lorsqu’enfin je me réveillai, je me trouvais dans ce qui semblait être une cellule. Mes yeux me piquaient, mon corps était douloureux, mon âme déchirée.

« Je crois que je fais partie de ces gens qui se trouvent entre les deux. Je ne suis pas fort, je ne suis pas faible. Mon épée tombe, encore et encore, mais je sens que peut-être un jour, quelque chose pourra la retenir. Et peut-être que ce jour-là, je pourrais oublier sans culpabiliser. Bien que j’aie l’intime conviction que malgré tous mes efforts, ce sentiment ne disparaîtra jamais complètement. »

« Je l’ai vu, assurait le témoin alors que je revenais lentement à moi. Je l’ai vu se diriger vers ces gens, et tous les tuer ! Il n’a même pas essayé de prévenir son Mangemort d’ami ! Il l’a tué avec ! Je vous le dis, ce jeune homme est le mal incarné, il n’avait aucune expression sur son visage. Pourtant, il a tué ! »

Sa voix se cassa et il me fusilla du regard avant de rejoindre le banc des témoins. Je poussai un petit soupir amusé en voyant le nombre de gens venus témoigner en ma défaveur à mon procès. Je ne pouvais cependant pas les blâmer, et attendit avec une patience qui n’était pas mienne la sentence qu’allait prononcer le juge. Pourtant, lorsqu’il prit la parole, je ne pus écouter. Car après tout, j’étais au courant. Tout cela, je le savais. Le vieil homme parlait, et parlait encore, semblant incapable de s’arrêter. Mais je le savais, je n’avais pas besoin de ce vieillard pour me rappeler ce qu’il s’était passé. Je bougeai légèrement sur ma chaise, en faisant craquer le bois, et les regards derrière moi se firent plus froids encore qu’ils ne l’étaient auparavant. Je les ignorai tant bien que mal, je soupirai. Bientôt, le vieux aurait fini son discours, et quelques mots de ma part me permettraient de ne pas perdre ma vie entière.

« Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Finit-il par demander. »

Je relevai lentement la tête, le regard vide, et observait longuement la statue de la justice, avec sa baguette, sa balance et ses yeux bandés, pensant avec amertume que si la justice pouvait voir ne serait-ce que l’âme de ceux qu’elle condamne alors peut-être n’irais-je pas en prison.

« Je suis coupable de ce dont on m’accuse, je ne peux nier les faits. Je tiens cependant à rappeler que les élèves de ma Maison ont, pour la plupart, agi selon la volonté d’autrui, par peur également. Je suis de ces gens. »

Les spectateurs derrière moi se mirent à chuchoter d’un air indigné, et je retins un soupir avant de continuer.

« Oui, approuvais-je en me tournant vers eux. Je suis lâche, je n’ai jamais prétendu avoir le courage de Gryffondor. Je suis à Serpentard, et les qualités de cette maison ne sont en aucun cas bravoure ou courage. »

Je fis à nouveau face au juge et pris un air légèrement hautain, montrant que malgré ma position, mes propos devaient tout de même être pris en compte.

« Qu’auriez-vous fait à ma place ? »

Et le silence se fit dans la salle l’espace d’un instant.

« Dans cette pièce, une personne sur vingt aurait agi comme Harry Potter, une seule personne sur ces vingt aurait risqué sa vie, et celle de sa famille. Je ne suis pas cette personne, ne la serai jamais, et j’ai donc préféré être lâche pour protéger ma famille. »

Je repris place et posai mon regard sur le pied du bureau devant moi, évitant de regarder ces chaînes qui s’enroulaient à nouveau autour de mes poignets et chevilles.

« Blaise Zabini, commença le juge d’un air solennel. Je vous déclare coupable des sept meurtres dont vous êtes accusé. L’audience pour connaître votre peine se déroulera dans trois semaines. Pendant ce laps de temps, vous serez incarcéré dans la prison des sorciers, Azkaban. »

L’ambiance de la pièce se détendit légèrement, même si je sentais au fond de moi la peur me serrer le cœur. Les aurores vinrent me chercher, et, comme si j’avais encore l’intention de m’enfuir, me neutralisèrent avec plusieurs sorts auxquels je ne fis pas attention.

Lorsque nous arrivâmes sur la petite île de roche qu’était la prison, ils libérèrent mes jambes pour me permettre de marcher. Et alors que je sentis leur poigne se desserrer autour de mes bras, je me précipitai vers le bord de la falaise et sautai, ignorant magistralement leurs cris et leurs sorts. Car la seule issue pour mon âme tachée de sang, pour mon cœur déchiré, était la mort. Alors, je suis mort.

essai, blaise zabini, fic

Previous post Next post
Up